CHAPITRE 26.1 * VICTORIA
ECLIPSE DE DOUTES ET ABANDON DE SOI
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V.R.S.de.SC
♪♫ BLEEDING OUT — CHANCE PEÑA ♪♫
Les lèvres de James dans mon cou sont un feu ardent qui me fait perdre le nord. Ses mains, autour de ma taille, à la fois délicates et possessives, se transforment en coulées de lave en fusion, m’enserrant, m’emprisonnant dans leur étreinte impitoyable. Chaque geste de sa part fait naître une cascade de désir intense qui m’assiège comme une mer déchaînée. Je me laisse guider, sans résistance, vers l’intérieur de la suite, absorbée par cette fièvre qui embrase tous mes sens, cette urgence inéluctable qui m'envahit, me dépasse. Je le veux. Mon corps, mon cœur et mon esprit le hurlent dans une même et inaltérable clameur.
Cependant, une voix, fragile, mais persistante, murmure dans les méandres de ma conscience : pourquoi tant de précipitation ? On a tout notre temps. Je me force à ralentir ma respiration, à reprendre pied, mets fin à notre baiser et cale ma tête contre son cou. Humant la fragrance suave de sa peau qui m'enivre, je me répète les mêmes mots : James est là. Ici et maintenant. Il ne partira nulle part. Il reste avec toi.
Les battements de mon coeur se stabilisent. Sa présence n’a pas à se consommer dans un éclat de fulgurance. Pour m'arracher à cette urgence brûlante, je ferme les yeux un instant. Mon soleil m'enlace avec une tendresse inattendue, caresse mon dos, peigne mes cheveux. Son torse se soulève à une cadence endiablée : il est autant fébrile que moi. Pourtant, lui aussi cherche à temporiser, je le sens. Ses lèvres effleurent mon front dans un geste qui n’a rien de possessif, mais tout de rassurant. Je réalise, avec une pointe de culpabilité, que c’est moi qui ai voulu accélérer, moi qui ai imposé ce rythme effréné, comme si ce moment pouvait s'étioler si je ne le saisis pas. Mais celui qui m'embrase, lui, reste immobile, son regard ancré dans le mien, patient et confiant.
Pourtant, derrière cet abandon, une autre vision obscurcit notre horizon. James et ses démons, sa dépendance, ses batailles... Mon Dieu, mon cœur s'est brisé en le découvrant là, dans la pénombre du club, perdu dans une détresse bouleversante, sa silhouette presque effacée par les ténèbres. Ici tout de suite, je ne peux m'empêcher de le serrer de toutes mes forces contre moi, comme j'aurais dû le faire là-bas. Rien n'aurait pu me détourner de lui, ni la dureté de ses gestes — pâles témoins de sa vulnérabilité — ni ses paroles glaciales qu'il jetait comme des pierres au fond de mon lac. Quant à ses réticences à ma présence ou la menace d’une réalité qui le broie en silence, elles ploieront sous le souffle d’une tempête que je suis prête à déclencher pour lui.
C’est cette fragilité qui a éveillé en moi une volonté incommensurable de l’aider, le soutenir, d’être celle qui percevrait en lui ce qui échappe aux autres, celle qui saurait voir l’homme au-delà de ses luttes. Je le pensais déjà, mais j’en suis certaine désormais : peu importe les obstacles, je me battrai pour lui, pour nous.
Je me détache de lui et relève la tête. Ses iris bleus, troublés, mais brûlants d’excitation, plongent dans les miens, un frisson traverse mon corps. Mon pouce caresse sa barbe, dans un geste aussi tendre qu’instinctif. Il ferme un instant les paupières, puis incline son visage, presse sa joue contre ma main, comme un fauve en quête d'une chaleur familière.
Je ne peux résister à l’envie d’effleurer ses lèvres du bout des doigts avant d'y aposer à nouveau les miennes avec une douceur infinie. Lorsque nos pupilles se recroisent, je murmure :
— Je reviens... J’ai besoin d'aller aux toilettes.
Je m’écarte, laisse mes doigts glisser le long des siens jusqu’à rompre le contact. Quelques minutes de distance me permettront de rassembler mes pensées, car celles-ci m'inondent par vagues successives depuis qu'on a atteri ici, dans cette suite élégante et intime, dans ce cocon qui accueillera nos soupirs, et je l'espère aussi, notre complicité, nos éclats de rires. Comme avant.
Mes pas me dirigent vers une porte située derrière l’espace salle de bain, qui est, je constate, très bien équipé. Dès que le battant coulisse dans mon dos, je m’y accole, la tête en arrière, paupières closes, et remplit mes poumons avant d'exhaler longuement. L’air de la pièce, plus frais, caresse ma peau en feu, apaisant un instant l’ardeur qui me consume.
J’ai besoin de cette pause, de cet instant volé à l’urgence de nos corps et à l’intensité de ses regards.
Ce soir, me retrouver sur les berges de la Garonne — moi qui les avais scrupuleusement évitées pendant des semaines, les contournant avec une prudence maladive — était... magique. Ce lieu, qui était devenu un terrain miné d'angoisse, une terre brûlée de nostalgie, le rappel constant de sa perte, s'est transformé en une scène où le présent a éclipsé le passé. Y être à nouveau à ses côtés m’a chamboulée ; le souvenir de notre premier baiser, l'innocence de ce moment figé dans mon éternité a éclaté dans ma mémoire comme un orage d'été, chargé de toutes les émotions imaginables : mélancolie et regret, amertume et rancœur, désir torride et espoir ardent.
Mais, ce sont ces paroles, ses confidences, récitées dans la pénombre, qui m'ont ébranlée, émue jusqu'aux larmes. Des déclarations que mon cœur n'a su ignorer. Les aveux qu'il m’a faits, aux affres de son ivresse, ont continué de vibrer en moi tandis que l'homme de mes rêves nous menait précipitamment vers cet hôtel, vers cette suite et, surtout, vers la promesse d’un amour sans retour.
J’ai ressenti son besoin d'être vu et compris, ce qui m'a touché au delà des mots. Après tout ce qu'il a enduré, entendre de sa bouche que je suis celle qui pourrait combler ses manques fait peser sur moi une lourde responsabilité. Sa lutte contre son addiction à la drogue, cette compulsion à chercher refuge dans l'alcool ou le sexe, sa souffrance, sa pénitence, m'inquiètent et me chagrinent. Je ne veux pas qu’il s’autodétruise. Et pourtant, je me demande si j’ai la force de le sauver. En ai-je vraiment la capacité ? Lui, semble en être persuadé. Mais, m'en donnera-t-il seulement le pouvoir ? Si, dans un avenir à deux, la moindre contrariété, le moindre accroc, malentendu ou désaccord devient une brèche où s'engouffrent ses ténèbres, un prétexte de fuite, ou une pente glissante vers ses dépendances alors rien n'est moins certain...
Il a été d’une honnêteté brute qui m'a transpercé, osant dévoiler ses abus, son rapport complexe au plaisir. Mais une question persiste, m’oppresse : notre passion peut-elle effectivement annihiler ses démons et non les exacerber ? James est tout feu, tout flamme, et il lui faut quelqu’un pour panser ses brûlures, pour canaliser cet incendie interne. Une union où l’équilibre prime, une relation dépourvue de chaos, riche de sens. Un havre de paix où règnent sérénité et harmonie. Une base solide pour avancer et le garder éloigner de la tentation.
Pourtant, même si je peux me targuer d’être quelqu’un de relativement sain, je ne suis pas exempte de tempêtes. Mon caractère, tout comme ma mer intérieure, cache non moins des volcans prêts à entrer en éruption. Alors, à quel point ma propre chaleur pourra-t-elle combattre la sienne sans tout consumer sur son passage ?
Et surtout, pourrais-je être vraiment moi-même ? Entièrement, sans masque ni compromis ? Car cette version apaisée qu’il semble espérer, cet îlot de calme où il désire s’amarrer, n’est qu’une facette de mon être. En voudra-t-il encore lorsque mes tourments jailliront, lorsque mes propres failles se dévoileront ? Ou sa quête de réconfort fera-t-elle de moi une terre trop instable pour pacifier ses séismes ?
Mon Dieu, vais-je, dans un élan d’aveuglement, me retrouver prise au piège, noyée dans une relation qui se nourrit de la douleur ? Il redoute cette impasse autant que moi, et je ne peux prétendre minimiser mes réserves, même si je le voudrais. Ce soir n'en ai-je pas eu la preuve ?
Lorsque je l'ai vu croupir sous le poids de sa détresse, j'ai hésité, un quart de seconde, à aller vers lui. Non pas par indifférence ou par ignorance de son besoin, mais par lâcheté. Parce que, pour un moment, j’aurais voulu que ce ne soit pas lui. Que son fardeau ne nous touche pas. Que son addiction ne devienne pas ma croix à porter. J’ai souhaité fuir cette image de lui, vulnérable et brisé. Elle désorganisait tout ce que je croyais sur notre force, sur ce qu'on était censés représenter ensemble. Ce n’était pas un manque d’amour, mais l’effroi de voir tout ce que j’admire en lui chanceler, d'imaginer ses failles réveiller les miennes. Ses blessures, brusquement palpables, menaçaient l’idéal que je m’étais construit : lui et moi, notre idylle parfaite, sans ombres. Une chimère du passé, désormais, mais un mirage auquel je refuse encore de renoncer. C'était une peur égoïste, oui, mais humaine, non ?
Je rouvre les yeux, fixe le sol carrelé sous mes pieds et passe mes mains sur mon visage. J'exhale longuement pour essayer de purger la pression dans ma tête.
Lorsque, dans une confession empreinte de désespoir, il a évoqué l’idée d’un grand Amour entre nous, je n’ai pu que ressentir sa sincérité, comme une onde qui a traversé mon être. J’ai fondu, littéralement, à l’instant où il m’a dit qu’il m’appartenait depuis le premier jour… Mais moi ? Suis-je prête à lui offrir cette certitude ? À m’abandonner à lui de cette manière, à lui confier mon âme ? L’amour qu’il me porte est indéniable. Prématuré aussi ? Insensé, non ? Dois-je l'accepter ? M'y perdre ? M'y trouver ?
En même temps, faire abstraction de notre connexion serait absurde. Purement vain. Chaque instant passé à ses côtés depuis notre première rencontre a été un tourbillon, un mélange de lumière et d’ombre, une intensité rare qui met à nu tout ce que nous sommes, dans notre grandeur comme dans notre faillibilité. Le meilleur et le pire se sont entremêlés en une danse effervescente. Ce lien entre nous a tracé un chemin que je meurs d'emprunter. Il n'est ni parfait ni linéaire, mais il est nôtre, et chaque pas, aussi incertain soit-il, m’attire inévitablement. C’est une évidence, un fait brutal que je ne peux nier.
Je finis par me redresser, le menton relevé, déterminée à reprendre le contrôle. Sauf que mon cerveau, fidèle à lui-même, préfère jouer les pyromanes plutôt que d’étouffer l’incendie. Mais est-ce seulement possible d'éteindre la flamme que James fait naître en moi ? Je ne crois pas, non.
Inspire, expire, Victoria. Tu tiens bon. Un souffle à la fois. Profite du moment présent. Oublie tes inhibitions !
Mais, bon, pour ça, faudrait que je m’envoie un mètre de bière, termine carpette, mes neurones en mode veille et ma batterie interne à plat. Le gros dodo à côté de James, ça ne me branche pas du tout. Après tous ces mois à me contenir, à vivre à distance, sans me repaître de lui, mes objectifs de la soirée sont radicaux : un corps à corps, une étreinte qui fait taire tout le reste, des sensations qui dispersent ma raison aux quatre nord. De l’intensité. De la fusion. Du plaisir. Pas de demi-mesure. Pas un sommeil comateux. Et je ne suis pas sûre que James se contente d’un câlin tout mignon… Pas après tout ce temps.
Après m'être occupée rapidement, je quitte la cabine et gagne le lavabo situé dans la salle de bain ouverte, au cœur de la suite. L’eau fraîche qui glisse sur mes poignets me procure un contentement bienvenu, dissipant un peu la fièvre qui pulse toujours sous ma peau. J’hésite un instant, puis laisse quelques gouttes s’écraser sur mon front, ma gorge et ma nuque. Ce contact glacé contraste avec l’ardeur qui m’habite, mais me soulage néanmoins.
Face au grand miroir, je relève doucement la tête. Mon reflet m’accueille, encore marqué par l’effervescence de nos emportements. Mes joues légèrement rosées, ma chevelure un brin en désordre, mes lèvres pleines de promesses non tenues. Mais ce n’est pas mon image qui me capte. C'est la sienne.
À travers la glace, je l’aperçois, à demi avachi dans un fauteuil près de la fenêtre, un poing négligemment posée sur l’accoudoir, l'autre sur sa cuisse, tel un prédateur en veille. Avec sa barbe de trois jours, ses tatouages tribaux qui serpentent le long de son bras et ses cheveux mi-longs rejetés en arrière, il a l’air d’un viking moderne, suspendu dans l’instant comme une bête prête à fondre sur sa proie. Il m'a toujours fait penser à un lion, agile et implacable.
Ses yeux, d’un bleu marmoréen pourtant brûlant, sont rivés sur moi, passant au crible chaque détail de mon anatomie, chaque mouvement de mes mains, occupées à éponger délicatement mon buste, avec la serviette en coton que j'ai attrapée dans un petit panier en osier. Il n’y a dans son regard ni impatience ni reproche. Juste cette intensité qui me coupe le souffle, cette façon de me contempler comme si j’étais à la fois un mystère à résoudre et une vérité qu’il attendait depuis toujours.
Mon cœur reprend sa cavalcade, envoyant sur les roses les quelques minutes d'apaisement que je venais de m'accorder. Cet homme ne me laisse aucun répit. Je détourne les yeux pour me concentrer sur mes gestes, essuyant doucement les gouttes sur ma peau. Mais je sais qu’il ne m’a pas quittée du regard, vu le frisson qui serpente le long de ma colonne vertébrale.
Il murmure alors, d’une voix basse mais suffisamment claire pour me parvenir :
— Tu es magnifique, Vi.
Je me liquéfie... comment ne pas succomber, bon sang...
Quelques minutes plus tôt, je l'ai presque supplié de me faire sienne sans retenue, là, contre le mur, tandis que j’étais sous l’emprise d’un feu ardent, impatiente et très proche de la déraison. Non, soyons honnêtes : j’étais carrément à deux doigts de dérailler. Ce même élan sauvage m'avait presque emportée lorsqu'on était encore au beau milieu de la rue. Mon esprit, en brave petit soldat, oscillait à la frontière de l’interdit et avait eu tout le mal du monde à prendre l'ascendant sur mes pulsions primaires.
Non, mais qu'est-ce que je raconte !? C'est James qui m'a freiné ! Alors que c'est lui qui est sous l'influence de l'alcool et encore lui qui a fait preuve de self-control dans la galerie de l'hôtel il y a cinq minutes ! J'étais prête à... à... Merde, Vic ! T'étais franchement prête à te mettre à genoux pour lui !
La tentation était si grande que j’ai effleuré du doigt la décadence, flirté dangereusement avec la transgression. Faire l’amour sur un lieu public, au vu et au su de tous, mais dans quel délire je croyais m'embarquer ? Et ma dignité dans tout ça ? Aux oubliettes. J'en tremble encore. Ai-je perdu toute maîtrise de moi-même ? Aurais-je réellement pu aller jusqu'à me livrer sans pudeur, sans limites ?
La réponse est oui. Oui, et je ne l'aurais pas regretté. Mais ce souvenir me confronte à ma propre impuissance, me fait entrevoir à quel point je suis à découvert dans cette relation. Cet homme exceptionnel, dont le regard bleu m'hypnotise, me désarme, me met à nu sans même essayer. Et malgré tout, je le veux. Je veux cet abandon total.
Alors que je lutte contre le tumulte de mes pensées, James se lève, s’approche lentement, et se poste juste derrière moi. Sa chaleur irradie contre mon dos, et son haleine tiède effleure mon oreille. Un frisson me parcourt, mais je ne bouge pas. Son attention est toujours braquée sur moi.
D’une voix rauque, il commente :
— Tu cogites trop Victoria...
Comment fait-il pour lire en moi comme dans un livre ouvert ? Sa remarque m’agace presque.
— Regarde-nous.
Il glisse son bras sur mon ventre et me tire doucement vers lui, sans une once de violence, juste une insistance calme et déterminée. Son corps se presse contre le mien, et je peux sentir chaque muscle, chaque respiration qu’il prend. Je sais qu'il est aussi à bout de souffle que moi. Sa paume se pose sur le haut de ma poitrine, rampe vers ma gorge.
— T’as toujours voulu tout garder sous contrôle, Vi... , chuchote-t-il. C’est si compliqué, pour toi, mo chridhe, de baisser la garde ?
Oh... si seulement je pouvais lui expliquer... Si seulement il savait... Mais je me suis juré d'oublier, sinon, jamais je n'aurais pu avancer...
Les lèvres de mon amant viennent papillonner dans mon cou et je laisse un soupir m'échapper.
Au fond de moi, ce lâcher-prise, c’est ce à quoi j’aspire depuis longtemps. Capituler, me perdre dans les bras de quelqu'un au point de lui déléguer la barre avec une foi aveugle, comme un navire cède ses voiles au vent, sans résister. Me laisser emporter vers des horizons inconnus, sans craindre de sombrer. Dans mes expériences passées, je n'ai fait qu'effleurer du bout du doigt ce degré d’intimité. Ce que je désire vraiment, c’est cette immersion intégrale dans la confiance et être guidée par une promesse de sécurité.
Je me laisse bercer par ses bras et ferme les yeux, mon tête calée contre son épaule. Sa paume fait des va-et-vient sur ma peau, avec délicatesse, dévotion.
Depuis que j'ai rencontré James, quelque chose a changé. Un besoin de répit, de desserrer cette vigilance constante qui m’accompagne depuis toujours. À l'époque, j'ai senti que je pourrais enfin m'autoriser à relâcher la pression. Pourtant, ça me terrifie. Je ne sais pas comment faire autrement. Le contrôle, c’est ce qui m’a permis de garder la tête hors de l’eau, d'éviter les écueils, de ne jamais me perdre dans les méandres des émotions. Et là, face à lui, tout semble différent.
Mais puis-je réellement me laisser aller depuis que je connais la vérité sur ses propres failles ? James ne peut m'offrir la sécurité affective que j'envisage car lui-même est empêtré jusqu'au cou dans les turbulences de son existence. Dieu, je tourne en rond. Cette lutte entre passion et raison me tiraille. Alors que mon désir pour lui flamboie, ma soif de maîtrise met le feu aux poudres. Je cours derrière ce don de soi, mais la précarité que ça implique me paralyse.
Je mordille ma lèvre inférieure. Une frustration sourde, presque physique, envahit ma gorge, mais je n’arrive pas à la dissiper. Une sensation d’étouffement. Mes dents se serrent plus fort, j'ai envie de crier. Une larme glisse déjà sur ma joue. Je l'écarte d'un revers de la main impétueux. Ce n'est pas le moment de m'apitoyer, ni de me montrer faible. Je dois rester solide, pour lui, lui prouver que je peux tenir bon. Il compte sur moi, et je ne mentais nullement quand je lui ai avoué que j’ai besoin de lui aussi.
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