CHAPITRE 32.1 * VICTORIA

7 minutes de lecture

ATTENTION PASSAGE EROTIQUE

TENSION MATINALE

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V.R.S.de.SC

♪♫ ... ♪♫


L’air est encore imprégné des odeurs florales de shampoing et de savon lorsque je fais face à James au sortir de la baignoire. Une serviette blanche lui ceint les hanches et des gouttes d’eau coulissent encore le long de ses muscles pectoraux. Il me tend une main pour m’aider à m’extirper de l’eau et m’enveloppe à mon tour dans un drap de bain moelleux qui fond sur mes épaules comme un nuage doux. Je lui souris tendrement, me blottis contre son corps, cherchant un peu plus de chaleur dans un dernier câlin. Ses bras forts me serrent doucement tandis que je pose ma joue contre son thorax.

Enfin frais et blanchis, on va pouvoir se préparer et descendre prendre notre petit-déjeuner. Mon repas léger de la veille couplé à l’énergie dépensée depuis commence à peser sur mon estomac. D’ailleurs, j’ai eu le loisir d’entendre le ventre de mon compagnon gargouiller quelques minutes plus tôt. Il est tant pour nous d’aller ripailler comme il se doit et de redonner des forces à nos corps repus.

Je ferme les yeux un instant, profitant encore de ce cocon de tranquillité qui s’est refermé sur nous après l’effervescence de notre matinée. J’ai pris grand plaisir à me faire dorloter par ses mains adroites. James a un don pour le lavage de cheveux, ses caresses sur mon cuir chevelu lui ont valu un concert de oh et de ah retentissants. Je sais bien qu'il a fait durer le plaisir plus que de raison, juste pour que je puisse m’extasier encore et encore.

Ses mains, à la fois rugueuses et douces, sont de véritables prodiges en massages, mais ça, je le savais déjà. Je suis ravie qu’on se soit passé d’éponges, car son habilité n’a d’égale que sa délicatesse. Le gommage exfoliant aux éclats de pruneaux d'Agen et perles de silice n’aurait pu avoir de meilleur allié que ses paumes expertes. Ce soin du corps à la texture onctueuse a nettement affiné mon grain de peau, et je ressens toujours une sensation de clarté et de fraîcheur, comme si chaque pore se réjouissait de cette attention.

— “Vi ? Es-tu en train de t’endormir contre moi ?”

— “Humm, presque”, réponds-je lascivement.

— “Tu me vois navré de t’épuiser autant dans ce cas”, rétorque-t-il, mais je sais qu’il sourit.

Je soupire d’aise et me détache à contrecœur.

Il en profite pour saisir une serviette supplémentaire et aussitôt fait, je me colle à nouveau à lui comme un aimant.

— “Vi...” rit-il doucement.

— “Fais ton affaire et laisse-moi encore une minute, d'accord ?”, je bougonne contre son torse.

Il se frotte les cheveux. Tant mieux, car les gouttes déjà froides qui cascadaient le long de ses mèches éclaboussaient désagréablement mon visage. Puis, il s’immobilise. La belle affaire. Je soupire encore.

Les lueurs matinales filtrent à travers les voilages blancs. Je regarde au travers. La suite Renaissance donne sur la cour intérieure de l’hôtel. J’aperçois la façade claire, les tomettes rouges qui encadrent les fenêtres hautes, le toit en pente recouvert de tuiles languedociennes aux nuances terreuses. Des bruits discrets nous parviennent de cet espace clos : des pas qui résonnent sur les pavés, des voix qui s'élèvent discrètement, des sons qui témoignent des va-et-vient des autres clients ou des membres du personnel qui commencent à circuler et s’activent déjà. Le ciel, d’un bleu éclatant, promet une journée automnale sous les meilleurs auspices.

Ce léger tohu-bohu marque la fin de notre bulle suspendue. Mon esprit flotte dans cet entre-deux. Le retour à la réalité se rapproche inévitablement.

Soudain, James commence à me sécher le dos et les bras. Je frémis sous ses caresses, chaque mouvement éveillant en moi une sensation de confort mêlée à un frisson.

— “Tu es à croquer, tu sais ?”, déclare-t-il.

Sa voix rauque et ténébreuse se répercute sur les murs de la suite, à nouveau plongée dans le silence après l’évacuation de l'eau du bain. J’inspire profondément une dernière fois, et le parfum de sa peau se mêle aussitôt au mien.

— “Ça ne se voit pas trop avec cette serviette, je pense”, je réplique en lui lançant un regard morne tout en me redressant pour lui faire face.

Il est rayonnant.

— “Bien sûr que si”, râle-t-il gentiment. “Allez, à ton tour de te sécher les cheveux. Tu dégoulines comme une stalactite au soleil.”

— “Pour ton information, les stalactites se forment au fond d’une grotte loin des rayons solaires, James. Tu devrais faire un peu plus de spéléo.”

— “Y’en a dans cette jolie petite tête dis donc !", me raille-t-il.

Je souris à moitié, mais la fatigue précédente n’était pas tout à fait feinte, sans que je sache d’où elle vient.

— “Ouais, ouais...”

Je laisse glisser la serviette qui me couvre et la cale sous mes aisselles, la coinçant fermement. James me tend une autre serviette, que je saisis d’un geste las avant de commencer à la passer dans mes cheveux. Il va sûrement falloir essuyer l'humidité au sèche-cheveux, mais je n’en ai pas la moindre envie. Je souffle bruyamment.

— “Besoin d’aide”, me propose-t-il d’une voix calme et posée.

Il se tient toujours devant moi me couvant d’un regard tendre et attentif.

— “Non, je vais me débrouiller.”

Je ne sais pas pourquoi, mais mes paroles sortent un peu trop sèchement. Je me détourne d’un pas léger.

James bouge enfin et s’approche de la table de chevet où sont posées ses affaires. Du coin de l’œil, je l’aperçois enfiler sa montre.

— “Désolé, Vi. On a dépassé l’heure du petit déjeuner...”

Cette information m’irrite soudainement. Je ne sais pas si c’est parce que j’ai faim et qu’inconsciemment mon corps réclame son dû ou si c’est pour autre chose, quelque chose qui m’échappe encore. Malgré moi, je ne peux m’empêcher de commenter :

— "Manquait plus que ça…"

Je balance la serviette sur le lit, agacée, sans vraiment prendre le temps de terminer. Je me sens tendue, presque oppressée par cette soudaine montée de contrariété.

— “Vi, ça va ?” questionne James, prudemment. “Tu sais, je suis sûre qu’on peut encore faire monter des encas directement dans la chambre. Il suffit que tu me dises ce que tu préfères et j’appelle la réception tout de suite.”

Sa sollicitude, au lieu de m’apaiser, ne fait qu’envenimer ma frustration.

— “Oui, fait ça… Je suis certaine que la jolie réceptionniste — Tiphaine, c’est ça ? —, sera ravie de satisfaire tous tes caprices, quels qu’ils soient...”

J’attrape mes vêtements pliés sur le banc capitonné au pied du lit et m’y assois prestement.

— “Vi, qu’est-ce qui t’arrive ? Et qu’est-ce que t’as voulu insinuer ?”

— “Rien et, absolument rien”, je rétorque platement.

Je sens une vague de chaleur monter en moi, une gêne que je ne parviens pas à dissiper. À cet instant, la dernière chose que je veux est de me retrouver nue devant lui. Un besoin irrationnel de me protéger, de m’isoler, m’envahit.

Les toilettes. Je dois m’échapper, m'habiller seule, loin de son regard scrutateur. Je me lève précipitamment, plaquant mes habits contre mon ventre comme une barrière. Alors que je m’apprête à me diriger vers la porte, James se faufile devant moi, me coupant la trajectoire. Je m’arrête, le cœur battant trop vite pour une situation aussi anodine.

— "Victoria ?"

Sa voix est douce, mais son air, à la fois dubitatif et inquiet, me cloue sur place.

Je le fixe, prise au piège entre mon irritation montante et ce flot de pensées confuses qui brouille tout.

Quoi ? est l’unique mot que j’arrive à articuler. Une simple syllabe qui tranche l’air entre nous.

Il se fige brièvement. Il ne dit rien, mais je devine qu'il a senti le changement dans mon attitude. Pourtant, je n’ai aucune envie de faire marche arrière. Au contraire, j’ai l’horrible sensation qu’un geste ou qu’une parole supplémentaire de sa part sera une source potentielle de tension.

— “Vi, je sens bien que quelque chose cloche. Tout allait bien il y a une minute. Dis-moi ce qui te contrarie”.

James, déstabilisé et les sourcils froncés, cherche à désamorcer la tension. Sauf que je ne sais même pas pourquoi elle est là. Mes épaules se raidissent, comme si ses mots étaient une attaque déguisée. L’agacement premier est en train de se transformer en une bouffée de colère. Ma réponse fuse, froide et acerbe.

— “Pourquoi faut-il que tu en fasses toute une histoire ? C’est rien, je te dis. J’ai juste besoin d’espace, ok ?”

James plisse les yeux, la frustration s’installe sur ses traits. Il prend une inspiration, lève les mains dans un geste d’apaisement forcé, puis réplique, le ton teinté d’une ironie à peine voilée :

— “Désolé d’avoir raté le moment où je suis devenu le problème”

Il soutient mon regard, mais je sens que la patience lui échappe peu à peu. Quant à moi, je suis exaspérée.

— “Et bien, bravo ! Un vrai talent pour transformer un rien en drame. Laisse-moi passer maintenant.”

Ses yeux bleus sont deux blocs de glace qui m’examine et me mette à nu. Mon cœur bat à tout rompre, mais je ne cèderai pas. Je suis fatiguée d'être l'épicentre de cette tempête.

Soudain, quelque chose change dans l’air. Un déclic se produit, et avant même que je ne puisse réaliser ce qui se passe, James me désarme d’un geste fulgurant. Il arrache mes vêtements des mains et les jette derrière lui, les tissus flottant dans les airs comme des plumes éparpillées.

D’un mouvement fluide, il tire sur ma serviette et me plaque contre lui. Je pousse un hoquet de stupeur. Sans un mot, ses lèvres s’échouent avidement sur les miennes. La connexion est immédiate. La colère en moi s’effondre comme un château de cartes, balayée par l’ouragan de son désir. Je me jette à son cou, laissant ma serviette tomber au sol sans même me préoccuper d’être soustraite à ma propre bulle de protection. De protection contre quoi ? Qui au juste ? Lui ! Jamais !

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