Chapitre 5
Valentin n’avait pas eu son mot à dire. Il s’était retrouvé emporté par la joie de Simon et l’interdiction de refuser selon Laurie. C’était un « must » quand on venait faire des vacances dans le coin avait-elle ajouté. Henry avait été resté silencieux durant tout le repas, ne lâchant que quelques grognements aux cris excités de son petit-fils.
Laurie s’était senti comme non pas la mère d’un enfant mais de deux durant tout le repas. Valentin cordiale, avait bine tenté de tenir une conversation mais entre l’excitation de Simon et la mauvaise humer de Henry, cela avait été impossible. Il avait posé des questions intéressé et avait finit par remarquer qu’il serait impossible de faire le programme prévu par la jeune femme en une après-midi. Ils avaient dû se rendre à l’évidence, il fallait reporter le tout au lendemain et prévoir une journée entière.
Cela avait quelque peu tempéré l’excitation de Simon, mais lors du dîner il avait reprit de plus belle, inépuisable. Il avait refusé de se coucher, croyant ainsi pouvoir faire passer le temps plus vite. Il avait avoué plus tard pourtant, que c’était surtout qu’il avait peur qu’ils partent sans lui. Cela avait finit par dérider Henry, qui avait éclaté d’un rire tonitruant pour le rassurer ensuite en lui secouant affectueusement les cheveux.
- Ne t’inquiète pas mon petit on ne peut pas t’oublier, tu es bien trop bruyant pour ça.
Il avait ajouté un clin d’œil à la phrase, avant de se lever chercher le dessert. Le changement d’humeur avait quelque peu surprit Valentin, mais il s’en réjouissait le trouvant soudainement bien plus sympathique et abordable ainsi.
L’humeur n’avait bien entendu pas durer et lorsque ce matin tout le monde était monté dans la voiture de Laurie, Henry avait à nouveau un air grognon et renfermé. Tout le monde s’était assis à la place qu’il avait lors de l’arrivée de Valentin. Le trajet se déroula avec un Simon qui expliquait à Valentin que le fort de Bard était très beau et très imposant, tandis que Laurie tentait vainement de mettre son père de meilleure humeur.
Avant la visite, il était prévu de passer par la gare pour brancher la voiture d’Henry, pour que la batterie recharge. Henry avait prévu que cela prendrait tout juste dix minutes, cela ne fut pas le cas. Ils y passèrent finalement vingt minutes car Valentin avait tenu à savoir comment brancher les différents câbles, assisté par un Simon tout aussi curieux. Il s’était donc retrouver à donner un cours express sur le branchement d’une batterie d’automobile.
Laurie avait préféré se tenir en dehors du cours et avait assisté satisfaite comment son père expliquait patiemment à Valentin et Simon le branchage. Valentin avait spontanément prit Simon dans ses bras et l’avait installé sur sa hanche pour qu’il puisse mieux assister au cours imprévu de son grand-père. C’était la première fois qu’elle voyait les deux hommes avoir une vrai discussion sans animosité.
Le cours finit, ils avaient reprit leur chemin, pour enfin aller visiter le musée. Arrivé sur le parking, Valentin avait été ébahis par la grandeur du fort, et surtout par sa beauté ainsi éclairé par le soleil. Il avait été prévu durant le trajet que Laurie partirait visiter la partie pour les enfants avec Simon et que pendant ce temps Valentin et Henry visiteraient la partie classique.
Valentin avait fait des recherches et avait découvert que le fort hébergeait cinq musées mais surtout que l’on était plus habitué à y parler italien que français dans la vallée. Cela ne l’avait que peu étonné, ayant perçu un accent lorsque Laurie venait réviser avec Julie.
Le fort se trouvait sur une falaise et était uniquement accessible à pied. Tout le monde prêt pour la visite ils commencèrent la montée, accompagné de quelques autres visiteurs. Arrivé en haut les tickets furent achetés, les dernières recommandations distribués et un horaire de rendez-vous décidé. Ils se séparèrent enfin et débutèrent leur visite. Simon partit en courant, entraînant sa mère dépassée derrière lui. Les deux hommes entamèrent plus tranquillement leur visite.
Valentin et Henry commencèrent leur visite cote à cote, concentré à la lecture des affiches et à admiré les objets exposés. Les dix premières minutes furent silencieuses et chacun ignora l’autre. Ce fut Henry qui craqua le premier.
- Pourquoi être venu ici si tu as peur des animaux ?
Surprit, Valentin s’arrêta et releva la tête.
- Je n’ai pas vraiment eu mon mot à dire. Il me semble qu’on en a déjà parler en voiture avec Laurie, répondit Valentin fermé.
Ce fut au tour de Henry d’être surprit. Il ne s’attendait pas à une telle réponse et surtout ne s’attendait pas à une telle véhémence. Le parisien lui sembla soudainement mal en point. Il se rendit compte qu’il n’avait jamais réellement observé son invité.
Valentin, s’était habillé de façon élégante mais sobre. Comme les bobos parisiens se dit Henry. Un polo à manches longues, un pantalon cintré et des baskets confortables. Le tout agrémenté d’un pull noué autour des épaules. Une tenue simple mais décontracté. Pourtant ce qui l’interpella vraiment furent les yeux vides et tristes de l’homme. Ses yeux étaient pourtant d’une couleur remarquable, d’un bleu profond presque comme l’océan. A cela s’ajoutaient des cheveux brun qui commençaient légèrement à grisonner.
Les yeux tristes furent pourtant ce qui l’intéressèrent le plus. Il commençait à se douter que l’homme à côté de lui n’était pas ici de son plein gré, malgré l’impression qu’il voulait donné. Ainsi donc ses enfants l’avaient vraiment forcés à venir ici. Il ne douta point de leur intention. Il avait besoin de se ressourcer. Henry se surprit à avoir un élan de compassion pour Valentin.
Valentin ayant remarqué la soudaine attention que lui portait Henry, il s’y soumit stoïquement, habitué à un tel comportement. L’attitude d’Henry changea imperceptiblement au bout de quelques secondes et Valentin s’interrogea sur la raison, sans pour autant le questionner.
Ils reprirent leur visite, à nouveau silencieux. Ce fut au tour de Valentin de briser le silence, après avoir longuement contemplé une corde d’escalade datant d’il y a cent ans.
- Pourquoi avoir accepté cette visite avec moi ? Vous auriez put accompagner votre fille et votre petit-fils. Au lieu de cela vous m’accompagnez alors que vous ne pouvez, à priori, même pas me voir en peinture.
Henry ne s’attendait pas à une telle question, il y répondit pourtant, bougon.
- Laurie m’y a obligé, c’était çà ou je n’avais pas droit à sa tarte aux pommes.
Un regard interrogateur de Valentin le poussa à continuer.
- Elle a hérité de la recette de ma femme.
Un éclat d’amusement traversa les yeux de Valentin mais disparut tout aussi vite, pour une question toujours aussi douloureuse pour Henry.
- Votre femme ne vit plus avec vous ?
- Elle est décédée il y a neuf ans, AVC. Ajouta-t-il.
Valentin hocha de la tête, compatissant. Il comprit alors mieux le comportement de Laurie quand elle venait à la maison avec Julie. Il préféra ne pas insister sur le sujet et finit par révéler un de ses nombreux tourments.
- La mienne a demandé le divorce du jour au lendemain, il y a dix mois. On a été marié pendant 27 ans.
Valentin senti plus qu’il ne l’entendit que sa voix se fêla sur la fin de sa phrase. Henry sentant que Valentin allait craquer, tenta de continuer la discussion.
- Laurie fait la tarte au pomme comme Christine, mais elle est encore meilleure. Elle m’a avoué quand je lui ai demandé qu’elle avait ajouté un ingrédient à la recette. Je n’ai jamais réussit à deviner lequel c’est.
Valentin ayant comprit le manège son hôte entra dans son jeu.
- Je connais sa tarte aux pommes, elle l’a faite une fois en venant chez nous. C’est moi qui lui ai conseillé cet ingrédient, sourit-il mystérieux.
- Tu cuisine ? Demanda Henry surprit.
- Pas vraiment mais j’aime bien assister les cuisiniers quand ils ont besoin d’aide.
Henry s’étonna du soudain regain d’entrain qu’avait Valentin mais il ne s’y pencha pas plus, appréciant la conversation qui s’était engagée entre eux. Il était peut-être plus sympathique qu’il n’y paraissait, le parisien.
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