Xerxès - the end
Le ciel nocturne était beau. Pas magnifique ou sublime. Juste beau. Simplement beau. D’une beauté si indéniable qu’elle ne pouvait appeler qu’à la simplicité du langage. La comète Xerxès luisait tranquillement dans le ciel, suivant la trajectoire qu’avaient calculée à l’avance de nombreux observatoires tout autour du monde. Son avenir était écrit, elle était prévisible, prédictible et figée dans des déterminismes gravitationnels, et pourtant, le simple fait de la voir donnait une autre version à son histoire. J’ai regardé ma montre. Il nous restait encore cinq minutes à l’observer.
Je me suis tourné vers Marc. Lui aussi observait l’astre passager, des étoiles littéralement plein les yeux.
- Et toi ? » lui ai-je demandé. « Est-ce que tu penses qu’il y a quelque chose après la mort ?
- Je pense que non… En vrai, j’en suis pas sûr. J’aimerais bien croire qu’il y a quelque chose, mais je sais pas… Pas comme le paradis ou l’enfer, ou genre, le nirvana ou ce genre de trucs. Plutôt, comme si, à la mort, notre conscience se détachait de notre corps, qu’elle se dispersait dans l’univers… En quelque sorte, on deviendrait l’univers, on serait partout… On serait tout, quoi. Les étoiles, les planètes, les trous noirs… les comètes qui voyageraient en nous traversant de part et d’autre… On assisterait à la mort d’étoiles presque aussi vieilles que le monde, et on verrait de nouvelles petites étoiles naître de leurs restes.
Il a fait une pause dans son discours, puis a soupiré.
- En tout cas, c’est comme ça que j’aimerais que ça se passe… Après, j’y crois pas trop.
J’ai hoché la tête pour marquer mon approbation, autant envers sa prose stellaire qu’envers sa conclusion.
Il y a eu ensuite un long silence, un moment de calme sans qu’aucun de nous deux n’ait besoin de dire quoi que ce soit. Finalement, je me suis relevé, et Marc m’a suivi, se mettant debout à mes côtés. J’ai jeté un dernier regard sur ma montre.
- Tu sais, Alex ? » m’a-t-il dit. « Je suis content qu’on ait pu passer du temps ensemble ce soir.
- Moi aussi.
Et comme je ne trouvais rien d’autre à dire, je l’ai pris dans mes bras. Il m’a étreint en retour.
J’ai fermé les yeux pour profiter de l’instant. Dans ses bras, je n’avais aucun regret.
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