Chapitre 1
Assis dans le train, le regard posé sur l’extérieur défilant, Valentin se retrouva à réfléchir à la décision unilatérale de ses enfants au sujet de ses vacances. Il est vrai qu’il n’avait pas été au meilleure de sa forme mais il faisait son travail consciencieusement et s’assurait toujours d’avoir une apparence irréprochable.
Selon eux, c’est ce qui l’avait justement trahi. Il a toujours donné une grande importance à son apparence et son travail mais là c’était un peu trop prononcé pour être vrai. Il soupira et se demanda qui il avait réussit à tromper sur son état à part lui-même.
Le paysage commença peu à peu à changer. Les dernières banlieue disparaissent de sa vue, pour laisser place aux champs vides de toute plantation. Une vue désolante ne laissant aucune place à l’imagination.
Il s’en détourna et sortit un dossier de son sac. Après tout, les vacances c’est bien, mais le travail lui n’attends pas. Son patron avait accepté qu’il prenne des vacances sans aucune hésitation, à croire qu’il était dans le coup avec ses enfants. Il lui avait seulement demandé une petite faveur, pour qu’il ne « s’ennuie pas au cas où ». Cela l’avait bien fait rire sur le moment, maintenant il le remerciait intérieurement de lui avoir donné quelque chose à faire.
Après avoir longuement feuilleté le dossier et avoir prit quelques notes, il fut interrompu par un contrôleur. Pendant la vérification de son billet il jeta un court regard sur sa montre, il avait travaillé pendant une heure.
Se rendant compte qu’il n’avait aucune idée de la durée de son trajet, ni où il se trouvait, il se décida à demander au contrôleur sur le point de vérifier le passager suivant.
- Excusez-moi, l’arrêta-t-il, il nous reste encore combien de temps jusqu’au terminus ?
Le contrôleur s’arrêta, regarda sa tablette et annonça :
- Un peu plus de deux heures monsieur, d’ailleurs si j’étais vous j’arrêterais mon travail pour admirer le paysage, souri-t-il, mutin.
Surpris un court instant, il finit par hocher de la tête.
- Merci du conseil.
Un clin d’œil amusé plus tard, le contrôleur était passé au suivant.
Valentin ferma son dossier et s’enfonça dans son fauteuil, le regard tourné vers l’extérieur. Il n’avait pas menti, le paysage de champs vides avait laissé place à un paysage bien plus vallonné et des maisons éparses à la charpente locale.
L’automne semblait en avance sur la période, laissant déjà ses traces sur la verdure. Les arbres commençaient à se parer de couleurs plus chaleureuses, alors même que le soleil brillait de sa présence éclatante.
Un souvenir lui revint devant ce paysage changeant. La rencontre avec son ex-femme Miriam, alors qu’il était en train de faire des photos du paysage printanier de la butte Montmartre.
Il était concentré à régler son appareil photo argentique, et alors qu’il allait appuyer sur le déclencheur, le cadre s’était retrouvé assombrit par un groupe de jeunes femmes survolté. L’une d’entre elle semblait complètement sous le charme de la vue tandis que les autres piaillaient entre elles, ignorant le panorama enchanteur de la saison.
Il avait aussitôt était charmé par ses cheveux blonds et ses yeux rêveurs. Il avait alors interrompu sa séance photo pour timidement lui adresser la parole. Une rencontre qui avait changé sa vie à tout jamais. La photo quant à elle fut prise bien des années plus tard, mais plus en tant que paysage, mais en tant que portrait de famille admirant cette même vue printanière.
Un nouveau soupir échappa à Valentin. La nostalgie et la douleur le submergeant vivement.
***
Assis derrière le volant de sa vieille Toyota, Henry vilipende la pauvre voiture. Elle a de nouveau des soucis pour démarrer. Rien d’inattendu avec les chutes de températures nocturnes, mais fort embêtant quand on est en retard pour aller récupérer son invité à la gare.
Il ressort de la voiture, claque fermement la portière et se penche sur le capot ouvert de celle-ci. Il vérifie que tous les liquides soient à niveaux puis va chercher une batterie externe et la branche.
La première tentative est un échec, le moteur crachote mais résiste. La deuxième est la bonne, il démarre dans un sursaut et se met à ronronner dans le garage.
Henry ressort en pestant contre le bruit et la voiture capricieuse, tout en préparant la voiture à sortir. Il espère qu’il n’a pas réveillé le petit Simon en train de faire sa sieste dans le salon au-dessus du garage. Sinon il en entendra parler jusqu’à la fin de la journée.
Les siestes de Simon sont rares est toujours un miracle. Dernièrement le petit est sujet à des cauchemars l’empêchant de dormir correctement. Même le co-dodo avec sa mère n’améliore pas la situation.
Enfin sur la route menant à la gare, il allume la radio est insère un disque d’un groupe de pop de sa jeunesse. Laurie le lui a offert quand elle avait découvert le groupe durant ses années d’étudiante sur Paris. Elle avait écrit un petit commentaire dessus qui le fait encore sourire maintenant.
« Finalement les vieux ont de bons goûts parfois. ;-p »
L’habitacle silencieux de la voiture se remplit d’une musique de fond, couvrant le son du moteur. Le paysage montagneux prenant pourtant rapidement l’ascendant sur Henry.
Les montagnes c’est sa vie, pour rien au monde il ne les quitteraient, tout comme il ne se lassera jamais du paysage époustouflant. Les conifères se dressant fièrement de chaque côté de la route ne font égal qu’à la montagne les surplombant majestueusement, éclairé par le soleil de fin d’après-midi.
Non il ne s’en lassera jamais. Pas comme ces Parisiens le trouvant ennuyeux au bout de deux jours. Il se renfrognât en se rappelant que l’invité dont il a la charge d’aller récupérer à la gare en est justement un.
- Un invité spécial de rien du tout, juste le père d’une amie qu’elle n’a pas vue depuis une éternité, marmonna-t-il en secouant la tête dépité.
Les prémices de la ville apparue peu à peu, le faisant se renfrogner d’autant plus. Il n’a jamais compris l’intérêt de construire une ville en plein milieu de la montagne. Encore moins si celle-ci n’a aucun aspect esthétique et n’est que composé de béton.
Il s’engagea dans la ville, se dirigeant vers la gare se trouvant en plein centre-ville. Après être entré sur le parking et s’être trouvé une place libre, il hésita à éteindre le moteur. Normalement à chaud cela ne devrait pas être un soucis pour redémarrer un moteur. Mais il connaît le côté capricieux de sa voiture.
Après quelques secondes de tergiversation il finit par éteindre le moteur et par sortir de la voiture. La fermé à clé n’étant pas nécessaire, il se dirigea aussitôt vers la gare à la recherche de son invité.
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