CHAPITRE 25.1 * JAMES

10 minutes de lecture

ATTENTION PASSAGE ÉROTIQUE

L'APPEL DU DÉSIR

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J.L.C

♪♫ ELECTRIC — ALINA BARAZ (avec KHALID) ♪♫

Je marche à grands pas, entraînant Victoria à ma suite. Le rythme de notre course s'accélère à mesure que l'adrénaline pulse dans nos veines. Chaque foulée résonne dans mon esprit, un écho de la tension palpable qui nous unit. L’air frais frôle nos peaux échauffées : la clameur de notre étreinte audacieuse persiste, brûlante, obsessionnelle. Dieu, comme j'ai envie d'elle... Je sillonnerais des mondes entiers jusqu'à la nuit des temps pour que son souffle se mêle encore au mien.

À mes côtés, Victoria avance avec assurance, fermement cramponnée à nos doigts entrelacés. Je ne cesse de l’observer à la dérobée, capturant chaque signe de notre précipitation : ses mèches folles qui valsent à chaque enjambée, le rose naissant sur ses joues, sa bouche entrouverte, sa respiration hachée et, surtout, la lueur de désir qui crépite au fond de ses yeux.

Emportés par l’urgence, on contourne des promeneurs à la hâte, saute des trottoirs avec agilité, traverse des rues sans considération aucune pour les passages piétons ou les feux tricolores. Elle me suit sans faillir, notre complicité s'affirmant mètre après mètre.

Il nous faut à peine quelques minutes pour voir l’édifice. Lorsqu’on franchit l’arche en pierres ocre de l’entrée, une bouffée d'anticipation fait battre mon cœur plus fort. On pénètre dans la cour intérieure, où les clients du Clau d'Or — le bar de l’hôtel — s’éternisent encore, savourant la douceur de la nuit. Ce lundi soir l’atmosphère est intime, paisible, en dépit des quelques curieux qui épient notre approche. Je me redresse, ajustant ma posture, tandis qu’un coup d'œil rapide à Victoria me rappelle à quel point elle est séduisante dans son impatience. Mais, elle est mienne, ce soir, n'en déplaise à qui que ce soit.

Connaissant les lieux, je me dirige directement vers la réception. Mon whisky fait partie des sélections du bar et du Prisme — le restaurant gastronomique rattaché à l'établissement —, avec lesquels je collabore depuis un an. Rien d’étonnant à ce que l'hôtesse me reconnaisse d'emblée et me gratifie d’un sourire chaleureux en me saluant par mon nom. Son regard se fait nettement plus intrigué quand elle remarque Victoria. Je ne suis jamais venu ici accompagné.

— Bonsoir, Monsieur Cameron. Madame. C'est un plaisir de vous revoir parmi nous. Que pouvons-nous faire pour vous ? m’accueille-t-elle avec la révérence propre au standing d'un tel palace.

— Bonsoir. Je voudrais la meilleure de vos suites, je réponds sans détour.

— Pour combien de nuits, Monsieur ?

Elle a dans la voix cette pointe de formalisme qui m'est coutumière. Je réplique, jaugeant sa réaction :

— Juste pour celle-ci.

La réceptionniste tapote aussitôt sur sa tablette tandis que je tourne la tête vers Victoria, légèrement en retrait. Elle est occupée à examiner les lieux avec un air émerveillé. On dirait bien que j'ai fait mouche sur ce coup.

Il est vrai que la bâtisse est un petit bijou d’architecture néo-classique installé dans deux hôtels particuliers datant du XVIIIe siècle. La décoration, raffinée, intemporelle alterne avec finesse, élégance contemporaine et éléments d’époque, mettant en valeur le prestige et l’histoire de cette ancienne résidence de ville.

Le magnifique escalier en fer forgé — un incontournable du site — séduit immédiatement les regards. Victoria semble fascinée par le jeu de lumières et de design émanant des majestueuses suspensions modernes qui, telles des étoiles scintillantes, descendent du haut plafond, orné de rosaces et d’arabesques, pour nous plonger dans une atmosphère féérique.

Un sourire satisfait étire mes traits lorsque je constate que l’endroit paraît l’enchanter. Je saisis délicatement sa main pour attirer son attention. Elle pivote et ses lèvres, sensuelles, dessinent un éclat qui réchauffe mon âme. Merde, elle est trop belle... Déjà, l'hôtesse s’éclaircit la voix, m’extirpe de ce moment complice, me rappelant clairement la raison de notre présence ici. Elle affiche une légère grimace polie.

— Je crains que notre chambre Deluxe soit indisponible, Monsieur. Toutefois, il nous reste plusieurs suites Prestige, si cela vous convient.

— Très bien. Une suite Prestige ira parfaitement.

Glissant mon bras sous le manteau rouge de Victoria, je l'enlace doucement par la taille, m'imprégnant de cette proximité presque irréelle. Je n'en reviens presque pas. Comment se fait-il que cette créature merveilleuse — une selkie incarnée — puisse vouloir de moi ?

Victoria colle son corps au mien avec une tendresse fébrile. Son souffle chaud effleure ma peau alors qu’elle lève les yeux vers moi. J'ai les reins en feu. Son désir inassouvi transparait , un appel muet, sans équivoque. Son impatience vibre dans l’air entre nous. La mienne, le sature. Comment cette femme, qui m'attire et m'envoûte à chaque instant, a-t-elle décidé que cette nuit serait la nôtre ? Ce désir entre nous ne fait que croître, et je me demande si je serai à la hauteur. La question du siècle, évidemment. Je me sens aussi confiant qu'un gars qui a bu trop de whisky et qui doit danser sur une corde raide. Fantastique. Je devrais probablement faire gaffe à ne pas m'écrouler sur elle comme un sac de sable, d'autant plus si celui-ci vient du marchant. Mais bon, l’alcool et moi, ça fait souvent un cocktail... détonnant.

Toujours parée d’un sourire professionnel, Tiphaine — comme l’indique son badge — poursuit, mais moi, je suis déjà ailleurs :

— Je m’en occupe immédiatement. Dois-je faire monter vos bagages ?

Avare de paroles, mon attention reste aimanté par Victoria. Ses lèvres esquissent un léger mouvement, dessinant les mots avant qu’ils ne naissent, et je suis incapable de me penser à autre chose. Ce n’est qu’un détail, pourtant je m’y perds.

Elle finit par briser le silence, une lueur malicieuse dans le regard :

— Nous n’avons pas de bagages.

— Parfait. Si cela vous intéresse, notre spa est à votre disposition dès demain matin, avec des soins aux pierres précieuses ou des massages à base de plantes. Nos installations incluent un hammam, des salles de traitement et espace fitness, accessible 24h/24.

La déesse à mon bras remercie la chargée d'accueil puis, se tourne vers moi :

— Massage, hammam… Ce programme a tout pour plaire, non ?

Un sourire mielleux et complice, un battement de cils délicat, une main qui touche mon abdomen : le jeu du chat et de la souris est bel et bien engagé.

— J'imagine que ce serait encore mieux à deux, ajoute-t-elle, espiègle.

Des paroles bourrées de sous-entendus, un désir qui n'en finit pas de croitre entre nous, bien plus impératif que des promesses de détente. Ma réponse ? Un rictus qui frôle l’extase et quelques mots glissés à son oreille, aussi subtils qu'un brasier prêt à exploser. Ma posture trahit mes véritables intentions lorsque mes doigts pincent la chair de sa hanche et mon souffle vient effleurer sa tempe. Je n'ai d'yeux que pour elle, et ce que j'exprime à voix haute n’est qu’un miroir de cette fascination :

— Pour ce soir, on a déjà tout ce dont on a besoin.

— Comme il vous plaira, commente cordialement la réceptionniste avant de détailler : le petit déjeuner inclus dans votre prestation est proposé dans notre espace lounge de 7h00 à 10h30, avec une sélection de produits frais, locaux et faits maison. Si vous préférez, le service en chambre est également disponible sur demande. Pour votre déjeuner, nous vous conseillons vivement Le Prisme.

Elle marque une pause, son regard pétillant d’intérêt, mais c’est le corps de Victoria pressé contre le mien qui vole tout le mien.

— Souhaitez-vous vous rendre au bar ?

J’esquisse un sourire poli, Victoria en fait de même. Mais je n'ai qu'une idée fixe : retrouver enfin seul avec elle. Et vite.

— Pas ce soir, merci. Pour l’heure, on aimerait simplement gagner notre chambre.

La réceptionniste acquiesce sans se départir de son professionnalisme, mais avant qu'elle ne plonge dans son écran pour finaliser notre réservation, j'aperçois une étincelle de compréhension dans ses yeux. Elle nous informe que la suite Prestige qui nous est attribuée se situe au troisième étage, avec vue sur la cour intérieure — dommage, j'aurais préféré profiter du panorama fluvial —, puis dépose une clé en bronze sur le comptoir de marbre.

Je brandis le sésame en adressant mes remerciements à l’hôtesse avant d’inviter Victoria à me suivre. Un frisson d’excitation parcourt ma peau alors que je lui fais signe, en parfait gentleman, de me précéder dans l’ascenseur. Laissant derrière nous les murmures apaisants du hall d'accueil, je savoure l’atmosphère plus intime que nous offre ce petit espace confiné.

Je la dévisage, captant la lueur d’urgence dans son regard. L’anticipation est telle que la tension dans l’air devient électrique. Aussitôt les portes refermées et, à peine ai-je le temps d’appuyer sur le bouton de notre étage, que la femme de mes rêves se pend à mon cou et capture mes lèvres d'un mouvement presque désespéré, absorbant un râle de plaisir qui remonte de ma gorge. Ses doigts s’emmêlent dans mes cheveux tandis que je glisse mes mains sous son t-shirt. La chaleur grimpe d’un cran. Victoria est avide de sensations et je compte bien les lui donner. Elle me pousse contre la paroi métallique, nos corps se heurtent avec intensité, mes paumes s'aventurent d'elle-mêmes sur ses fesses.

— James. J’ai besoin de toi. Maintenant, murmure-t-elle.

Dans ses mots, je perçois l’implicite : une invitation à ne rien retenir. Dès que les portes s’ouvrent sur le hall désert, je l’extirpe de l’ascenseur pour l’adosser contre les lourds battants en bois massif qui encadrent le couloir nord. De hautes fenêtres dévoilent la cour égayée par la lueur des réverbères, créant un contraste entre la clarté des murs et l’obscurité environnante. Je la regarde et mon coeur se réveille encore et toujours.

Nos lèvres se rencontrent avec une soif irrassasiable, chaque baiser éveille en nous une pulsion animale. Victoria se cambre instantanément vers moi alors que je m'abreuve de son goût. C'est un poison doux, mais je ne veux pas d'antidote. Ses doigts s’enroulent dans mes mèches, sa bouche m'exhorte à l'adorer. Mes mains explorent sa taille, ses hanches, sa poitrine tandis qu’elle s’accroche à moi. Jamais je ne pourrais lui résister.

Je m'efforce de trouver mes repères, de garder le cap pour nous mener droit à notre suite, mais chaque pas est une excuse pour nous perdre dans nos caresses. Bon sang, à cette allure, les murs de cette galerie, baignée de halos discrets, pourraient bien devenir les témoins involontaires de notre passion enflammée. Sans compter les potentiels voisins de palier. Dernière chose dont j’ai besoin : me faire griller ici, être fiché comme un dévergondé notoire auprès d'un de mes partenaires commerciaux, et finir persona non grata pour les suivants.

Voilà que dans notre hâte, on heurte un guéridon, provoquant un vacarme inattendu qui résonne dans le silence des lieux. Pas étonnant quand on a les yeux fermés et les mains bien occupées... Je jette un coup d’œil furtif alentour, mes sens aiguisés par la conscience que notre remue-ménage lubrique risque bien de troubler la tranquilité des autres pensionnaires. Mais l’exaltation de l’instant charrie mes pensées, et je resserre mon étreinte autour de Victoria, trop déterminé pour que ce simple accrochage avec le mobilier nous ralentisse. En vérité, si elle n'arrête pas de jouer avec sa langue, soupirer contre ma bouche et frôler avec insistance mon anatomie, je la balance sur mon épaule pour la soustraire hors de la vue des caméras de sécurité. Parce qu’on va éviter de finir dans les archives de l'hôtel et donner à la politique de confidentialité un sens tout à fait différent.

L’ardeur de notre appétit rend le monde extérieur flou, et je l’entraîne, d'un pas pressé, dans un couloir qui semble s’étirer à l’infini. Mes yeux balayent les plaques dorées des chambres, mais difficile de réfléchir quand Victoria se déchaîne comme une diablesse. Ses baisers sont un défi, ses lèvres m'infligent des frissons de volupté, et ses mains, infernales, sont partout à la fois. Bon sang, non... Elles me dérobent déjà la raison, glissant sous ma ceinture, et, sans prévenir, dans mon boxer. Je m’immobilise brusquement, le souffle court, et siffle entre mes dents, incapable de contenir un mélange de surprise et de plaisir.

— Vi, l'implorè-je.

Elle ne recule devant rien, multipliant les assauts sans relâche. Victoria est impérieuse, enflammée, éperdue. Un sourcil insolent, un sourire triomphal, et elle empoigne ma verge tendue avec une assurance désarmante. Un instant, je bascule dans un vertige délicieux, mes paupières se ferment sous le poids de l’extase. En les rouvrant, enfin, je repère notre destination : la suite Renaissance. Plus que quelques pas et je pourrais faire l’amour à cette furie sensuelle. Je sais déjà tout ce que je vais lui faire et tout ce que je veux qu’elle fasse. Le scénario de notre nuit ensemble se déroule à l’infini derrière mes pensées embrasées. Encore faudrait-il qu'on entre dans cette fichue chambre !

Je repousse gentiment la main de Victoria, mais ma patience frôle ses limites. Je la guide à reculons jusqu’au battant de la suite. Lorsque son dos rencontre la surface dure, elle s’empare de mon T-shirt et m’attire avec une telle énergie que nos lèvres se percutent, cupides, sauvages. Déjà, elle hisse sa jambe sur ma hanche et nos sexes se retrouvent, seulement séparés par l'étoffe de nos pantalons. Je l’embrasse à pleine bouche en pressant mon bassin contre le sien, histoire de lui faire comprendre à quel point je la désire. Mais... à condition qu'on puisse franchir cette foutue porte !

Je mets fin à notre baiser, presque suppliant :

— Vi, laisse-moi juste deux secondes pour ouvrir.

Mon regard se perd dans le mouvement de sa poitrine, son souffle haletant se mêlant au mien, créant une symphonie des cœurs. Elle me lance un sourire provocateur, mais m’encourage à passer à l'action. D’une main tremblante, je parviens enfin à insérer la clé dans le gâche. La serrure claque et la porte cède avec un grincement réjouissant, révélant, notre sanctuaire. C’est comme si tout l'univers m’avait forcé à attendre ce moment, mais maintenant que je suis là, tout ce que je veux, c’est la faire mienne. Et cette chambre ne sera qu'un terrain d'exploration sans fin pour nos corps affamés. La scène de notre conquête, et Victoria sera à moi, corps et âme.

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