CHAPITRE 30.2 * VICTORIA
V.R.S.de.SC
♪♫ ♪♫
— Quelle heure est-il ? m’interpelle-t-il.
— Dans les neuf heures trente, je présume.
— C’est un peu tôt pour toi.
Je sens la raillerie dans ces mots.
Mon soleil paresseux dépose un baiser sur ma tête et se contorsionne pour que nos visages se retrouvent à la même hauteur. Quand enfin mes paupières cèdent, son regard m’avale tout entière.
Un océan me scrute. Deux saphirs liquides, taillés dans les mystères d’un abîme, où le calme trompeur dissimule des courants indomptables. Leur nuance me fascine : un bleu brut, à la croisée d’un glacier et d’un ciel furieux sur le point de tempêter. Silencieux, presque paisibles, ses prunelles abritent une énergie tellurique, comme si l’univers lui-même trouvait refuge dans ses iris.
— Bonjour, me souffle-t-il, un sourire en coin. Tu sais que tu es adorable quand tu dors ?
Je ris, prise au dépourvu.
— Bonjour, Monsieur Cameron. Vous, vous êtes un peu trop observateur pour un homme censé dormir.
— Impossible de ne pas t’admirer, même dans mes rêves.
J’arque un sourcil, amusée par sa réplique, mais aussi agréablement touchée.
— Tu rêves de moi ? Intéressant…
— Toujours. Et je peux te dire que la réalité est cent fois mieux.
Je lève les yeux au ciel, mi-sceptique, mi-flattée.
— Tu exagères, James.
Du bout des doigts, il effleure la ligne de mon profil. Un frisson d’émotion lui répond en silence.
— Jamais quand il s’agit de toi. Je te le répéterai chaque jour, Victoria : tu es magnifique.
Mon cœur rate un battement et une langueur sensuelle s’installe dans mes muscles.
— Merci, fredonnè-je en laissant filer mes paumes sur son torse. Tu es loin d’être déplaisant à regarder toi aussi… ni à toucher…
Un sourire désinvolte étire ses commissures tandis qu’il plisse ses arcades, l’air faussement intrigué.
— Ah, oui ? Tu pourrais être plus… précise ?
Taquine, je glisse mes doigts dans son cou, savoure la texture de sa peau, puis l’ombrage de sa barbe. Mon index trace une ligne jusqu’à son arc de Cupidon, mais il intercepte mon geste en saisissant doucement mon poignet, un éclair de malice dans le regard.
— Dommage… J’espérais que tu explorerais des territoires plus… méridionaux.
— T’es pas possible, toi !
Il relâche ma main et approche son visage.
— Et toi, trop sage pour être honnête.
Un petit smack rapide, espiègle — frustrant — et il se recule aussitôt. Je reste figée une seconde, ma vue accrochée à sa bouche. Intuitivement, mes dents se mettent à gratter l’intérieur de ma lèvre.
Une fossette discrète creuse sa joue gauche lorsqu’il me gratifie d’une moue éclatante.
— Tu sais que tu as un sourire redoutable, pas vrai ?
— Ah oui ? Et qu’est-ce qu’il a de si redoutable ?
— Il pourrait faire vendre du dentifrice par palettes.
Avec un sourire pareil, il pourrait enchaîner les contrats dans n’importe quelle agence. En voilà une pensée amusante, ou agaçante… Pourquoi faut-il qu’il soit aussi outrageusement beau ?
— Oh, vraiment ? Tu m’imagines en top-model ? Peut-être devrais-je prendre la pose pour que tu puisses mieux profiter du spectacle.
Ce qu’il fait aussitôt, avec un air de mauvais garçon, avant de renchérir :
— Si tu insistes, je pourrais peut-être compléter le tableau avec un petit clin d’œil.
Il s’étire, cale sa tête dans sa paume lorsqu’il s’accoude. Ses pectoraux se tendent sous mes doigts avant de se relâcher quand il pousse un soupir satisfait. Il pourrait envoûter la terre entière, mais non, il est là, avec moi, à faire son intéressant.
Je le contemple. Cet homme est incorrigible. Mais d’une beauté stupéfiante. La tentation incarnée. Son regard malicieux, sa mimique arrogante, ce corps à la fois brut et ciselé offert à mon bon vouloir.... C’est presque indécent et très, très excitant.
La tournure de notre conversation s’oriente vers des horizons prometteurs.
— La vue est agréable, mais peut-être que quelques explorations supplémentaires ne seraient pas de refus…
Mes mots planent un instant, mon souffle chaud caresse ses lèvres moqueuses, puis je minaude, d’humeur joueuse :
— Et je suppose que, toi aussi, tu aimerais y mettre du tien ?
Il ne perd pas une seconde. Avec une aisance sauvage, mon voyou attrape ma cuisse et la hisse sur sa hanche. Je me love volontiers contre lui.
— Aucune chance que je laisse passer une telle occasion, Vi. Crois-moi, je ne suis pas en reste… ni en sucre… ni de marbre…
Sur ses dernières paroles, il presse son érection contre mon bas-ventre, rendant chaque syllabe encore plus percutante. L’atmosphère se charge d’une tension électrique, vibrante, incandescente. Ma libido se met en branle, prête à me guider vers l’apogée de ce vertige délicieux où tout se mélange : désir et déraison, plaisir et anticipation.
— Je vois que tu sais jouer de tes charmes, roucoulè-je.
Mon bassin se déplace à sa rencontre, louvoie contre sa peau. Je me délecte de ce ballet sensuel, persuadée qu’il répondra avec tout le désir que je lui inspire. Bingo ! Son regard bleu, habituellement lumineux, s’assombrit comme l’acier poli.
— Peut-être que je garde encore quelques surprises sous la main, Victoria.
— Oh, tu m’as déjà bien assez surprise cette nuit pour toute une vie, repliquè-je en riant doucement.
— Oh, tout le mérite ne me revient pas, mo bhean-nighe. Mais il est vrai que je suis plein de ressources, prône-t-il tout fier de lui. Cela dit, je devrais peut-être prendre des notes sur ce qu’il me reste à améliorer. Je suis très studieux.
Je pouffe en secouant la tête. Retrouver cet équilibre entre légèreté et confiance me réchauffe.
— Oh, génial, un élève modèle. Si j’ai un conseil pour toi : concentre-toi sur l’exécution, pas sur la théorie, James.
En parfait comédien, il adopte une expression blessée quand il me lance :
— Attends… tu veux dire que ma performance n’a pas réussi à te convaincre ? Je suis dévasté. Moi qui croyais t’avoir trop gâtée…
Je m’esclaffe face à sa désolation feinte.
— Eh bien, excuse-moi, Monsieur Légende Vivante. Tu mérites des encouragements, mais pour les félicitations, tu devras donner un peu plus de ta personne. Je suis difficile à impressionner, tu sais. Aussi exigeante avec moi-même qu'avec les autres.
Je lui adresse mon plus beau sourire. Mon pouce se faufile entre ces lèvres entrouvertes. Il fait mine de vouloir me mordre et je ramène mes mains contre ma gorge en gloussant.
Profitant de l’instant, il réajuste nos positions, glisse sa jambe contre mon intimité dans un mouvement qui déclenche une vague d’excitation.
— Difficile à impressionner, hein ?
Son regard devient plus intense, sa bouche se fend d’un rictus canaille.
— Oh, ma petite Victoria, serais-tu en train de me défier ? Parce qu’un homme que tu qualifies de « Légende Vivante » ne peut pas être aussi inoffensif que tu le penses.
Pour illustrer sa déclaration, mon fabuleux tentateur frotte sa cuisse contre mon entrejambe. Le contact me séduit irrésistiblement, et je plisse mes paupières, succombant à son audace. Une chaleur torride monte en moi, et déjà une première décharge de plaisir serpente le long de mon échine.
— Ah, c’est donc ça, ton secret ? Utiliser ton corps pour me faire tomber sous ton charme ? Mmm… il va falloir plus que ça pour m’avoir, James. J’espère que tu es prêt à investir un peu plus de temps que la dernière fois.
Cette fois, il grogne, et sans prévenir, me bascule sur son torse, m’enfermant dans l’étreinte de ses bras. La couette glisse sur mes fesses, et l’air frais me fait frissonner.
— Vraiment, Vi ? Tu sais que je serais resté éveillé toute la nuit pour te prouver ma valeur. J’aurais pu te montrer combien je peux être persévérant et… ardu à la tâche.
Il appuie ses paroles en me serrant davantage contre lui, comme une promesse silencieuse.
— Mais non, Madame… attends une minute que je te trouve un joli surnom.
Il réfléchit, cherche à son tour le mot adéquat avant de m’affubler :
— Diva de la paresse… ou… Belle-au-bois-dormant, si tu préfères, ajoute-t-il précipitamment en voyant mon air offusqué. Quoi ? C’est vrai, non ? T’as choisi de laisser le marchand de sable faire son œuvre au lieu de tirer avantage de mon expertise et de mes compétences athlétiques. C’est toi qui as souligné mon endurance à toute épreuve, je te signale !
Son sourire polisson s’étend alors qu’il me lance cette dernière remarque grivoise, et avant même que je puisse réagir, il se penche pour capturer mes lèvres. Je m’incline sous la chaleur de son baiser, puis je m’écarte.
— Si tu possèdes l’assiduité et les talents que tu prétends, peut-être que tu n’as pas vraiment besoin de mes instructions, Monsieur Je-sais-tout, je lui signifie en lui tapotant le torse du bout du doigt. J’ai mieux fait d’aller prendre ma douche, dans ce cas.
James ricane et, sans me lâcher d’un iota, contre-argumente avec entrain :.
— Si tu crois que je vais manquer la chance de me doucher avec toi, tu te trompes, mo chridhe !
— Avec toute cette énergie que tu déploies à vouloir me garder contre toi, je me demande si tu es vraiment prêt pour la suite. Pourquoi ne pas reprendre un peu de force en m’attendant ? suggérè-je en tentant de me dégager.
— C’est une promesse ? réagit-il au quart de tour, son regard perçant le mien
— Peut-être…
James se laisse retomber en arrière tandis que je m’extirpe de son étreinte. Il tourne sa tête de gauche à droite et fait claquer sa langue avant de s’exclamer :
— Reprendre de la force ? Je te rappelle que c’est toi qui me proposes un entraînement intensif là !
— Oui, mais, comme tu me l’as si bien démontré, tu as l’air d’être une vraie machine de guerre, non ? Même les machines ont besoin de faire le plein, si je ne m’abuse ?
— Tu veux dire que je dois recharger mes batteries avant de continuer le combat ?
— Exactement ! Parce que je suis certaine que tu as des capacités à mettre en avant, mais ce serait dommage de t’épuiser trop vite.
Excédé ou excité, James s’écrie :
— Je vais te montrer moi qui, de nous deux, finira épuisé en premier ! Allez, hop, à la douche !
Joignant le geste à la parole, James se relève avec une grâce féline qui trahit sa détermination. Décidée à lui échapper, je file à l’autre bout du lit. Mais je suis loin de rivaliser avec son instinct de chasseur. Mon lion affamé capture ma cheville puis, d’un coup sec, me tire si fort que je dérape et m’aplatis sur le matelas.
— Arrête, arrête ! éclatè-je en rigolant, tandis que ses doigts agiles chatouillent mes côtes et mes aiselles.
Je me débats, mais c’est peine perdue. James, avec un sourire gourmand, redouble d’efforts. Ses attaques sont implacables. Je le déteste. Finalement, il nous redresse en m’installant à califourchon sur ses genoux, un air triomphant sur le visage. Il passe ses jambes par-dessus le rebord du sommier, prêt à bondir vers la douche.
Je ris à gorge déployée, mes bras enroulés autour de son cou dans une étreinte complice. Alors qu’il s’apprête à nous lever, je prends la parole, une idée bien en tête :
— Attends, si tu tiens tellement à m’accompagner, j’ai une proposition à te faire.
James fronce les sourcils, mais suspend son élan.
— Je t’écoute.
Sa voix rauque s’adoucit alors qu’il repousse d’une main mes cheveux derrière mon épaule, caressant ma peau au passage.
— Je sais que tu peux être très exigeante, commente-t-il avec une intensité sous-jacente, qui fait vibrer chaque cellule de mon être.
— Que dirais-tu d’un bain ?
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