CHAPITRE 16.4 * JAMES

6 minutes de lecture

J.L.C

♪♫ ... ♪♫

Elle n'a pas besoin d'en dire plus que mon cerveau réagit au quart de tour. Une brise chaude glisse sous ma peau. Tout en moi gronde du désir de la satisfaire. Mes doigts effleurent ses hanches, puis les serrent fermement. La matière de son pantalon en velours est légèrement rugueuse et je me désole de ne pas pouvoir sentir directement sa peau soyeuse. Elle se laisse faire quand je la ramène contre moi, sa respiration s’alourdit, comme si elle se préparait à céder.

Son parfum vanillé et floral flotte autour de nous, me frappe comme une onde de volupté. Elle ondule du bassin et, accentuant la pression sur ses flancs; je l’attire encore plus près. Ses paumes se posent délicatement sur mes abdos, puis remontent vers mon buste. Ses ongles courent le long de mon torse, effleurent chaque muscle avec une précision qui me ravit un frisson. Lorsqu'elle rejette ses cheveux en arrière, révélant la courbe de son cou, dans le même mouvement, elle incline sa tête, ses yeux à la lisière du défi et de l’abandon. Tout dans son attitude crie la provocation. Je me penche en avant en creusant ses reins vers moi, cherche la permission de l'embrasser dans la rivière de ses pensées, le miroir doré de son âme joueuse, mais juste au moment où nos bouches allaient se rencontrer, et, sans avertissement, ses mains quittent ma nuque où elles s'étaient calées, descendent le long de mon corps et repoussent la peau de mon ventre en un geste léger, mais décidé. Elle s'écarte, se redresse, ses lèvres frémissent dans un sourire enjôleur qui ne cache qu'à moitié ce qu’elle sait avoir déclenché.

Tout s'arrête. Mon coeur bondit comme un ressort qui se tend trop loin. Je reste là, statufié, mon corps à la fois brûlant de désir et glacé de frustration. Le goût du désir s'éternise encore sur mes papilles, mes poings, suspendus dans le néant, hésitent entre rage et envie. L’air lourd se sature d’une attente qui ne sera pas comblée. Sans mot dire, elle me tourne le dos et pénètre dans sa chambre avec la grâce d'une diablesse. Mais avant de franchir le seuil, elle fait volte face. Le regard qu’elle me lance m’en dit long. Un battement de cils, un rictus mutin, une inflexion sensuelle... elle est impitoyable. Elle vient de doucher mes espoirs, mais je suis pris au piège. Cette tentatrice sait exactement comment m'allumer, et je n'ai d'autre choix que de me prêter au jeu. Une chose est certaine : la passion entre nous est intacte. Je la veux, je la désire et elle aussi.

— Je récupère mon chargeur et j'arrive.

Elle disparaît.

L'heure tourne et je sais bien qu'elle doit partir, mais je ne peux m’empêcher de trouver la situation à la fois exaspérante et... délicieusement frustrante. Ses obligations sont d’un pragmatisme implacable. D’ailleurs, je suis censé moi-même bosser sur le lancement de ma start-up, mais honnêtement ? Je serai prêt à vendre mon âme au diable pour quelques minutes de plus à ses côtés. C’est fou comme la perspective d’un peu de temps avec elle efface toutes mes priorités.

De toute façon, vu l'état d'excitation dans lequel elle me laisse mariner, je doute fort de ma capacité à faire quoi que ce soit de productif. La paperasse ? Elle peut bien attendre. Les prochaines heures, je vais surement les passer à tuer cette tension qui me dévore, évacuer ces fantasmes envahissants et descendre un ou deux verres de whisky pour calmer mon agitation. À moins que... Non, faut vraiment que j'arrête de me faire des films. Elle m’a proposé de déjeuner, pas de transformer les toilettes du resto en terrain de jeu... mais avec elle, les surprises ne manquent jamais.

Allez, James, arrête de penser avec ta queue. Tu sais que vous devez discuter, ça vous aidera à avancer.

Je m’efforce de me concentrer sur ce que je peux faire pour alléger son urgence avec l’intention sincère de lui rendre service plutôt que de rester là à me morfondre, inactif et penaud.


— Tu as besoin d'aide ?

— C’est gentil, merci. Tu pourrais remplir ma gourde avec de l’eau fraîche s'il te plait ? Elle est sur le comptoir, près de la machine à café.

Je hoche la tête et me dirige vers la cuisine. Le thermos est exactement là où elle l’a indiqué. Je le place sous le distributeur du frigo. M'apercevant que le bac est vide, j’entreprends de les remplir au robinet. L'eau s'écoule et je souris en constatant combien il m’est agréable de faire enfin quelque chose pour elle, d'utile. Même après le presque-baiser, cette action si anodine me paraît des plus... intime.


Lorsque je reviens vers elle, Victoria est plongée dans la fouille frénétique de son bureau. À ses sourcils froncés et son air légèrement renfrogné, je devine immédiatement qu’elle est en pleine bataille contre un objet introuvable. C'est... mignon, en fait, cette petite pointe de panique qui surgit sous sa façade habituellement maîtrisée. Tellement elle, jongler entre mille tâches, dans un tourbillon de désorganisation contrôlée, sans jamais vraiment sombrer dans le chaos.

Elle pousse un soupir d'agacement. Sans un mot, je m'approche doucement, la gourde en main. Elle me remercie et me lance un simple regard, qui me fait oublier un instant que je suis ici pour jouer les assistants logistiques. Mais alors, comme un éclair, ses yeux s'arrondissent et elle se fige.

— Je l'ai ! s’exclame-t-elle, triomphante, en délogeant un élégant carnet bleu nuit de sous une pile de papiers.

Ce sourire qu’elle me lance, plein d'enthousiasme, est celui qu’elle réserve à ses petites victoires, et il a ce pouvoir étrange de m’ensorceler.

— Je savais bien qu’il était là quelque part. On peut y aller.

Elle s’approche, son regard étincelant de cette lumière satisfaite, me prend la gourde des mains et avant que je n’aie le temps de comprendre, dans un mouvement furtif, presque imperceptible, elle se hisse sur la pointe des pieds et m'embrasse. C’est à peine un contact, un frôlement si naturel, si spontané, qu’il me bouleverse sans crier gare.

Je suis cloué sur place, sidéré. Elle s’éloigne aussitôt, déjà plongée dans ses pensées, sans le moindre signe de l’effet qu’elle vient de provoquer, comme si de rien n'était. Une étrange léthargie m'envahit. Ce gage d'affection n’était pas calculé, ni même volontaire. C’était un éclat ingénu d'une sincérité déconcertante, une manifestation de ses sentiments qui s’est glissée entre les lignes de son quotidien.

La peau encore marquée par son souffle, le cœur en déroute, les lèvres frémissantes d’une chaleur qui ne s’éteint pas, je me tiens là, ébranlé dans mes certitudes, presque englouti dans une émotion d'amour pur, comme si ce simple baiser, qu'elle n'a pas eu conscience de m'offrir, si léger et pourtant si significatif, avait posé les premières pierres d’une complicité retrouvée, ajouté une nouvelle nuance à la palette qui nous a jadis lié.

Un sentiment de légèreté flotte dans l'air autour de moi, comme un soulagement après l’intensité des dernières heures, une sensation de normalité après avoir franchi une sorte de seuil invisible. Je la suis lorsqu’elle saisit son téléphone sur la table basse et un petit carton posé près du meuble télé. Nous enfilons nos chaussures simultanément : elle ses baskets en toile blanche, confortables et décontractées, et moi mes botines en cuir chocolat, bien trop formelles pou un lundi matin. Nos tenues ne sont absolument pas assorties, mais j'ai l'espoir que nos coeurs si...

En quittant l’appartement, je passe un dernier regard autour de la pièce. Je me rappelle ces soirées où on discutait jusqu’à l’aube, où le monde extérieur semblait disparaître. Ces souvenirs sont des pierres angulaires de notre relation et je m’accroche à eux comme à des promesses de ce que nous pouvons encore construire. Alors qu’elle referme la porte derrière nous, un mélange de nostalgie et d’espoir m’envahit. J’espère de tout mon cœur que je pourrai bientôt remettre les pieds ici, retrouver cette chaleur, cette intimité, et continuer à écrire notre histoire à deux.

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