CHAPITRE 31.3 * JAMES

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J.L.C

♪♫ ... ♪♫

— Et toi alors, en quoi t’as prévu de te transformer ? Je t’avoue que j’ai déjà ma petite hypothèse, mais j’attends de voir si j’ai raison…


À vrai dire, je n’en ai pas la moindre idée ! Son invitation m’a pris par surprise. La plupart de mes affaires sont encore en Écosse. Super pratique. Mais qu’importe. Je trouverais bien un truc. Elle m’a demandé de l’accompagner, c’est tout ce qui compte. Le reste… c’est juste un prétexte pour être avec elle.


Humour et séduction à la rescousse, je me réfugie dans un sourire en coin et détourne son attention en ramenant son poing vers mes lèvres.


— Peut-être en… Lucifer, justement, murmurè-je contre sa peau humide.


J’ouvre sa paume et insère son index entre mes dents. Ses yeux s’embuent. Elle déglutit.


— Ah oui ? souffle-t-elle, tandis que sa poitrine se gonfle et ses pieds, calés sur le rebord de la baignoire, se frottent.


Elle tente de retirer sa main, mais je la maintiens délicatement. Je suçote le bout de son doigt.


— Tu sais, un démon, ça a ses avantages…


Ma langue s’enroule maintenant autour de ses autres phalanges, une par une, tandis que la sienne vient humecter ses lèvres pulpeuses.


— Quels seraient ces avantages ? demande-t-elle, défiant mes intentions.


— La liberté d’explorer l’interdit, de provoquer le désir sans retenue, de jouer avec le feu… Toi qui aimes tellement ça…


Quand je relâche enfin son poignet, elle précipite immédiatement sous la surface liquide, et dans le même mouvement, se tourne vers moi, ses jambes passant par-dessus les miennes. L’eau autour de nous crée des vagues légères lorsqu’elle bouge, léchant agréablement ma peau. Une paume sur mon torse, elle déclare :


— La tentation est séduisante, mais… pour le feu, pas ce soir.. En tout cas, par pitié, ne déclenche pas un incendie au milieu du club.


Son ton oscille entre sérieux et légèreté.


— Pas de souci, promis-je en lui caressant tendrement les cheveux. Je garderai le briquet sous clé et le feu pour plus tard…


— Je suis sérieuse, me houspille-t-elle.


Les plis sur son front et ses lèvres pincées me donnent envie de me défendre, mais leur signal est clair.


— Ne t’inquiètes pas petite démone, je tiendrai mon rôle de chevalier servant ce soir, prêt à porter ton verre et à soulever ta traîne.


Son sourire malicieux est de retour.


— Je passerai même la serpillère si ça te chante !


Victoria secoue la tête, amusée.


— J’aimerais te dire que ce ne sera pas nécessaire, mais, avec ce genre d’évènements, on n’est jamais à l’abri d’un imprévu. Qui sait, je pourrais avoir besoin d’un renfort pour dompter une sono récalcitrante… ou expliquer le fonctionnement d’une disqueuse.


À ces mots, je lève un sourcil perplexe, mais elle enchaine déjà :


— Ou peut-être que mon cavalier devra me sauver d’une situation délicate. Comme cette fois où j’ai dû exfiltrer des invités indésirables, dont une cendrillon mécontente qui m’a balancé son escarpin en pleine tête.


— Tu parles d’expérience ? je l’interpelle, curieux.


— Et encore, tu n’as pas idée. Le tour bus de Big Flo et Oli coincé dans les embouteillages… L’alarme incendie déclenchée par erreur — ou plutôt, à cause d’un petit malin dans ton genre —, avec toute une foule en panique à évacuer. Une arche qui s’effondre en pleine cérémonie, un vrai moment de frayeur. Sans oublier le photographe qui disparaît pile au moment où les officiels de la mairie arrivent pour la remise des prix.


Elle marque une pause dramatique, son regard brillant d’amusement.


— Ah, et l’invasion de frelons dans un camp de vacances avec des maternelles. Ça, c’était mémorable. Trois bouts de chou aux urgences, des parents hystériques…


— Pas de piqûre pour toi ?


— Non, je ne me suis jamais fait piquer par quoi que ce soit de toute ma vie. Il parait que les abeilles respectent la royauté, annonce-t-elle tout sourire, alors qu’elle joue avec les poils de mon torse.


Son ton, mi-sérieux, mi-taquin, m’arrache un rire. Cette façon qu’elle a de jongler avec les aléas sans perdre son calme est fascinante.


— Sa Majesté Aquatique est donc aussi Sa Majesté des Abeilles et la Maîtresse des Imprévus. Franchement, c’est à la fois rassurant… et un peu excitant, murmurè-je, en raffermissant ma prise sur sa peau chaude et glissante.


— Tant mieux. Parce que j’ai bien l’intention de tester ta disponibilité… Quelle que soit la nature de mes besoins…


Le sous-entendu passe comme une lettre à la poste. Je pose ma main sur son ventre, sentant la douceur de sa peau sous mes doigts. Lentement, je trace des cercles qui font frissonner sa chair contre la mienne.


— Vi, t’es pas en train d’exiger des extras, là ?, je chuchote à son oreille. Parce que je facture double tarif après minuit.


Elle lève les yeux au ciel.


— D’accord, rechigne-t-elle, je te paierai en… compliments. Ça te va ?


— Pas sûr que ça suffise à couvrir la… qualité de mes services. Autre chose en stock ? Je suis prêt à négocier.


— Du whisky ? suggère-t-elle, un sourire taquin au coin des lèvres.


Elle sait comment me parler, mais je ne me laisse pas avoir si facilement. Ma paume audacieuse remonte, effleurant sa peau jusqu’à la limite de sa poitrine.


— J’ai une distillerie, Vi.


Son rire fuse entre nous.


— T’es dur en affaires.


Si elle daignait jeter un coup d’œil plus bas, elle s’en rendrait compte immédiatement.


— Attends de voir mes tarifs pour un week-end complet… Bon, t’as rien d’autre à mettre dans la balance ? Un dîner ? Un massage ? Une danse privée ?


Je lui adresse un clin d’œil.


Parce que cette jambe qu’elle frotte contre la mienne, ce sein pressé contre mon torse, et cette main qui rôde mine de rien, forment une équation bien trop explosive. Une chaleur fulgurante me traverse, mais je garde mon calme, comme si de rien n’était.


Elle glousse avant de réagir :


— Une danse privée, tu ne crois pas si bien dire… Il se pourrait que je te prépare une petite surprise, mais d’ici là, tu vas devoir patienter. La pratique demande de l’entraînement et un peu de bricolage… Quoique je n’ai aucune idée où installer un tel dispositif.


Une surprise ? Qu’est-ce qu’elle raconte ? Mon esprit fait des allers-retours, mais rien ne se connecte. Entraînement, bricolage, dispositif… Je suis perdu. Je commence à imaginer toutes sortes de scénarios.


— Je pourrais avoir plus de…


Je suis interrompu par son sourire mystérieux.


— Tu verras bien, James.


Elle sait qu’elle a piqué ma curiosité. Mes doigts trouvent rapidement son menton, l’obligeant à relever la tête pour capter mon regard exigent.


— Vi, petit scoop pour toi : la patience, c’est pas mon fort. Et en voici un deuxième : je suis très doué avec un marteau… ou une perceuse, si jamais.


Son rire cristallin résonne dans la pièce. Elle enfouit son visage dans mon cou, déposant un baiser léger sur ma peau.


— Merci, James, pour ces précisions. Crois-moi, j’ai bien remarqué que tu étais bien « outillé ». Je me souviens aussi très bien des merveilles que tu as fait avec mes étagères. Je prends note de ton enthousiasme.


J’aurais préféré savoir dans quoi je m’embarque, mais tant pis, je vais me contenter de me noyer dans son sourire en attendant la fameuse danse privée. Oh, putain, j’y suis ! Je ne sais pas si c’est mon air stupéfait ou l’effet de ma surprise, mais Victoria… m’embrasse.


J’avais compris quoi déjà ? On s’en fout. Sa bouche caresse la mienne avec sensualité qui me fit perdre le fil de mes pensées. Sa langue pousse l’ouverture de mes lèvres qui, naturellement, l’accueille avec entrain. Soudain, ses paumes appuient sur mon torse pour l’aider à se redresser. Elle me chevauche, bon sang ! Mes propres mains suivent le mouvement, s’ancrant à ses hanches diaboliques. Si elle compte me surprendre, elle n’aura pas à patienter longtemps pour voir mon désir monter d’un cran. Un seul petit glissement et… disons qu’elle ne pourra plus ignorer à quel point je suis prêt pour elle.


L’eau du bain réagit au changement de position de ma sirène, éclaboussant mes jambes et m’envahissant de gouttes fraîches qui se heurtent à ma peau chaude. Mais ses cuisses qui me ceignent et son buste qui s’écrase contre le mien font bouillir mon sang instantanément. Ses lèvres redoublent de fièvre. Elle intensifie notre baiser en me tirant les cheveux en arrière, jusqu’à m’arracher un gémissement silencieux. Un souffle entrecoupé se forme dans ma gorge alors que la sensation de ses doigts dans mes mèches m’électrise. Elle force mon regard, me foudroie, et, dans ce mélange de soumission et de défi, tout mon corps répond illico à son appel.


— T’acceptes les paiements en nature ? roucoule-t-elle contre ma bouche.


— Quoi ?!


Bien sûr que…


— Oui ! m’écriè-je précipitamment, incapable de contenir mon empressement.


— Génial, ricane-t-elle.


Et elle… Hors de question qu’elle s’échappe. Je réagis au quart de tour, saisis son poignet dans un réflexe désespéré tandis qu’elle commence à glisser vers l’autre côté de la baignoire. Elle se retourne son regard fier et triomphal.


— Eh, pas si vite !


— James… proteste-t-elle.


Je me redresse et l’oblige à revenir se mettre à califourchon sur moi en la ceinturant. Sa silhouette ruisselante se love contre mon torse. J’ai envie d’elle, plus que jamais.


— Et ton paiement en nature, alors ?


— Et le coup de serpillère ? Les négociations visaient tes heures sup dans la soirée, je te signale !


Je ricane.


— J’accepte les versements anticipés, Vi…, dis-je en resserrant légèrement mon emprise sur ses hanches pour la maintenir en place.


— Un accompte, ça irait ?


— Ouais, bof, grimacè-je en laissant courir mes phalanges le long de son buste jusqu’à son bas-ventre immergé. Je préfère l’intégralité du contrat tout de suite, chuchotè-je.


Elle lisse ses cheveux blonds mouillés en arrière. Puis, ses paumes s’aventurent sur mes pectoraux, et mes muscles se contractent aussitôt. La proximité immédiate de nos sexes éveille un désir jamais rassasié.


— Tu déroges pas à la règle, n’est-ce pas ? Concernant les Écossais. Vous êtes réputés pour être coriaces et téméraires ?


Ses ongles griffent mes abdos. Ses gestes précis et lents réveillant chaque fibre de mon être.


— Loyaux. Et…


La succion que sa bouche me prodigue dans la chair de mon cou court-circuite mes neurones.


— Un peu têtus aussi, non ?


Ses dents mordillent le lobe de mon oreille, son souffle chaud me fait frémir d’envie. J’adore ça, elle le sait. Et ça me rend encore plus réceptif à chaque mot qu’elle prononce.


— Mais surtout… fiers et passionnés.


Son poing s’empare de ma verge. Je tressaille. Mon corps s’est converti en une ligne sous tension. Ma raison, elle, périclite comme une ombre àau zénith.


— Chaque événement est une nouvelle aventure, James. Et il faut savoir… s’adapter.


Elle me dévore du regard, ses yeux perçants m’invitent à la suivre dans cette danse lascive. Je m’y plonge avec la même intensité, mes mains remontant doucement le long de son flanc pour enrober sa poitrine gracile.


— Dans ce domaine aussi, tu parles d’expérience ? je l’interroge, joueur, mes paumes déjà en quête.


— L’expérience, c’est une question de sensation, James. Donc oui, on peut di…


Elle s’interrompt lorsque mes doigts gagnent l’intérieur de sa cuisse, puis l’orée de son intimité. Ses paupières se ferment, son souffle se suspend un instant et elle humecte ses lèvres. Putain, elle est si belle !


— Ah, je vois… ta capacité à t’adapter n’est plus à prouver, déclare-t-elle d’une voix mielleuse. Je v…


Son gémissement coupe son élan lorsque mon index glisse dans son sanctuaire.


— Tu crois ? Je ne sais pas, je trouve que l’eau se refroidit vite et que l’heure du petit-déjeuner sera bientôt dépassée. On ferait bien d’accélérer un peu les choses.


Elle hoche la tête en emprisonnant mon visage dans ses paumes.


Nos bouches se tutoient, mais juste avant qu’elles ne se flattent, Victoria me confie :


— Il y a toujours un risque à vouloir s’approcher des braises, James. Parfois, il vaut mieux garder ses distances.


Elle marque une pause, ses yeux se plissant légèrement, une expression que je n’arrive pas à décoder. Puis, presque sur un ton plus doux, presque chuchoté :


— Mais je suppose que tu n’es pas du genre à écouter les avertissements, n’est-ce pas ?


Un frisson me parcourt. Je stoppe mon geste, dérouté par l’intonation grave de sa voix. Ses mots résonnent en moi, lourds de sens. Je fouille son regard à la recherche de leur signification. Jeu innocent ou sous-entendu accablant ?


Un vide s’ouvre dans ma poitrine. Une avalanche déferle dans mon esprit, emportant le manteau instable de mes doutes, ces fragiles strates qui n’attendaient qu’une secousse pour céder. Depuis que Victoria est entrée dans ma vie, tout a changé. Au-delà d’une mise en garde, ses paroles sont une détonation qui déclenche la glissade fatale. La couche superficielle de ma réticence n’est plus enfouie sous l’épaisseur défensive de la neige qui préservait mon coeur gelé. Elles se détachent et dévalent les pentes de ma conscience. Un simple mot, un geste, et tout se délite.


Garder mes distances ? Pour nous protéger. Plus facile à dire qu’à faire. Ce serait comme séparer la mer de ses vagues ou les flammes de leur chaleur. Qu’est-ce que j’ai fait, bon sang ? M’imposer à nouveau dans sa vie… Je savais que ça la bousculerait, que ça nous bousculerait, mais je suis quand même revenu, incapable de résister à l’attraction qu’elle exerce sur moi, à la graine de l’amour qu’elle a implanté dans mon coeur voilà des mois.

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