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Novembre 2015, troisième semaine. Le 13 novembre, la France est tombée en sidération et la jeune OP, Lisa Péron dans un abîme.

Le jour même des attentats sanglants du Bataclan et des terrasses, son équipier, feu Xavier Delorme, et ex petit ami lui donne rendez vous. Ils sont de repos. Elle a rompu leur brève histoire très vite. Elle est dans son petit studio et compte profiter de cette journée d’automne clémente pour marcher dans Paris et peut-être, en soirée, aller au cinéma. Il ne cesse de la relancer. Elle s’est vite sentie assez mal avec lui et, de toute façon, elle ne veut pas qu’une histoire entrave ses projets de carrière. Il l’appelle à l’heure du déjeuner, elle décline l’invitation. Lui propose de se voir pour discuter et mettre un point final à leur histoire. Elle hésite, se dit que c’est peut-être l’opportunité d‘en finir avec ça. Elle dit OK. Il dit un coin tranquille, à Fontainebleau, on pourra marcher en forêt. Elle dit on se retrouve sur le parking de l’aire de l’hippodrome. Il dit OK, vers dix sept heures trente car il a un truc à faire dans l’après midi. Elle dit "d'accord" malgré l’heure tardive et la nuit qui arrivera bien vite. Ne compte pas s’attarder, donc ça va.

Elle arrive à l’heure, il est déjà là. Elle voit une autre silhouette assise dans la voiture. Il la rassure, c’est un pote de l’anti gang, ils faisaient un truc ensemble cet après midi et pas assez de temps pour le ramener chez lui. OK mais elle ne sent pas la situation. Elle dit qu’alors, il vaut mieux remettre leur ballade et leur conversation à une autre fois.

Il la cueille d’une grande gifle qui la projette sur le capot de la voiture, elle lui hurle dessus, l’autre sort de la voiture. Delorme lui remet une seconde gifle qui l’assomme presque. L’autre lui passe les menottes. Elle panique. Ils la jettent dans leur voiture et vont se perdre plus avant dans la forêt. Elle tente de les raisonner, se heurte à un silence violent et borné.

Dans un taillis à l’écart, ils planquent la voiture. Delorme commence à lui baisser ses collants et sa culotte ; l’autre la tient, il a coincé une de ses jambes dans l’entre siège et bloque l’autre de sa jambe à lui. Delorme la pénètre brutalement, elle hurle ; il va et vient en elle comme un fou, elle continue de hurler ; il se vide et se retire. Elle est inerte, tourne la tête, vomit sur le siège et le tapis de sol. L’autre l’engueule, lui crie qu’elle est sale. Delorme lui dit qu’il peut se servir aussi, elle dit non, elle pleure. Il passe au dessus d’elle et s’allonge sur elle et la pénètre tout aussi violemment tout en lui assénant deux gifles retentissantes car elle essaie de se soustraire. Elle sait, on lui a appris cela à l’école de police, qu’il ne faut pas lutter avec les violeurs, cela les excite et peut les rendre violents ; elle n’y peut rien, c’est un réflexe de révulsion de tout son corps. Il se vide à son tour et se retire en rigolant. Il dit que ça ne s’est pas trop mal passé, que ce n’est pas grave. Delorme lui dit qu’ils vont la ramener à sa voiture, elle dit non. Il dit pas la peine d’en parler, ta parole contre la nôtre. Oublie ça, on a juste passé un bon moment.

Elle se lève, sort de la voiture et remonte sa culotte et son collant. Ils s’en vont, elle a peur. Elle s’éloigne en sens contraire du parking où se trouve sa voiture et va se cacher dans un bosquet. La nuit arrive, le crépuscule est bien avancé, heureusement il ne fait pas trop froid.

Elle attend la nuit noire, elle tremble, elle pleure et vomit deux ou trois fois encore.

Il fait nuit, elle entend beaucoup de sirènes de véhicules autorisés dans le lointain. Elle refait le chemin à pied, cela lui prend une heure. Trouve sa voiture, les clés au tableau, elle rentre vite et verrouille les portières, met le contact, la radio connectée.

On est le 13 novembre 2015, la France entière est tombée en sidération devant une attaque terroriste d’envergure et d’une violence insoutenable.

L’OP Lisa Péron fêtera ses vingt trois ans le 25 novembre.

- Thomas ! A vous ! Invite la capitaine, les caméras, ça donne quoi ?

- Celle de la bijouterie a bien enregistré et nous avons en véhicules suspects deux motos de grosses cylindrées, type japonaises, immat’ bidons, qui ne sont sur aucune bande durant une bonne heure. On les voit réapparaître sur les

bandes de caméras du boulevard une heure plus tard. On déduit qu’il s’agit des véhicules de nos potentiels suspects.

- Des traces ? Des éléments matériels ?

- Oui ! Effectivement, le petit terrain vague leur a servi de parking pour arriver discrètement sur la maison. On a fait des moulages de traces de pneus mais rien de concluant, des modèles courant. Quelques mégots qu’on a envoyés à la comparaison des fichiers ADN mais rien ne dit qu’ils appartiennent à nos motards.

- Combien de personnes ?

- Deux sur une moto et un chauffeur seul, genre plutôt très baraqué.

- Les caméras des boulevards ont pu les suivre ?

- Oui, tant qu’ils sont restés sur les grands axes ; après ils ont pris des petites rues et là ! Plus personne ! On les a perdus !

- Ils ont dû s’engouffrer dans un parking, pas le même, et se changer et ressortir piéton par les passages aménagés, intervient Louis.

- C’est de ce côté qu’il faut chercher, il nous faut un visage. Thomas et Mia vous vous mettez là-dessus demain. Il nous faut les bandes de toutes les sorties parking du dernier endroit où on les avait sur les caméras. Chercher en priorité le « baraqué ».

- Ok, capitaine, parlent en chœur les deux jeunes.

Papi dit du renfort arrive, un agent aguerri, d’ici deux à trois jours, envoyé par Interpol. Lisa dit que ça tombe bien car elle comptait demander un crédit via leurs services pour aller sur place avec Louis. D’abord en Belgique, puis au Maroc.

- D’accord, capitaine, je fais suivre et j’appuie votre demande. Et maintenant tout le monde à la maison, il est presque vingt et une heure. Chers collègues du Maroc et de Belgique, merci pour votre patience. Si vous voulez bien on garde la phase questions / échanges pour demain.

Tout le monde est d’accord pour s’arrêter là et rentrer. On se salue et à la vitesse du vent le bureau se vide.

Les deux capitaines partent ensemble et se retrouve au bar le plus proche de la PJ. Ambiance flic à tous les étages mais ils ont besoin d’un sas pour décompresser. Ils discutent de choses et d’autres et saluent quelques collègues. Lisa est gênée, elle sent qu’on chuchote dans son dos. Lui, perçoit le malaise, il dit qu’on devrait y aller. Elle ne se le fait pas dire deux fois et ils quittent le bar, un peu tendus. Quelques pas plus loin, ils se sourient, rejoignent ensuite le parking du 36 et chacun grimpe dans son véhicule. Trois rues plus loin, l’immeuble de Louis, il l’attend sagement devant la porte, ils entrent et enfin se détendent et s’embrassent doucement en attendant l’ascenseur.

- On dîne d’abord, je te fais un repas breton, propose Louis en entrant.

- Je ne sais pas trop, hésite Lisa, peut-être une douche d’abord, la journée a été si longue et pénible.

- D’accord, si on y va ensemble !

- Mmm ! ca va devenir une douce habitude ! renvoie t-elle tout en se déshabillant au milieu du salon. Elle est en culotte et demande où se trouve la salle de bains

- Je te guide ! Dit-il en riant et en lui prenant la main, complètement nu et d’une beauté à se damner.

Sous la douche ils se caressent et font l’amour avec délicatesse, attentifs l’un à l’autre et déjà amoureux.

Il lui prête une grande chemise et il se met à la « bilik » en short et la régale d’une délicieuse galette au beurre salée et d’une galette complète bien roborative ; le tout accompagné d’un cidre sec exquis et revigorant.

- Tu veux le dessert maintenant ou après ?

- Après quoi ?! le taquine t-elle

- Après que je t’ai dévorée toi !!

- Alors après ! Et elle l’attire sur elle.

Ils font l’amour encore et encore, avec passion, volupté, sans retenue aucune ; tout est si limpide entre eux.

Louis se remet aux fourneaux et il est presque une heure du matin quand ils dégustent une crêpe au caramel au beurre salé avec des amandes grillées effilées. Un délice! Elle ronronne de plaisir.

Ils boivent leur café dans les bras l’un de l’autre.

- Reste cette nuit, et toutes les autres aussi si tu veux, la prie Louis en lui caressant le bras, l’épaule.

- Où voudrais-tu que j’aille, je suis tellement repue d’amour et de bonnes choses que je devrais ramper pour me déplacer, dit-elle en riant. Mais ceci dit, je n’ai absolument aucune affaire ; ni brosse à dents ni sous vêtements, ni vêtements propres.

- Pour la brosse à dents, je te prête volontiers la mienne, si c’est pas de l’amour, ça ! Dit Louis en riant. Sinon, je pars avant toi demain matin, j’arrive même une demi heure en avance et autorises toi à arriver une demi-heure en retard pour pouvoir passer chez toi. J’ai tellement envie de dormir contre toi, toi non ?!

- Ca me plait bien aussi ! Et puis, comme je te l’ai dit, je ne peux plus bouger, le taquine t-elle encore.

Au bureau du groupe ce matin, c’est l’effervescence. Quand elle arrive, tout le monde est sur le pont, Louis a distribué le travail en bon capitaine.

Mia s’affaire sur son PC pour pister toutes les infos sur les Bachellerie, leurs comptes bancaires, leurs contrats de toutes sortes, leurs amis, leurs relations, leur famille. Elle sait que la jeune femme ne lâchera rien et qu’elle plantera ses crochets numériques dans tout ce qui existe et même, qu’elle ira chercher là où ça n’existe pas.

Thomas est derrière des petits tas de papiers, tous les documents qu’ils ont trouvés traînant dans les livres de la bibliothèque, pistant tout ce qui peut sortir de l’ordinaire.

Face à lui, Louis, loupe à la main, examine les anciennes photographies, à l’affût d’un détail qui aurait échappé à l’attention de celui qui a soigneusement brûlé au tison de cigarette les visages, les mains et les pieds des photographiés. Il pense aux négatifs, introuvables. Ont-ils été emportés par les incendiaires ? Planqués ailleurs ? Un coffre dans une banque ? Un hôtel ? Un garde meuble ? Y a-t-il d’autres horreurs enfouies quelque part derrière les cadavres mutilés ?

- Bonjour tout le monde ! Claironne Lisa de bonne humeur, vous prenez des notes de tout ce que vous trouvez et on se fait un petit briefing de demi-étape avant le déjeuner et on remplit le tableau. Ca nous laissera le temps d’appeler les collègues du Maroc et de Belgique pour échange. On fera un point aussi à papi Panda qui transmettra au proc’. Louis ! Laissez la suite sur les photos à Thomas, il faut qu’on s’attelle à la corvée de visionnage des films. On descend au labo !

Elle pressent une véritable épreuve au vu des scènes de crime. Il y a une impressionnante collection de films, certains sur films super huit, d’autres sur cassette VHS et enfin une dizaine sur CD. Pour les deux premiers supports, il faudra attendre que les techniciens convertissent toutes les images ou fichiers par transfert sur PC. Les films sur CD sont accessibles sur leurs ordinateurs et cela doit représenter une dizaine d’heures si le CD est plein. Elle déglutit et imagine la mesure du temps du calvaire enduré par les victimes des exsanguinations, si c’est de cela qu’il s’agit.

- Louis, on ne s’attarde pas plus d’une heure devant les vidéos. On passe en accéléré voir si quelque chose nous saute aux yeux et déterminer le genre d’activités horribles et secrètes qui leur a valu cette mort tout aussi horrible ; et après on passe le relais au labo qui va tout éplucher séquence par séquence.

- Ok ! Tu as raison, mais si c’est nécessaire, je peux continuer avec eux.

- Non ! Surtout pas ! Tu vas en être malade ! Moi je le suis déjà ! Eux, ils y arrivent mieux car ils sont détachés de la partie humaine, ils se focalisent sur la technique et le but.

Ils entrent, saluent le chef du labo, c’est une petite fourmilière, tout le monde s’active devant des paillasses, ordinateurs, plateaux et microscopes lasers ; ça ne ressemble pas au labo High Tech des séries américaines mais à l’antre du docteur Folamour. Alain Berthou les accueille et les installe devant un PC.

- Que la fête commence, beurk ! Commente t-il.

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