« Montagne !

—Prairie !

—Montagne, bordel !

—Mais arrête, ça se voit à deux kilomètres que c’est un prairie ! T’as étudié chez les pignoufs ou quoi ? »

Les deux hommes, un mage qu’on reconnaissait à sa robe peu pratique et un elfe aux longues oreilles et à la dentition gâchée par une feuille de salade, furent interrompus par un troisième, guerrier de son état comme l’indiquait l’épée accroché à son baudrier et qui semblait certes bien impressionnante mais plutôt lourde à manier.

« Et sinon, ça vous embêterait pas qu’on règle la question après s’être débarrassé de cette chose ? dit-il en se cramponnant au tronc d’arbre. »

Les deux autres lui lancèrent un regard peu amène, eux aussi accrochés à deux grosses branches pendant que le troll – des montagnes ou des prairies – secouait allègrement l’arbre pour les déloger.

« Sauf qu’on ne combat pas du tout de la même façon un troll des montagnes qu’un troll des prairies.

—Bah, un troll, c’est un troll, non ? Faut taper où ça fait mal et puis voilà, dit le guerrier. »

Le mage eut un frisson, sentant le vent s’engouffrer sous sa robe et maudissant cette tenue.

« Et tu veux taper où exactement ? demanda-t-il en fixant le guerrier.

—Heu… La tête ?

—Si c’est un montagne, comme je le pense, tu vas juste casser ton épée, ces bestioles ont la tête dure. »

Un coup plus violent que les autres les forcèrent à se tenir davantage et à se taire.

« Et si c’est un prairie, continua l’elfe, ton épée va lui rebondir sur la tête comme sur de l’herbe tendre, c’est des vrais mous du bulbe.

—Tiens, ça me rappelle quelqu’un, marmonna le mage.

—Pardon ? s’écria l’elfe.

—Non, rien. De toutes façons, la question ne se pose pas, c’est un troll des montagnes, on le voit à sa peau grise et lumineuse, dit-il d’un ton pédant.

—Mais non voyons, la teinte verdâtre sur ses pieds, c’est clairement un prairie !

—Ou il aurait aussi pu marcher dans l’herbe, tout simplement ! répondit le mage en levant les yeux au ciel, exaspéré. »

L’elfe insulta le mage dans sa langue natale, ce dernier lui répondit en écorchant la prononciation ce qui fit dire à l’elfe que oui, il avait bien appris dans l’université de magie la plus plouc du monde.

Pendant que ses compagnons se disputaient, le troll commença à saisir la plus basse branche de l’arbre et à s’y hisser.

« Oh bordel de bordel, il monte ! hurla le guerrier.

—Hein ? firent les deux autres avant de jeter un œil en bas. »

Ils se regardèrent un instant avant de s’exclamer de concert.

« Un troll des forêts !

—Du bois-joli ! ajouta le mage.

—Mais pas du tout, on voit bien que c’est un de la forêt noire, coupa le mage.

—Bois-joli !

—Forêt noire ! »

Bon, ben du coup, vous avez été silencieux sur le dernier chapitre T_T...