CHAPITRE 22.2 * VICTORIA

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ATTENTION PASSAGE EROTIQUE



V.R.S.de.SC


♪♫ ??? ♪♫

Vers 21 h, je reçois un message de Sacha : la bande se donne rendez-vous Chez Tonton ce soir. Pour nous, jeunes Toulousains et Toulousaines, c’est un QG incontournable, une institution même, chargée d’anecdotes, de rires, de chansons et d'excès à tout va. Un lieu où l’esprit festif et les traditions locales règnent en maîtres. Je me rappelle y avoir amené James. L’ambiance était vibrante, le pastis coulait à flots, la bassine de Balto l'avait particulièrement amusé. Notre complicité s’était renforcée à coup de frites, de shooter de madeleine et de danses collées serrées.


Cette soirée avait été une bulle de bonheur, où le temps semblait suspendu. En bons fêtards, on avait écumé les bars de la place Saint-Pierre. Chaque arrêt apportait son lot de rencontres : amis surgis de nulle part, connaissances croisées au hasard, et une euphorie qui ne faisait qu’enfler.


Pourtant, ce dont je me souviens le mieux, c’est notre escapade impromptue. Une éclipse discrète à deux, nos corps guidés par l’élan du moment, pour nous retrouver dans les toilettes de La Couleur de la Culotte. Il faut dire que l'endroit est des plus étonnants avec des miroirs couvrant tous les murs et même le plafond. Impossible de ne pas se voir où que l'on pose les yeux. L’adrénaline dans les veines, nos rires étouffés, le coeur battant à tambours ouverts et cette manière qu’il avait de me regarder...


J’étais franchement bourrée, lui peut-être juste éméché, mais l’excitation nous avait happé comme une bourrasque. Tout n’était qu’urgence et précipitation.


Je l’avais poussé dans les WC pour femmes et mis le verrou en gloussant. Sans attendre, il avait remonté ma jupe blanche sur mes hanches en s’emparant fiévreusement de mes lèvres. Sa main se faufilait sous mon débardeur lorsque j’avais empoigné sa verge tendue. Sa langue éffronté courait dans mon cou, cachée par mon foulard rouge, qui, d'ailleurs, avait fini autour de sa nuque, pour l'attirer plus près de moi. Nos souffles s’étaient mélangés, ma bouche s’était écrasée sur la sienne avec une faim presque animale.


Dans ce cadre de miroirs, chaque angle reflétait une facette différente de notre étreinte. Il avait déchiré le sachet d’un préservatif tandis que je baissais mes bretelles pour dénuder ma poitrine. La capote était tombée par terre. J’avais pouffé de rire. Pas lui. Son regard féroce restait concentré sur moi.


J’avais fait glisser le suivant sur son sexe, jurant de sa maladresse. James était hilare face à ma verve très imagée. Moi, j’avais plutôt envie de le cogner parce qu’il n’allait pas assez vite à mon goût. Il avait saisi mes seins à pleines mains et mordillé mes tétons, comme une douce punition.


Quand il m’avait retournée face au lavabo, ses mains empoignant mes hanches, mes yeux ont croisé une multitude d’autres versions de nous. Mes paumes contre la surface lisse devant moi mon bassin cambré à sa rencontre, je trépignais d'impatience. Il ne s’était pas encombré de retirer mon dessous, se contentant de le décaler sur le côté avant de venir frotter sa verge contre mes replis intimes. J’avais ronronné en bougeant contre lui pour l’inciter à me pénétrer sur-le-champ.


Ses doigts avaient caressé mes lèvres, puis glissé le long de mon ventre jusqu’à mon sexe, s’assurant que j’étais déjà toute à lui. Pas la peine, j’étais prête à l’accueillir. Il avait poussé un grognement — de fierté, je présume — avant de m’attraper par les cheveux et d’enfouir son visage dans mon cou pour me prodiguer un suçon sulfureux.


Quand il avait plongé en moi d’un coup de rein sec et précis, j'avais gémi de plaisir. Nous voir nous fondre à travers les miroirs m'avait excité au delà du possible. L’image de son bassin allant et venant contre mes fesses était presque trop intense à supporter. Il avait plaqué sa main sur ma bouche pour contenir mes cris, parce que je crois fermement que toutes les personnes présentes dans le bar ont entendu l’orgasme fulgurant qui m’a fauché en plein vol en moins d'une minute, alors que James me pilonnait brutalement.


Quand la jouissance m’a frappée, ma vision s’est brouillée, mais je me souviens encore de nos reflets, de mes joues rougies, de mon souffle coupé, et de son regard triomphant.


Du sexe rapide, sauvage, impudique, presque douloureux. Jamais je ne m’étais livrée à une expérience de la sorte. Jamais je ne m’en serais crue capable.


Alors, non, je n’irais pas Chez Tonton. Pas avec ce souvenir lancinant qui vient éveiller des sensations que j’aurais voulu taire le temps d’une soirée. Mais impossible maintenant.


Mon dieu… comme j’aime sentir sa peau ferme et douce sous mes doigts, ses soupirs chauds contre ma nuque quand il m'enlace par-derrière, la tension palpable de son corps contre le mien lorsqu’il me caresse, me domine, me pénètre. Chaque pensée de lui, chaque écho de ces instants volés entre nous, fait monter en moi une ardeur brûlante qui consume toute rationalité. Je suis au bord du gouffre, prête à m’adonner à un petit plaisir solitaire. Mais, je vais me retenir. Ou pas.


Je me rappelle encore de sa déclaration la nuit dernière : qu’il ne « couchait » pas, mais qu’il « baisait ». L’un ou l’autre, le sexe ave lui est divin, peu importe sa qualification. Ses paroles m’avaient blessée, totalement en contradiction avec l’impression que j’avais eue de lui lors de notre première aventure, il y a quelques mois. Même si, je partage son point de vue quand il s’agit de quelques-unes de ces parties de jambes en l’air auxquelles ont s’est livré sans vergogne.


A l’époque James avait été un amant exceptionnel. Jour après jour, nos corps, nos âmes et nos cœurs semblaient fusionner dans une harmonie parfaite. Avec lui, je me sentais entière, vivante, toujours pleinement satisfaite.


Alors, non, je retire ce que j’ai dit. James n’a jamais été juste un plan cul pour moi, un partenaire de baise comme il dirait. Je ricane mais en vérité, je savais déjà qu’il était un réel compagnon dans cette danse intime et passionnelle. Il m’écoutait véritablement, cherchait à appréhender non seulement mes désirs physiques, mais mes émotions, mes limites et mes fantasmes. En tout cas, il m’en donnait l’impression et j’étais en confiance avec lui, pour la première fois depuis longtemps.


Notre connexion allait bien au-delà des gestes et des mots. James avait cette capacité rare à me faire sentir vue et entendue dans toute ma complexité. Avec lui, chaque instant était chargé de sens. Nos étreintes n’étaient pas seulement des moments de plaisir, mais des expressions d’une union profonde. Quand il me touchait, c’était comme s’il savait exactement comment résonner avec mon être, comme s’il avait une compréhension instinctive de mes aspirations, mes souhaits, mes doléances.


Je me rappelle en particulier une nuit d’été où tout avait basculé. Notre quatrième soirée ensemble restera gravée dans ma mémoire comme inoubliable et irremplaçable.


James m’avait convié à une escapade romantique à Biarritz, et cette invitation m’avait enchantée. Connaissant mon amour pour la mer, il voulait partager avec moi sa passion pour le surf. On avait préparé nos valises avec excitation et réservé une chambre dans un hôtel élégant en bord de mer.


Ce jour-là, l’après-midi s’était écoulée dans une ambiance de pure insouciance. James, fourmillant d’enthousiasme et de détermination, tâchait tant bien que mal de me faire tenir debout sur la planche. J’échouais lamentablement à chaque tentative, et me noyait sous des vagues de rires et d’éclaboussures. Mon beau surfer me jetait dans l’eau avec une gaieté contagieuse et on s’amusait de chacune de mes innombrables chutes. Ses éclats de joie, sincères et communicatifs, résonnaient comme une mélodie joviale dans l’air salin. Sa patience et son optimisme étaient inégalés. Je n’avais pas réussi à maîtriser l’engin, mais cette après-midi-là avait été emplie de moments de bonheur simples et sans artifice.


Au bout du compte, j’avais abandonné mes efforts infructueux, non pas par découragement — quoique peut-être n’étais-je pas totalement concentrée — , mais parce que je devinais dans ses yeux une réelle envie d’aller chevaucher les rouleaux à son tour. J’étais sortie de l’eau et je l’avais observé surfer depuis la plage. Mon cœur débordait de plénitude en le voyant si rayonnant, en pleine communion avec l'océan. Découvrir cette facette de sa personnalité, si vibrante et en harmonie avec la mienne, m’a profondément émue. Il était là, étincelant de joie et de liberté, sa spontanéité éclatant sous le soleil. Avec lui, je me sentais épanouie, comme si chaque moment passé à ses côtés était une ode à la vie, un pur plaisir de l’existence. Je contemplais l’homme et la mer et j’aimais les deux. Intensèment.


Plus tard, de retour à l’hôtel, on avait fait l’amour sans complexe, sous la lumière douce de l'astre de feu qui filtrait à travers la baie vitrée de notre chambre. La chaleur du jour se confondait avec celle de nos corps en sueur, créant une atmosphère incroyablement sensuelle. Nos mouvements étaient synchronisés, nos désirs parfaitement alignés. Nos rires se mêlaient à nos soupirs. On était perdu dans un monde de volupté. Tout semblait décuplé, aussi bien le plaisir physique que notre complicité. Je le voyais comme un être magnifique, et le fait qu’on puisse laisser nos chairs s’exprimer si librement dans ce cadre idyllique rendait chaque seconde encore plus puissante.


Le soir venu, après un dîner aux chandelles et une promenade les pieds dans l’eau, on s’était installé dans un endroit tranquille, à l’abri des curieux, pour observer le coucher de soleil teinté le ciel nocturne de rose et d’orange. Je m’en souviens comme si c’était hier.


L’air était saturé de la brise marine et du parfum des vagues. Assis côte à côte, on avait discuté longuement, lui de ses voyages palpitants à travers des lieux paradisiaques, moi de mes aspirations, de mes rêves. Chaque mot échangé, chaque regard complice, renforçait notre lien naissant.


Puis, alors que le crépuscule enveloppait la plage d’une lueur mordorée, on s’était à nouveau laissé aller à nos pulsions, là, à même le sable. C’était tout aussi inédit pour moi, mais la sensation de liberté était électrisante. J'avais grimpé sur ses genoux, face à lui et on avait fait l’amour, tout à fait conscients du risque d’être surpris. L’excitation du moment était prégnante. Le frisson du danger ajoutait une dimension audacieuse à notre étreinte. En dépit de la lumière déclinante et des murmures de l’océan Atlantique, le fait qu’on soit partiellement exposés rendait chaque mouvement plus intense.


En me concentrant assez, je peux encore sentir les grains sablonneux râpait mes jambes, la caresse du vent sur mes épaules, et surtout, le contact brûlant de ses lèvres qui m'embrassaient avec langueur et dévotion. Son regard enflammé, empli d’interdit est encore imprimé sous mes rétines.


Même à travers le tissu de ma robe dépliée autour de nous, je pouvais ressentir chaque enlacement passionné de ses mains parcourant ma peau, griffant mon dos, palpant mes fesses, empoignant mes hanches. Mes yeux plongés dans les siens, mes paumes encadrant son visage, je gémissais d’extase contre sa bouche. J’allais et venais lentement en lui, ondoyais, glissais tandis qu’une révélation fracassante faisait jour dans mon esprit : si j’en avais eu le pouvoir, j’aurais fait de James l’unique homme de ma vie. Je le voulais pour toujours. J’étais convaincue qu’aucun homme ne pourrait jamais me rendre aussi heureuse qu’en cet instant précis, où l’intensité de notre connexion et la profondeur de notre union se déployaient avec une force inégalée. Je ne pouvais imaginer vivre cette passion avec quelqu’un d’autre que lui.


C’est au cours de cette nuit étoilée, bercée par le ressac et la douceur du sable fin, que j’avais compris que James était plus qu’une simple passade : il deviendrait un souvenir immortel inscrit dans ma chair, mon cœur et mon âme. Ce moment partagé, j’aurais souhaité qu’il évolue en la promesse de quelque chose de durable, de précieux. Mais la réalité était différente. James allait repartir en Écosse et ce rêve allait vite prendre fin.


Malgré tout, des mois après, nous voilà à nouveau réunis et les vérités révélées ont obscurci notre horizon désormais orageux. Moi, j’ai couché avec un homme depuis, pour essayer de l’oublier. Lui, a enchainé les conquêtes, avec une fréquence que je n’ose même pas imaginer. Découvrir qu’il avait offert son corps à d’autres femmes pendant notre « séparation » m’a ébranlée.


J’ai d’abord ressenti une extrème jalousie. C’est égoïste, mais je ne peux pas contrôler ce désir viscéral de le vouloir entièrement pour moi, de le savoir exclusivement à moi. Ses liaisons m’ont fait me sentir comme si j’étais une option parmi tant d’autres. Comme s’il ne voyait dans notre courte relation qu’une simple passade sans signification. Le manque de promesse entre nous n’excuse rien. La déclaration dans le vocal qu’il m’a envoyée continue de me hanter. La drogue ne peut pas tout justifier non plus, et il y a quelque chose de plus enfoui que je perçois à travers les éclats de cette vérité. Pourtant, malgré ces douleurs, il reste une chance. J’ai envie de croire que ce que nous partageons est précieux et rare, digne des émotions que nous pouvons nous offrir et au-delà.


Pour moi, il y a toujours eu une sorte d’alchimie entre nous, comme si tout s’accordait parfaitement, pareil à des éléments chimiques qui se combinent pour former une réaction unique. Chaque regard, chaque geste, chaque sensation fait partie d’un processus naturel et millénaire où la passion et l’intimité se mêlent pour créer quelque chose de magique. C’est toujours mon ressenti avec lui en tout cas.


Depuis que nous nous sommes retrouvés, j’ai espoir que ce n’est pas simplement une quête de plaisir physique, que c’est plus que de « la baise ». Mais peut-être suis-je trop naïve ?


Non, il m’a donné le choix. Il a su garder son calme, être à l’écoute de mon corps, et me respecter. Hier soir, sur le rooftop, je veux dire. Il m’a laissé prendre les rênes, non pas parce qu’il était passif, loin de là, mais parce qu’il approuvait vraiment de me laisser le contrôle. Parce que c’était ma décision.


La nuit dernière ici même, lorsque nous avons fait l’amour sous le jour des retrouvailles, j’ai éprouvé un désir de reconnexion qui m’a profondément touchée.


Ce matin, en revanche… peut-être que ma colère et mon audace soudaine ont réveillé en lui une dimension plus primitive, moins réfléchie. On a failli céder à une impulsion brute, mais la faute est mutuelle. Je vois maintenant qu’une lutte constante se joue en lui entre la luxure débridée et l’attention délicate qu’il souhaite m’offrir. Cette dualité entre la passion brûlante et le respect qu’il a pour moi, est quelque chose que je n’avais jamais véritablement expérimenté avec un autre avant lui. C’est ce mélange complexe qui me fait sentir si spéciale à ses yeux et pas juste une partenaire de « baise ». En tout cas, je l’espère parce que, sinon, le gouffre qui s’ouvre devant moi risque bien d’engloutir mes rêves d’avenir.

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