CHAPITRE 26.2 * VICTORIA
V.R.S.de.SC
♪♫ TOUCH - CIGARETS AFTER SEX ♪♫
Les battements de mon cœur résonnent comme une mélodie enivrante maintenant que j'ai pris ma décision. A chaque seconde qui passe, je sens une force nouvelle émerger en moi.
Débout, figé dans l’obscurité feutré du coin nuit, j’observe l'homme de mes rêves assis sur le banc capitonné près du lit. James me fixe avec une intensité qui semble ébranler le temps. Ses yeux saphirs glissent sur moi comme une brise glacée, provoquant un frisson qui me traverse de la tête aux pieds. Chaque inspiration accroît cette tension palpable entre nous, et lentement, le jeu de séduction prend forme, une danse délicate entre mes désirs à demi avoués et mes craintes cachées.
L'impatience est toujours là. Elle brûle en lui et fait écho à celle qui bouillonne en moi. Mais je nous retiens. Je vois bien à son torse qui se soulève plus rapidement, à la crispation de ses poings, à ses doigts qui s’enfoncent dans le revêtement gris de l’assise, et même à la tension de sa mâchoire, que James est au bord de l’implosion. Ses narines s'évasent imperceptiblement à chaque inspiration, trahissant l'effort qu'il déploie pour contenir sa fièvre, et ses lèvres, serrées, frémissent d'une hâte qu'il tente de masquer. Il lutte pour ne pas céder à l’envie de me renverser immédiatement sur le matelas et, j’avoue que je ne suis pas en reste. Pourtant, même si l'envie me consume tout autant, je dois m’en tenir à mon plan.
Tout en lui appelle à l’action, mais je le fais languir. Sans un mot, mes doigts se dirigent vers le bouton de mon jean. Lentement, je l’ouvre. L’atmosphère dans la pièce s’échauffe. Mon souffle s’accélère tandis que je fais glisser le tissu, millimètre après millimètre, sous le regard fixe de James qui décortique mes moindres faits et gestes comme on surveille le lait sur le feu. Le silence entre nous palpite et ce sont uniquement nos corps qui communiquent dans cette chorégraphie confidentielle. À chaque centimètre révélé, l'air frais de la chambre s'immisce sur ma peau brûlante et les sensations sont encore plus vives. Quand enfin le pantalon tombe au sol, laissant apparaître mon sous-vêtement noir, une onde de chaleur dévastatrice me traverse. Avec une langueur délibérée, je me penche pour m’en dégager et enlever mes chaussettes, mais... je décide de changer légèrement les règles du jeu.
Je lance un sourire complice, un sourire qui cache l’hésitation qui s’insinue dans mes pensées. L’excitation grappille du terrain, mais une voix intérieure m’alerte. Comprend-il les nuances de mon manège ? Est-il conscient que, pour moi, garder le contrôle est aussi effrayant que de le perdre ?
Alors, je m’avance vers lui et m’arrête tout près, posant délicatement un pied sur son genou pour l'inviter silencieusement à participer. C’est un échange tacite, un équilibre de pouvoir que nous appréhendons ensemble. Dans ce jeu, je lui laisse l’espace de prendre les devants, mais c’est moi qui décide de quand et comment. Parce que j’en ai besoin, sinon, je ne suis plus tout à fait moi...
Il comprend immédiatement. Ses mains se lèvent pour saisir ma cheville avec grâce et douceur, et quand ses doigts entrent en contact avec ma peau, mon corps vibre tout entier. Il retire une première chaussette et je lui tends l’autre pied. Il répète le geste, avec une dévotion presque religieuse. La concentration sur son visage est hypnotisante et prouve bien que ce n'est pas simplement un acte anodin, mais une exploration de mon pouvoir sur lui et de sa propre soumission à l’instant.
Je lui souris, plus ouvertement cette fois, sentant une cohésion profonde se tisser entre nous. On mesure nos fragilités, sonde les limites de notre confiance mutuelle. Pourtant, avant que l’intimité ne s’installe trop profondément, je m’écarte hors de sa portée, rompant doucement la proximité.
Ses sourcils se froncent brièvement, mais son expression se mue très vite en un sérieux intense. Un long soupir s’échappe de ses lèvres alors qu’il s'accoude au matelas derrière lui, prenant une posture nonchalante, feignant une patience qu’il n’a plus vraiment. Mais je le vois bien : il sait que dans cette partition enfiévrée, chaque note doit tinter à l'unisson. Ce que je lui donne, il me le rend à chaque geste, chaque regard. Nous sommes deux à explorer nos désirs, nos fantasmes, entre séduction et vulnérabilité qui se rencontrent, s'affrontent et se répondent.
De la manière la plus élégante possible, je fais remonter mon pull noir le long de mon ventre, de mes seins, avant de le faire passer par-dessus ma tête. Mes cheveux se répandent autour de mon visage en cascade. Le vêtement rejoint le jean et je me délecte du regard affamé de James qui ne perd pas une miette de mon effeuillage.
Mes mains parcourent chaque courbe de mon corps. Mes doigts survolent le coton de mes sous-vêtements, frôlent la bordure en dentelle de ma culotte avant que je ne les remonte vers ma poitrine puis ma gorge. Je soulève mes cheveux tandis que les lèvres exquises de James s'entrouvrent légèrement et que sa langue vient les humecter.
Je lui adresse un sourire taquin, capturant son regard enflammé qui éveille tous me sens. Mes mains continuent de glisser jusqu’à la base de ma nuque. Je me mordille les lèvres et il laisse échapper un léger sifflement érotique entre ses dents.
Ce soir, dans cette chambre d’hôtel que James nous a réservé, je veux prendre mon temps, lui faire perdre la tête, l’envouter autant qu’il m’enchante. Je suis consciente de ma féminité, de l’emprise que j’ai sur lui, et cette perception me donne un sentiment de pouvoir qui m'excite au plus haut point.
Je libère mes cheveux, les laissant retomber le long de mon dos en les secouant avec sensualité. Je balance mes hanches sciemment en avançant vers lui et je savoure la sensation d'être observée, mon corps mis en valeur par l'éclairage tamisé. Cette chambre, tout en nuance de blanc, gris, noir, à la fois baroque et contemporaine, luxueuse et moderne, qui épouse parfaitement la dualité de notre situation. Le cuir, le marbre et le béton face au coton, à la laine et aux fourrures. La douceur et la dureté. La délicatesse et la violence. Je ne peux choisir. Je veux tout.
— “A ton tour James ?”, je lui intime alors, sur un ton doux, mais subtilement provocant.
Je glisse le paquet de carte entre ses doigts. C’est une bataille feutrée, un étalage de dames de pique et de roi de cœur, dans tous les sens et à chaque coin de lèvres. Mais il y a bien plus à abattre qu'un jeu de carte ce soir : il y a nos corps et nos âmes. Les atouts, je les veux pour moi. On est désarmé seulement quand le cœur n'y est plus, mais je veux être tout à lui.
L'espace d'une seconde, il semble déconcerté et me dévisage, mais le feu de la tentation prend rapidement le relais. Un sourire espiègle apparait, comme s'il venait de déchiffrer quelque chose d'essentiel.
— “Ah, mais il te reste encore quelques bouts de tissus à enlever, mo-chridhe. Le spectacle est loin d’être fini”, me lance-t-il malicieusement.
Je ris doucement avant de lui rétorquer, ma voix chargée de sous-entendus :
— “Chaque chose en son temps. ”
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