CHAPITRE 31.1 * JAMES
ATTENTION PASSAGE EROTIQUE
MIROIR AQUATIQUE
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J.L.C
♪♫ ADDICTED — WILL DEMPSEY ♪♫
Voir, entendre, toucher. Éprouver, ressentir et réaliser que cette femme est la seule capable de m’aimer comme j’ai toujours voulu l’être. Ses attentes me mettent à l’épreuve, ses désirs dictent ma conduite et ses intentions me poussent à vivre le moment présent. À cet instant, mon bien-être est indescriptible. La léthargie qui m’envahit est à la fois douce et enivrante, un mélange de détente et de contentement. Mon esprit agité s’apaise, mon corps détendu se réinitialise.
Je me complais dans la chaleur de l’eau, dans la proximité de son corps qui m’encercle, dans la douceur de ses caresses soyeuses. Ses doigts, qui valsent tendrement sur ma peau, me prodiguent une sensation de sérénité absolue et, au fur et à mesure que je m’enfonce dans cette torpeur, mes inquiétudes fondent comme neige au soleil. Mon soleil. Ma Victoria.
Je ne rêve pas. Je n’hallucine pas.
Elle est bien là, lovée dans mon dos, à un battement de cœur. Ses respirations douces et régulières frôlent mes cheveux qui créent une mélodie apaisante dans le silence du matin. C'est un contact que je ne veux pas quitter, un lien intime qui m’apporte réconfort et me rappelle à quel point elle est charismatique, à quel point sa présence me réchauffe. Je ferme les yeux, savourant cette paix bienvenue dans le tumulte de mes nuits d’errance.
À cet instant, je ne souhaite rien d’autre que retourner quelques heures en arrière et revivre la magie et l’intensité de ce que nous avons partagé.
Après avoir fait l’amour, son sommeil est venu sans résistance, mais pas avant qu’elle n’ait fait un brin de toilette, et, fidèle à ses habitudes, attaché ses cheveux en une queue de cheval haute et remis sa petite culotte noire si sexy. Son aisance à évoluer ainsi dans cette intimité partagée, dans cette chambre d’hôtel inconnue, me subjuguait. C'était comme si elle avait toujours su, d’une manière ou d’une autre, qu'elle pouvait être totalement elle-même avec moi.
Elle s'était naturellement glissée dans le lit quand je l'avais invitée à me rejoindre. En rabattant la couette sur ses épaules, je l'avais prise dans mes bras, créant un cocon de chaleur et de sécurité. Elle s’était endormie paisiblement, tandis que moi, j'avais lutté de toutes mes forces pour rester éveillé, repoussant le moment fatidique où Morphée viendrait me dérober ce bonheur éphémère, m’arracher à son étreinte, pour m'emporter vers des contrées où elle ne serait peut-être pas. Chaque seconde qui passait était inestimable, et je voulais en profiter au maximum, même si ça signifiait défier le sommeil.
Au milieu de la nuit, un léger mouvement m’avait fait frémir. La sensation de son corps contre le mien s'était estompée, mais je flottais aux limites de l'inconscience. C'est seulement quand elle s'est recroquevillée contre moi que j'ai compris qu’elle devait être en proie à une agitation interne, à un cauchemar. Une vague d’inquiétude m’avait envahi à cette pensée, mais quel soulagement ça avait été de la sentir retrouver le réconfort de mes bras. Je l’avais doucement tirée à moi, serré ses doigts dans les miens, comme pour lui offrir refuge, espérant éloigner les ombres qui auraient pu l'effrayer.
Quant aux miennes, vicieuses et cruelles, elles se sont épanouies quelques heures plus tard, attisant des souvenirs qui, tels des flammes dévorantes, ont balayé la projection fragile du bonheur familial et réduit en cendres mes rêves d’avenir. Mes peurs les plus tenaces ont repris le dessus, se sont élevés comme une fumée âcre, consumant tout espoir de paix et me renvoyant sèchement au fond de ce gouffre dont je ne sortirai probablement jamais.
Les échos de mon cœur en panique, de mon corps en sueur, terrifié, prêt à décamper et à fuir loin de cet enfer onirique vibrent encore en moi. Un frisson glacial remonte le long de mon échine, et par automatisme, je cherche un répit en posant mes mains sur les bras de Victoria. Son étreinte est un sanctuaire, mon dernier recours face à ma raison en faillite. C’est sa voix douce, sa présence rassurante et ses paroles empreintes de confiance et de soutien qui m'ont ramené à la réalité, à sa réalité. Celle où elle m’accepte, m’épaule, m’enseigne à apprivoiser mes craintes et à baisser la garde. Elle a chassé l’obscurité de ma nuit, tout comme elle me maintient à flot ici, dans ce bain, où nos cœurs résonnent à l’unisson, bercés par les remous liquides qui fortifient notre connexion.
Je lui en suis reconnaissant d’ailleurs. Ce moment de détente et bien plus enrichissant que je ne l’aurais imaginé. Je me laisse lentement happer par les sensations présentes. L’eau qui glisse sur nos peaux enlacées. Les rayons dorés qui dansent à la surface à mesure que le soleil pénètre dans la suite. Le parfum floral qui flotte dans l’air. Le murmure doux de ses respirations qui effleurent ma tempe. Je laisse mes paumes lui transmettre ma gratitude et mon amour et peu à peu, le brasier de mes cauchemars s’éteint.
L’attachement qu’on partage en cet instant est tout aussi vital que le désir physique que je ressens pour elle. La passion enfiévrée qui a précédé notre baignade a laissé place à une bulle de de bonheur qui je chéris tout autant.
Lorsque Victoria s'est réveillée, sa beauté m'a coupé le souffle, comme toujours. Ses cheveux en désordre, ses yeux encore embrumés de sommeil, son corps mièvre et fébrile. Le jeu de séduction qui s’est installé entre nous était électrique. Elle m’a taquiné avec ses mots doux couverts de sous-entendus canailles qui n’ont fait qu’amplifier mon désir de lui faire l'amour. J'avais presque cru qu'elle allait adhérer à mon fantasme de la douche, mais son invitation à un bain chaud a été une surprise irrésistible. Et ce n'est pas comme si ce n’en été pas un autre, de fantasme.
Mon Dieu, quand elle a balancé son petit sous-vêtements noir d’un mouvement assuré, me dévoilant tout de son anatomie et de ses courbes féminines, ma queue a sursauté.
Victoria n'est pas une femme filiforme. Son corps est un équilibre harmonieux de force et de grâce. Une taille marquée, une poitrine bien proportionnée avec des seins joliment galbés, des muscles subtilement dessinés sans excès. Ses hanches pleines et ses cuisses généreuses traduisent une sensualité brute. Ses longues jambes élancées apportent à sa silhouette une élégance innée et une démarche féline. Sa posture, droite et assurée, avec des épaules fermes et un port de tête altier, la rend aussi captivante qu’intimidante. Elle dépasse nettement les standards, idéaux, et autre décrets sur la beauté authentique.
Mes yeux se sont délectés de sa morphologie de rêve et j’ai noté qu’elle semblait plus mince comparé à notre dernière rencontre, même si son éclat reste indéniable et son aura résolument lumineuse.
Les allusions suggestives qu'elle ponctuait de son regard ne faisaient que m’enflammait davantage. Elle s’est glissé dans la baignoire avec une délicatesse naturelle, et son corps, fait de monts voluptueux et de vallées aguichantes, a épousé ce miroir liquide comme une seconde peau. Je n’arrivais pas à détacher mon regard d’elle. Hypnotisé par cette déesse, non cette sirène… Comment a-t-elle pu se moquait ainsi de son propre pouvoir de séduction ? Ses seins rebondissaient à la surface comme deux sommets de plaisir qui n'attendait que mes paumes pour les explorer. Encore.
Elle m’avait stoppé dans mon élan lubrique, lorsque sa poitrine était sous ma bouche quelques minutes plus tôt. Que la baignoire déborde, je m’en fichais pas mal ! Je n’avais qu’une seule envie : l’asseoir à califourchon sur moi et l’enfourcher d’un seul coup de rein avant même de songer au bain que je nous préparais. Comment pouvais-je résister à cette tentation ? Je la voyais se perdre dans l’extase de mes caresses, alors que je taquinais ses seins, mordiller ses tétons jusqu’à m’en repaitre à n'en plus pouvoir. Si l’orgasme mammaire existe, je crois bien qu’elle y était à deux doigts. Nul doute que si elle m’avait chevauché, nos corps aurait réagi dans la minute… Non, tout compte fait, elle a bien fait de calmer le jeu. Tout comme elle a bien fait de me proposer de m’allonger devant elle. Si nos positions avaient été inversées, j’aurais perdu toute retenue face à son corps alangui scintillant sous les perles liquides de cette eau brûlante. Le calme, la tendresse de ce moment d’intimité a une saveur bien plus précieuse qu’un accès de luxure précipité.
Cette femme a un charme fou, capable d'envouter le plus fervent dévot. Et oui, elle est belle ! Belle à se damner. Mais, elle n'en joue pas. Parfois, j’ai même surpris dans ses gestes ou ses paroles un doute, presque un manque de confiance. Cette humilité mêlée à une puissance qui lui échappe, témoigne de qui elle est vraiment : une femme capable de se questionner, de ne jamais se reposer sur ses lauriers.
Mais son attrait n’est pas que physique, elle transcende les apparences. Victoria rayonne dans son rire, dans la douceur de ses chuchotements, dans l'ardeur qui embrase ses iris ambrés. Son nom résonne comme une incantation constante dans ma tête, imprégnant mes pensées et occupant chaque espace de mon esprit. Depuis des mois, je suis submergé par un océan d'émotions, où chaque ressac dévoile une facette inédite de l’amour que je lui porte. Elle me fascine, m’enchaîne, crée en moi une dépendance irrépressible.
Je me surprends à comparer ce que je ressens pour elle à une forme d’addiction. Victoria est devenue essentielle à ma vie, une présence sans laquelle je ne peux plus concevoir mon existence. Comme une drogue... Elle coule dans mes veines, envahit mon âme, consume chaque instant de mes journées. J'ai besoin d'elle comme j'avais besoin de ces substances pour m'évader, pour oublier. Mais là où la drogue m'emportait dans les ténèbres, elle me ramène à la lumière, elle m'ancre dans la réalité, dans la vie. Pourtant, cette dépendance est tout aussi alarmante. Ce que j’éprouve pour elle est delà de tout, au-delà de l’amour que j'avais pour Amy.
L’avoir ainsi, sereine et apaisée, me donne une paix que je n'avais jamais ressentie auparavant. Mais une part de moi reste sur le qui-vive, consciente que rien n’est encore certain. La réciprocité de ses sentiments n'est même pas établie. Je me lance dans une chimère, croyant à cette illusion d’un amour partagé, alors que je suis en train de succomber à une drogue encore plus mortelle.
Si je la perdais un jour — maintenant ou plus tard, peu importe — pourrais-je y survivre ? Non, je serais incapable de supporter l'absence de cette dose quotidienne de son amour, de son être. Je repense à la douleur qu’a causée ma rupture avec mon ex, ce tourbillon de souffrance où tout a commencé. Avec Victoria, ça serait démultiplié. Il n’y a pas de doute : je ne tiendrais pas des mois. Pas le temps d’aller en cure, pas le temps de panser mes blessures. Je sombrerai avant, c’est sûr.
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