Chapitre 4

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Valentin était assis sur la terrasse et admirait la vue qui s’offrait à lui. Cela faisait deux jours qu’il était arrivé maintenant et étonnamment, il n’avait pas encore touché à son dossier. Le café matinal était comme il l’aimait, bien noir, et l’air frais de la montagne particulièrement agréable. Un réveil fort agréable.

Cela n’avait pourtant pas été le cas le premier jour de son arrivée. Il avait oublié d’éteindre son réveil et s’était donc réveillé en sursaut à 6h du matin, complètement hébété. Il lui avait fallu quelques secondes pour comprendre où il se trouvait et comprendre que c’était son réveil automatique qui l’avait éjecté de son sommeil reposant.

Leur arrivée le soir précédent ayant été tardive, il n’avait pensé qu’à aller se coucher et n’avait donc pas pensé à désactiver le réveil. Cela l’avait tellement secoué qu’il n’avait rien mangé non plus et avait préféré se coucher aussitôt. Son réveil accidentel l’avait alors empêché de se rendormir. Il s’était alors levé et était parti à la découverte de la maison, curieux.

Laurie lui avait touché quelques mots en lui montrant sa chambre mais il ne l’avait pas réellement écouté, trop épuisé par la journée chaotique qu’il avait eu. Ce qu’elle avait oublié de lui dire, elle aussi fatiguée, c’était la présence d’animaux dans les lieux. Choses pas inhabituelles en montagne mais malgré tout, elle ne le lui avait pas dit.

Quelle avait donc été sa surprise quand il s’était retrouvé face à deux chiens, diamétralement opposés, dans le salon. Un gros chien blanc ronflait paresseusement au pied d’une porte, celle de la cuisine apprendra-t-il plus tard, tandis que ce qui devait être un border collie le fixait, assis devant les escaliers et suivait scrupuleusement chacun de ses mouvements du regard. Il avait alors préféré faire demi-tour, remontant les escaliers dont il était venu, et avait reporté sa soudaine envie d’exploration à plus tard.

Il l’avait finalement visitée l’après-midi, après avoir fait plus ample connaissance avec Henry et Simon autour d’un brunch. Les deux chiens s’étaient révélé être des amours, selon Simon, mais cela n’avait pas vraiment rassuré le parisien plus que ça. Il avait toujours eu une grande peur des animaux, en particulier des chiens et cela n’allait pas changer aujourd’hui. Cela avait alimenté l’antipathie que Henry lui portait.

Henry se considérait comme une personne très compréhensive mais il ne comprenait pas comment on pouvait avoir peur des animaux. Cela lui était tout simplement incompréhensible. Lorsqu’il avait demandé à Valentin pourquoi il ne laissait pas les chiens l’approcher, il ne s’attendait pas à une telle réponse. Comment pouvait-on avoir peur des animaux ? Une pensée qui ne le lâchait plus depuis deux jours. Il avait alors préféré se tenir à distance de cet homme incapable de voir plus loin que leur état d’animaux.

Cela n’avait jusqu’à présent pas été difficile, le parisien préférant le calme et la solitude et empruntant régulièrement des livres, de la bibliothèque fournie, pour ensuite s’installer sur la terrasse, sans pour autant toujours les lire. Il y allait peut-être pour méditer, il ne savait pas et ne voulait pas savoir. Les citadins étaient une espèce incompréhensible pour lui. Lui-même s’occupait pendant ce temps en entretenant son petit jardin, justifiant ainsi son incapacité à s’occuper de son invité.

Ce matin serait différent avait décidé Laurie en se levant ce matin. Son père préférait se cacher derrières de fausses occupations et Valentin préférait la solitude mélancolique de sa chambre ou de la terrasse. Elle appréciait beaucoup Valentin et avait bien compris que Julie ne lui avait pas tout dit au sujet de son père et de la situation inhabituelle. Mais cela na justifiait pas la solitude à laquelle Valentin se retrouvait imposé. Elle avait donc décidé que Valentin avait besoin de plus qu’un simple changement d’air. Il avait besoin de compagnie, d’activité physique et d’une oreille attentive.

Henry était la personne idéale pour cela. Et il en avait besoin lui aussi avait-elle remarqué, il était beaucoup trop tracassé par le travail. Mais les deux hommes n’en savaient encore rien et elle ne savait pas comment les pousser à passer du temps ensemble. Il était évident que cela ne serait pas facile au vue de l’antipathie que son père portait à Valentin, mais elle comptait sur son talent de persuasion pour le convaincre du contraire.

Elle devait d’abord trouver une raison pour les pousser à faire une activité ensemble. L’unique activité que Valentin faisait depuis son arrivée, étaient les déplacements entre les différentes pièces de la maison et la terrasse. L’excuse d’une balade avec les chiens lui paraissait impossible, tout comme invraisemblable. Et puis de toute façon, c’était Simon qui, du haut de ses quatre ans, partait en « randonnée » selon ses dires, avec les chiens chaque matin et soir autour de la maison.

Une randonnée pourrait être une bonne idée se dit-elle, mais où pourrait-elle les envoyer ? Il était évident qu’ils avaient besoin de se bouger, mais où ? Une randonnée en montagne pour commencer lui paraissait un peu trop risqué avec ces deux-là.

- Laurie, est-ce que tu pourrais m’amener en ville pour aller brancher la Toyota, la batterie externe devrait être chargée.

La jeune femme sursauta à l’arrivée impromptu de son père.

- Et Valentin, on le laisse tout seul avec Simon ?

Henry n’avait pas pensé à ça, il était aisé de voir que Simon appréciait beaucoup leur invité mais il ne savait pas s’il pouvait les laisser ensemble pour autant. Après tout, cela restait un inconnu pour lui, sans oublier qu’il avait peur des chiens. Il ne s’en était toujours pas remis.

- Sinon on peut y aller tous ensemble, je vais faire les course, il commence à être temps, et toi tu lui fait visiter la ville. Comme ça on pourra rentrer avec deux voitures, elle aura le temps de recharger d’ici là.

L’idée n’était pas mauvaise, mais aller en ville cela n’enchantait guère Henry. Et encore moins si cela devait se faire avec Valentin. Alors lui faire visiter la ville, il ne préférait même pas y penser. Mais avait-il vraiment un autre choix ?

- On y va cette après-midi, mais on verra pour le planning, se résigna-t-il. Il n’y a rien à y montrer, si ?

Laurie n’en savait rien, elle avait grandi dans les montagnes et malgré sa passion pour l’architecture, elle ne s’était jamais intéressée à sa ville. Le village était bien suffisamment intéressant. Mais l’opportunité était trop bonne pour ne pas trouver quelque chose à visiter ou à montrer.

- Je vais regarder sur internet, fut la réponse de Laurie.

Elle lança sa tablette et fit des recherches d’activités à faire ou d’une potentielle visite à effectuer. Plusieurs résultats s’affichèrent. Henry suivait la recherche de sa fille par-dessus son épaule, priant pour qu’il n’y ait rien d’intéressant à faire. Il désenchanta presque aussitôt.

Elle avait trouvé son bonheur sur un site qui recensait les différentes activités à faire durant la saison. La page d’un musée local l’interpella et elle cliqua sur le lien. C’était le musée des Alpes*.

- Et bien voilà, on habite ici depuis toujours et on ne l’a jamais visité, c’est l’occasion tu ne croit pas ? Se réjouit Laurie.

Henry ne trouva, pour son grand malheur, rien à redire et dû donc accepter la décision de sa fille.

* Le musée existe réellement, il a été inauguré en janvier 2006 à l'intérieur du fort de Bard à Bard, en Vallée d’Aoste qui se trouve au Nord-Ouest de l’Italie (Merci Wiki). Pour autant j’ai fait le choix, si vous ne vous en doutiez pas déjà, que l’histoire entière à lieu dans les Alpes dans un monde fictionnel avec des lieux fictionnels, sauf pour le fort de Bard .

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