CHAPITRE 27.5 * JAMES
ATTENTION PASSAGE EROTIQUE
J.L.C
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Le bonheur qui m’envahit est indescriptible. Son regard posé sur moi, son sourire qui éclaire l’obscurité de ma vie, la chaleur de son corps contre le mien… Tout en elle me chamboule, comme si chaque geste, chaque souffle, chaque mouvement avait le pouvoir de détruire et de reconstruire mon monde. Mais alors que je savoure ce moment, une autre réalité se fraye un chemin, aussi brutale qu’un coup de poing.
L’idée de la perdre me glace les os. Je ne veux pas qu’elle m’abandonne. Non, je ne pourrais pas le supporter, je finirais par m’éteindre. Et je ne parle pas de manière métaphorique, je suis sérieux. Cette pensée s'infiltre dans mon esprit comme une ombre sournoise. J'en suffoque presque.
Si le destin me sépare d’elle, je sais que je n’aurai plus de raison de respirer. Ces souvenirs de nuits sans fin où la drogue m’enlaçait comme une amante dévastatrice… Ils sont là, tout près, prêts à m'engloutir à nouveau. La solitude me terrifie. L’absence de sa lumière, de sa présence, m’aspirerait dans un abîme de noirceur où je n’aurais plus aucun repère. La sempiternelle spirale de débauche et au bout une putain d'overdose !
Chaque battement de son cœur contre le mien me rappelle à quel point je suis chanceux de l'avoir à mes côtés, mais la peur est une vipère qui instille dans mes entrailles le poison de l'abandon. Un frisson glacé parcourt mes veines échauffées, m'arrache à ma torpeur. C’est comme si tout ce qui me fait encore tenir debout était suspendu à ce fragile équilibre, et que, si elle s’éloignait ne serait-ce qu’un instant, tout pourrait se briser.
Et comme si ça n’était pas assez, voilà qu’une autre douleur me taraude.
Cette putain d’érection me brûle, transformant le désir en une souffrance qui ne faiblit pas. La sensation de son corps contre le mien est certes délicieuse, mais accablante. Elle me rend fou d’envie, mais chaque frôlement de sa peau ne fait qu’alimenter ce besoin irrépressible de… de quoi ? De relâchement. J’essaie de me concentrer sur son visage, de me perdre dans la magie de notre échange, mais tout ça devient secondaire. Ma conscience est progressivement envahie par cette tension insistante qui refuse de se calmer.
Je prends une profonde inspiration, mon esprit frénétiquement en quête de quelque chose d’autre que ce tourment. Le lien que nous unit, la tendresse entre nous, cette chaleur, tout ça est censé être plus fort que cette pulsion. Sauf que la réalité de mon état physique me le rappelle impitoyablement : le plaisir a ses limites, et ma patience aussi.
Les possibilités défilent dans ma tête, allant de la plus tentante à la plus probable.
Je pourrais éveiller Victoria à mon désir. Elle serait partante, elle me l’a proposé. Mais non, je ne veux pas qu’elle pense que je ne peux pas me contenter de ce qu'elle m'a donné. Ce serait presque comme brisé sa confiance, pas vrai ? Putain, je passerais pour un animal en rut qui ne sait pas se maitriser. Quelle image détestable.
Me concentrer. Inspirer. Respirer. Qui crois-je convaincre là ? Bon sang, c’est si futile. Et merde, Victoria gesticule contre moi… Ses seins contre mon torse, sa chaleur intime qui se frotte contre ma cuisse, cette douce poussée de sa jambe sur la mienne. Son souffle, à chaque mouvement, me fait frissonner et m’embrase un peu plus. C’est bien au-dessus de mes forces.
Non, je devrais sans doute m’éclipser, m'enfermer dans les toilettes, soulager cette pression avec ma putain de main. Je ricane intérieurement : ce serait tout aussi ridicule, quoique foutrement nécessaire, et surtout plus discret. En fait, non, dans la mesure où la salle de bain est ouverte...
Qu’est-ce qu’elle penserait si je disparaissais comme ça ? Ça pourrait tout changer, entacher la magie du moment. Pourtant, on dirait bien que c'est la seule échappatoire à mon tourment. Bon sang, qu’est-ce que j’aimerais la soulever là, tout de suite, pour la poser sur ma queue et la laisser me chevaucher. Ou la renverser sous moi et m’enfoncer une bonne fois pour toutes en elle. Malgré moi, je la serre un peu plus fort et elle soupire et je... Je dois reprendre le contrôle.
Vu mon état, ce serait probablement une question de minutes, non, de secondes avant que j’éjacule comme un ado. Faut pas que ça arrive, putain. Non. Pas après tout ça, pas après tout ce que j’ai promis. Si je dois tenir, alors je tiendrai. Marathon, pas sprint. Mais la pression est tellement intense que... Pourquoi elle doit être aussi parfaite ? Pourquoi elle doit m’enflammer à ce point ?
D’autant plus que, sans capote, nos corps fusionneraient complètement... Rien que de l'imaginer, ma verge trépigne d’excitation. La garce, elle sautille sur mon bas-ventre, exigeante, insolente. Je pris pour que Vi ne s'en rende pas compte. Saloperie de désir. Faut que j’arrête de penser avec ma bite. Je serre les dents.
J’essaye de me concentrer, mais je suis foutu, c’est comme retenir un torrent à mains nues. Chaque parcelle de mon être réclame un relâchement, une évasion. À ce stade, même un frôlement de sa part me délivrerait. Bordel ! C'est bien ce qui a failli se passer tout à l'heure quand sa paume m'a effleuré ! J'ai cru que j'allais chuté d'un gratte-ciel !
Pourquoi la honte me submerge ainsi ? Pourquoi me torturer de la sorte ? M'astiquer devant elle... serait-ce si terrible ? Avec une autre, je n'aurais pas eu cette pudeur. Mais... Victoria n’est pas une autre. Je ne sais pas comment elle le prendrait Mal, je suppose… Ou peut-être pas. Peut-être qu’elle comprendrait. Surtout qu'elle m'a proposé de... de quoi au juste ? De lui faire l'amour, oui. De me... me... branler. Putain, elle peut pas juste s'endormir celle-là ! Pas Victoria. Ma satanée érection !
Mes pensées s’emballent dans un tourbillon cruel. Mais avant que je ne puisse prendre une décision, que je ne puisse réagir une bonne fois pour toutes, je sens un frisson parcourir Victoria. La chair de poule est visible sur son avant-bras. Elle se presse un peu plus contre moi, à la recherche d’un réconfort instinctif, de la chaleur de mon corps.
— Tu as froid ? je l’interroge doucement.
Elle relève la tête, et nos regards se croisent. Ses paupières sont lourdes, comme si elle s'apprêtait à sombrer dans un sommeil léger, ou peut-être juste à se laisser aller dans une bulle de répit. Mais je vois au fond de ses yeux qu’elle est encore là, présente, un peu perdue dans l’après, mais bien là, avec moi.
Je dépose un léger baiser sur son front, comme pour sceller ce lien fragile entre nous. Sa réponse est un murmure à peine plus fort qu’un souffle, une confession qui se perd dans l’intimité de la pièce :
— Oui… juste un peu.
Je caresse doucement son bras, son épaule, cherchant à la réchauffer. Sa peau est froide, comme si la chaleur de nos corps entrelacés avait déjà fui. Et c’est étrange, mais je sens cette sensation m’envahir à son tour, maintenant que l’euphorie de notre étreinte s'est dissipée.
— On ferait mieux de se glisser sous la couette, je propose d'une voix un peu rauque. On sera mieux plus au chaud.
Elle hoche la tête, un petit sourire s’esquissant sur ses lèvres, mais il est furtif, presque timide. Puis, après un instant de flottement, elle ajoute :
— Bonne idée. Je vais d'abord… aller aux toilettes.
Je la regarde, silencieux. Éprouve-t-elle le besoin de s'isoler ? De fuir ? Je chasse cette pensée d'un revers de la main mental.
Elle se détache de moi avec lenteur, comme si elle craignait de rompre le contact. La distance naissante entre nos corps me laisse une sensation de vide, un manque qui se creuse au fond de moi. Elle se relève, mais avant de s’éloigner complètement, elle attrape le plaid qui git en travers du lit. Elle le tire pour couvrir sa nudité avec une pudeur presque instinctive. Ce geste me fait sourire. Il est à la fois attendrissant et troublant. Quelque chose me désarme toutefois, une forme de fragilité dont elle n'a pas fait montre auparavant. Elle ne s’est jamais préoccupée de cacher sa silhouette devant moi, bien au contraire. Alors pourquoi ce besoin de dissimuler sa peau, ce soir ? Pourquoi cette retenue ?
L’inquiétude me traverse. Est-ce qu’elle regrette quelque chose ? Ou bien est-ce simplement la fatigue, le froid ? La question me tracasse, et je me retrouve suspendu à ses mouvements, cherchant des réponses dans la moindre de ses actions.
Je reste afalé sur le matelas, immobile, à la regarder gagner les WC situés au delà de la baignoire en marbre gris. Le crissement de la porte qui se ferme derrière elle me ramène à cette solitude qui m'oppresse.
Je me redresse légèrement, essayant de trouver une position plus confortable, une alternative qui pourrait atténuer cette maudite raideur. Mes doigts glissent d’urgence vers mon entrejambe, pour tenter de faire pression sur ma hampe. Je serre un peu, pour forcer la douleur à disparaître, mais ça ne la rend que plus présente. Je tire doucement dessus, coulisse mon poing, une fois, deux, trois. Ça aide… un peu. Juste assez pour retrouver un semblant de contrôle. Mes pensées continuent de dériver au fil de l'extase, mais je parviens à calmer ce besoin brûlant, ou du moins à l'étouffer. Le désir refuse de mourir.
Je soupire, m'étale et ferme les paupières. Ma main continue ses va-et-vient sournoisement. Je m'en veux, putain... Visualiser autre chose, n’importe quoi. Mais rien n'y fait. Victoria va ressortir d’une seconde à l'autre et la revoir ne fera qu’alimenter cette tension, cette lutte intérieure qui me déchire. Merde ! Je fixe le plafond, mes muscles bandés comme des cordes prêtes à rompre. Bordel, pourquoi c’est si compliqué ? Pourquoi ce putain de désir doit-il me bouffer ainsi, alors que tout ce que je souhaite, c’est être à la hauteur de ce moment, de cette femme ?
Foutu pour foutu, autant y aller ! Trop tard...
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