CHAPITRE 27.6 * JAMES

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ATTENTION PASSAGE EROTIQUE

J.L.C

♪♫ ♪♫

Le déclic de la porte me tire brutalement de mes pensées. Mon cœur rate un battement. Victoria. Je relève la tête juste à temps pour la voir se profiler dans l’ombre. Merde. L’instinct prend le dessus. En un bond maladroit, je me redresse, attrapant à la volée mon boxer qui traîne à l'extrémité du lit. Une chaleur inconfortable grimpe dans ma nuque. Pas question qu’elle me découvre comme ça. Pas maintenant.

Il faut que je bouge, que je donne le change. Mes yeux balayent la pièce jusqu’à aviser le mini-frigo. Parfait. Boire de l’eau. Rafraîchir mes idées. Les remettre à l’endroit. Faire semblant de m’occuper. Surtout ne pas croiser son regard tout de suite. Je me dirige vers mon leurre en quelques pas hâtifs, mes pieds nus dérapant sur le sol froid. Ce contact me ramène un peu à la réalité, mais pas assez.

Derrière moi, j’entends le murmure familier de l’eau qui se déverse dans la vasque. Elle est au lavabo. Bien. Ça me laisse quelques secondes pour me reprendre. Je m’arrête un instant, fait le vide dans ma tête, avant de me pencher pour saisir une bouteille, puis avaler une gorgée, plus par réflexe que par soif. Le bruit de ma déglutition se mêle aux éclaboussures que je perçois dans mon dos. Le liquide glacée, loin de calmer le nœud brûlant dans mon ventre, l'intensifie.

Je ferme les yeux pour essayer une énième fois de redescendre de ce moment fiévreux. Je dois garder la face, sauf que je me sens… épuisé. Epuisé d’être à la merci de mes propres désirs. Je rabats le bouchon de la bouteille, posant le tout sur le meuble, avant d'enfiler mon boxer en un temps record. Une partie de moi se débat encore avec la honte d’avoir été à deux doigts de perdre pied.

J’hésite. Lui faire face ou rester planqué comme un gamin ? Non. Je ne vais pas fuir. Je prends une grande inspiration, l’air frais remplit mes poumons, puis me retourne, fermement.

Victoria se tient là, près du faux mur en rideaux de fil argenté qui sépare la salle de bain du coin nuit. Radieuse et fragile. Non, belle et forte. Comme une énigme qui refuse de se laisser enfermer dans une seule définition. Elle serre le plaid contre sa poitrine, ses doigts crispés dessus comme si elle s'accrochait à une armure improvisée.

Son visage, légèrement rafraîchi, ne trahit rien de ce qu’on vient de partager. Sa crinière blonde, à peine recoiffée, toujours indisciplinée, encadre ses traits d’une aura à la fois sauvage et délicate. Sa peau, lisse et immaculée, ne porte plus les souvenirs de notre intimité. Elle a effacé chaque marque, chaque fragment de notre étreinte, du moins en surface. Car dans son regard, je distingue encore un écho, une trace fugace de ce moment qui continue de vibrer entre nous.

Je me force à paraître détendu, même si ce n’est qu'une mascarade ridicule que mon corps travestit à chaque battement frénétique. Tout en moi réclame ce que je ne peux avoir, pas maintenant, pas encore. Je prends la bouteille d’eau, m’agrippe à ce geste banal comme à une bouée pour ne pas céder à mes instincts.

— Tu as soif ?

— Oui, merci.

Sa voix est douce, presque hésitante. Elle s'avance vers moi. Mais elle ne marche pas, elle glisse. Une panthère à l'affût. En a-t-elle seulement conscience ? De son charme ? De sa grâce naturelle ? Elle approche avec une aisance déconcertante, et moi, je suis cloué sur place. Totalement magnétisé.

Quand ses doigts effleurent les miens pour saisir la bouteille, un courant électrique traverse mon bras, brûlant, fulgurant. Je retiens mon souffle, pris au dépourvu par la simplicité de ce contact. Ses yeux accrochent les miens, juste un instant, puis se détournent alors qu’elle porte le goulot à sa bouche pulpeuse.

Je l’observe attentivement. C’est insensé, ce pouvoir qu’elle a sur moi. Chaque mouvement, chaque détail, même le plus anodin, me désarme. Je me demande si elle ressent l’intensité de mon regard ou si elle est trop absorbée pour le remarquer. Peu importe. Je me laisse emporter par cette sensation, ce mélange de désir et d’admiration qui m'envahit.

Elle repose l'eau avec une lenteur mesurée, et une ombre de sourire étire ses lèvres. Ce sourire… Il contient mille mystères. À cet instant précis, une pensée me traverse, aussi nette qu’implacable : je ne veux rien d’autre que rester ici, à la contempler. Victoria, dans sa simplicité et sa complexité, dans sa force et sa fragilité, est tout ce que je recherche.

Mais déjà, les yeux de Victoria glissent sur moi avec concupiscence. Se pourrait-il qu'elle... ? Non, je n’ose pas formuler cette pensée. Je détourne rapidement le regard, gêné, conscient qu’elle va remarquer — ou elle l'a déjà fait —que je bande toujours. C’est incontrôlable, une obsession gravée dans ma chair. Je ne me l'explique pas.

D'ailleurs, comment se fait-il que je tienne encore debout à cette heure ? Comment suis-je parvenu à ne pas comater tel un poivrot après ma beuverie de tout à l’heure ? Enfin, si, je présume que c’est mon envie d’elle, cette force brute et implacable, qui me maintient en alerte. C’est tout ce qu’il me reste comme argument rationnel. Peut-être qu'une fois que mon corps sera rassasié, mon esprit le sera autant.

Il faut que je bouge, que je trouve une diversion. Mon cerveau m’ordonne, presque en panique, de détourner son attention. Alors, dans un réflexe précipité, je me baisse pour ramasser sa lingerie abandonnée au sol. Mes doigts s'en emparent, un geste trop rapide, presque gauche, avant que je ne la lui tende. Une excuse bancale, aussi fragile qu'une branche sous le poids de la neige. Putain, de la neige... du froid... une douche glacée, voilà ce qu'il me faut !

Je me raccroche à ce maigre prétexte, sachant qu’elle n’aime pas dormir nue. Dormir ? Qui te parle de dormir, Jamie ? Ma tête s’emballe, incapable de se taire.

— Tiens, dis-je, feignant une nonchalance que je n’éprouve pas.

Merde, est-ce de la déception qui transparait sur son visage ? Ses lèvres s’affaissent imperceptiblement, et son regard se voile un instant, comme si une ombre venait d’éteindre la lumière qui y brillait. Croît-elle que je suis en train de l’expédier dehors, que je veux mettre un terme à notre soirée ? Que je n’assume pas ce qui s'est passé entre nous ?

Je reste figé, ma main toujours suspendue en l’air. Je dois rattraper ça, vite.

— Tu seras plus à l’aise..., ajouté-je précipitamment.

Elle fronce légèrement les sourcils. Je scrute son expression comme un homme en quête d’une vérité absolue, mais ses pensées demeurent impénétrables, enfouies derrière ce regard mystérieux qui m’a toujours fasciné et frustré à parts égales.

Je m’en veux. Je m’en veux d’être aussi évident, d’être si vulnérable. Dans cette ambiance saturée de tension, chaque geste, chaque mot devient une lame à double tranchant, et je tente de naviguer dans ce labyrinthe d’émotions avec une maladresse que je ne pardonne qu’à moitié.

Elle finit par saisir délicatement le sous-vêtement que je lui tends. Puis, dans un acte presque instinctif — ou théâtral —, elle relâche le tissu qui cerclait sa poitrine.

La seconde suivante, elle se retrouve à nouveau nue devant moi, le plaid en velours glissant lentement à ses pieds, dévoilant son corps avec une sensualité désarmante. La couverture s’amoncelle au sol, témoin muet de son audace. Bon sang, si même la gravité conspire pour souligner sa beauté autant déclarer forfait. Je suis foutu. Définitivement foutu. Condamné à la vouloir jusqu’à m’en perdre. Elle est mon chaos, mon abîme, et je sombre sans espoir de retour. Qu’est-ce que je peux faire, moi ? Rien. Juste tomber. Et dire merci.

Victoria ne montre aucun signe de gêne. Au contraire, elle semble rayonner d'une assurance magnétique, se tenant droite, fière, indépendante, comme une reine qui réclame son trône. Un frisson d’anticipation électrique me parcourt. Enterrez-moi. Six pieds sous un monticule de désir.

Je suis suspendu entre l’émerveillement et l’étonnement, incapable de détacher mon regard. Mes yeux ratissent chaque courbe, s'attardent sur chaque ombre subtile et chaque éclat de lumière qui caresse sa peau. Mon cœur bat la chamade, la pression dans mon ventre se renforce. Il est difficile de croire qu’une telle beauté s’abandonne ainsi à ma vue. J'ai l'impression que la pièce est devenue plus petite.

Victoria franchit la distance entre nous, ses mouvements si fluides qu'ils rappellent la danse d’un félin traquant sa proie. Ses prunelles me jaugent, et je m’y perds, dévoré par cette détermination tranquille qu’elle dégage. Lorsqu’elle pose une main badine sur mon épaule, je me tend comme un ressort. Et quand elle verrouille son poignet autour de ma nuque avec une autorité à la fois douce et inflexible, je ploie, réduit au silence, prêt à céder de bout en bout à son emprise. Que dire du moment où elle se hisse sur la pointe des pieds, ses courbes venant parfaitement épouser les miennes : il ne reste plus rien de moi, vaincu, consumé par le feu qu’elle attise. Comme toujours.

Nos visages soient à la même hauteur. Sa bouche, à quelques millimètres de la mienne, effleure mes lèvres, une caresse si légère qu’elle m'enflamme davantage qu’un baiser passionné. Sa langue trace une ligne taquine, me testant, me défiant, m'aguichant ouvertement. Puis elle s’approche de mon oreille, sa respiration chaude ébranlant le peu de contrôle qui me reste.

— Merci, James, mais crois-tu qu'on a besoin de se rhabiller tout de suite ?

Sa voix, un mélange de soie et de braise, s'enroule autour de mes sens comme un souffle vif sur des charbons ardents. Dieu, ses mots sont lourds de sous-entendus, et ils font naître un frisson viscéral le long de mon échine. Avant même que je puisse répondre, elle tire malicieusement sur l’élastique de mon boxer, le laissant claquer contre ma peau avec un petit bruit sec. Son rire s’élève, léger, mais diaboliquement enivrant, un appel auquel il est impossible de résister.

Pendue à mon cou, un rictus effronté flottant sur ses lèvres, elle me regarde, attendant ma réaction. Je ne tiens plus. Je l’attire d'un coup contre moi, mes mains fermes empoignant ses hanches, ancrant son corps au mien.

— C’est à toi de me le dire Vi...

Un éclat d’amusement traverse ses yeux d'ambre, mais elle ne perd pas une seconde pour riposter :

— Eh bien, il se trouve que j’ai toujours un peu froid… Alors, tu veux bien m’emmener au lit s'il te plait ? minaude-t-elle, sa voix mielleuse, presque provocante.

+ une pensée ici

— Tes désirs sont des ordres.

Sans tarder, je fléchis légèrement les genoux, passe un bras sous ses jambes et l’autre dans son dos pour la soulever. Elle s’accroche à moi en riant. Je nous mène directement au pied du king size, une idée bien précise en tête.

Lorsqu’elle comprend que je m’apprête à la balancer sur le matelas, comme j’aimais tant le faire avant, son expression change en une fraction de seconde. Ses sourcils se haussent, et elle pince ma peau de manière taquine, un sourire mi-amusé, mi-menaçant aux lèvres.

— Je te préviens, n’y pense même pas, James, parce que tu finiras ta nuit sur le carrelage sinon !

— Carrément ?

Je fais mine de m’offusquer, exagérant ma surprise avec une moue dramatique.

Elle hoche la tête avec aplomb.

— Oh oui ! Et je veux que tu me déposes élégamment, je te prie ! m’ordonne-t-elle.

Un rire m’échappe, incapable de résister à son jeu. Je contourne le lit avec précaution.

— Vas-y, glisse tes petits pieds pour repousser la couette et les coussins, tu seras gentille.

Elle claque la langue et roule des yeux, mimant l’exaspération à la perfection.

— Mais bien sûr ! répond-elle avec un sarcasme pétillant. Baisse-toi un peu.

Je me marre en la voyant s’exécuter, ravi aussi bien par la douce complicité qui s'installe que par la sensation de son corps contre le mien. Je n'ai même pas envie de la lâcher un instant !

Elle s’attaque aux coussins, les envoyant valser aux quatre coins de la pièce avec des gestes vifs, quoique gracieux. La couette lui donne plus de fil à retordre, mais elle finit par la dégager tant bien que mal.

Quand elle se redresse, je me penche et la dépose délicatement, comme exigé, au centre du lit, ses cheveux s’étalant telle une auréole autour de son visage. Elle resplendit.

Je la rejoins rapidement en remontant le duvet blanc sur nos hanches, créant un cocon de chaleur et de confort autour de nous. Nos regards se croisent avec connivence et amusement. C'est un abandon total à la douceur du moment, un lâcher-prise face à nos émotions qui bouillonnent sous la surface. Victoria me sourit. Le monde entier peut bien disparaître, il n'y a plus que nous ici.

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