J’ai toujours l’air conne à ce moment-là. Et je déteste qu’on me rappelle que je fais un mètre moins dix. Bon, j’exagère, youhou, je dépasse allègrement le mètre cinquante. De deux centimètres.

Oui, je sais, ce n’est pas une question de taille mais quand même ça aide. Pour ça et d’autres choses, soyons honnêtes.

Mais ils pensent quoi ici ? Que les girafes vont venir faire un petit tour et se dire : « Tiens, il me manque justement de la sauce tomate pour ce soir, je vais en prendre un petit pot. Oh, c’est magnifique, même pas besoin de plier le cou, ils ont pensé à tout. »

Je peste encore. En me levant sur la pointe des pieds, je n’arrive toujours pas à toucher ce fichu pot, le dernier, le seul que dans ma déprime célibatérienne, j’ai envie de manger ce soir.

Un regard à droite, un regard à gauche, je monte sur l’étagère du bas. J’effleure le pot du bout des doigts mais il m’échappe et se carapate dans le fond.

« Saloperie ! jure-je entre mes dents.

—Un coup de main. »

Je me tourne et je bloque.

« Ou d’autre chose, dis-je sans réfléchir. Heu oui, pardon, si vous pouviez m’attraper le pot tout en haut. »

Le beau brun lève un bras musclé, attrape le pot et me le tend avec un sourire.

« Merci, c’est très gentil à vous. »

Je ressors du magasin avec un pot de sauce tomate et un numéro de téléphone. Voilà une astuce drague que les girafes n’auront pas !

Je suis sur des formats très courts ces derniers jours, je manque de temps. Mais finalement, les mots imposés se prêtent pas mal à ces petites histoires.