CHAPITRE 40.1 * JAMES

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BEAU DESORDRE

* *

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J.L.C

♪♫ ♪♫


Son parfum — une douceur subtilement mêlée d'une intensité sauvage, unique, que je ne retrouve nulle part ailleurs —, m’enveloppe, et je m’y abandonne, le visage niché au creux de son cou. Mes doigts glissent sur sa peau, explorant chaque courbe, chaque frémissement avec une lenteur délibérée. Dans cet abandon, elle rayonne d’une force magnétique, une confiance silencieuse qui me bouleverse. C'est dans ces moments-là, après la tempête, que je comprends combien elle est devenue essentielle, un souffle vital qui me manque dès que je m’en éloigne.

Peu à peu, mes respirations se régulent et me ramènent à l’instant présent, à elle, à nous. Une chaleur diffuse continue de pulser, palpitante sous ma peau comme un feu qu'on vient de dompter et qui n’attend qu’une étincelle pour renaître. Mais, ce n’est pas seulement le souvenir de notre étreinte ; quelque chose de plus vif embrase mon dos. Intrigué, je fronce les sourcils et passe ma main sur mes omoplates. Des marques, fines et enflammées, laissées par... ses ongles.

Malgré moi, j’esquisse un sourire de pure satisfaction, un rien orgueilleux, en comprenant l’effet que j'ai pu lui faire. Je dépose un baiser sur son épaule et me redresse légèrement. Nos regards se croisent. Victoria, les yeux ronds, semble presque surprise elle-même.

— "Je…”

Elle hésite, mordille ses lèvres, puis murmure une excuse à peine audible.

— "Tu sais bien que ce n'est pas la première fois...”, chuchotè-je en réponse, laissant ma paume trainer le long de son bras.

Elle baisse les paupières, un brin gênée.

— “Et puis… tu ne m'entendras jamais m'en plaindre”, j'ajoute un peu plus sérieusement cette fois.

Elle relève la tête. Une joie espiègle brille au fond de ses pupilles tandis qu’un éclat rosé colore progressivement ses joues.

— “ Je crois que j’ai peut-être été un peu trop... expressive”, déclare-t-elle d’une voix enjôleuse.

— “Si tu savais comme j'aime ça...”

Apparemment rassérénée par mon diagnostic, elle promène ses ongles sur mon épiderme avec un rictus canaille, traçant des lignes chatouilleuses qui me font frissonner. Arrivée aux traces de griffures, elle les redéfinit avec la pulpe de son index comme pour les effacer. Mes propres doigts effleurent sa joue puis se glissent derrière sa nuque délicate, rapprochant doucement nos visages.

Ses lèvres s'entrouvrent, avant qu’elle me cède un souffle terriblement sexy. Nos respirations se mêlent, nos bouches se cherchent, joueuses, jusqu’à ce que ma ténébreuse tentatrice vienne me pincer avec ses dents. Il ne m’en faut pas plus pour fondre sur elle en un baiser lent et profond en enserrant à nouveau ses cuisses contre les miennes. Tout s'arrête. Les battements de mon cœur résonnent. Dieu que c’est bon… Comme j’aimerais à nouveau bou...

— “Vous avez fini là ? C’est bon ?"

Merde ! Je sursaute légèrement lorsqu’une voix perçante, mais légèrement amusée, rompt ce nouvel élan voluptueux.

Victoria se redresse d’un coup, échappant à mon étreinte, ses yeux s’écarquillant un instant. Elle jette un regard incrédule vers la porte.

— “Toc toc ? Qui est là ?”, piaille à nouveau la femme derrière le battant.

À ce moment-là, je réalise avec une intensité déconcertante que mon corps bat à nouveau au rythme de son cœur. Toujours plongé en elle, je suis déjà prêt à reprendre du galon.

— “Leslie… ?” souffle-t-elle.

Je souris à nouveau en voyant les joues de Victoria se colorer de plus belle. Mais déjà, je sens une ombre planer au-dessus de nous. La réalité.

— “Bah oui, blondasse ! C’est moi.” répond l’autre, avec une pointe d'impatience. “J’ai besoin des talkies et je te ferais dire que t’es attendu en bas, Vic”.

En me retirant lentement, je lance des coups d’œil alentour, désireux de mettre la main sur quelque chose pour nettoyer le... et je tombe sur les vestiges laissés par notre petite escapade sauvage sur le bureau du grand boss. Les souvenirs de notre passion se mêlent à l’urgence de la situation, et une jubilation intérieure m’envahit à l’idée d’avoir pris possession de cet espace, d’avoir fait l’amour à Victoria ici, sur son territoire. Pour la seconde fois en deux jours…

— “Deux secondes, s’il te plaît, Leslie !” lance Victoria, son ton un peu plus ferme, bien qu’elle soit encore troublée. “On… Je... Juste, attends”.

— “Et pas de round deux, hein ! Plus le temps, les amoureux !”

La Perséphone de la soirée descend de son piédestal improvisé — et dieu, comme elle a été exceptionnelle, perchée là. Ses mouvements, à la fois précipités et gracieux, trahissent une légère nervosité alors qu'elle réajuste sa tenue, lissant le tissu sur ses courbes délicieuses. Je saisis des mouchoirs dans une boîte sur la table basse et, tout en lui en tendant plusieurs, je me détourne pour effacer les traces de notre liaison brûlante.

Puis, je me resape rapidement, lui laissant le temps de reprendre contenance. Mon cerveau s’acclimate à nouveau à l’environnement autour de nous : le club s’éveille. Le voile se lève peu à peu, et je perçois maintenant nettement les rythmes groovy qui ont accompagné notre étreinte et qui pulsent à travers la pièce. Les premiers rires se font entendre parmi les clients qui s’agglutinent en contrebas. Des bruits confus de vaisselle qui s’entrechoque ou de chaises qui raclent forment une toile sonore qui me ramène à la réalité.

Je me retourne vers la femme qui accapare mes pensées. Agenouillée, elle tente de rassembler la paperasse éparpillée au pied du bureau. Tandis que j’observe la scène de biais, récupérant mon t-shirt jeté par terre pour le passer sur mon dos, j’entends ma partenaire pester à voix basse. Le désordre est… significatif. C’est le bordel, mais c’est surtout le symbole d’une passion partagée, une ode à ce moment volé. Qui plus est, dans le bureau du patron plus vraiment juste un ami !

Une jubilation cynique m’envahit à cette pensée, et l’idée de recommencer m’effleure l’esprit. On pourrait baptiser le reste du mobilier.

Debout contre l'armoire métallique, rien que le vacarme que ça engendrerait me fait frissonner d’excitation. Ou plus audacieux, par derrière contre la baie vitrée, ses mains plaquées contre la surface froide, nos corps enchevêtrés en reflet. Ou peut-être l’allonger contre les coussins moelleux du canapé... Mes yeux dérivent vers le fauteuil pivotant de l’autre con et l'image s’imprime directement : Victoria, mon poing dans ses cheveux soyeux, sa bouche experte sur mon membre palpitant…

Un sourire se dessine sur mes lèvres, mais je me ressaisis. Il faut que j’arrête de fantasmer. Le bureau, c’est déjà bien. Pas besoin de s’attarder ici plus longtemps. D’ailleurs, je doute d’y remettre un jour les pieds !

Je me penche pour ramasser un cendrier que mes yeux voit pour la première fois, mais dont mes oreilles se souviennent pourtant. Puis, je focalise mon attention sur Victoria.

Dos à moi, elle se démène avec la fermeture de sa robe, les mains tremblantes. Je me souviens encore vivement des sales pattes de Mati sur son corps, mais je congédie ce ressentiment dans un coin de ma tête.

— "Je vais le faire”, articulè-je, d’un ton un peu plus ferme que je n’aurais voulu.

Vi me lance un regard furtif, mais intense, par-dessus son épaule menue. Son expression trahit une lutte intérieure. Sa bouche s’ouvre légèrement avant de se refermer, comme si elle voulait dire quelque chose, mais n'osait pas.

Elle laisse finalement retomber ses bras et je prends place derrière elle. Son geste est à la fois hésitant et confiant, comme si elle savait que je ferais ce qu'il faut tout en craignant de réveiller l’​​​​​​​orage de l’épisode précédent. La dernière chose que je souhaite, c’est qu’elle se sente mal à l’aise.

Mes doigts trouvent le curseur, ma paume, sa hanche. Concentrée sur ma tâche, je m’applique à coulisser avec délicatesse la glissière sur toute la longueur. Sa respiration se coupe imperceptiblement, puis se relâche lorsque j’ai terminé.

— "Je suis plutôt bon pour ça, on dirait", je plaisante pour tenter de détendre l’atmosphère.

Victoria laisse échapper un soupir, mêlé d'un rire nerveux. Malgré la tension résiduelle, je sens notre complicité se réinstaller, délicate et précieuse, comme si ce moment avait le pouvoir de rétablir un équilibre fragile entre nous.

Profitant de cette proximité, je me colle à elle, enroulant mes bras autour de sa taille, ravivant des souvenirs encore trop vivaces dans mon esprit. J'ai encore envie d'elle. Toujours... Mes mains glissent doucement sur ses hanches, puis remontent le long de son ventre jusqu'à effleurer sa poitrine superbement galbée par le tissu brodé. Ses paumes les rejoignent. J'embrasse tendrement son cou et chaque baiser allume une chaleur vivifiante entre nous.

Vi incline légèrement la tête sur le côté, m’offrant un meilleur accès à sa peau douce et sucrée.

— “Tu es magnifique dans cette robe, mo chridhe… Et tu vas tous les éblouir aussi bien par ta beauté que par ton professionnalisme. Tu es parfaite à mes yeux et tout le monde le verra”.

Je sens son corps se tendre un instant, puis se détendre sous mes mots, comme si un poids invisible venait de s’évanouir. Cette déclaration ne vise pas seulement à la flatter, mais à lui rappeler la force qui sommeille en elle, à lui donner le courage d’affronter la soirée, si tant est qu’elle en ait besoin.

Cette femme est une guerrière, une professionnelle aguerrie, prête à conquérir tous les défis. Je le sais : cet événement sera une réussite, et elle pourra en récolter tous les lauriers. Elle s'en sortira avec brio et panache. Ses efforts, sa créativité, sa résilience, elle saura transformer chaque obstacle en opportunité, et, au fond, j’espère qu’elle consentira à bâtir notre relation avec la même abnégation et la même pérennité, car seul, jamais je n'aurais le cran de porter ce rêve à bout de bras. Tout s’effritera comme un château de sable. Elle, ma force, ma constance, le socle de nos futures vies, le cœur battant de mes espoirs. En tout cas, si je ne fais pas tout foirer, encore une fois...

Elle se laisse aller contre moi un instant, sa respiration soulevant doucement sa poitrine sous mes mains. Encourager Victoria, c'est aussi lui montrer qu'elle n'est pas seule dans cette tempête d'incertitudes. Chaque mot prononcé est une promesse : je crois en elle, en ses capacités, en son talent.

Puis, elle se redresse lentement, se tourne vers moi et, avec une douceur infinie, encadre mon visage entre ses mains. Ses lèvres trouvent les miennes, un baiser qui porte toute l’intensité de son affection, comme une réponse silencieuse à la confiance que j’ai placée en elle.

— “Merci, James”.

Lorsqu'elle se recule, je remarque quelques mèches blondes qui se sont échappées de son chignon. Avec un sourire, je remets de l’ordre dans ses cheveux, redresse sa couronne un peu inclinée, appréciant le charme et la sensualité de sa coiffure. Elle est irrésistiblement sexy. J’ai peut-être même pas envie de la laisser sortir d’ici...

— “Tu vois, ça n’a pas tenu”, commente-t-elle faiblement, un brin chagrinée.

— “Comme c’est moi qui en suis la cause, ça me va très bien,” je réponds avec un clin d’œil amusé.

— “Allez, grouillez-vous un peu !”, intervient sa copine de l’autre côté de la porte.

Victoria sourit et m’embrasse, une fois, deux fois, de petits baisers légers. Et ce sourire contre ma bouche, ce sourire heureux, comblé, me réchauffe. Elle amorce un départ, mais se rétracte, revient vers moi. Même manège, sauf que cette fois-ci, je la retiens, la plaque doucement contre mon torse en posant ma main au creux de ses reins. Mes lèvres s’emparent des siennes, ma langue se glisse dans sa bouche avec une intensité qui fait vibrer tout mon corps. Elle répond à mon baiser avec une passion renouvelée, en passant ses bras autour de mon cou. Uni, une dernièer fois.

— “ Je dois vraiment y aller”, m’annonce-t-elle, mi-réticente, mi-excité, en me repoussant légèrement.

Je sens son hésitation, son désir de rester tout autant que le mien.

— “Je sais...”, je lui réponds avec un ton dans lequel perle ma déception. “Mais le monde des Enfers réclame sa Reine.”

Un éclat de joie cristallin, qui me fait fondre encore plus, jaillit de sa gorge. Je la libère à contrecœur. Victoria déverrouille enfin la porte qui nous sépare de l’effervescence extérieure. La musique et l’air frais nous happe et la tornade déboule.ous happe et la tornade déboule.

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