On l'appelait la bête
Mon métier m'empêche de vous signifier directement ce qui m'anima lorsque je la rencontrai pour la première fois. Car il est à la fois secret politique et scientifique, impliqué dans cette histoire surréaliste que je ne peux pas vraiment conter, mais uniquement évoquer, et qui ancre la bête dans ce qu'elle a de plus imaginaire...
C'était un être avant tout.
Trapu, hirsute, il se trimbalait d'une forme aglutinée dont la mesure n'atteignait pas celle qui forge la crainte, sans pour autant creuser sous celle qui incite le mépris ou le rire. Liant une certaine forme d'irrationnalité logique à une absence de conscience, cet être, la bête, n'avait d'origine que le tampon 'secret' que j'imaginais rouge sur un dossier des hautes sphères de ma hiérarchie. Elle s'incarnait entre Jekyll et Hide, d'une sombre approximation de Chtulu, à l'appétit Lecter et au masque Vador. Mais au fond je crois que comme toute légende le raconte, la bête montrait en réalité et par sa noirceur, la simple douleur d'une histoire trop forte pour elle.
Mon métier me l'a fait observer durant assez de temps pour que je puisse, à peine, commencer à entrevoir la vérité que je ne faisais qu'espérer à l'époque, que la bête me confiait vouloir assurer, et contre tout préjugé à son sujet.
Mais de tout ceci je n'ai pas les droits d'évocation.
Ce que je peux raconter, c'est les conclusions que nous avons tirées de notre expérience avec la bête.
Annotations
Versions