Intervention accident !

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Yann n'est pas mobilisé cette nuit là, aussi est-il étonné de voir son portable vibrer. Ce n'est jamais bon signe, être appelé par le DIS pendant son repos.

— Oui bonsoir, qu'y a-t-il ?

— On nous a signalé une voiture en feu dans le ravin qui longe l'Aiguebrun.

— Vous n'avez pas besoin de moi pour l'intervention que je sache !

— Désolé, Capitaine mais le second s'est foulé une cheville ce soir, au basket. Pas top pour débouler dans la garrigue.

— Ok ! Inutile de me faire un dessin, j'arrive ! Prenez une combinaison anti-feu, on ne sait jamais.

En moins de 5mn Yann est à la caserne. Le camion est prêt à partir, ses collègues lui ouvrent la porte.

— Montez, Capitaine, on a pris votre casque !

Le camion démarre en trombe sirène hurlante direction Lourmarin.

10 mn plus tard ils arrivent sur place. Comme il s'y attendait les flammes ont déjà bien diminué.

— Encore un qui a cramé une voiture volé, Capitaine. On va attaquer à la lance, inutile de prendre des risques en s'approchant trop.

Yann braque les projecteurs du camion sur la voiture en feu

— Merde ! Il y a un chauffeur. Vite, sortez les extincteurs à la mousse carbonique.

Les trois pompiers, à la vue du chauffeur écroulé sur le volant, s'activent pour l'extraire au plus vite.

Mais rapidement Yann lève la main pour arrêter ses collègues. Vu l'état de la voiture, la personne au volant est complètement carbonisée. La tête décharnée collée sur le volant et l'odeur âcre de chair brulée leur devient vite insupportable.

Le capitaine, qui en a vu d'autres, détourne la tête, effaré.

Il est presque certain que cette voiture a volontairement été incendiée. Tout est brulé de l'avant à l'arrière comme si la voiture avait été aspergé d'essence, il connait trop bien les incendies volontaires de véhicules.

— Ce n'est pas un accident déclare un des pompiers.

— Je suis d'accord avec vous, je vais prévenir le commissariat de Police de Cavaillon, de toute façon on peut plus rien pour ce pauvre bougre. Arrosez autour de la voiture pour sécuriser la végétation, si jamais le vent se lève, il serait un peu mal venu que cette voiture mette le feu au vallon.

Yann retourne au camion pour appeler le commissariat.

— Bonjour, ici c'est la capitaine des pompier du SDIS d'Apt, nous sommes sur une intervention sur une voiture incendiée dans le vallon de l'Aiguebrun à l'intersection avec la route de Bonnieux, merci d'envoyer des renforts il y a un maccahbé bien rôti à l'intérieur, l'identification est impossible, nous attendons votre arrivée

Franck, de permanence ce soir là, est chargé d'organiser les équipes d'intervention. D'après ce lui a décrit le Capitaine, il devra à nouveau demander l'intervention de la "Scientifique", encore un sale boulot pour eux se dit-il.

Au dernier moment il décide d'accompagner ses équipes.

— Bonsoir, Inspecteur, je ne m'attendais pas vous retrouver ici !

— De permanence, il faut bien accompagner les hommes sur le terrain ! Et puis ici je commence à connaître malheureusement un peu comme vous. Alors c'est quoi d'après vous une sortie de route qui s'est mal terminée ?

— Pour ma part je n'en suis pas certain cela ressemble trop à un incendie volontaire et croyez moi on s'y connait en voitures brulées ! De plus ici, ils ont mis le paquet, le cadavre est pratiquement fondu sur le siège et le volant, c'est une horreur.

— Cela pourrait s'apparenter à un règlement de compte, ça devait être une belle bagnole du style de celle de trafiquants qui font du GO Fast.

— Vos équipes vont avoir du boulot demain matin ! Je vous laisse la responsabilité du lieu, nous retournons sur Apt, de toute façon nous avons fait le nécessaire pour que la végétation ne brule pas à proximité.

— Merci, Yann, j'espère que nous pourrons nous revoir dans d'autres circonstances et ailleurs que dans ce vallon maudit.

— Moi aussi, j'adorais ce lieu mais avec ce que nous y avons vécu j'avoue que le traverser à nouveau me donne la chair de poule, ça fait quand même beaucoup d'évènement dramatiques en peu de temps.

Après avoir salué le Capitaine, Franck retourne au fourgon de police, il veut vérifier la liste des voitures volées dans les 24-48h dans la région.

Après s'être connecté avec ses identifiants au serveur de la Police Nationale, un message s'affiche à son intention. Il vient de recevoir le rapport d'enquête sur la voiture accidentée dans le vallon à deux pas d'ici d'ailleurs, comme une troublante coïncidence.

Bien que l'urgence soit de vérifier les voitures volées, il ne peut s'empêcher de consulter le rapport.

La camionnette plateau appartenait à un chauffeur qui travaillait à son compte, il devait faire une livraison de Bretagne à AIX en Provence, son épouse ignorait ce qu'il transportait, mais elle savait que ce transport était attendu de toute urgence par un labo de génétique sur Aix, il l'avait appelé sur la route, il pensait rentrer le lendemain.

— Parfait tout ça ! On progresse se dit Franck, mais cela ne m'indique toujours pas pourquoi des poils du sanglier géant se trouvaient coincés dans les casiers de ce véhicule. Demain je vais essayer de retrouver ce labo, il ne doit pas y en avoir des centaines sur Aix, pense-t-il en consultant cette fois la liste des voitures volées récemment.

Rien de significatif ne lui saute aux yeux. Franck commence de fatiguer. Le fourgon étant équipée d'une couchette, il décide de se reposer en attendant les équipes de la "Scientifique", elles seront là tôt comme à leur habitude, autant essayer de dormir un peu se dit-il, en s'enroulant dans une couverture de survie.

Un bruit sourd et métallique vient le sortir des limbes. L'esprit encore embrumé, Franck ouvre la porte du fourgon.

— Hello Franck, si je m'attendais à vous voir ici ! Vous faites les accidents maintenant.

C'est Joseph lui-même le responsable du labo de la Scientifique qui vient de le réveiller.

— Bonjour Joseph, je vous retourne la question ? Ce n'est pas souvent que je vous trouve sur le terrain !

— C'est vrai, mais après nos découvertes étranges et le drame de ma nièce, je préfère l'action de terrain cela m'occupe l'esprit à autre chose.

— A propos de ce qui nous intéresse aujourd'hui, je ne pense pas qu'il s'agisse d'un accident, d'après Yann le capitaine du SDIS d'Apt , la voiture a été incendié.

Il va falloir retrouver l'identification du véhicule et de son propriétaire.

— Vous n'avez pas pu récupérer l'immatriculation ?

— Non tout est vraiment cramé, de plus aucune voiture volée n'a été signalé dans les environs, maintenant elle vient peut-être de beaucoup plus loin.

— Ah au fait, vous avez du nouveau sur le véhicule ou on en a retrouvé des poils de cochons.

— Oui ! Mes collègues on fait un super boulot, on va certainement avoir des infos sur le pourquoi de cette voiture ici dans le ravin, pas loin d'ici d'ailleurs.

— Bien Franck on se met au travail avec notre équipe, retournez vous reposer, dès que l'on a des infos je vous fait un email.

Arrivé au commissariat, Franck se sert un bol de café noir, pour essayer de se sortir cette nuit courte et froide passée dans un fourgon au bord de la route à surveiller un cadavre rôti. Une nuit à faire des cauchemars.

Après avoir englouti son café brulant, Franck s'attable à son poste de travail.

Il vient de recevoir le rapport complet sur la camionnette accidentée de l'Aiguebrun.

Il est très détaillé, ses collèges Bretons ont fait un super boulot, aussi lance-t-il l'imprimante. Je vais le lire tranquillement en prenant un autre café se dit-il à lui même.

Le malheureux chauffeur s'appelait Regis Lacombe, livreur auto entrepreneur, travaillant en sous traitance pour d'autres transporteurs ainsi que pour des clients en direct.

les policiers bretons ont réussi à retracer son trajet avant qu'ils ne viennent se tuer dans le Luberon. Très tôt il a chargé des porcelets dans un centre de triage de cochons. Ses collègues ne savant pas encore d'ou viennent ces petits cochons, la traçabilité n'a pas l'air d'être au point dans ce centre d'expédition.

Néanmoins ils ont réussi à savoir où se rendait Régis Lacombe. En effet sur la route il a appelé son épouse pour lui dire qu'il rentrerait le lendemain matin, après avoir livré un labo de génétique sur Aix en Provence, mais lequel et l'adresse elle ne le savait pas du tout.

Ce qui étonne Franck, c'est que l'épouse n'a pas reçu d'interrogation sur le devenir de la marchandise transportée aussi bien de la part du destinataire que de l'expéditeur. Le transport avait l'air urgent d'après sa femme pour que son mari fasse presque 900 km dans la journée et ensuite personne ne réclame ce qui était l'objet du transport, ne serait-ce que pour faire fonctionner les assurances.

— Bon, on va devoir établir la liste des labos de génétique sur Aix en Provence, ils ne doivent pas être des milliers, Franck se surprend à penser tout haut.

Un gong vent le sortir de rêverie, c'est Joseph qui lui envoie des premières infos.

Pour la voiture il s'agit d"une Audi assez sportive et elle appartient à un certain Julien Portal qui habite Aix en Provence, suit l'adresse de la personne.

A ce moment là, Franck se rend compte que la famille de cette personne n'a pas été prévenue du décès, il en informe le commissaire. Selon la tradition la famille doit être destinataire de l'acte de décès de mort violente par un officier de police ou de justice.

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