Prologue

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- Papa tu n'as pas ton mot à dire en fait. Tu en as très clairement besoin, déclare Julie.

- Et nous on a décidé de te donner le coup de pouce qu’il te manquait, ajoute Colin.

Voilà à quoi se résume la vie de Valentin à cet instant. Il se retrouve à regarder bêtement ses enfants lui préparer sa valise dans sa chambre. Ils font des aller et retour entre son placard à moitié vide et son lit où celle-ci est posée.

Il se demande comment sa vie a pu dérailler au point que ses propres enfants, décident de lui faire prendre des vacances. Probablement le jour où sa femme Miriam, non son ex-femme, a demander à divorcer. Il ne s’y est toujours pas fait, est alors son unique pensée pour elle.

Il soupire et se laisse tomber à côté de sa valise. L’échange de regard entre ses enfants ne lui échappe pas mais il préfère passer outre et l’ignorer. Il vaut mieux ne pas se poser de questions, tout comme il ne veut même pas imaginer à quoi il ressemble. Cela fait des jours qu’il ne s’est pas rasé correctement et son costard il le remet chaque matin depuis plusieurs jours.

Son costard, élément incontournable de son travail, à pendant longtemps été sa plus grande fierté. C’était avant la naissance de Julie. Vingt neuf ans se sont écoulés depuis. Elle est devenue une jolie jeune femme et codirige sa propre boite de designe d’intérieur. Encore aujourd’hui il se rappelle de l’émotion qu’il avait éprouvé lorsqu’elle leur avait annoncé la concrétisation de ce projet.

Colin, quant à lui, c’était l’enfant du dernier espoir, l’enfant miracle. Après la naissance de leur fille ils avaient aussitôt éprouvé l’envie de recommencer. Sauf que cela ne s’est pas passé comme prévue. Après la joie de l’annonce d’une nouvelle grossesse suivait la déception et la douleur d’un enfant perdu mais tellement attendu. Cela les avait encore plus soudé à l’époque.

Et puis cinq ans plus tard était né Colin. Du bébé fragile de l’époque ne restait plus rien. C’était devenu un jeune homme sûr de lui, avec la coiffure typique des étudiants qui n’ont pas le temps, ni l’argent pour une nouvelle coupe. Il avait depuis toujours eu l’envie de faire médecine, mais après quatre années sans accrocs, il se retrouva à devoir refaire sa dernière année en master de médecine.

- Bon alors, je t’explique papa, commence Julie.

Il revint à la réalité, et se senitt comme un enfant pris en faute. Il se morigéna intérieurement d’avoir de telles pensées, alors que c’était lui le père. Pourtant le sentiment persista.

- Papa ?

- Oui ma chérie ?

- Tu m’as écouté au moins, s’inquiéta Julie.

- Non je suis désolé, j’étais perdu dans mes pensées, s’excusa-t-il.

- Bon alors je reprends. Tu vas partir chez le père de Laurie, tu te rappelle d’elle au moins, ironisa-t-elle.

- Oui bien sûr, vous avez fait vos études ensemble, répondit-il platement, une fille adorable dans mes souvenirs.

- Exactement. Et bien je lui ai parlé un peu de notre situation car nous avons gardé contact et, elle m’a proposé que tu vienne respirer un peu chez son père.

- Il possède une très jolie maison d’hôte, poursuivi Colin, je me suis permis d’aller regarder sur leur site internet. Et c’est en pleine montagne, donc ça va te changer les idées. J’aimerais tellement venir avec toi, soupira-t-il.

- Tu partiras demain matin, raison pour laquelle ta valise doit être fini ce soir, elle fit un regard pesant à son frère qui reprit aussitôt son activité, et tu as interdiction de revenir avant deux semaines. C’est dans les Alpes, et selon Laurie, on est dans une période où il n’y a pas trop de touristes donc tu seras vraiment tranquille.

Le téléphone de Julie sonne l’interrompant dans ses explications. Un rapide regard sur le message qu’elle venait de recevoir lui permit de le rempocher aussitôt. Cela devait être sans grande importance déduisit Valentin. Le confort de son lit le décida à s’installer plus confortablement et d’attendre qu’elle continue.

- J’en était où, ah oui, Laurie. Elle m’a dit qu’elle y sera aussi donc tu ne sera pas tout seul enfin, tu connaîtras déjà quelqu’un. Il me semble que c’est tout, Colin, quelque chose à ajouter ?

Celui-ci s’arrête dans son mouvement, réfléchis et secoue négativement la tête. Laurie frappe alors dans ses mains et conclu que toutes les informations ont été données.

***

Au même moment à des kilomètres de Paris, de toutes autres inquiétudes se concrétisent.

- Tu es vraiment sûr de toi, il n’y a pas d’autres alternatives ?

Laurie assise en face de son père Henry, est sidérée. Il a décidé de vendre sa maison d’hôte à une entreprise lorsqu’il deviendra retraité. Retraite qui ne tardera pas à pointer le bout de son nez.

- On est au bord de la faillite, je suis seul et je ne sais pas où je vais bien pouvoir trouver quelqu’un qui veut reprendre cette bicoque, constate Henry. Et puis tu travaille à Genève, tu as Simon, et tu gagnes bien ta vie là-bas. Je ne voudrais surtout pas t’empêcher de vivre ton rêve.

Cette maison, c’est toute l’enfance de Laurie et pour Henry, c’est tout ce qu’il lui reste de sa femme, Christine. Ce choix est mûrement réfléchi et le plus facile, les deux en sont conscient mais, c’est aussi un crève-cœur.

Elle qui espérait profiter de son père et oublier un peu son travail, à maintenant de toutes autres préoccupations. Simon, un jeune garçon plein de fougue se joint alors à la réunion familiale et se blotti sur les genoux de son grand-père. Cela signifia la fin de cette discussion douloureuse.

Henry se rappella alors soudainement de quelque chose.

- Ce Valentin qui vient demain, tu t’en occuperas un peu, où tu le laisseras à son sort ?

- Je pensais plutôt que se serait toi qui s’en occuperait, après tout c’est ton client et vous avez à peu près le même âge. Mais je pense que je passerais un peu du temps avec lui, ça lui feras sûrement plaisir.

Un grognement étouffé se fait alors entendre. Les deux adultes se tournent vers l’origine et ne peuvent retenir quelques gloussements. Loris, gros Patou de onze ans, se fait mordiller énergiquement l’oreille par Layka, jeune Border Collie de sept ans. Il est plus qu’évident que celle-ci tente d’inciter le patapouf à jouer avec elle. Mais celui-ci ne semble pas du tout convaincu par l’idée et préfère dormir sur le canapé. Layka tente alors une nouvelle approche et saute sur le pauvre Patou, bien décidé à le faire changer d’avis.

Des éclats de rires résonnent dans la pièce, rendant l’ambiance jusqu’alors morose bien plus joyeuse. Une décision est finalement prise et on part se préparer pour sortir cette boule d’énergie et laisser l’aîné à sa sieste pendant ce temps.

Toute la famille se retrouve dehors et on laisse les deux jeunes jouer ensemble, tout en les gardant discrètement à l’œil. Un silence reposant s’installe entre le père et sa fille et tous les deux se perdent dans leurs pensées. Une idée fait alors son cheminement dans les pensées de Laurie.

- Et si…, Laurie brise le silence, je deviens ta nouvelle associé ? Je peux faire mon travail à distance, je n’ai pas besoin d’être sur place pour faire des plans de maisons. Ça te soulagerait, et moi ça me permettrais de respirer un autre air.

Le regard de Henry est sans équivoque, cela est un grand soulagement, pour le sexagénaire, et cela lui ferait vraiment plaisir.

Laurie n’a pas que pensé à son père dans cette décision, elle a aussi pensé à son fils, il n’a que trois ans, et pourtant elle voit comment son attitude change complètement lorsqu’il se retrouve chez son grand-père. Son autisme est moins marqué quand il est avec les chiens ou qu’il joue dehors. Cela fearit du bien à toute la famille de se retrouver ensemble ici.

- Mais à une condition, fais remarquer Henry, tu t’engages d’abord à une période test de un mois. Se serait mentir que de dire que je ne me réjouis pas de ta décision mais tu as tout fait pour devenir architecte dans cette entreprise, je ne veux pas que tu sacrifie ce rêve pour ton vieux père et une miette de souvenirs.

Laurie eut une moue attendrie et fit un câlin à son père ému. Cela marqua la décision et la fin de la balade. Un retour au chaud s’imposait.

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