CHAPITRE 28.4 * JAMES

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ATTENTION PASSAGE EROTIQUE

J.L.C

♪♫ ♪♫


J’ai envie de l’embrasser, de la faire mienne, de la revendiquer encore et pour toujours. Mais cette pensée est égoïste. L’amour dévorant que j’éprouve pour elle ne doit pas supplanter le respect que je lui dois. Ce serait comme la priver de sa liberté, de ses choix, de son autonomie. Elle n’est pas un trésor que l’on enferme, mais une étoile qui brille librement, éclairant ma nuit.

Je veux nouer ce lien comme deux brins d’une corde d’arrimage, solides ensemble, mais jamais serrés au point de l’étouffer. Chaque nœud que nous formerons doit naitre d’une démarche partagée, non d’une contrainte. Je dois suivre son chemin, même si tout en moi aspire à l’engloutir toute entière pour l’éternité, la plonger dans un torrent de lave fait de passion et de tendresse, jaillissant du volcan endormi qui me sert de cœur.

Ce besoin déchirant de la posséder, de la garder près de moi me tourmente, mais je sais que son bonheur doit primer sur mes inclinaisons. Si je la force à s’engager, je pourrai détruire le fil fragile qui nous relie. L’envie d’unir nos existences, de fusionner nos corps à jamais, comme une supernova illuminant l’obscurité, me pousse à vouloir dissoudre les barrières qui nous séparent. Mais tout précipiter équivaudrait à lui voler son éclat, lui retirer son espace, sa lumière. Je refuse de devenir l’incendie qui éclipse son essence.

Victoria s’aperçoit surement de mon émoi, car elle tend une main vers moi, ses doigts caressent la ligne de ma mâchoire. Nos regards s’accrochent, et son souffle effleure mes lèvres alors qu’elle murmure, presque comme un ultimatum :

— James… Ne dis plus jamais que je mérite mieux. Ce que j’attends, c’est un homme qui est prêt à essayer, malgré ses démons, malgré ses peurs, quelles qu’elles soient.

Dans un élan impérieux, je l’emprisonne dans mes bras et m’empare de sa bouche, refoulant tant bien que mal les larmes qui menacent de couler. Elle me répond avec une tendresse inouïe, un mélange de douceur et de feu qui annihile mes résistances. La bienveillance de ses mots, le poids de leur sincérité, m’affectent au plus haut point.

Ma paume suit la ligne délicate de son visage, descend sur la courbe de son épaule, passe sous son bras pour atteindre ses côtes, ses hanches. J’ose dériver plus bas, jusqu’à ses fesses que j’agrippe vigoureusement, la rapprochant encore, toujours plus, comme si la moindre distance, si minime soit-elle, était une entrave insupportable.

Notre baiser s’approfondit, lentement d’abord, comme une mélodie caressante qui prend de l’ampleur, chaque note vibrant un peu plus fort. Sa langue vient s’enrouler autour de la mienne, et ce simple geste déclenche un putain de raz de marée démentiel dans chaque muscle, veine, nerf, neurone. Je ne suis plus qu’un amas brut et incandescent de désir, d’espoir, de dévouement.

Les battements de mon cœur bourdonnent à mes oreilles. J’ai si envie d’elle que ça en devient douloureux. La fièvre monte, irrépressible, me suffoque, me parasite. Tout s’accorde. La suite n’attend plus qu’un geste, une décision. Des mots ?

Je la libère et inspire profondément, forçant mon corps à se calmer. Ce n’est pas uniquement la passion qui me consume, mais l’urgence de lui faire comprendre à quel point elle compte pour moi. Alors, je plonge dans l’immensité de ses beaux yeux d’ambre pour y insuffler ces quelques mots :

— Tu sais que je t’aime, Victoria ?

Elle retient son souffle en se blottissant de plus belle. Je crois sentir son sourire sur ma peau lorsqu’elle enfouit son visage dans mon cou. Ses ongles s’enfoncent dans ma chair tandis qu’elle couvre mon buste de doux baisers. De ma gorge à ma mâchoire, jusqu’à la commissure de mes lèvres, elle parsème des fragments de sa tendresse, me capturant tout entier. Puis, elle prend mes pommettes en coupe, connecte son regard au mien, et son sourire s’épanouit.

Elle m’embrasse encore et encore, me revendique à son tour et ça me rend fou d’amour.

Finalement, alors que le monde autour de nous s’estompe, Victoria finit par me dire :

— James ? Loin de moi, l’idée d’exiger quoi que ce soit, mais…

Je la dévisage, ma curiosité et mon attente renforcées par la gravité de ce moment. La tension dans l’air semble se condenser autour de ses mots, me poussant à écouter attentivement, prêt à répondre à toutes ses questions.

Victoria se tortille dans mes bras, accentuant le frottement de son corps sur le mien. Elle ouvre la bouche comme si elle allait s’exprimer, mais aucun son ne sort. À la place, elle mordille sa lèvre inférieure, et l’ombre d’un sourire nerveux traverse ses traits.

— Je… commence-t-elle, avant de se raviser.

Qu’est-ce qu’elle est belle quand elle est dans cet entre-deux : les sourcils légèrement froncés, les joues rosies, le souffle court. Je devine son trouble, mêlé à une retenue qu’elle peine à dissimuler.

Qu’a-t-elle à me demander ?

Doucement, ses paumes s'aventurent jusqu’à ma taille, courent sur mon flanc. Ses caresses, distraites en apparence, ressemblent davantage à des questions silencieuses qu’elle me pose du bout des doigts. Son regard se fixe sur ma bouche, puis sur mes yeux, et le reste de son corps suit. Ses dents jouent à nouveau avec la pulpe de ses lèvres, mais cette fois, l’impulsion de ses gestes me devient évidente. Ses intentions, ses doutes, tout s’éclaircit. Mon palpitant cavale. Je serais le dernier des imbéciles de ne pas comprendre. Alors, je comprends.

— Vi ? Je t’ai connue plus audacieuse, je lance d'un ton taquin.

Ma petite louve se fige, hésite. Puis, mue par un mélange d’assurance et de provocation, elle redresse la tête.

— Audacieuse ? Je l’ai été toute la soirée, rétorque-t-elle, la pointe de son menton s’élevant légèrement.

— Et tu comptes t’arrêter là ? je murmure.

Pour la pousser à aller plus loin, à me surprendre comme elle seule sait le faire. Pour l’encourager à succomber à cette impulsion que je vois danser dans ses yeux. Pour l'inviter à franchir cette limite où désir et folie ne font qu'un. Pour qu'elle cède et m'emporte avec elle

Ma main descend lentement le long de son bras, ma paume trouve la chaleur de sa cuisse. Ses doigts s’engagent sur mon torse, hésitant à peine avant de s’enhardir. Elle enroule sa jambe autour de la mienne, son mollet se presse contre le mien.

— Tu... dois être épuisé, non ? souffle-t-elle.

Son ton faussement innocent masque mal le défi dans son regard, qui pétille d’un éclat que je connais trop bien maintenant. Je sens cette vitalité, ce feu, revenir en elle.

Épuisé ? Avec elle, ce mot n’a jamais eu sa place dans mon vocabulaire. Je tiendrais toute la nuit et au-delà, jusqu'à ce que l'aube caresse nos peaux nues, que les premiers rayons dévoilent les traces de notre étreinte sur les draps froissés, que les heures deviennent une éternité. Dans ses bras, la notion même de fatigue s’émousse, remplacée par l’envie incessante de prolonger ce plaisir, de savourer chaque seconde de cette passion. Épuisé ? Jamais… Au contraire, sa présence me vivifie, j’ai l’impression de renaître chaque fois que ses lèvres se posent sur les miennes. Elle est l’énergie qui me pousse à aller plus loin, à goûter à l’infini. Avec elle, le temps n’est qu’un souvenir flou et l’amour, une évidence.

— Je te veux, murmuré-je finalement. Pour tout. Pour les nuits comme celle-ci, pour les jours où je serai insupportable, pour les moments où la vie sera un combat.

Son souffle se mêle au mien, et je sens la tension dans son corps s’effacer lorsqu’elle se décide enfin, sa voix basse et sans équivoque :

— J’ai encore envie de toi, James.


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