CHAPITRE 32.6 * VICTORIA
V.R.S.de.SC
♪♫ BREAK MY BABY — KALEO ♪♫
Mon lion grogne et m’attaque. J’ai à peine lancé la ligne qu’il a mordu à l’hameçon. Ses lèvres fiévreuses frôlent ma peau et ses dents éraflent mon cou. Un tressaillement intense m’emporte lorsqu’il cède à la tentation. Sa bouche s’attarde, s’enfonce, imprime un suçon. Mon plaisir infusé de surprise me secoue tandis qu’il s’applique à le rendre inoubliable. Mon Dieu, j’ai réveillé le fauve… et, bien entendu, il marque son territoire, prend mon cœur en otage. Classique. Sexy. J’adore.
Quand il achève son affaire, laissant une sensation exquise de brûlure sur mon épiderme, un souffle lourd m’échappe et je ferme les paupières.
— Tu vas le regretter, James. La réciproque, je te la réserve dès que j’aurai retrouvé mes esprits, je promets.
Il ricane et le matelas s’affaisse lorsqu’il se repositionne.
— À votre service.
Ses mots sont prononcés avec une ironie douce. Cela dit, son timbre trahit une satisfaction manifeste.
— Plus j’y pense, plus je me demande : es-tu vraiment prêt pour le dépaysement ? T’installer à Toulouse, suffoquer sous la lourdeur estivale, dire adieu à la saison blanche. Sache qu’ici, la neige n’a pas daigné toucher sol depuis une décennie. Pas de flocons scintillants pour Noël, c’est… déprimant.
Il hausse les épaules avec une moue faussement désolée, puis rapproche nos bouches.
— Tu as déjà expérimenté la sensation de courir sous une pluie battante à – 10 degrés ? Ce corps que tu admires, je l’ai sculpté à force de foulées matinales, en affrontant les rafales et la morsure du froid. Et encore, c’est rien comparé à l’humidité qui te colle à la peau comme une brume de givre qui s’infiltre dans chaque pore. Toi qui n’aimes pas la sueur, imagine si elle est glacée. Un pur délice.
Décidément, cet homme a une relation bien étrange avec les éléments.
— Donc, tu martyrises ton pauvre organisme sous des trombes d’eau, tu t’infliges gratuitement des immersions dans des bacs de glace, défies les lochs figés par l’hiver, surfes des lames polaires et pourtant, dès que l’occasion se présente, tu troques la grisaille contre la langueur des tropiques et la brûlure du gel contre la douceur du monoï ?
— Exactement. J’ai besoin des deux. Les contrastes rendent la vie intéressante.
Mon aventurier flirte avec les extrêmes. Il ne marche pas, il court. Il ne goûte pas, il dévore. Je n’en suis pas surprise. Un tempérament qui refuse la demi-mesure, ne sait exister que par l’intensité, s’abreuve d’absolu. Il vit en éclats, en tempêtes, en crêtes vertigineuses. L’ombre ou la lumière. Jamais l’aube hésitante. Peut-être est-ce là une de nos différences les plus notables...
Du bout des doigts, je trace lentement la ligne de sa clavicule, suivant le relief de sa peau telle une exploratrice en quête d'un chemin secret.
Y cherche-t-il un antidote ? Une manière d’éprouver ses limites, de tester son endurance, de s’assurer qu’il garde toujours le contrôle, qu’il est encore maître de lui-même ? Est-ce un moyen de conjurer l’engloutissement ? Lui qui a déjà connu la dépendance, il semble fuir une addiction pour une autre, substituant la drogue aux frissons brûlants et glacés du monde. Malgré moi, je ne peux m’empêcher d’y voir une guerre souterraine contre l’uniformité, la platitude, l’immobilité — comme s’il redoutait plus que tout le vide et la monotonie.
Le pli sur son front témoigne d’une réflexion rapide avant qu’il ne reprenne la parole :
— L’Écosse est magnifique. J’aime profondément mon pays, son paysage, son histoire, la richesse de nos traditions. Mais la brume, pas mon truc. À Édimbourg, certains matins, tu ouvres les rideaux et tu te demandes si le soleil s’est noyé en chemin.
— C’est assez poétique, admets-je.
— En vérité, c’est un coup à te flinguer le moral. Heureusement, il y a la mer. Là-bas ou ailleurs. Peu importe. Tant que j’ai une planche sous les pieds et des vagues à chevaucher, je suis parfaitement dans ma zone.
Je l’imagine, tantôt en lutte contre les bourrasques cinglantes, tantôt fendant la houle d’un océan indigo sous un ciel flamboyant. La fureur et l’accalmie, l’acier et le feu. Deux facettes d’une même pièce, se dévoilant tour à tour, l’une renforçant l’autre. Dans cette contradiction, je devine, l’homme qui me tient dans ces bras, solitaire et audacieux. Ici tout de suite, les perceptions se fondent, les sensations se superposent. La chaleur de sa voix, la résonance de son sourire, et cette vision de lui bravant l’averse ou dominant les crêtes d’eau. Mon ventre se contracte divinement.
— Je comprends ce que tu veux dire, acquiescè-je. Basculer d’un univers à l’autre te sied à merveille.
Son souffle frôle à peine ma joue. Aussi saisissante que ses paroles, une bouffée — non de froid, mais de fièvre — escalade mon épine dorsale, irradie mes veines jusqu’au bout de mes doigts. D’instinct, j’agrippe le duvet derrière moi et couvre mes reins.
— Qu’est-ce que je disais ? se moque-t-il en surprenant mon geste. T’es vraiment pas prête pour les Highlands.
Ou bien, est-ce Monsieur sensations fortes qui n’est pas taillé pour moi ? De toute façon, c’est lui qui va m’en faire voir de toutes les couleurs, pas la météo. Le ciel gris ? Grand bien lui fasse ! Le déluge peut bien jouer les trouble-fêtes et faire pleuvoir haches et claymores, je l’affronterai sans hésiter si c’est pour être à ses côtés.
Je tire un peu plus fort sur la couette jusqu’à ce qu’elle vienne cacher ma poitrine puis affiche une moue faussement boudeuse.
— Au fait, t’es pas censé me donner envie de visiter ton pays, plutôt que de me décourager ?
— Vu ta nature frileuse, je parie que tu passeras tout ton séjour lovée sous les couvertures au lieu de gambader dans les landes écossaises.
C’est faux. J’ai une plus haute tolérance au froid qu’à la chaleur. Par contre, contracter une grippe saisonnière ne m’emballe pas vraiment. Pourtant, il oublie un détail crucial : sous un plaid, on peut être deux.
— Possible. Mais qui a dit que je serais seule sous cette couette ? Après tout, un guide local bien bâti pourrait s’avérer précieux pour l’acclimatation.
— Si tu comptes faire du tourisme intensif, je m’assurerai que tu ne quittes pas la chambre.
— Bah, faudrait savoir ! Tu attends que je fixe un plafond ou admire le panorama ? rouspétè-je.
Il baisse la tête et étouffe un rire.
— Si je suis assigné à résidence, j’exige un minimum d’activités, James, quelques verres de whisky et une étude comparative entre la température d’un feu de cheminée et celle d’un Écossais motivé.
— Oh, mais je suis tout à fait disposé à participer à tes expériences thermiques. Même si je doute de ton impartialité pour mener cette étude à son terme.
Alors que je m'appête à protester, mon pseudo-cobaye complète son insinuation :
— Toute analyse digne de ce nom implique de mouiller un peu le maillot, Mademoiselle Saint Clair. Vu ton aversion pour les efforts qui dépassent le seuil du glamour et tes préférences en termes de chaleur maîtrisée plutôt que... sauvage, j’émets des réserves quant à ta capacité à tenir la cadence, encore moins à obtenir des résultats probants.
Son ton narquois me pique au vif. Comment ça, je ne tiendrai pas le rythme ? Je vais lui faire réviser ses prévisions, non mais ! La flamme du défi s’allume en moi.
— Tu me déçois, je t’imaginais plus combatif et surtout plus ingénieux. Ne t’inquiètes pas, je suis sûre qu’en Écosse, il y en a quelques-uns qui aur…
— Non, me coupe-t-il d’une voix inflexible.
— Non ? m’étonnè-je.
— Un.
Deux ? À quoi il joue ?
Délicatement, il écarte les pans du duvet pour m’exposer à nouveau à son regard.
— Un quoi ? m'enquiers-je.
Ses yeux s’assombrissent, intensifiant son mystère. Une lueur y danse. Je ne saurais affirmer ce qui l’a exacerbé : mes mots ou mon corps ?
— Laisse-moi te corriger et rectifier ta méprise, m’aingeal. Tu as mentionné « quelques uns », au pluriel. Or, il faut dire « un ». Il y en a un qui… Tu peux terminer ta phrase maintenant.
Je rêve ! D'accord, il est unique et... irrésistible. Canon. Exceptionnel. Un festin pour mes sens. Un aphrodisiaque pour mon corps. Un excès pour mon propre bien. Si je lui dis, il risque de prendre le melon. Mon dieu, je suis fichue...
— Si tu insistes. Il y en a un qui aura à cœur de me réchauffer, si jamais d’aventure, j’en ressentais le besoin. Sauf qu'apparemment, je serais terrée sous une montagne de couvertures à l’abri. Tes services ne seront donc pas requis. Tant pis. En revanche…
J’avance mes lèvres vers son oreille et susurre :
— Connais-tu la suite de ta petite histoire, James ? Si toi, tu cours sous la pluie et moi, je reste bien au chaud, à t’attendre, dans ton lit, nue si tu le réclames, qu’aviendra-t-il lorsque tu me rejoindras ? Devrais-je te repousser ? Après tout, un homme tout transpirant, trempé et glacé, ça n’incite pas à la proximité. Ou bien, finirais-je par partager ma chaleur avec toi, comme maintenant ?
Je ponctue ma phrase d’un léger chaloupé qui rapproche nos corps. Mes ongles glissent et griffent les muscles de son buste. Ce contact taquin déclenche un frémissement qui ondule sur son épiderme. Électrisé et résolu, il plonge sa paume derrière mon oreille. Ses magnifiques yeux saphir se posent sur moi avec cette lueur sauvage familière. Il se raidit dès la seconde où mon poing se referme sur son sexe. Son contrôle file à l’anglaise, le comble pour un écossais. Allez, pas vu venir celle-là, hein ?
— Comme maintenant ? s’étonne-t-il, d’une voix rauque en plissant les sourcils.
— Mhm, mhm, opinè-je.
Ma main entame un mouvement de va-et-vient sur le velours de son membre gonflé. James me contemple d’un air prédateur, comme si, à cet instant précis, son unique désir consistait à m’embrasser. Pourtant, il ne le fait pas. Ses doigts coulissent sur mes côtes, intensifiant l'atmosphère, rendant tout plus torride, plus lourd. L'amplitude de son regard m’assiège.
Lentement, sa bouche converge vers mon oreille. Son nez frôle la région sensible juste en dessous, ses lèvres glissent vers des territoires plus bas pour s’arrêter au coin de mon épaule. Chaque contact engendre un balancement de mon bassin et une contraction de mon poing. Je n’ai plus de pensées claires, seulement ce vertige sublime d’être dans ses bras, perdue dans ce cocon de langueur.
Mon cœur s’enchante, l’excitation grimpe en flèche. J’ai besoin de lui, de l’entendre, de le sentir.
— Parle-moi encore des villes que tu as visitées. Tu m’as dit Amsterdam, Barcelone, Cancún… et après ?
— Après ? m’interroge-t-il en capturant mon regard.
— Mmh… Mmh… Oui, fais-moi rêver, soupirè-je en rejetant ma tête en arrière.
En réponse, son souffle courtise d’abord ma gorge avant que son murmure me caresse :
— Dubrovnik.
— Continue, l'exhortè-je avant de fermer les paupières.
Fébrile, je choisis de suivre le mouvement, de m’abandonner à chaque son, chaque inflexion de sa voix, jusqu’à ce que je ne sois plus qu’une écho de ses mots. Ma paume maintient sa pression sur sa verge, l’incline vers mon ventre.
— Essaouira, poursuit-il en longeant ma clavicule.
Puis, James entame sa descente, m’ôtant peu à peu tout contrôle. Ma peau se pare d’un voile de volupté sous son empreinte souveraine. Baiser après baiser, ses lèvres dévalent mon décolleté. Il m’incite à me cambrer davantage et mes hanches viennent appuyer contre les siennes.
— Funchal, ronronne-t-il contre mon sein, s’appropriant un territoire conquis d’avance.
Ma poitrine recueille avec délice la promesse du plaisir à venir tandis que chaque frisson se mue en une prière silencieuse.
— Genève.
Sa bouche scelle son mot sur mon mamelon pendant que sa langue titille mes terminaisons nerveuses. La sensualité de ses gestes prépare mon corps. Tout mon être se tend vers lui. Mon amant abandonne sa prise initiale pour rejoindre l’autre rive, aspirant, puis suçotant mon téton déjà durci. Ses lèvres se détachent à peine pour susurrer une nouvelle ville, « Honolulu », puis une dernière « Istanbul ».
Mes mains se défont de sa hampe, l’une vole vers le matelas derrière moi, l’autre, suppliante, plonge dans l'épaisseur de sa chevelure. Sa fièvre redouble d’intensité et la température de ma peau tutoie celle d’un volcan sur le point d’entrer en éruption.
Tout à l’heure, mes pensées étaient dispersées, en décalage avec mes sentiments. Maintenant, tout s’accorde. Corps, esprit, cœur — ces trois instances qui gouvernent ma vie fusionnent désormais en parfaite harmonie, commandent mes décisions, régissent mes choix. Avant de franchir le seuil de cette chambre d’hôtel où nos destins se sont à nouveau liés, nos âmes s’uniront dans une ultime danse.
Tout contre moi, James me guide avec patience et dévotion, m’invite à sombrer alors que lui-même, en tension contenue, se tient aux portes du plaisir. La chaleur de sa virilité se heurte à ma féminité, entraînée par mes déhanchements. Je m’assois entre ses jambes, mes bras rejetés en arrière, dos cambré en offrande. Nos silhouettes s’alignent, et d’un contact visuel, je l’encourage à s’emparer de moi. Cette fois, il n’y a plus de doute. La barrière de ma résistance s’est envolée, mes parois moirées le reçoivent avec naturel. Je suis prête à lui offrir tout ce que j’ai.
Je prends l’ascendant et l'initiative. Nos peaux se collent, s'épousent, s’embrasent à la moindre friction. Les étincelles de notre danse gravitent dans nos pupilles. Son regard ombrageux et magnétique balaie mon visage, mon ventre, la jonction de nos sexes. Je me sens sienne. Mes hanches se soumettent à sa poigne, chaque va-et-vient pave le chemin vers l’extase. Je me rehausse et je m’abaisse, je pousse et j’ondule, l'exposant à l'agonie d'une passion distillée au compte-gouttes. Mes mains ont soif de sa peau et mes oreilles tombent dans l’ivresse de ses soupirs. A-t-on vu homme plus vulnérable que marqué par l’effort de la luxure ? Lorsque ses traits se déforment sous la montée du plaisir, sa respiration devient erratique, sa bouche se pince, siffle, ses dents se sanglent, et mon envie de l’embrasser, urgente, insatisfaite, me persuade de revenir dans son étreinte.
Je me relève vers lui. Mon souffle se suspend tandis que je frôle ses lèvres, mais mon lion ne tolère pas l’attente. Il s’empare de moi avec une ardeur désinhibée, se réapproprie l’espace entre nous. Tout en savourant ses baisers, je me repositionne à genoux au-dessus de lui. Lentement, ma paume rampe le long de son buste pour atteindre sa verge érigée. Je l’introduis à nouveau en moi. La communion reprend. Il m’admire, je le vois dans ses yeux marins, qui m’immergent dans un univers sans fin. Ses doigts se promènent partout à la fois, sur ma nuque, ma poitrine, dans le creux de mes reins.
Le tempo s'affole. Ma langue se délecte de la rondeur de son épaule, la ligne de sa mâchoire, l’onctuosité de sa bouche que j’oriente vers mon sein. Ses caresses, ses morsures, le coulissement de nos sexes propagent une onde érotique dans chacune de mes fibres. Mon corps, à l’aube de l’explosion, aspire à plus.
Je lui soutire un baiser fiévreux, vorace, mes lèvres s’écrasent contre les siennes avec la fureur d'un ouragan déferlant sur la côte. Mes paumes le renvoient sans ménagement sur le matelas. Mes pieds se calent sur ses cuisses, mes avant-bras verrouillent son abdomen, aussi dur que l’acier, figé dans la tension de l’instant. Je déchaîne ma fougue sur cette ossature volée aux dieux. Suspendu entre contrôle et soumission, mon homme frissonne, halète, grogne. Ses doigts de maître rejoignent l'épicentre de mon intimité, y jouent une partition telle que ma tête bascule en arrière, ma silhouette s’arcboute pendant qu'il me mène au plus près de ma délivrance.
James remonte ses genoux contre mes flancs, m’oblige à me soulever. Je le chevauche encore, mais, à bout de force, mes muscles vibrent sous l'épuisement extatique. Mon corps alangui, mes chairs en feu, je finis par m'échouer sur son torse, enfouissant mon visage dans la chaleur de son cou, à deux doigts de me laisser chavirer. Ses mains empoignent mes hanches pour les forcer à s’animer de concert avec les siennes. Ses coups de reins précipitent mes cris hors de ma gorge. Je gémis mon plaisir en humant l’odeur musquée de sa peau. Ma bouche s’abreuve à la source de ses râles et mes pouces emprisonnent ses pommettes. J’ai de plus en plus de mal à respirer et ce n’est pas sa langue, traîtresse endiablée, qui rendra l’air à mes poumons.
— James…
En un éclair, mon lion me saisit par la taille et inverse nos rôles. Agenouillé entre mes jambes écartées, il attrape mes poignets et les ramène contre la tête de lit. Je me libère, mais je convoite l’entrave. Quelle dualité éreintante pour ma conscience qui n’y tient plus.
— Ne bouge pas, me lance-t-il.
J’ai à peine le temps d’apercevoir la flamme dans ses prunelles que son visage disparait hors d’atteinte. Ses paumes rugueuses repositionnent mes hanches à leur guise tandis que ses lèvres serpentent de ma gorge à mon sexe. L’impulsion me commande de guider l’assaut de sa bouche avec mes mains. Pourtant, mon esprit, bien qu’embrumé par la fièvre, me rappelle à l’ordre. Je ne bougerai pas. Non pas parce qu’il me l’a demandé, mais, car que je sais qu’il s’attache à ma jouissance. Il n’en avait sans doute pas besoin, étant donné que je suis bien plus proche du précipice qu’il ne l’imagine. Alors, je réclame sa présence en murmurant son prénom. James y consent, sinon je serais allé le chercher moi-même.
Son poids m’écrase à nouveau. La sensation salvatrice me propulse au-delà de la volupté. Mon guerrier se rue en moi, ravivant une houle infinie, un flux et reflux hypnotique où je m'égare, déboussolé. Il est mon Nord. Ma seule direction. Dans le miroir de ses iris, je vois sa passion s’élever, sauvage, possessive. L’univers alentour s’efface, réduit à l’ardente collision de nos corps. Mes ongles gravent son flanc, son dos, son torse, jusqu’à ce que la flambée de mon orgasme m’envoie me cramponner fermement à son cou. Son bassin opère sa magie et le torrent de l’extase finit par franchir la digue.
Sous ses yeux ébahis, mon euphorie se libère, secoue mes muscles par vagues successives, m'enlève à la réalité. Une impression de bien-être m'enveloppe, me fait perdre pied. James me couvre de baisers, caresse mon sourire de ses lèvres avides. Elles descendent le long de ma mâchoire jusque sous mon oreille où il me pince la peau avec fièvre. Ses reins s’immobilisent. Son sexe palpite en moi. Son cœur bombarde le mien à travers sa cage thoracique. Un râle guttural s’envole de sa gorge.
— Tha gaol agam ort, mo ghràidh.
Il m’aime.
Moi aussi. Je l’aime.
Je ne lui dis pas.
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