CHAPITRE 40.2 * JAMES
J.L.C
♪♫ ... ♪♫
— “Putain, enfin !”, nous accueille sa copine d’une voix tonitruante.
Leslie pénètre d’un pas décidé dans la pièce et se dirige droit vers l'armoire du fond.
— “La belle et la bête nous honorent enfin de leur présence. Désolé, James, je ne parle pas de toi, tu sais que tu es canon ! Quoiqu'à en juger par ce que j’ai entendu de l’extérieur, on peut se demander quel genre de bête sommeille en toi !”, me lance-t-elle avec un clin d’œil.
La porte coulisse dans un grincement et elle reprend, enjouée :
— “Je dirais même qu’on avait plutôt affaire à la bête à deux dos...”
Elle se retourne, débordante d'enthousiasme, en brandissant quatre talkies vers nous.
— “Je les ai ! Super look post-coïtal, ma belle !”, conclut-elle en détaillant Victoria, un rictus malicieux sur les lèvres.
Je souris tant que mes zygomatiques en deviennent douloureux. Mais je ravale mon enthousiasme face à l'expression torve de Victoria. Ma petite dévergondée est toute gênée.
— “Tiens beau-gosse, tu veux bien les donner au staff en bas. Vic et moi, on a... un truc à faire là”, m’annonce-t-elle tout sourire en faisant voltiger sa queue de cheval.
Elle me fourre les engins dans les mains sans me laisser l’occasion de protester. Putain, cette fille est démentielle !
— “Oh et fait gaffe à ne pas croiser Monsieur Muscles. Il est d’humeur... massacrante. Oui, c’est en partie ma faute, je sais, mais toi aussi mon gars, t’y es pour quelque chose !”
— “Qu'est-ce qu'il a dit ?”, intervient Victoria, l’air préoccupé.
— “Juste que ton petit Écossais ici présent — enfin, il t’a plutôt traité d’enfoiré ou d’enculé, je ne sais plus”, précise-t-elle à mon intention — “était sur le point de te sauter dessus. Nous, on lui a demandé dans quel sens, et lui, a répondu qu’on avait cas venir voir par nous même.”
Victoria, le visage en ébullition, écarquille les yeux.
— "T’es là depuis... quand ?
— “Depuis que tu t’es mise à ronronner comme une chatte et lui à grogner comme un... Laisse tomber, t’es pas prêt pour la comparaison !”
Vi, toujours sous le choc, réajuste une mèche de cheveux derrière son oreille, mais son regard pétille d’un mélange d’amusement et de gêne.
— “Tu exagères !” s’exclame-t-elle, un sourire éclatant trahissant sa culpabilité.
Sa copine éclate de rire, et le son résonne dans la pièce comme une mélodie entraînante.
— “Non, je dirais même que je fais tout l'inverse. T’as couiné comme une petite souris !, l'enfonce-t-elle en lui lançant un coup d'œil entendu.
Je tente tant bien que mal de réprimer mon amusement, mais à l'intérieur, je me marre comme un gosse pris en faute. Moi, j'appellerai ça plutôt des feulements de lionne et je me délecte de chacun d’eux avec enthousiasme et entrain.
— “Allez toi, ramène ces talkies !”, me presse Tornade avec une impatience feinte. “Et d'ailleurs, pourquoi t’es pas encore déguisé ? Ce look de héros de film d’action te va bien mais... — attends, t’as pas remarqué qu’il ressemble à Thor un peu, Vic ? Ou mieux encore, Finnick, tu vois dans Hunger Games, mais avec une barbe ! Regarde bien ! Comment il s’appelle déjà, cet acteur ? Sam… Sam quelque chose...”
— “Sam Caflin”, complète Victoria, amusée, en me jetant une œillade lutine.
Je ne sais pas qui est ce type, mais je veux bien les croire si ça la fait autant rêvasser. Pour moi, Vi est unique dans son genre, mais je la verrais bien incarnée une Lagertha ou une Diana Price. Après même flatté, je préfère que ma super héroïne pense à moi plutôt qu’à un acteur, aussi séduisant soit-il.
— “Oui, lui ! Mais, revenons à la case départ. Elle est toute ta panoplie démoniaque ? Tes cornes ? Ta queue ? Enfin, pas celle de devant ! Je sais parfaitement où elle était il y a cinq minutes !”, pouffe-t-elle.
Victoria lui balance une tape sur le bras.
— “Aieee ! Mais, tu vas pas le nier quand même !”, s’indigne Miss J’ai-pas-ma-langue-dans-ma-poche d’un air faussement offusqué.
— “Ça suffit, Les ! T'as pas quelqu'un à aller fouetter ?”, lui rétorque la reine des Enfers.
— “Si, des tas !", s’extasie la concernée, des étoiles dans les yeux, comme si la perspective était la plus alléchante qui soit.
C’est pas tant que cet échange m’ennuie, bien au contraire, mais un rapide coup d’œil à ma montre me révèle qu’il est dix-neuf heures passées. Mon téléphone au chaud dans ma poche, m’affiche deux appels manqués de ma sœur. Autant dire que mon départ n’attend plus. Il est temps de quitter ma belle Perséphone, même si l’idée me laisse un goût amer.
Je m’approche d’elle, plongeant dans ses yeux ambrés une dernière fois avant de murmurer :
— “J’y vais, Vi”.
Elle incline légèrement la tête, me couve d’un regard tendre et d’un sourire qui me ferait presque changer d’avis. Après tout, ce qu'on s’en carre que je sois déguisé ou pas ! Mais, je finis par glisser une main sur sa mâchoire et dépose un baiser sur sa bouche sensuelle, savourant ce bref instant où le monde semble se résumer à elle.
— “On se voit plus tard.”
Son visage s’illumine et mon pouce caresse ses lèvres dans un dernier contact discret. À contrecœur, je me recule et passe la porte, jetant un dernier coup d'œil en arrière. La femme que j’aime reste là, au centre de la pièce, resplendissant d’une aura aussi fascinante que mystérieuse. Et mon cœur palpite un peu plus fort.
Dominant tout le club d’un coup d’œil, je dévale les escaliers qui mènent au rez-de-chaussée. D’ici, j’ai une vue panoramique sur les premiers invités qui commencent à remplir la salle, les yeux exorbités devant l’ambiance hypnotique et les décors fascinants que Victoria a mis en place.
Les rires et les murmures émerveillés s’élèvent autour de moi, mêlés aux éclats d’admiration. J’aperçois des anges drapés de blanc, auréolés de lumière, parés de plumes, qui se mêlent aux démons, tout de noir vêtus, avec leur maquillage outrancier, leurs accessoires gothiques et leurs airs ténébreux. Les costumes oscillent entre sensualité et mystère, comme si chacun jouait à séduire ou à corrompre. Chaque détail de l’espace, du jeu d’ombres sur les murs aux miroirs sur pied, des tentures aux chandeliers, tout reflète parfaitement l’univers angélique et infernal qu’elle a imaginé. Ça confirme ce que je savais déjà : elle a fait un travail d’exception.
Arrivé en bas, je traverse la foule qui s'épaissit, chaque pas soulignant ma fierté pour elle. Enfin, je passe par le vestiaire pour récupérer ma veste et mes affaires, offrant un signe de tête au personnel qui gère l'arrivée des invités avec habileté. Le hall d’accueil est envahi et le photographe flashe à tout va. La soirée est officiellement lancée. Pourtant, c’est avec un pincement au cœur que je mets le pied dehors, portable en main, prêt à contacter ma sœur.
Un rapide coup de fil m’informe que ma jumelle passe me prendre directement au club. Je balaie la rue du regard. Un gars, adossé à un mur, fume tranquillement sa clope. Parfait.
— “Hey, je peux t’en taxer une ?”, je lui demande, souriant.
Il me tend le paquet sans broncher, et je m’allume une cigarette, laissant la fumée remplir mes poumons. J’en suis à la moitié lorsqu’une paire de pompes blanches entre dans mon champ de vision. Plongé dans mes mails, je relève la tête. Mati me toise d’un air mauvais.
— “Faut qu’on parle.”
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