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Avec Lui, rien de tout ça. Comme à chaque fois depuis que je me suis offert, la frustration et la déception s'emparent de moi un court instant lorsque ses mains m'abandonnent. Je n'ai pas été assez gâté, mais j'ai besoin de souffler. J'ai chaud. Ma gorge pique. La sueur imprègne la serviette posée sous ma tête, se mêlant à la bave échappée de ma bouche restée trop longtemps béante. Il m’essuie les lèvres et me présente une paille plongée dans un verre d'eau. Je bois par petites gorgées espacées. Dans ma position, un retour à l'envoyeur reste possible. Il me regarde expirer, me demande si je veux arrêter. Quelle idée ! Ravi, Il me tapote le popotin. Les tapes se font plus dure. Je serre les fesse pour encaisser, lâche de petits « ouh ! » pour évacuer la douleur. Parfois, l’extrémité de sa main claque contre ma cuisse, un son délicieux ! Mon fondement ainsi juché, présenté sur un plateau, n'était-il pas tentant ? Je bande comme chaque fois qu'Il bourrine mon « petit cul servile ».
Il s'arrête, enserre mes fesses. Ses lèvres humides se pose sur ma peau. Un filer d'air me hérisse... rien du tout j Il s'arrête, enserre mes fesses. Va-t-il recommencer à les martyriser ? Je m'y attends. C'est assez frustrant de ne pas savoir où exactement la grêle va tomber. Non ! je sens une caresse descendante. Puis ses doigt remontent, alternent quelques instants ce mouvement de yo-yo. Ses lèvres humides se pose sur ma peau. Un filer d'air me hérisse... rien du tout car je suis épilé. Je sens cependant le réflexe des poils disparus et le frisson qui s'étend. Un smac sec retentit. Une nouvelle onde m'emporte. Moi qui me calmais, je sens mon membre s'ébranler. Il saisit mes cuisses, plaque sa bouche et souffle. Outre le bruit proche du pet, les mouvements imprimés à l'épiderme ont un aspect drolatique. Je ricane, feins de le rabrouer. Ses doigts s'agrippent, son manège buccale continue sur cette face arrière si réceptive. Je ne me sens qu'une seule liberté, accompagner son jeu du battement de mes pieds. À chacune de ses expirations, je me tends de plaisir. Je me sens véritablement chosifié, à mi-chemin entre un jouet et un jambon sélectionné par un gourmet. La pointe de son nez balaye leur surface ferme pendant qu'il murmure.
D'un coup, tout retombe. Je sens son torse s'insinuer entre le dossier et mes mollets. Une cordes se tend entre mes jambes, tire sur le lien de mes chevilles. Mon Dieu, je vais morfler !
Une joue piquante se pose contre ma cuisse droite. Un dernier baiser, avant que mes chevilles ne soient saisies. Je pousse alors sur mes pieds, comme si je cherchais à les dégager. Avec son bras, Il les plaquent contre Lui.
— Tu croyais pouvoir m'échapper ? se moque-t-Il.
Un doigt malicieux passe, vif comme l'éclair, sur la plante droite. Il provoque dans l'instant une envie de me recroqueviller. Mais je suis bien maintenu. La nouvelle corde et sa prise m'empêchent de plier les genoux. Je suis pris au piège.
— Non ! ai-je répondu dans un petit couinement de surprise.
Les effleurements encore délicats des petites furies me chatouillent doucement ; je glousse de plaisir, tout en ondulant des hanches sous l'effet des décharges.
— Tu ne te sens pas trop abusé ? s'enquiert-Il, sûr de la réponse.
— Si, complètement ! rigole-je, tant de la situation que de ses sollicitations.
Comme rassurés, les doigts se mettent à galoper sur mes pauvres petons. Je pouffe et m'agite. Le jeu expert de mon Partenaire entraîne rapidement des réflexes irréfléchis. Je me trémousse sur mon perchoir, essaie de me soustraire par des contractions aussi incontrôlées qu'entravées . Pathétiques tentatives ! Je suis transporté, à la fois par les frottements de mon pubis contre le canapé et par toutes ses sensations d'impuissance. Le cuir froid et crissant, le carcan de mes liens, l'impossibilité de m'échapper... et cette drolatique souffrance qui m'est infligée qui m'est infligée avec un plaisir non dissimulé. J'entends, lorsqu'Il ralentit et que je peux respirer, son rire malicieux, les râles prévenant une offensive en force. Je ne peux pas L'empêcher, je ne peux pas contrôler les effets. Le ridicule criant de ma situation me saute à la face. Le ridicule criant de ma situation me saute à la face. J'ai tout manigancé, depuis les fessées et la cravache jusqu'à cet abus de confiance simulé. J'ai tout voulu, Il va me punir.
Saloperie ! Le voilà qui vient d'allumer une brosse à dent électrique ! Je l'imagine affecter la nonchalance alors que la tête passe sur mes orteils, ne négligeant aucun recoin : la jonction avec les coussinets, le dessous des ongles... Entre deux éclats de rires effrénés, je hurle tant le picotement est puissant. L'effet hilarant ne s'est pas dissipé, qu'un nouveau est stimulé. Ces montagnes russes m'affolent, me font vriller. Mes bras et mes épaules sont secoués en tout sens, mon pénis frétille comme un gardon au bout d'un hameçon. Je ne peux plus rien contrôler ! Une brève visite à la base des fessiers... Il n'a pas oublié. En même temps, cette zone est presque sous ses yeux. Mais comment a-t-il été permis d'inventer un truc pareil ? Humiliation, possession, manipulation... En quelques gestes précis, quelques paroles bien senties, Il m'a tout pris. Liberté, volonté, fierté, tout s'en est allé. Je suis désormais une marionnette, pathétique pantin, incapable de penser. Je n'agis plus que par réflexes, ne m'exprime que par borborygmes. Mes mouvements et mes cris sont déclenchés par mon Partenaire... Jusqu'au battement de mon propre cœur.
— Enfoiré ! ahané-je une fois ce manège arrêté.
— Genre t'as pas kiffé ! rigole-t-Il après m'avoir embrassé et ébouriffé.
— Oh si ! Comme chaque fois que je prends cher.
— Et tu n'as pas fini de prendre, m'indique-t-il en me descendant.
Pendant que je reprends mon souffle, plaqué contre son corps, Il déboutonne mon short imbibé de foutre et le laisse tomber à mes pieds. Je veux l'aider en secouant mes hanches mais Il m'arrête en plaquant ses mains sur mon bassin. Son fusil est prêt à défourailler. Je pense à la suite et me mordille la lèvre pendant que mon tanga chute sur mes chevilles. Affectant le ramollissement, je m'agenouille puis m'apprête à présenter mon fondement. Je sens mes bras tirer en arrière pendant que mon tronc s'abaisse. Avec douceur et dextérité, Il me guide en seiza[1], avant de me renvoyer en avant en maintenant mes poignets pour les placer derrière mes genoux. Aurait-Il prévu une dernière humiliation avant la pénétration ?
[1] Assis, les mollets repliés sous les cuisses.
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