CHAPITRE 33.3 * VICTORIA

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V.R.S.de.SC

♪♫ ... ♪♫

Je plaque mes lèvres sur les siennes dans un baiser langoureux. Sa bouche s'entrouvre, juste assez pour que j’y glisse ma langue. Ses prunelles se plissent de désir lorsqu'il tente de me retenir pour une nouvelle valse sensuelle. Mais, j'ai déjà statué sur son sort. Je vais lui rendre la monnaie de sa pièce.

Reprenant le contrôle de la situation, je repose mes talons au sol, dénoue mes bras de son cou et laisse mes paumes dévaler son torse jusqu’à la ceinture de son pantalon que je tire vers moi. Nos regards se verrouillent, s'affrontent dans un serment silencieux et, dans un élan téméraire, mes doigts s’aventurent sur son entrejambe. Je presse et masse fermement son sexe à travers l’étoffe rigide. Le geste ne dure que quelques secondes, mais ma jubilation n’a d’égale que le râle de surprise qui s’échappe de sa gorge, l’étincelle enflammée qui s'allume au fond de ses iris bleutés et le basculement de son bassin qui vient à ma rencontre.

Je perçois encore le tressautement de sa verge quand je me dérobe et fais un pas de côté, m'appliquant à recouvrer contenance. Mon souffle est court, mon cœur cogne furieusement, mais je reste de marbre. Mes yeux accrochent les siens, le défiant sans un mot, alors que je m'enivre de la victoire fugace de ce moment volé. Ce que je garde pour moi, c’est que mon audace m’a probablement plus excitée que la réaction provoquée chez lui. La douce moiteur installée entre mes cuisses me le rappelle avec insistance.

— Considère ça comme un avant-goût, murmuré-je, le ton espiègle.


Je pivote vers le stand, feint une innocence parfaite dès lors que Carla revient avec la boîte promise.

Un sourire courtois accompagne mes remerciements tandis que je récupère le sachet de douceurs tant convoitées. Tout en réglant la note, je me tourne vers mon compagnon pour clarifier un point :

— Pour ton information, la seconde boîte n’est pas pour nous, mais pour ta sœur. Tu voudras bien la lui remettre de ma part, s’il te plaît ? Oh, et cesse de me dévorer des yeux, aussi.

James, l'air grave et les lèvres pincées, me fixe sans ciller avant de répondre platement :

— Non.

Mon amusement croît tandis que je savoure son expression mi-contrarié, mi-fébrile.


Ah, James, toi qui pensais avoir le monopole des armes secrètes...

— Non, pour ta sœur ou non pour le regard, Monsieur Caliente ?

Je le devine en ébullition. Parfait. Un peu de feu sous la glace ne lui fera pas de mal. Mon sourire s'étire, mes pupilles capturent le sérieux de ses traits et, déjà, la fissure dans son armure de fer s’élargit.

— Qu’est-ce que je disais ce matin ? raille-t-il. Ah oui, que tu tiens bien plus du démon que de l'ange !

Il se débat avec les sacs, bataillant pour conserver sa dignité de mâle aux abois.

— Avec tout ça, renchérit-il, je vais devoir conclure que tu as développé un certain talent pour la… distraction.

— Évidemment. Mais, je vais te rafraîchir la mémoire : c’est toi qui as sonné la charge, tu te rappelles ?


Je m'avance et murmure d'une voix à peine effleurée :

— Moi aussi, j'ai ton goût dans ma bouche, James. Salé, velouté, indélébile. Et mes doigts ne se sont pas exercés uniquement sur tes cheveux, mais sur une autre partie bien plus… réceptive à mes attentions. Quant à savoir qui soulève qui, eh bien…, tout est une question de perspective.

Je recule. Sa mâchoire se crispe, vibre d'un ouragan contenu. Lente et contrôlée, sa respiration trahit l'effort qu'il déploie pour se dominer. Ses yeux, ténébreux comme un ciel d’orage, ravagent le silence d'une faim qu’il peine à museler. Le désir y rôde, sauvage, malgré l’immobilité glacée qu’il s’impose. Excellent, ma vengeance est complète.

Une œillade discrète, un mouvement lent et son souffle chaud vient frôler ma joue.

— Si on était seuls, Victoria, je te ferais revoir ta « perspective » à genoux.

La promesse, basse et grave, cisaille l’air entre nous. Une note rauque — érotisme incarné — s’accroche à chaque syllabe. Mon cœur rate un battement, pleinement conscient que cet homme ferait de sa menace une certitude éclatante. Chaque mot qu’il murmure m’électrifie, déplace la frontière ténue entre la plaisanterie et la vérité crue. Il sait exactement ce qu’il fait, et bon sang, moi aussi.

Une image se superpose à la réalité. Lui, immergé dans le bain brûlant, moi dominant la scène. Sa barbe rugueuse éraflait la peau tendre de ma cuisse, puis, plus haut encore, sa langue glissait vers des territoires plus secrets. Une chaleur lancinante me noue le ventre, souvenir vivace d'une étreinte qui me coupe toujours le souffle. Je mords ma lèvre, délibérément cette fois, comme si je pouvais garder pour moi le frisson ravageur qu'il suscite à nouveau.

— Moi, je me rappelle surtout une tête nichée entre mes jambes, murmurè-je. Là aussi, la « perspective » s’avérait très… stimulante et semblait tout à fait te convenir. Ne dis pas le contraire.

Il déglutit et serre les dents. Tic imperceptible de sa mâchoire. Clignement trop lent de ses paupières. Ah, ce qu’il me plaît, cet homme. Un gloussement moqueur s’élève de ma bouche, prélude à ma flèche suivante.

— Tu souffres tant que ça, James ? Un petit bisou magique te remettrait d’aplomb ?

Son regard flambe, mais il ne répond pas tout de suite. Mon lion affamé lève les yeux au ciel.

— T’as pas mieux que ça dans ton répertoire ? me lance-t-il.

La lutte entre son sérieux et son envie d’abandonner face à mes piques commence à écailler son expression sévère. Une onde de chaleur parcourt ma peau quand son regard se durcit davantage. Je reconnais ce feu sous contrôle. Une mer de lave sous une croûte de glace fine. Si je pousse trop loin, c’est la déflagration assurée. Hélas, fuir le danger n'a jamais été mon fort.

— Je pourrais souffler dessus. Ça aide pour les gros bobos, il paraît, badinè-je encore.

James se raidit, mon jeu de mots a touché sa cible et son écho agit sur lui comme un déclic.

— Ça aide, tu dis ?Quelle coïncidence ! Souffler sur des braises, c’est exactement ce dont j’ai besoin. Viens par là...

Les sacs entravent ses mains, mais rien ne freine le magnétisme de son mouvement. Une torsion subtile du poignet, une impulsion calculée et la distance s'évapore. Sa chaleur m’enveloppe avant même le contact. Je ne résiste pas — je ne veux pas résister. Sa prise sur ma taille, douce et précaire, ne cache pas une volonté de fer. Les poches froissent entre nous, mais sa prétention à me toucher brille au-delà du dérisoire. J'agripe le revers de sa veste et me coule contre lui.

— Hmmm, je doute que ce soit autorisé ici...

— Tsss, petite joueuse... Je suis très curieux de voir jusqu’où ton expertise en soins d’urgence fera des miracles. Parce qu'à ce stade, pour me soulager, un simple souffle ne suffira pas à apaiser ma fièvre. Va falloir un autre type de médecine...

Ma réplique jaillit avant qu’il ait fini.


— Fais-moi confiance, j'ai mon brevet de secouriste. Tu crois que je vais devoir appliquer une méthode plus... radicale ?


Chaque mot est une étincelle, et j’ai bien l’intention d’en faire un feu de joie. C’est plus fort que moi. La provocation est notre alphabet secret. Mon esprit cavale à toute vitesse, mes pensées flirtent avec des possibilités toutes plus excitantes les unes que les autres. Un kaléidoscope d'envies qu'il me tarde d'explorer avec lui.

— Oh, oui, un traitement violent. Essentiel. Savoureux. Peut-être même… un choc thermique ?

Un sourire confiant ourle son visage pendant que mes doigts lissent, avec une subtile lenteur, les plis de son T-shirt caché sous sa veste. Les sensations se bousculent. Son parfum. Son souffle sur mon front. La chaleur de son corps, là, juste sous le tissu. Ses abdos se contractent, frémissent sous mes ongles joueurs.

— La dose maximale, dans ce cas. Tu tiendras le coup ?

Il s’approche et l'air se densifie, s'amenuise, avalé par la gravité de son regard.

— Toujours, me susurre-t-il.

Une brume de désir enrobe sa déclaration. Sa bouche s’arrête juste avant la mienne, une frontière ténue entre provocation et cession. Le frisson du jeu. Puis, il s'incline, sa dernière carte misée sur le tapis de velours de mes lèvres, qui ne rêvent que des siennes. Je plie sans même tenter d'en retenir les règles. Son baiser aussi tendre que vorace me subjugue.

— J'ai hâte de voir jusqu'où iront tes prouesses, glissè-je en le laissant se redresser.

L'ombre d'une exaspération amusée danse sur ses traits.

— T'es impossible, soupire-t-il, sa façade craquant sous la pression. Tu te surpasses dans l’art de me rendre fou. Avoue-le, t'adores ça ?

Oui, j’adore ça. Peut-être un peu trop pour en sortir indemne.

— Eh bien, c’est toi qui as ouvert le bal… Je n’ai fait que suivre le mouvement. Si tu veux vraiment une trêve, il faudra peut-être me convaincre autrement.


Mon index dérape incognito sur sa ceinture. James secoue la tête. Le sourire revient sur son visage. Le mien, à peine dissimulé, persiste à le braver, mais il est temps de désamorcer la situation.

— Te convaincre a toujours été le plus beau des paris. J’aime bien l’idée que l’impossible devienne possible, confie-t-il, l’esprit tourné vers le défi.

— Dans ce cas, marché conclu, James. Et rassure-toi, je saurai te ménager, au besoin.

Il rit doucement puis désigne les sacs d'un geste grandiloquent.

— Tu vois, là ? C’est moi qui porte toute la logistique, fait-il remarquer, un brin exaspéré. Facile de dégainer quand ton adversaire se trouve en position de faiblesse !

— Primo, tu es tout sauf faible. Je parle en connaissance de cause. Deuzio, je sais bien que tu es affamé James. Tertio... pour être tout à fait honnête, moi aussi.


Je m'éloigne d'un pas. Mon regard soutient mes propos. Mon cœur accélère.

— Tant mieux, je m'occuperai de toi plus tard. À ma manière. Pour l'heure, inutile de te brûler les ailes pour me prouver quoi que ce soit, Vi. Je t'accorde la première manche, tu l'as remporté avec brio.

— Garde ça en tête, alors. Allez, en route pour le pique-nique, m’enthousiasmè-je.


J'affecte la désinvolture et l'entraîne vers la sortie, bras dessus bras dessous. Chaque geste entre nous s’apparente à une danse silencieuse.

— Prépare-toi à une dégustation mémorable, mo gràdh !

Sa mise en garde m'envoie des papillons dans le ventre et m'incendie les veines. Cette dégustation, je l'attends avec impatience.

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