CHAPITRE 28.5 * VICTORIA
ATTENTION PASSAGE EROTIQUE
V.R.S.de.SC
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Faire l’amour, c’est vertigineux. Le bonheur, également. La combinaison des deux ? Un tourbillon puissant et enivrant qui se répand dans chaque fibre de mon être à l’instant, tandis que James m’étend sous son corps. Ses baisers couvrent ma peau, ses lèvres brossent une topographie intime de tendresse et de désir. Comment pourrait-il en être différemment quand l’homme dans mes bras vient à nouveau de me déclarer sa flamme ?
Ses mots m’ont transporté dans un état de pure satisfaction, de joie. Il m’aime et il est prêt à s’engager. Mais moi, est-ce que je l’aime aussi ? Véritablement ? Entièrement ? Attendait-il de moi que je lui rende son « je t’aime » avec la même conviction ?
J’ai peur… peur que ces mots une fois formulés à voix haute ne sonnent faux. Je crains qu’ils deviennent irréversibles. Mes sentiments pour lui sont sincères, mais… Je ne peux pas. Pas encore. Mon cœur saigne pour lui et se consume sous ses paroles, or, si mes émotions trompaient ma raison ?
Nos confidences murmurées sur l'oreiller, fragiles et teintées d'hésitations, marquent un premier pas vers le pardon. Elles dessinent un chemin vers l’acceptation et la reconstruction de cette confiance que nous avons érodée. Sauf que lui avouer mon amour, alors que je n’en suis pas tout à fait convaincue… serait un pari risqué.
Un simple « je t’aime » peut tout bouleverser. Aussi léger qu’une plume et néanmoins lourd comme le monde, chaque fois qu’il franchit nos silences, il façonne une vérité, scelle une promesse.
Je les imagine tels des ponts suspendus entre deux âmes. Seulement, tous les ponts ne sont pas de pierres, et, lorsqu’on s’y aventure, on craint que le sol ne cède sous notre élan — un aléa souvent négligé ou occulté. Parfois, ces liens se convertissent en boucliers cruels contre lesquels se fracassent les cœurs optimistes, voire des couteaux sous la gorge de celles et ceux qui veulent s’en affranchir. Leur véritable nature peut nous échapper, leur signification se dérober en filet d’eau entre nos doigts. Et puis, de caresses, ils peuvent être faits, et de sincérité aussi, mais pareils à des miroirs déformants, ils reflètent plus souvent nos propres attentes que la réalité des sentiments.
Je les ai déjà prononcés auparavant. Offerts aux trois hommes qui ont partagé mes jours et mes nuits, chacun à une étape différente de mon existence.
Les premiers étaient une ancre à laquelle amarrer les émois de ma jeunesse. Vrais, mais naïfs, jetés dans le vent avec l’innocence et l’exaltation des premières étreintes. Les seconds, plus assurés, confirmaient ma maturité et témoignaient de la femme que je devenais. Je les déclamais avec enthousiasme, persuadée qu’ils cimenteraient une relation qui, au fond, n’était pas vouée à perdurer. Quant aux derniers, fruits de l’urgence et parés de la couleur du désespoir, je les ai prononcés pour préparer mon cœur à abandonner la vie idéalisée que je ne pourrais plus atteindre, car je savais que l’avenir me réservait autre chose.
Maintenant, je me demande si les iris bleutés qui me contemplent avec désir et vulnérabilité sont ceux pour qui mes prochains « je t’aime » sont destinés. Je l’ignore encore.
Alors, malgré tout, je les retiens sur le bout de ma langue, suspendus dans un silence fragile. Parce que si je me trompe, s’ils ne sont qu’une énième prière et non une vérité absolue… Avec des « si », on refait le monde. Une fois exprimés, ils ne m’appartiennent plus. Ils exigeraient tellement de nous, si tôt et si vite, pour le meilleur et pour le pire. Ils ouvriraient grand les portes de l’inconnu et, et si notre pont se révèle être une corde détendue, ils nous précipiteront au fond d’un ravin. Aucun de nous ne pourra en sortir indemne. Lui, y survivra-t-il ? Mon Dieu, comme je redoute que James porte à jamais les cicatrices de cet échec…
Cette pensée me tord les entrailles et m’incite à passer à l’acte. Mon corps, pressé sous le sien, réclame la délivrance. Une chaleur familière, presque instinctive, se propage dans mon bas-ventre. L’équilibre est fragile entre tendresse et feu, retenue et abandon. Mes jambes s’enroulent autour de lui, le maintenant contre moi comme pour combler un vide invisible. Ses mains m’empoignent avec une fermeté qui fait naître un frisson le long de ma colonne.
Je le sens, le devine : ce désir quasi permanent, cette passion délicieuse, quand il pose ses yeux sur moi. Mais, celui qui dirige mon cœur se contient. Pour moi ou pour lui-même, je ne saurais le dire.
Tout à l’heure, il aurait pu se contenter de me prendre sans ménagement, satisfaire son égo masculin, céder à ses propres pulsions sans se soucier de mes ressentis. D’autres l’auraient fait. Mais, lui, non. Au lieu de ça, il a choisi une autre voie, celle de la patience et de l’écoute.
Il s’est aventuré sur ce territoire intime avec une douceur calculée, m’a permis de me perdre dans le plaisir. Certes, il a bousculé mes limites, m’a poussé au-delà de mes retranchements, mais il l’a fait pour mon bien. Ses gestes précis et ses caresses expertes m’ont conduit vers un orgasme inédit. Ses lèvres ont arpenté des secrets inconnus, ses doigts ont tracé des chemins insoupçonnés, avec dévotion et attention. Cet homme s’est privé pour se mettre au service de mes besoins. Personne n’avait jamais fait ça pour moi. C’était magique.
Cette nuit, quelque chose a changé entre nous, un seuil a été franchi. Maintenant, une envie viscérale me consume : prolonger cette étreinte, explorer encore plus profondément cette alchimie qui nous unit. Oui, on vient à peine de faire l’amour, mais un feu ardent brûle toujours en moi.
Je veux qu’on se redéfinisse, qu’on s’immerge dans ces sensations sans fin, jusqu’à ne plus faire qu’un. Mais pas seulement. J’aspire à lui offrir autant qu’il me donne, le faire vibrer, m’abandonner aussi bien à ses désirs qu’aux miens. Passion et tendresse, sauvagerie et douceur — j’aimerais tout vivre, tout partager. Qu’il me possède et que je le fasse mien, pleinement.
Sans plus attendre, je l’encourage à me pénétrer. D’un coup de rein, rapide et puissant, il s’engouffre en moi. Dieu… L’extase qui m’envahit est phénoménale, et un gémissement de plaisir remonte de ma gorge. Mes tissus intimes se contractent autour de lui, l’accueillent avec une ferveur insatiable.
James est exactement là où il doit être, m’emplissant toute entière. Ses lèvres, généreuses et entrouvertes, émettent un râle chaud, un souffle lourd qui caresse mes cils comme une brise d’été. Les contours de son visage, un mélange envoûtant de fougue et de vulnérabilité, sont magnifiés par la lumière tamisée, mettant en valeur ses pommettes saillantes et sa mâchoire carrée. Le regard qu’il me porte m’éblouit.
Sa prise se raffermit sur ma cuisse, ses muscles se tendent avant de se relâcher presque immédiatement, tandis qu’il se fige au-dessus de moi, ses yeux ancrés aux miens. Il ne bouge plus, et il en va de même pour moi. Nos chaleurs fusionnent, et j’imagine les sensations qu’il éprouve, sa peau contre la mienne, sans entrave. Dans cette immobilité qui s’éternise, nos corps s’apprivoisent, se délectent l’un de l’autre. Je l’héberge volontiers, appréhendant le tsunami émotionnel qui risque de nous submerger sur-le-champ si mon tentateur n’anticipe pas notre plaisir en freinant ses ardeurs. Nos ardeurs.
Mais déjà, il se déride, entame un lent va-et-vient, soulevant des vagues de sensualité inextinguibles. Mes halètements inondent toute la pièce, et je réalise que ce rythme languissant ne fera qu’exacerber mes ressentis, rendant ma résistance illusoire.
Je m’accroche à lui, mes doigts s’agrippent à sa nuque. Instinctivement, je remonte mes cuisses plus haut, les resserrant contre ses hanches. Sauf que c’est encore pire. Cette position amplifie chaque poussée, et les ondes de volupté m’envahissent plus violemment. Ses mouvements m’enfièvrent, je murmure son nom, une fois, deux fois, d’une voix suppliante.
L’effet recherché est contraire : mon lion grogne et accélère, et moi, je m’enlise d’autant plus dans l’extase. Une lutte intérieure se lit sur ses traits, comme s’il tentait de se contenir, mais son corps ne cesse de répondre au mien, indomptable. Mon Dieu, James pourrait nous faire durer toute la nuit. C’est un amant formidable, infatigable.
J’avoisine déjà tellement le point de rupture que, si je ne reprends pas le contrôle, je risque de franchir la lignée d’arrivée avant même l’échauffement. Pour essayer de le ralentir, je l’emprisonne entre mes cuisses.
— James…, je souffle entre deux soupirs. Attends…
Je dénoue mes bras et glisse mes doigts dans ses cheveux, le tirant doucement pour qu’il me regarde. Il fronce les sourcils, son visage raviné par la concentration. Son désir est palpable. Dieu, qu’il est beau ! Il se tient sur le fil : il ne lui faudra pas grand-chose pour nous faire basculer ensemble.
Je lui souris timidement et, je ne sais pas quel heureux hasard, il comprend. Ses mains rampent sous mes fesses, sa poigne de fer m’invite à verrouiller mes chevilles contre lui. D’un geste souple, il nous soulève, toujours bien logé en moi. Il s’agenouille, m’installe sur lui, avant de se pencher vers mon cou pour m’abreuver de baisers. Puis, il entreprend d’agréables caresses dans mon dos, m’encourage à prendre le relais. Mon amant dépose les armes et me confie les rênes. À présent, c’est à moi d’imposer la cadence.
J’inspire, m’ajuste, mes mains sur ses épaules pour me stabiliser, et je commence à onduler. Les râles de James contre ma peau me galvanisent. Je le tiens entre mes doigts, et cette pensée me donne le pouvoir de continuer.
Je me cambre légèrement en arrière, paume à plat sur le matelas, l’autre derrière sa nuque, tandis que je gagne en assurance. Mes hanches se mettent en mouvement, d’abord avec lenteur, savourant chaque seconde. Mon volcan personnel synchronise nos balancements, son bassin parfaitement en harmonie avec le mien. Sa main libre valse de mon ventre à mes seins, de mon visage et à mon mont de Vénus, m’aide à trouver un rythme qui nous emportera. La montée de chaleur entre nous devient étourdissante, plus étouffante qu’une nuit estivale. La sueur perle déjà sur nos corps fébriles et enflammés par le désir.
Alors qu’il m’observe, ses muscles se durcissent, ses traits se crispent sous l’effort, mais, cette fois, c’est moi qui mène la danse. Mais bon sang… c’est encore trop intense. Sa verge qui entre en moi, le frottement de nos bas-ventres, ses doigts qui massent ma poitrine et ses yeux qui me dévorent d’un regard à la fois sombre et pétillant… Ce soir, je ne tiendrai pas.
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