CHAPITRE 41.2 * JAMES
J.L.C
♪♫ ... ♪♫
Vi me connaît bien et sait exactement comment attiser ma curiosité. Je réfléchis à ma prochaine réplique lorsque la voix légèrement aigrie de ma sœur me taquine :
— Surtout, vas-y, fais comme si je n'étais pas là…
Un coup d’œil de biais me suffit pour capter l’étincelle malicieuse dans ses yeux, un sourcil levé. Les breloques a son poignet teintent lorsqu'elle passe la vitesse supérieur, nous projetant sur le périphérique toulousain.
Je me penche en avant et tape rapidement.
Sans conditions ? Rien que ça ? Et c’est censé me faire peur ? Balance le programme !
Je clique sur envoyer, sentant mon impatience grimper et mon pouls partir en sprint.
Isla, apparemment fascinée par mon sourire béat, secoue la tête en rigolant.
— "Oh lala, c’est pas souvent que je te vois sourire comme ça. Mon pauvre frère amoureux… C’est adorable ! Tu vas vraiment finir par m’attendrir."
Agacé, mais d’humeur railleuse, je m’apprête à riposter, mais à peine ai-je tourné la tête que mon appareil me signale la réception d’un nouveau texto, me ramenant immédiatement à Victoria.
Je prends une grande inspiration et ouvre l’appli.
Endurance, vivacité, dévouement, créativité… et bien sûr, ne jamais détourner les yeux même lorsque le plaisir monte et que le passion frôle l’interdit...
Putain ! Ce dernier message me fait l’effet d’une décharge d’adrénaline. Elle n’y va pas de main morte, et je ne suis pas prêt à reculer. Je relis ses mots, presque incrédule, mais enflammé. Victoria sait ce qu’elle désire, et je me demande jusqu’où elle veut nous pousser. Je sens mes joues se chauffer.
— Allez, raconte-moi ce qu’elle t’écrit ! Je suis curieuse, moi aussi.
Je secoue la tête, en feignant une profonde concentration.
— Si tu crois que je vais te livrer tous les détails…
Elle éclate de rire et sa voix résonne dans l’habitacle.
— Elle a au moins le don de te rendre joyeux, et ça ce n'est pas rien.
La remarque de ma soeur me va droit au cœur. Elle a raison, Victoria me rend heureux.
Un sourire presque insolent se dessine sur mon visage tandis que je réponds.
Jamais je ne détournerai mon regard de toi. Ni de tes yeux d’ambre... de ta bouche rieuse... de tes courbes sensuelles... de ton corps de rêve... De toute façon, je n’accepte rien de moins que l’excellence. Et je suis prêt à devenir très… compétitif.
Isla se tourne brièvement vers moi à un feu rouge et se penche éhontément sur mon écran. Je réagis en éloignant l'appareil de son expression fouineuse.
— T’es sérieuse là ! Arrête de faire la gamine !
— Compétitif ? Oula, mais de quoi ils parlent vos messages ? glousse-t-elle.
— Occupe-toi de conduire, je rétorque, incapable de m’empêcher de sourire.
— Dis-lui que ta sœur veille au grain et que je m’assure que tu ne flanches pas ! Faut bien que je la prévienne, non ?, commente-t-elle, très satisfaite de m’embarasser.
— T’es vraiment incorrigible !
— Et toi t’es aussi rouge que le tartan de grand père Graham !
Je ricane en roulant des yeux. Dans cette voiture, entouré de la moquerie d’Izy et des promesses de Victoria, je me sens bien.
Mais ma concentration revient aussitôt sur mon téléphone, un nouveau message s’affiche.
Pour quelqu'un d’aussi sûr de lui, n’oublie pas que tu devra tenir la distance… et pas de pauses.
Elle ne compte pas faire les choses à moitié. Excellent, moi non plus. Une lueur de malice dans les yeux, mes doigts tapent presque spontanément.
Bien… je serai ton élève le plus appliqué.
Une seconde passe, puis dix. Je me recale confortablement.
— Vous jouez à quoi tous les deux en vrai ? insiste-t-elle.
Pas besoin d'y aller par quatre chemins.
— Là, tout de suite ? On se chauffe, t’es contente ?
Isla éclate de rire et glisse une mèche rousse derrière son oreille .
— Tant que vous ne terminez pas ça dans ma voiture…
Déjà fait. Je feins de ne pas l’entendre, focalisé sur l’écran, mais ma soeurette capte mon silence et mon air contrit et se fige une fraction de seconde.
— Mais non ? Sérieux ? Merde, mais c’est… c’est...
— C’est quoi ? répliquè-je, amusé. Combien de fois vous êtes resté seuls chez moi avec Antoine ? Et dois-je te rappeler que je vous ai surpris dans les écuries Izy, il n’y a pas si longtemps ? Sur une botte de foin, c'est…
— C’est bon, j'ai rien dit ! me coupe-t-elle.
Ma sœur chérie lève les yeux au ciel en lâchant un soupir exagéré, mais je vois bien qu’elle essaie de se contenir de rire.
— Mais tâche de garder tes exploits hors de ma voiture, c’est compris ?
Je me contente de hausser les épaules, satisfait de ma petite provocation.
— Remarque, au moins, ça doit être ça, l'esprit de famille, s’encanaille-t-elle, les yeux pétillants de malice.
— Faire ça au grand air tu veux dire ?, je ricane. C’est dans nos racines écossaisses.
Je lui fait un cin d’oeil et ma jumelle me sourit, avant de me rouspéter gentiment :
— Ouais, mais je préférerais quand même que tes “traditions” écossaises ne laissent pas de traces dans mon intérieur ?
Je m’esclaffe tandis qu'elle fait mine d'être dégoûtée, mais je connais Izy, elle s’amuse comme une folle.
— Ne t’inquiète pas, je m'assurerai que les seules choses qui restent dans ton SUV soient des souvenirs mémorables.
— Non, tu veilleras surtout à ne pas réiterer l’expérience. Ou alors prends l’utilitaire d’Antoine la prochaine fois. Je te garantis que ça présente des avantages intéressants.
Maintenant, c’est moi qui ai les images en tête et mime l’indignation. Ma soeur rit de plus belle.
— Ok, promis, Les prochaines fois, je choisirai un endroit un peu plus… civilisé.
— En d'autres termes un facile à nettoyer et qui ne soit pas Ma Voiture. Merci.
Je scrute mon écran. Toujours rien.
— Mais, tu sais ce que c’est…, je reprends, espiègle. Quand l'occasion se présente, on ne se pose pas trente-six mille questions…
Isla secoue la tête avant de me donner un léger coup de coude. Son quartier se profile, nous serons arrivés d’une minute à l’autre. L'écran de mon portable s’éclaire enfin. J’ai hâte de lire sa prochaine répartie, prêt à parier sur l'originalité de sa réponse.
Tu as intérêt à être irréprochable. Je n’ai pas l’intention de te ménager.
Je savoure chaque mot et expire profondémént. Mes doigts hésitent un instant avant de répondre, l’excitation encore accroché à mes lèvres.
Parfait. J'aime les défis. Mais souviens-toi que je sais me défendre.
Isla coupe le contact. A travers le pare-brise, je remarque les lumières allumées dans le salon. Antoine est déjà là. Je pose ma main sur la portière pour m’extirper du véhicule mai, l’apparition de la notification met fin à mon élan. Mon cœur s'emballe, le pouce suspendu au-dessus de l'écran.
Désolé. Je dois te laisser. On m'attends pour des photos. Smiley cœur.
Une petite vague de déception m’envahit. J’aurais aimé prolonger notre échange, mais ses obligations professionnelles l’appellent, et je comprends parfaitement. Cela fait partie de son charme, après tout.
Je sors de la voiture, et me cale contre le capot, la fraîcheur du métal me rappelle à l’instant présent.L’adrénaline pulse en moi et je passe ma langue sur mes lèvres, savourant la tension qui s’installe. Une idée aventureuse germe dans mon esprit en ébulition et j'imagine déjà sa réaction, le mélange de surprise et de provocation dans ses yeux.
Ma jumelle m’interpelle.
— J’arrive dans une minute, Izy.
Elle m’observe un instant, l'air soucieux, puis lève les yeux aux ciel sans broncher.
— Comme tu voudras.
Tandis qu'elle se précipité vers l’intérieur et que ses bottes en cuir claquent sur les marches du pérron, je fais courir mes doigts sur mon appareil. Dans un élan d’audace, je tape ma requête avant que mon courage ne se dérobe. Le jeu en vaut la chandelle.
Tu sais que je ne peux pas te laisser partir sans un petit défi final, n'est-ce pas ?
Sa prochaine réponse m’obsède déjà. Une anticipation délicieuse s’installant dans mon ventre.
Je suis partante. Abat tes cartes, Monsieur le Joueur !
Mon cœur bat à tambour battant alors que je me lance.
J’aimerais que tu me fasses une petite faveur… Quand je te rejoindrai de soir... plus de bas. Je te veux nue sous ta robe.
Un silence suspendu suit mon envoi et je peux presque sentir son souffle se couper à travers l’écran. Je visualise son visage se décomposer, ses joues rosir, ses lèvres se plisser en un sourire canaille et ses magnifiques yeux dorées scintiller d’excitation. Ou alors je me plante royalement. Mais la promesse de ce moment me rend fou. Est-ce que son cœur battra aussi vite que le mien, alors que nous serons enfin face à face ?
Challenge accepté.
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