Sur ces derniers mots, il sortit un poignard aiguisé dont la garde se terminait par une tête de dragon et la lécha. Une arme rutilante contrastant avec la saleté environnante. D’un geste adroit, L’Inquisiteur déchira le débardeur blanc de Mathieu et entailla profondément son abdomen. Puis, presque solennellement, étira la peau. Du sang coula sur la table et tomba lentement sur le sol comme les sables d’une clepsydre funeste. Il prit le crochet rouillé, l’inséra et le plaça sur l’intestin grêle.

L’animateur mit sa main droite à l’intérieur de l’abdomen du malheureux et la ressortit, poisseuse. Les yeux brillants il suça ses doigts gluants et se mit à sourire. Les cris inhumains du premier participant malgré lui se répercutaient sur chaque cloison de la prison.

— Voyez mesdames et messieurs, ce crochet est attaché à l’intestin de notre cher candidat. La manivelle que vous voyez ici est mécanisée et tournera lentement lorsque j’appuierai sur le petit bouton rouge. Auparavant, il fallait l’actionner manuellement, mais l’inconvénient est que j’allais trop vite. Beaucoup trop vite. J’ai donc décidé d’opter pour quelque chose d’automatique.

Pensif, il se gratta la tempe et s’arracha quelques morceaux de peaux.

— Que voulez-vous, on n’arrête pas le progrès.

Il activa la machine. Le crochet se mit en marche et arracha lentement l’intestin grêle. L’organe ensanglanté se faisait extirper dans un bruit répugnant. De chaque segment tombant au sol s’écoulaient du liquide et quelques morceaux de nourriture non digérée. Une odeur pouacre emplissait la pièce et leur piquait les yeux. La lenteur de la torture accentuait l'horreur indicible qui se déroulait devant les deux prisonniers.

Theo et la femme ne purent se retenir et vomirent devant ce spectacle immonde. Mathieu agonisait, les yeux révulsés et une écume blanche se formant au bord de ses lèvres. La géhenne que l’infortuné endurait était ponctuée de hurlements incessants. Le temps semblait s’étirer. Les secondes s’allongeaient encore plus lentement que les viscères gluants.

Quelques rongeurs revinrent pour déguster les bouts d'intestins. Le bruit de mastication ignoble causa de nouveaux haut-le-coeur. Leurs estomacs se soulevèrent et ils ne purent que régurgiter une substance blanchâtre et acide.

Un bip sonore retentit, la totalité de l’intestin se trouvait à terre et toute étincelle de vie venait de quitter Mathieu. Il était passé de l’autre côté du voile de la mort. Son visage tordu par la douleur et ses yeux éteints semblaient n'être que le préambule de sa souffrance éternelle. L’Inquisiteur, souriant, regarda attentivement et longuement sa victime inerte comme s’il voulait la capturer mentalement.

— Vous avez assisté à la manivelle intestinale, une torture répandue au Moyen-Âge. Les seigneurs punissaient les êtres impurs, les vulgaires et les hérétiques. Magnifique, n’est-ce pas ?

Jubilant, il regardait la caméra puis les deux prisonniers restants. Il se délectait de leur peur.

— Je reviens vers vous dans quelques instants, reprit-il. Le temps de débarrasser et de nettoyer le plateau.

Theo s’essuyait la bouche humide et se mit à pleurer. C’était l’un des moments qui représentaient à la perfection le dicton « L’horreur est humaine ». La femme, elle, s’était évanouie, sa merveilleuse robe tachetée de vomissures. Après quelques minutes de tension extrême, le bourreau revint, une canette de soda cabossée dans la main et un sandwich triangle dans l’autre. Ses dents pourries arrachaient la mie noircie de son repas.

— Il est temps de faire place à la deuxième participante. Maëva, 33 ans, esthéticienne et maman de deux enfants. Oh, elle s’est endormie, fit-il, feignant la surprise.