Le prix d’une vie
Confiner, c’est sauver des vies. Regardez la courbe de la mortalité qui s'infléchit.
Confiner, c’est aussi accepter d’abandonner les plus fragiles : les anciens sombrent dans la démence sénile, les handicapés privés de rééducation perdent de la mobilité, les enfants les plus en difficulté scolaire sont largués, des victimes d’accidents vasculaires ou cardiaques renoncent à appeler les secours. On pourrait multiplier les exemples tels qu’ils nous sont rapportés ou qu’on les constate autour de nous : les dépressifs, les alcooliques, les violents, les mal-logés…
Confiner, c’est gagner en humanité. Regardez toutes ces solidarités qui voient le jour.
Confiner, c’est aussi enfermer toute une génération d’enfants à laquelle on inculque ainsi, qu’on le veuille ou non, la peur du dehors, le repli sur soi, la crainte du manque. Quelles en seront les conséquences à l’âge adulte ? Quelle tolérance à la douleur, aux chocs de la vie, quelle capacité de résilience de toute une classe d’âge ?
Confiner, c’est voir partir nos proches et ne pas leur dire au revoir, ne pas les accompagner dans la mort. Les néanderthaliens enterraient leurs morts, le rite funéraire est indissociable de la notion d’humanité.
Confiner, c’est offrir aux populations la sécurité qu’elles sont en droit d’exiger de leur démocratie.
Confiner, c’est aussi réduire la liberté que les populations sont en droit d’exiger en démocratie. De façon transitoire. Au titre de la guerre. J’espère qu’ils maîtrisent le curseur et qu’ils l’ont équipé d’une fonction « retour ».
La réflexion suivante, je l’ai pompée sur la chronique de François Lenglet sur RTL. Je tente de la régurgiter au mieux ci-dessous, mais elle est dispo en intégralité en replay (Lenglet-co du 7 avril).
Le prix d’une vie humaine, c’est la somme d’argent qu’une collectivité est prête à dépenser pour éviter une mort. En France, le prix d’une vie est estimé autour de 3 millions d’euros. Autrement dit, toute dépense publique de trois millions d’euros qui économise une vie est rentable pour le pays (équipement routier, prévention…). Cette somme est notamment la base dont se servent les assurances pour calculer leurs primes et leurs indemnisations. Le prix de la vie varie avec la richesse d’un pays. Aux USA, c’est 10 millions de dollars.
Avec son « quoiqu’il en coûte », Emmanuel Macron a établi que la vie n’avait plus de prix, quitte à provoquer une récession pour éviter les morts. Le prix du mort devient considérable. Mais la récession profonde tue aussi, à travers la malnutrition, le mal-logement, la précarité, la détérioration de la santé. C’est ce que redoute Trump et les dirigeants réticents devant les mesures de confinement.
Alors que le virus frappe tout le monde, la récession ne frappe que les plus modestes. Ainsi, si on voulait être cynique comme un économiste, on pourrait dire qu’en choisissant la santé au détriment de la croissance, les gouvernements ont évité des morts chez les riches au risque d’en faire davantage chez les pauvres.
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