CHAPITRE 28.6 * JAMES
J.L.C
♪♫ ... ♪♫
Alors que je me repositionne entre ses cuisses et que ses jambes s'enroulent autour de moi, je perçois la tension sur ses traits, un signal silencieux qui révèle un inconfort, une gêne. C’est trop pour elle. Si la douleur prend le pas sur son plaisir, il est impératif que je réagisse. Ma volonté dévorante de la préserver, de m'assurer qu'elle se sente en osmose avec mes propres sensations prévaut.
Je l'interpelle doucement :
— Si tu veux qu’on s’arrête...
— Non, me coupe-t-elle aussitôt.
— Tu es sûre ?
— Oui. C'est juste que je... J'ai l'impression que mon cœur va exploser.
Elle me sourit affectueusement en passant ses bras autour de mon cou pour m'attirer vers elle. Je me laisse faire, mon visage frôlant le sien, nos bouches à quelques millimètres à peine. L’air entre nous se fait plus lourd, plus intime. Je m’accoude au matelas, effleure ses cheveux avec une tendresse qui contraste avec le tourbillon de désirs qui me secoue.
Nos souffles se mêlent. Elle ferme les yeux un instant, s'agite sous moi, comme si elle s'efforçait de trouver une position plus confortable. Ma queue toujours en elle palpite sous la friction. J’ose lui demander :
— Est-ce que je suis trop... violent avec toi ?
— Tu sais bien que non.
Ses doigts papillonnent dans mes mèches, elle se mordille les lèvres, signe qu'elle a quelque chose qui la chiffonne.
— Tu es... très... performant, ce soir, murmure-t-elle.
Je suis pris de court. Mon esprit s'accroche à ses paroles, cherche à décrypter leurs nuances : est-ce un compliment ou un reproche ?
— Tu veux dire que... je te fais peur ? soufflé-je, une pointe d'inquiétude perçant dans ma voix.
Elle secoue la tête lentement, mais son sourire s'élargit, cette fois plus affirmé presque triomphant.
— Pas du tout. J'ai déjà eu le plaisir de coucher avec vous, Monsieur. J'avoue que ce n'est pas de tout repos, mais, aujourd'hui, tu as l'air... infatigable.
Son ton est à la fois admiratif et amusé, mais il y a aussi de l'étonnement, si je ne m'abuse.
D'expérience, je sais que l'alcool a sur moi un effet anesthésiant et entraîne une diminution de mes sensibilités. Il en allait de même avec la drogue. Je n'ai jamais fait l'amour à Victoria sous l'emprise de ses substances. D'ailleurs, ça n'arrivera jamais. Mais le whisky qui coule encore dans mes veines a probablement altéré mes sensations, les décalant au-delà de mes limites. Voilà sans conteste la clé de ma surprenante endurance ce soir. Même si une autre raison, bien plus profonde et instinctive, traduit tout aussi bien ma vigueur inhabituelle : le désir de combler la déesse entre mes bras jusqu'au lever du jour s'il le faut.
Privé de son contact depuis des mois, mon corps s'est transformé en un instrument dévoué à la reconquête de chaque seconde perdue, se lançant dans un marathon de passion brut et impérieux. Le manque d'elle se libère enfin, poussé par une faim viscérale, une soif insatiable, une ardeur primitive et une énergie à toute épreuve.
— Tu te rappelles la nuit qui a suivi notre tournée des bars cet été ?
Elle fronce les sourcils une seconde, intriguée, avant qu’un sourire éblouissant n'éclaire son visage.
— Oh, oui, souffle-t-elle, un rire dans la voix, tout en se tortillant contre moi pour appuyer ses mots. Tu avais tenu une éternité ce soir-là aussi. Peut-être que tu devrais boire plus souvent.
Sa remarque me déclenche un éclat de joie. J'abaisse ma bouche vers sa mâchoire pour la mordiller gentiment.
— J'ai ingurgité plus d'un litre de Lochranach, mo graidh. Si ça se trouve, c’est pas moi qui fais tout le boulot, c’est le whisky !
Non, c'est faux : c'est pas l’alcool qui me pousse, c’est juste elle qui a ce pouvoir. Elle devrait être illégale, tiens. Un cru d'exception remisé dans une cave secrète, à l'abri des autres, pour mon seul plaisir. Putain, James, on dirait le discours d’un toxicomane en réhabilitation. Ouais, en somme, ma réalité...
— Ça m'apprendra à m'amouracher d'un Écossais, me lance-t-elle, espiègle.
Mon pouce caresse sa tempe, puis mes lèvres frôlent son front, comme pour sceller mes mots d’une promesse silencieuse.
— Et je ne te laisserai pas le regretter.
Elle emprisonne mes joues avec ses paumes délicates, puis me capture dans un baiser langoureux, sa langue chaude et invitante. Je réponds à sa sollicitation avec entrain, m’abandonnant un instant, avant de lui voler un bisou plus badin, comme pour lui faire entendre que j’ai toujours l’avantage.
Mais en l’espace de quelques secondes, je réalise à quel point je suis à côté de la plaque. Avantage, mon oeil ! Ses doigts quittent mon visage pour attérir sur mes hanches, et alors qu’elle esquisse un sourire en coin, ses mains glissent fermement vers mes fesses, les pressant avec une malice qui me rappelle brutalement que c’est elle qui est aux commandes.
— Tu n'as pas encore mérité ton repos, soldat. Je veux voir si la légende des hommes du Nord est vraie.
Ma fierté se gonfle. Cette femme me donne l'impression d'être le roi du monde. Et là, comme si mes muscles avaient soudainement repris vie, j'enclenche un léger va-et-vient qui nous arrache des râles à tous les deux. C’est fou comme ma confiance en moi peut se réveiller en un instant... Si ça continue, je vais commencer à penser que j'ai des pouvoirs surnaturels.
— Je n'ai pas prévu de te décevoir, mo chridhe, je la taquine. Mon programme c'est plutôt de t'entendre crier...
Elle glousse et me pince. Mais un petit cri lui échappe bel et bien quand je fais rouler mes hanches dans un angle différent, frappant ce point exquis qui l'a fait vibré. Mission accomplie.
— Mais...
Je marque une pause, stoppe mon élan. Je devine aisément la fatigue qui s’est installée dans ses mouvements. Tout comme ses soupirs étendus, ses paupières alourdies, son intonation au ralenti trahissent son relâchement. Elle est belle, même au bord de l'épuisement, et cette vulnérabilité la rend encore plus attirante. Je la regarde, attentif à chaque détail. Chaque minute avec elle est un précieux cadeau que je ne suis pas prêt à gâcher.
— Si tu n'as plus envie, je comprendrais.
La tendresse dans ma voix est un appel, un respect de ses limites.
— Tu n'as pas fini de m'impressionner ce soir, James, murmure-t-elle, avant de verrouiller ses chevilles dans mon dos.
Son enthousiasme me galvanise. Mais une idée trotte dans ma tête.
— En parlant de légende, j'en connais une autre... celle des Amazones. Des femmes qui aimaient prendre les rênes.
D'un mouvement souple, je nous bascule pour qu’elle se retrouve au-dessus de moi, et je la contemple alors qu'elle se redresse, ses paumes à plat sur mes abdos, ses yeux brûlants d'une détermination nouvelle.
— En amazone, hein ? minaude-t-elle, en mordillant sa lèvre. Si c'est une invitation... Ça veut dire que tu es prêt à m'obéir maintenant ?
— Je préfère négocier... mais je suis ouvert aux démonstrations.
Ses doigts serpentent sur mon épiderme avec une légèreté enivrante.
— Tu sais que c'est toi qui prends un sacré risque, là ?
— Risque calculé. Et crois-moi, j’ai toujours été très bon en maths. Moi, je dirais que c’est la meilleure décision de ma soirée. Mais si tu pouvais arrêter de me faire languir, je te serais éternellement reconnaissant.
D’un geste assuré, elle attrape mes mains et les ancre fermement à ses hanches, son regard rivé au mien.
— Moi, je suis une littéraire, James. Et j'attends de toi que tu lises entre mes lignes, lâche-t-elle avant de s’enhardir dans une contorsion qui me laisse sans voix.
Si son langage corporel est une métaphore, alors je suis déjà un livre ouvert, et il me semble que ma réponse est bien plus urgente que prévu. Ma queue vient de frôler l’extase, prête à éclater sous la pression.
— Mais si tu préfères les chiffres, alors dis-moi, combien de minutes avant que tu n’arrêtes de compter ?
Elle frotte ses replis intimes contre ma verge dressée tout en caressant mon torse du bout des doigts. Puis, elle saisit à nouveau l'une de mes mains, et, tout en continuant à gesticuler contre moi, porte mon index à sa bouche. Elle le suçote paresseusement, ses yeux fixant les miens, avant de glisser sa paume vers un autre terrain d’exploration : son sein.
C'est d'un regard qu'elle m'invite à la suivre. Je saisis puis malaxe ses magnifiques globes dorés qui me narguent fièrement. Elle se penche en avant, assez pour que je puisse lécher ses mamelons avant de les mordiller. Sa poitrine est un sanctuaire de volupté.
Soudain, elle attrape ma queue et s'empale dessus avec lenteur, avant de se redresser droite et fière. Ses iris cuivrés s'écarquillent puis s'étrécissent juste avant que mon amazone se mette à onduler des hanches, son bassin remuant avec une sensualité irrésistible.
Dans cette position, Victoria maîtrise le tempo. Sa silhouette m'envoûte : je suis captivé par la fluidité de ses gestes, par cette énergie qu'elle déploie avec une telle aisance, et la manière dont elle prend possession de l'instant. Je m'accroche à sa vision, mon esprit se noyant dans les mouvements de son corps.
Son visage, à la fois concentré et empli de désir, est illuminé par la passion. Ses cheveux tombent en cascade sur ses épaules. Son ventre se contracte à chaque oscillation. Sa peau chaude et lisse scintille sous la lueur tamisée. Ses seins rebondissent, libres et allègres. L'attraction magnétique qu'elle exerce sur moi est incommensurable. Ses bras tendus la soutiennent avec une grâce inouïe, tantôt sur mon torse ou mon abdomen, tantôt ma cuisse derrière elle. Elle me transporte, elle me guide, et chaque seconde me paraît suspendue.
Lorsqu'elle intensifie la cadence, et que ses va-et-vient ébranlent mes sens, je perds la notion de temps et d'espace. Son front se pose sur le mien dans un souffle et ses paumes encadrent mon visage. Elle nous immerge dans cette transe, ses gémissements se mêlant à l'écho de nos chairs qui font crisser les draps.
Elle me permet de la rejoindre et mes reins se soulèvent, portés par un désir brûlant, se révoltent, se heurtent contre elle avec une urgence animale. Mon cœur bat à tout rompre. L’extase monte, aussi palpable que l’énergie qui circule entre nous, avant d’atteindre un sommet vertigineux. Chaque spasme, murmure, soupirs, témoignent que notre état de grâce est à portée de main. Je veux la voir, sentir tout son corps contre le mien quand on se perdra complètement l'un dans l'autre. Elle laisse échapper un cri étouffé et capte mon regard. Ses yeux affolés m'informent que l'heure est venue.
Victoria m'appelle et je comprends tout de suite. Elle est prête.
Je la repousse sur le dos, reviens entre ses cuisses, l’attire contre moi et l'invite à passer ses bras autour de mon cou. Elle s’arcboute plus fort en calant ses jambes contre mes flancs tandis que je sème des baisers enfiévrés le long de son épaule, de sa gorge de sa mâchoire. Je m'empare de sa bouche, chatouille sa langue de la mienne, happe ses feulements lorsque je me mets à la pilonner plus vite, plus fort. Je lâche tout, ouvre toutes les valves, fais péter tous les rivets. Mon regard est arrimé au sien au moment exact où ma jouissance déferle et où je me déverse en elle dans un dernier à-coup.
C’est mon nom que j’entends lorsque l’orgasme raidit mes membres. C’est son nom que je murmure quand elle flanche à son tour en suivant.
Mon corps encore tremblant s'alangui, nos souffles saccadés se mêlent. L’étincelle dans ses yeux m’indique à quel point elle est émue et comblée. Je dépose un long baiser sur ses lèvres pulpeuses, puis je caresse son visage et écarte les mèches collées par la transpiration.
Je me perds dans ses iris d’ambre, cherchant les mots justes qui pourraient capturer l'intensité de notre étreinte. Je pense à tout ce que nous avons traversé, aux rires d'hier, aux larmes d'aujourd'hui, et à la façon dont cette femme exceptionnelle a illuminé ma vie.
Je voudrais lui dire à quel point je l'aime. Encore. J'hésite, mes doigts errant tendrement dans ses cheveux. Les formules se bousculent dans ma tête, mais je les garde pour moi, paralysé par la peur de briser la magie de l'instant. Alors, je lui souris, espérant au moins lui faire comprendre sans ambages à quel point elle me rend heureux.
Mais déjà, l’idée de quitter son giron, de laisser s’échapper cette proximité des corps et des cœurs assombrit notre embrasement. Désirant à tout prix prolonger notre passion et cette connexion époustouflante, je reste immobile, m'accrochant à cet instant hors du temps.
Je lui ai fait l'amour.
Elle me l'a restituée au centuple.
Elle semble épanouie, amoureuse. En tout cas, je me cramponne à ce doux songe.
Je l'aime. Elle le sait. Plus rien ne compte.
Annotations