CHAPITRE 28.1 * JAMES
ECRIN DE PLAISIR
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J.L.C
♪♫ RED — SANTINO LE SAINT ♪♫
La suite est baignée dans une lumière chaude et tamisée, émise par une lampe de chevet au design épuré qui projette des ombres dansantes sur le faux mur orné d'un rideau de fils argentés. L’ambiance est feutrée et intime, idéale et tentante. "Le silence est brisé uniquement par le léger froissement des draps quand elle bouge, et ses soupirs, discrets, qui se fondent dans la chaleur de la pièce.
Victoria se rapproche jusqu'à ce que nos jambes se touchent. Elle réajuste le coussin sous sa joue, semble chercher une position confortable, puis passe une main sur ma barbe rugueuse avec une tendresse qui me réchauffe le cœur. Je lui empoigne la jambe, me coulant tout contre elle jusqu'à ce que nos corps soient étroitement liés.
D'un mouvement tranquille, je m’accoude sur le matelas, tête contre paume, pour mieux la contempler. Je savoure la vision de ses cheveux soyeux, délicatement éparpillés sur l’oreiller. La fraîcheur de la chambre contraste agréablement avec la chaleur que nous partageons. La douceur de son parfum — une fragrance de Guerlain ou peut-être de Lancôme, si je me rappelle bien —, flotte dans l’air.
Sa respiration calme et mesurée rythme notre intimité, et chaque inspiration fait écho à la plénitude qui me gagne. Elle sourit, ses traits se détendent. Notre connexion est indéniable.
Sa poitrine, magnifique et généreuse, se presse délicatement contre mon torse quand elle se cambre pour mieux m’observer. Je caresse de mes phalanges son cou, sa clavicule, la courbe de son sein. Sa peau est satinée. Sa beauté est parfaite. Elle est faite pour moi.
Quand Victoria brise le silence presque palpable qui nous enveloppe, c'est d‘une voix légère et posée :
— “À quoi tu penses ?”
Nos regards se croisent, chacun captant des nuances subtiles de l’autre, laissant nos émotions parler plus fort que les mots. Il y a une sorte de pression tranquille, mais persistante dans l'air, comme si cette étreinte était le prélude à quelque chose de plus significatif.
—“À toi”, lui dis-je sans détours. “À nous, aux dernières 24h… et à celles qui vont suivre, et tout ce qui viendra après”, je poursuis tout en coinçant ses mèches blondes derrière son oreille pour dégager son visage.
Victoria me scrute longuement, comme si elle pesait chacun de mes mots.
— “Tu n'as donc pas prévu de me lâcher d'ici là ?”, me taquine-t-elle avec son sourire angélique.
— “Non, je ne te quitterai plus jamais, Vi...”
Mes mots sont graves et solennels, mais je les pense vraiment. Ses doigts s’accrochent légèrement à mon dos, mais son corps, blotti contre le mien, se fige imperceptiblement. Elle ne dit rien. Quelque chose dans son regard vacille. Elle retient une pensée, comme si mes mots avaient rouvert une cicatrice encore fragile au lieu de la rassurer.
Je la serre un peu plus contre moi, caresse son dos nu, cherchant à apaiser cette tension à peine perceptible. Mais son silence persiste. Elle cligne des yeux, détournant légèrement le visage, et même si elle s’efforce de maintenir l’apparence de la tranquillité, je sens bien que mon serment a réveillé quelque chose de plus ancien, de plus douloureux.
Et si ma confidence arrivait déjà trop tard ? Ne suffit plus ?
— “À moins que...”, je commence, ma voix se brisant sous l’émotion.
Je n’ose même pas formuler cette pensée à voix haute.
— “Oui ?”, m’encourage-t-elle, curieuse ou anxieuse, je ne saurais dire.
— “À moins que tu n’éprouves pas les mêmes sentiments que moi à ton égard. Que tu me rejettes d’ici là, que je te déçoive encore ou que tu réalises que tu mérites mieux que le peu que j’ai à t’offrir”.
Les mots sortent enfin, presque malgré moi, et avec eux, une douleur brutale. Ma gorge me brûle. L’idée même qu’elle puisse se lasser de moi, ou qu’elle se rende compte que je ne suis pas assez pour elle, me ronge de l’intérieur. Mon cœur bondit dans ma poitrine avec une vivacité que j'ai du mal à dissimuler.
Encore une fois, elle reste silencieuse, baissant la tête, se perdant dans l’examen de mon torse. Le temps semble suspendu, chaque seconde s'étirant en une éternité.
Elle finit par se redresser. Comme si elle cherchait le courage de se déclarer, elle prend une grande inspiration. L’appréhession s’empare de mon esprit, j’ai l’impression d’être perché sur une falaise face au vide, immobilisé par un océan de vertige. Une tension subtile s’installe dans mes muscles, de celle qui précède une révélation importante.
Il y a quelque chose dans son regard qui me force à écouter, une vulnérabilité mêlée à une demande tacite, et je suis prêt à entendre ce qu'elle a à dire. Ses pupilles ambrées, maintenant si brillantes, reviennent se poser sur moi, remplies de douceur, mais aussi, d’une force tranquille.
— “Je ne vais pas te rejeter, James, si c’est ce qui t'inquiète”, commence-t-elle. “Si c’était ce que je voulais, je ne serais déjà plus là."
Un instant, elle détourne son attention par-dessus mon épaule. Sa main remonte délicatement le long de mon bras, elle s'accroche à cette réalité, à moi. Ses doigts s'attardent, serrant légèrement, avant qu'elle n’enchaîne :
— "Je sais que tu as tes failles, que tu as tes luttes… Ce que tu crois être des faiblesses, ce sont les choses qui te rendent humain. Je ne veux pas d’un homme parfait. Je ne suis pas parfaite moi-même… et je suis loin de l’être, James. Ça aussi, tu dois l’entendre”.
Elle marque une pause, déplaçant ses mains sur mon torse, jouant avec les poils épars, traçant des cercles et des lignes paresseuses, comme si elle tatouait ses réflexions sur ma peau avec la pulpe de ses doigts. Le contact me fait frissonner.
— “Je veux que ce soit réel. Pas seulement ce moment... mais tout ce qui va avec. Il faut que ce soit plus qu’une parenthèse, ou une illusion pour nous faire croire qu’on peut tout réparer en une nuit. Il y a encore des choses que je ne comprends pas tout à fait. Je sais que tu ne me dis pas toute la vérité. Non, attends”, s’empresse-t-elle de me dire alors que je m’apprête à lui répondre. “Je n’exige pas que tout soit dit maintenant. Les sentiments se construisent avec le temps. Il nous en faudra. Aussi bien à moi, qu’à toi. Je te soutiendrai, mais j’ai besoin que tu me dises que... que ça en vaut vraiment la peine”.
Je respire profondément, prenant toute l’ampleur de sa requête. Ses mots résonnent, lourds de sens et de vérité.
— “Victoria, ce que je ressens pour toi est réel. Depuis le début, depuis toujours.”
— “Ce que j'ai envie de savoir, c'est si tu seras là. Pas parfait, juste là. C'est tout ce qui compte”.
Je déglutis, ravalant la boule qui s’est formée dans ma gorge.
—“Je serai là tant que tu m’y autoriseras, Vi”.
Un bref silence plane, ses yeux fouillant les miens à la recherche d’une certitude.
—“Tu es vraiment prêt à t’engager ?”, demande-t-elle presque timidement.
— “Oui”, je souffle, sans hésiter.
Je soupèse sa réaction, cherche à évaluer l’impact de mes paroles. Une pensée s’impose clairement dans mon esprit : ce ne sont pas mes sentimets qui me terrifient, mais ce qu’elle en fera. La façon dont elle pourrait gérer cette vérité, l’influence qu’elle pourrait avoir sur nous, c’est ce qui me hante plus que la peur de la déception elle-même.
Victoria déplace ses doigts jusqu’à ma joue. Avec une note perceptible de tristesse dans la voix, elle m’avoue :
— “Je ne veux pas revivre la douleur du passé. Mais je suis prête à essayer. Tu devras faire tes preuves, James. Je serais compréhensive et patiente… mais intransigeante. Tu comprends ?”
Moi non plus, je ne souhaite pas revivre le traumatisme de mon passé, celui où tout semblait parfait jusqu'à ce que la trahison ne coupe l’herbe sous mes pieds, fauchant mon cœur comme on déracine un arbre sans pitié. Vctoria n’est pa Amy. Je le sais, et pourtant… Je colle mon front au sien en fermant mes paupières. Je veux qu'elle soit mon refuge après la tempête, mon jardin d’ Éden avant le serpent. Mai si elle est Eve, que sera la pomme ? Non, je dois arrêter d’éroder mes certitudes, je dois contrecarrer les souvenirs qui menacent de resurgir.
Je chasse les ombres qui dansent encore dans les recoins de ma mémoire, je les remise, je les défie. Je serre Victoria contre moi, je plante mes doigts dans la peau de sa hanche. Elle n’est que chaleur et douceur, lumière et loyauté. Elle ne me laissera pas tomber, sauf si je l’y pousse, sauf si je manque à mes principes, sauf si je laisse la drogue reprendre ses quartiers. Je m’y refuse ! Rien ne me fera plus dévier de la trajectoire de son cœur. Mis à part elle.
Je crois que je lui fais mal, car elle pose sa main sur la mienne et entremêle nos doigts ensemble. Quand je rouvre les yeux, je lis dans les siens la sincérité de ses intentions.
— “Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve, mais je veux qu’on écrive la prochaine page tous les deux. Au fond, j’espérais... Non...”, elle secoue brièvement la tête avant de reprendre : “Non, j’attendais que tu me reviennes”.
J'ai envie de l'embrasser, de la faire mienne, de la revendiquer pour toujours. Mais cette pensée est égoïste. Ce serait comme la priver de sa liberté, de ses choix, de son autonomie. Je veux nouer ce lien comme deux brins d'une corde d'arrimage, solides ensemble, mais jamais serrés au point de l'étouffer. Chaque nœud que nous formons doit être un choix partagé, non une contrainte. Je dois respecter son chemin, même si tout en moi aspire à l’engloutir toute entière pour l’éternité, la plonger dans un torrent de lave fait de passion et de tendresse, jaillissant du volcan endormi qui me sert de cœur.
Ce besoin déchirant de la posséder, de la garder près de moi, me tourment, mais je sais que son bonheur doit primer sur mes inclinaisons. Si je la force à s'engager, je pourrai détruire le fil fragile qui nous relie. L’envie d’unir nos existences, de fusionner nos corps à jamais, comme une supernova illuminant l'obscurité, me pousse à vouloir dissoudre les barrières qui nous séparent. Mais je sais que ça équivaudrait à lui voler son éclat, lui retire son espace, sa lumière. Je refuse de devenir l'incendie qui éclipse son essence.
Je ne sais pas si Victoria s’aperçoit de mon émoi, mais elle rapproche nos bouches et me susurre un dernier message :
— “James… Ne dis plus que je mérite mieux. Ce que je veux, c’est un homme qui est prêt à essayer, malgré ses démons, malgré ses peurs, quelles qu'elles soient”.
Dans un élan irrésistible, je l’emprisonne dans mes bras et cherche ses lèvres, refoulant tant bien que mal les larmes qui menacent de couler. Elle me répond avec une tendresse inouïe. La douceur de ses mots, le poids de leur sincérité, m’atteignent profondément.
Ma paume trace le dessin de son visage, descend sur la courbe de son épaule, passe sous son bras pour atteindre ses côtes, ses hanches. J'ose descendre plus bas, jusqu'à ses fesses que j’agrippe vigoureusement, l’attirant plus près, toujours plus proches, comme si la distance pourtant si infime qui nous séparent état un obstacle insupportable. Notre baiser s’approfondit, lentement d’abord, comme une douce mélodie qui prend de l’ampleur, chaque note vibrante. Sa langue vient s'enrouler à la mienne, et ce simple geste déclenche un putain de raz de marée démentiel dans chaque muscle, veine, nerf, neurone. Je ne suis plus qu’un amas brut et incandescent de désir, d’espoir, de dévouement.
Les battements de mon cœur bourdonnent à mes oreilles. J’ai si envie d'elle que ça en devient douloureux. La fièvre monte, irrépressible, me suffoque, me parasite. Tout s’accorde. La suite n’attend plus qu'un geste, une décision. Des mots ? Je la libère et inspire profondément. Je sais que ce n’est pas simplement la passion qui me consume, mais l’urgence de lui faire comprendre à quel point elle compte pour moi. Alors, je plonge dans l’immensité de ses beaux yeux d’ambre pour y déposer ces quelques mots :
— “Tu sais que je t’aime Victoria ?”
Elle retient son souffle en se blottissant encore plus, sa bouche venant se poser sur ma clavicule. J’ai l’impression de sentir son sourire sur ma peau. Ses ongles s’enfoncent dans ma chair tandis qu’elle parsème mon corps de doux baisers, le long de ma gorge, de ma mâchoire, jusqu’à la commissure de mes lèvres. Elle prend mon visage en coupe en me souriant, et m'embrasse encore et encore. Elle me revendique à son tour et ça me rend fou d’amour.
Finalement, alors que le monde autour de nous s’estompe, Victoria finit par me dire :
— “James ? Loin de moi, l'idée d’exiger quoique ce soit, mais…”
Je la dévisage, ma curiosité et mon attente accentuées par la gravité de ce moment. La tension dans l’air semble se condenser autour de ses mots, me poussant à écouter attentivement, prêt à répondre à toutes ses questions.
— “Il me semble t'avoir demandé quelque chose plus tôt ?”
Je fronce les sourcils, perplexe. J’ai bu toutes ses paroles comme un assoiffé devant une fontaine d'eau claire. Qu’ai-je omis ?
Victoria se tortille dans mes bras, accentuant le frottement de son corps sur le mien. Elle ouvre la bouche comme si elle allait s’exprimer, mais aucun mot ne sort. À la place, ses doigts effleurent mes lèvres, elle introduit doucement son pouce entre mes dents, m’invitant à le mordiller délicatement. Sa peau chaude et douce contre mes lèvres ajoute une sensation agréable. Je serais le dernier des imbéciles de ne pas comprendre. Alors, je comprends.
— “Je crois bien t’avoir demandée de me faire l’amour.”
A la seconde où sa requête franchit ses lèvres, c’est comme si elle enlevait le dernier voile de mes réserves, révélant une vérité aussi pure que brûlante. J’ai espoir que ce soit ma déclaration qui la pousse à me vouloir. Je ne suis pas déçu qu’elle n’ait pas fait montre de réciprocité. Je saurai attendre, toute ma vie s’il le faut.
Mon palpitant bat à tambour ouvert, impatient lui aussi de l’exaucer. La flamme que je voulais sous contrôle, me nargue soudainement. J’essaie de calmer l’explosion de sensations qui me traverse. Je ne demande qu’à me perdre dans cette impulsion primaire, mais je me rappelle que cet acte doit être aussi respectueux qu’intime. Je ne commettrai plus l’erreur de ce matin dans sa cuisine. Victoria me montre une confiance et une ouverture que je ne veux pas trahir.
Mon cœur est prêt à ressentir pleinement, à se donner entièrement, en respectant chaque nuance de son désir. Je fais lui faire l'amour en y mettant toute mon âme.
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