— Mme Portal, vous êtes bien l'épouse de Julien Portal ?

— Non, Mlle Faure, sa compagne ! Nous ne sommes pas mariés, mais qui êtes vous ?

— Franck Delouvrier, Inspecteur de Police du commissariat de Cavaillon.

— Julien ? que lui est-il arrivé ?

— Pourrions-nous entrer Madame ? Nous sommes devant la maison et je souhaiterais m'entretenir personnellement avec vous.

— Allez-y, je vous ouvre le Portail.

Julien et son équipe pénètre dans la propriété provençale avec une voiture banalisée, il n'est pas dans son intention d'alerter les voisins avec des gyrophares, la presse fera beaucoup plus de bruit qu'eux dans les jours à venir.

Julien n'est pas préparé à l'annonce qu'il doit faire. Il aurait volontiers cédé sa place mais il doit aussi profiter de cet instant pour obtenir des informations sur la société de son mari. Son labo de génétique était destinataire des cochons transportés par la camionnette accidentée de l' Aiguebrun, il y a 6 mois. Les investigations menées par son équipe recoupées de plus avec les connaissances du secteur biologique de Joseph, sont formelles. C'est la startup la plus en vue du secteur en ce moment..

Une jeune femme brune svelte, en tenue de joggeuse, les cheveux regroupés rapidement dans un chignon au sommet du crane, s'avance vers eux.

— Inspecteur Delouvrier, Franck se présente.

— Qu'est-il arrivé à Julien, Monsieur l'Inspecteur, c'est bien pour Julien que vous êtes là.

— Je souhaiterai vous parler à l'intérieur, Madame, si c'est possible.

Sans un mot, les mains croisées tordues d'angoisse, la jeune femme se dirige sans un mot vers l'entrée de sa maison. Elle fait signe à Julien de s'assoir sur une chaise à la table de la salle manger qui jouxte leur salon.

— Il va falloir être forte Mme Faure, ce que j'ai a vous annoncé n'est pas facile !

— Mon dieu Julien il a eu un accident ?

— En quelque sorte, madame, nous l'avons retrouvé carbonisé dans sa voiture sur la route de l'Aiguebrun.

La femme de Julien porte ses mains à sa bouche pour tenté de retenir un cri, mais c'est inutile, toute son émotion se déverse dans un hurlement qu'elle ne peut plus contenir.

Franck se lève, il ne peut se contenter de sa position de neutralité imposée par sa fonction, et serre Mme Faure dans ses bras.

De long spasmes agitent la jeune fille, Julien l'entourant de ses bras essayent de la calmer.

Elle s'écarte doucement de lui, comme gênée de s'être jetée dans es bras.

— C'est un accident ? Julien roule toujours top vite !

— Nous le pensions Madame ! Mais ce n'est pas possible.

— Je ne comprends pas ! Vous me dites que vous l'avez retrouvé dans sa voiture ?

— Pardon d'être aussi brutal, mais votre compagnon avait-il des tendances suicidaires ?

La jeune femme reste interloquée en réponse à la question de Franck.

— Nous devions concrétiser notre projet d'enfant, M. l'Inspecteur je ne prend plus la pilule depuis un mois, c'est une question incongrue pour moi.

— Désolé, Madame, mais mon job est d'éliminer des hypothèses, pour trouver la raison de la mort de votre mari.

— Alors vous êtes certain que ce n'est pas un accident ?

— Nous devons encore affiner les analyses, mais d'après les pompiers l'Audi de votre mari a été délibérément incendiée.

— Mais c'est complètement criminel, on a fait bruler Julien ?

— Y-a-t il eu des évènements particuliers ces derniers jours dans le labo de votre compagnon.

— Julien ,et c'est une volonté de sa part, ne me parle jamais de ses affaires, il a toujours souhaité protéger notre couple des tracas du business.

— Qui pourrais-je contacter dans son labo ?

— Son plus proche associé, Rémy, mais il va être effondré, Julien était son modèle absolu ! J'aurai pu être jalouse de lui, tellement il me l'accaparait, même les weekends pour des tournois de Tennis. Où pourrais-je voir Julien, Monsieur l'Inspecteur ?

— A la morgue d'Aix en Provence quand le service de la Police scientifique aura terminé ses investigations, mais je ne vous le conseille pas ! Gardez précieusement le dernier souvenir que vous avez de lui, la vision d'un cadavre calciné et méconnaissable n'est certainement pas celle que vous souhaiteriez retenir. Je n'ai pas encore prévenu la presse, il n'y aura pas d'images de votre compagnon dans sa voiture.

— Merci Inspecteur ! Mlle Faure s'agrippe littéralement aux mains de Franck.

— Restez à la disposition de la Police, si vous aviez à quitter le département, merci de prévenir auparavant.

En sortant de la maison, Julien est envahi d'un profond remord en laissant cette jeune femme seule avec sa douleur.

L'action est son seul remède pour échapper à la déprime, il doit comprendre ne serait-ce que par devoir de mémoire à toutes ces victimes dont la liste semblent s'allonger chaque jour.

Il décide de rendre visite à l'associé de Julien Portal dans le labo de la startup aux portes d'Aix. Il ne doit pas encore être informé du décès de son associé, Franck compte sur l'effet de surprise.

A l'accueil de l'entreprise les policiers montrent leur carte et demandent.

— Nous venons voir M.Remy Saval, j'espère qu'il est ici ? Demande Franck

— Je vais le prévenir.

La charmante jeune fille de l'accueil s'éclipse au fond du couloir. Quelques secondes plus tard, l'associé de Julien Portal s'avance vers les trois policiers.

— Bonjour messieurs, que puis-je pour vous ?

— Pourrions nous vous parler dans un de vos bureaux au calme ?

— No problème, suivez-moi.

Rémy Saval installe le petit groupe dans une salle de réunion et ferme la porte.

— Quel est l'objet de votre visite ?

— Nous avons retrouvé, très tôt ce matin votre associé carbonisé dans sa voiture dans le vallon de l'Aiguebrun.

Remy aurait reçu un uppercut à l'estomac que l'effet aurait été le même. Bouche ouverte pendante et yeux exorbités.

— Mais enfin ce n'est pas possible, je l'ai quitté hier soir vers 18h ! Que c'est-il passé un accident ?

— Si nous sommes ici, c'est que nous croyons bien que ce n'est pas le cas, c'est un incendie volontaire.

Soudain, c'est comme un si deuxième assomait Rémy, il s'accroche à la table pour ne pas s'effondrer, il est soudain pris d'un terrible vertige où le bureau et ses interlocuteurs semblent danser autour de lui.

— Vous n'êtes pas bien M.Saval, vous voulez un docteur.

— Non, ça ira, mais je m'excuse, Julien décédé et assassiné en plus, je nage en plein cauchemar.

— Votre associé avait-il des ennemis ou jalousies dans votre milieu professionnel.

— Quel équipe comme nous n'en aurait pas ! Nous sommes à la pointe en matière de recherche appliquée dans la génétique, les enjeux commerciaux sont considérables, mais de là à ce que cela génère un assassinat, c'est inimaginable.

— Je ne vous demande pas d'imaginer M.Saval ! Notre job est de travailler sur des faits. A ce titre nous voudrions savoir pourquoi vous ne vous vous êtes pas inquiété de l'absence de livraison de petits cochons. Ils devaient vous arriver ici, il y a 6 mois, mais la camionnette a été accidenté, pas loin d'ailleurs du secteur où votre associé vient de bruler.

— Ecoutez, je ne sais pas de quoi vous me parlez, vous m'apprenez la disparition de Julien, c'est peut-être plus à vous de m'expliquer ce qui lui est arrivé , non ?

— M.Remy Saval, nous sommes là pour ça et nous avons besoin de votre collaboration active. Je pense que vous êtes parfaitement au courant de l'accident de cette camionnette. La femme du conducteur va déposer son témoignage pour son mari. Il devait bien livrer chez vous, de plus l'accident a été relayé dans la presse. Je vous retourne la question expliquez-nous !

Remy cette fois est complètement effondré, il vient de saisir qu'il ne comprenait pas

réellement dans quoi était engagé Julien.