Espionnage
Youri Tchoukov faisait les cent pas. Il avait inspecté vingt fois les maigres éléments qu’il avait. Le numéro 101 avait disparu de sa chambre où une bagarre semblait avoir éclaté. Quelqu’un s’était donc infiltré ici cette nuit sans déclencher aucune alarme. Ce quelqu’un devait donc avoir les codes. Youri savait très bien que n’importe qui avait pu obtenir les codes auprès de ses quelques hommes qui assuraient la sécurité de jour. Sécurité contre pas grand-chose, d’ailleurs.
Il ne s’était jamais rien passé.
Mais Craig voulait que son personnel soit « protégé ». Une lubie de riche américain. Quoi qu’il en soit, Youri n’en menait pas large. Craig exigeait des explications et il n’en avait aucune. Et qu’est-ce que pouvait bien faire le numéro 101 ? Avec un peu de chance, il était mort de froid et tout s’arrêterait là.
Mais Youri avait la vague impression qu’il n’aurait pas cette chance.
Il fut brusquement tiré de ses pensées par son téléphone portable. L’écran affichait : CRAIG.
— Monsieur Craig ?
— On sait ce que c’est : espionnage. La police m’a appelé. Ils ont trouvé deux corps gelés dans la Moskova. L’espion et, probablement, le numéro 101.
— Un espion ? s'étouffa Youri.
— Apparemment, ce type enquêtait sur les travaux CTC. Je ne pensais pas qu’on en arriverait là un jour, mais désormais toi et tes hommes assurerez également la sécurité la nuit.
— Vous ne faites plus confiance aux alarmes et aux caméras ?
— Regardez où ça nous a menés.
— Très bien.
Craig avait raccroché.
Youri était scotché. Il jeta un regard au dehors, comme s’il cherchait quelque chose par delà la fenêtre.
A moins de cent mètres de là, sous une épaisse couche de glace, s’écoulait paisiblement la Moskova.
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