CHAPITRE 39.3 * JAMES

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NOTE AVANT LECTURE

À partir de ce chapitre, le récit proposé correspond à la direction que je souhaite donner à l’histoire de James et Victoria, qui les mène vers le dénouement de leurs 48 heures ensemble. Toutefois, ce n’est, pour l'instant, pas une version définitive. Plusieurs fins alternatives se bousculent encore dans mon esprit, et je reste indécise quant à la voie à suivre.

Je tiens également à préciser que les prochaines 48 heures, qui correspondent à deux tomes supplémentaires (24h pour se perdre et 24h pour nous sauver), sont déjà en gestation et existeront, ce qui signifie que ce n'est pas la fin de leur histoire ici =) James et Victoria auront encore des épreuves à surmonter ensemble !

Vos réflexions et impressions sur les chapitres qui suivent seront précieux pour m'aider à prendre une décision finale.

J.L.C

♪♫ ... ♪♫


— “Pourquoi Victoria ?”

Mon regard est braqué droit devant, au-dessus de sa tête, surplombant sa couronne de piques et d’épines, reflet tragique de la souffrance qu'elle provoque en moi. La proximité de son corps me trouble toujours autant. Nos membres se frôlent, et chaque contact réveille en moi des pulsions périlleuses que mon esprit tente désespérément de contenir. Malgré la gravité de cette situation, une passion inextinguible embrase mon être, alimentant mon désir de la faire mienne de gré ou de force.

— “Il ne sait rien passer James. Enlève-toi cette folie de la tête. Entre Mati et moi, il n'y a rien”, affirme-t-elle d’une voix basse et calme.

Mon pouls s’accélère à l’idée que la vérité cachée va enfin être exposée.

— “Et avant ?”, je lui demande encore, d'une voix dure et cassante.

Elle ne répond pas.

— “Est-ce que c’est... un ex ?”, je hasarde, bien que je croie peu en cette hypothèse fragile.

— “Mati et moi n’avons jamais été engagés dans une relation.”

Elle parle vite, comme pour balayer mes inquiétudes, mais je ressens une tension sourde dans sa voix. Je m'accroche à sa phrase, mais mes doutes persistent.

— “Mais tu couches avec lui ?

Le silence qui suit est une chape de plomb. Je ravale la boule d'angoisse qui s'est formée dans ma gorge. Me décalant légèrement, je scrute son visage pour capter la sincérité dans ses yeux ambrés, magnifiquement rehaussés par un maquillage ténébreux, mais sophistiqué. Une véritable Perséphone... Elle évite mon regard. Elle s’abrite derrière un mur que je ne peux franchir, mais pas assez vite pour que je ne puisse voir les larmes voiler ses pupilles.

Bien sûr qu'elle couche avec lui, putain ! Ce bâtard n’a pas franchi les lignes seul. Si c’était juste un ancien amant un peu trop envahissant, de ceux qui n’ont pas compris qu’ils ne font plus partie du tableau, j’aurais pu le gérer. Mais il ne s’agit pas de ça.. Leurs foutus gestes tendres, leurs sourires mielleux, il y a un passif, mais un présent surtout.

Et cette intimité entre eux, là dans ce bureau, alors que j’étais un étage en dessous, putain ! Elle m’a dit qu’il l’aidait à remonter la fermeture de sa robe, mais qui sait s’il ne s’apprêtait pas à la lui enlever plutôt ? La pensée m’enrage et me ronge. Je suis là, à combattre mes démons, tandis qu’elle joue à cache-cache avec ses vérités. Cette incertitude, ce flou, c’est comme un poison qui s’insinue lentement en moi.

Mon cœur s’emballe, la colère reflue de plus belle, et je sens la tension électrique entre nous. Victoria retire ses mains, croise les bras devant sa poitrine, mais garde son regard rivé au sol. Si je ne fais rien, ça va tout détruire. J'ai besoin de savoir, de comprendre, de briser ce silence qui devient insupportable.

— “Tu voulais que je sois honnête avec toi. Je l'ai fait. Même si ça m’a coûté, c’était nécessaire. Pour nous.”

Je la fixe, le cœur en vrille, conscient que ma question suivante va frapper comme un coup de poing. Cette confession est un cri du cœur, une demande désespérée de vérité en retour. Je veux qu'elle comprenne l'impact de ses choix, le poids de ses silences.

— “Qu’en est-il de la tienne ? Tu me dois des explications, Vi.”

Ma voix résonne, plus forte, plus pressante. Son corps se raidit. Elle ouvre la bouche, la referme, hésitante. Les mots semblent se dérober, bloqués dans sa gorge.

Pourquoi est-ce si difficile pour elle de me rassurer, de me convaincre que je suis celui qu'elle désire vraiment ? Cette pensée me traverse l'esprit, tranchante comme un rasoir. Parce qu'elle ne m'aime pas putain !

Je recule brusquement, en passant mes mains dans mes cheveux avant de les verrouiller sur ma nuque, fixant le plafond comme si les réponses pouvaient en tomber. C'est là que réside son incapacité à m'avouer ses sentiments, ce "je t'aime" qu’elle a refusé de répéter cet après-midi. Évidemment, puisqu’elle en aime un autre ! Je me mords les lèvres puis expire longuement. La frustration mêlée d’un désespoir sans fin fracasse les derniers vestiges auxquels je m'accrochais. Là tout de suite, j'ai juste une envie irrépressible de tout foutre en l'air, de saccager ce foutu bureau, qui à coup sûr, a été le théâtre de leurs putains de parties de jambes en l’air !

Il faut que je sorte de là bordel ! Je n’en peux plus de cette tension, de ce silence qu'elle m'oppose. Mes pensées tourbillonnent et la réalité devient insupportable. Je lui tourne le dos, prêt à franchir la porte. L’idée de quitter cette pièce, de rompre tous les liens qui m'unissent à elle, me soulage d’un poids que je n’arrive plus à porter. Je me fous de la destination, je veux juste m’éloigner de cet enfer, de ce cœur en morceaux, de cette femme qui me déchire lentement.

— “Tu prends la fuite, James.”

Ma main au-dessus de la poignée se fige. Ses paroles articulées avec calme et fermeté, claquent tel un coup de fouet dans l’air. Je m’arrête, les nerfs à vif, et je me retourne lentement.

— “Met qui tu veux dans ton lit Victoria, mais moi je ne baise pas avec les copines des autres. Apparemment, eux, si. Non, c’est plus qu’apparent, c’est un fait établi, une vérité gravée dans ta chair !”

Je vois une lueur de surprise dans ses traits, mais je m’en fiche. La rage qui bouillonne en moi est trop forte. Je me sens comme un volcan prêt à exploser, chaque mot que je prononce, un torrent de lave qui se déverse.

Et là, tout bascule.

— “J'ai couché avec lui pour t'oublier, d'accord ?!”

Victoria explose, sa voix tremblante de colère et de douleur. Elle me toise, le menton relevé, les épaules droites et les jambes bien ancrées au sol, me défiant comme jamais.

— “J'ai couché avec lui parce que ça faisait trop mal ! Parce que tu m'as abandonnée sur le bord de la route, James !”

Les coups de poignard pleuvent sur moi et je me sens submergé par la vague de ses émotions. Elle continue, les yeux brillants de larmes refoulées, sa respiration saccadée.

— “Tu sais quoi ? Peut-être que Mati a raison après tout. J’en ai marre de courir derrière un amour impossible. Lui, il est là pour moi, il m’écoute, il me prend dans ses bras quand tout devient trop lourd. Pendant que tu te perdais dans tes démons, que tu te droguais, que tu t’envoyais en l’air avec n'importe qui, moi, j’étais là, seule, en train de m’effondrer”.

Sa fureur pulse comme un tambour dans la pièce. La mienne revient tel un boomerang rien qu’à l'imaginer heureuse dans les bras de cet enfoiré !

— “Et toi, qu’est-ce que tu fais ? Tu fuis parce que c’est trop compliqué ou parce que ça devient trop sérieux entre nous ? Tu veux être avec moi, mais tu veux des certitudes ! Eh bien, il n’y en a pas, James ! Rien n’est jamais écrit à l’avance, ce serait trop facile. Tu veux que je te dise que je t’aime, c’est ça ? Alors voilà : je t’aime ! Et maintenant, quoi ?

Elle me fixe intensément, son regard d’encre brûlant de défi. Je sens mon estomac se nouer à cette déclaration, une douleur aigüe s'infiltre à chaque battement de mon cœur.

— “Tu aurais dû le comprendre, comme moi j’ai su que tu m'aimais le jour où tu m'as laissé ce putain de message ! Mais pour toi, ça ne suffira jamais, hein ? Les mots, les gestes, ça ne sera jamais assez. Il y a autre chose, quelque chose que tu ne me dis pas ! Tu exiges la vérité, mais tu n’es pas honnête non plus ! Ce n’est pas la drogue qui te bouffe, elle est juste là pour te permettre de fuir. Mais ce qui te hante vraiment, qu’est-ce que c’est ? Un cœur brisé ? Ton ex ? Ce foutu passé ?”

Elle marque une pause, les larmes perlent à ses cils et je sens les regrets qui s'agglutinent dans ma gorge.

— “Moi, je refuse de vivre dans l’ombre de ta douleur ou de ta culpabilité, James. Je ne vais pas m’effacer pour un fantôme que tu refuses d’affronter. Alors, si tu veux m’aimer, aime-moi. Sinon, pars, mais arrête de faire de moi une autre de tes échappatoires !”

Sa voix s'étrangle presque sur les dernières phrases, mais elle reste là, debout, droite, brisée et forte à la fois, me laissant face à un choix qui pourrait tout bouleverser.

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