Chapitre 2 : Résolution 

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Depuis ce fameux jour, le garçon n'était plus persécuté, ou plutôt, il l'était moins. Il avait à présent " le droit " de participer aux cours, et il avait quelqu'un pour lui soutenir. Même si le garçon se faisait toujours racketter sur le chemin de l'école, à l'école, au moins, il souffrait moins.

Aujourd'hui encore, il était heureux d'aller à l'école. Recouvert de bleus, entâché de boue, mais il semblait aller à merveille, comme si ce n'était que de vulgaires égratinures sans importance.

Après son discours de l'autre fois en classe, tout le monde savait maintenant la cause de son état tous les jours, mais pourtant, personne ne lui venait en aide. La fille, celle qui l'avait défendu, était la seule à vouloir l'accompagner durant ses allers-retours de l'école.

Mais le garçon était bien trop gentil pour laisser la fille, sa sauveuse, peut-être même sa seule raison de vivre à présent, de finir dans le même pétrin que lui, voir pire. Il déclina alors gentiment son offre, quitte à se faire tabasser tous les matins et tous les soirs.

La fille, quant à elle, venait tous les jours avec une boîte de secours pour soigner le garçon. Leur relation était officiel, et tout le monde le savait, bien que cela ne plaise pas à beaucoup de monde. Mais depuis, le garçon a pu vivre une " vie normale ".

« Tu es plutôt doué en cuisine ! »

Ce jour-là, le garçon avait préparer un panier repas pour lui et sa copine. Cette fois, il n'avait pas le droit de se faire simplement un sandwich sans rien dedans. Il a alors mis toute son âme dans la préparation de ce seul et unique repas, jamais de sa vie il s'était aussi appliqué, jamais de sa vie il était aussi passioné dans ce qu'il faisait.

« Oui… je… c'est mes parents qui m'ont appris » répondit le garçon, incertain de ses propos.

Il ne pouvait l'inquiéter encore plus en lui expliquant sa situation familiale délicate. Pour lui, la fille n'avait besoin de rien faire, seulement, rester à ses côtés et montrer son soutien lui était suffisant.

« D'ailleur, tu finis toujours, littéralement, dans un sale état, ça ne te déranges pas ? »

- Non non, tu n'as besoin de rien faire ! Je suis bien comme je suis ! C'est de ma faute si je suis si faible…

- Voyons, même si je ne te proposais pas mon aide, essaie de prendre un peu plus soin de toi, dit la fille d'un voix douce et bienveillante.

- T'avoir à mes côtés me suffit.

- Non. Jamais je ne te suffirai, tu as besoin d'amis !

La jeune fille était à la fois en colère mais aussi inquiète. Comme une mère s'inquiètant pour l'avenir de son enfant, la fille décida de sérieusement prendre en main la vie que mènera le garçon. Il je pouvait pas continuer ainsi.

La jeune fille lui enseigna alors divers choses que ni dans les manuelles, ni dans le livres n'était enseigné. À commencer par comment se comporter, comment parler aux autres, comment déterminer un " véritable " ami d'un " faux " ami.

Le garçon, bien qu'il soit pas très enthousiaste au début, fini par s'y prendre sérieusement aussi, afin de ne plus subir son quotidien ennuyeux chaque jour. Le jeune homme devenait de plus en plus social chaques jours, bien que le début soit difficile.

« Hein ?! D'où tu me causes ? Crois pas parce que t'as une copine bien foutue que maintenant tu peux te permettre de tout ! »

Cette fois, le garçon était tombé, sur ce qu'on peut dire " une mauvaise pioche ". Très vite, le ton de la conversation monta et un conflit éclata.

« N'oublies pas qu'avant t'étais même pas supposé être en cours, prends pas trop la grosse tête petite merde ! Toi et ta copine vous êtes tous les deux des merdes trop haut placés ! »

- Retires ce que tu as dit ! Tu peux m'insulter, me cracher dessus, faire ce que tu veux mais je t'interdis de dire du mal d'elle !

- " M'interdis " ? Tu t'es pris pour qui !?

Très vite, les deux lycéens vinrent aux mains. Pour la première fois, le garçon eut le courage de se battre. Mais l'écart de niveau était bien grand, car le garçon était toujours blessé, ses muscles, fatigués par les entrainements intensifs du cours d'EPS, quant à son opposant, lui, était en pleine forme.

Bientôt, un troupement se regroupa autour des deux garçons. Les spectateurs encourageaient tous l'opposant du garçon, filmaient le combat, mais personne n'était parti prévenir, ni les professeurs, ni la copine du garçon.

Encore une fois, le garçon prena conscience de sa solitude. Personne ici ne l'encourageait, au contraire, ils lui jetait des détritus, des cannettes dessus, le huait, toute la haine éprouvée envers le pauvre garçon se fit ressentir à nouveau.

Et cette fois, il était encore plus intense que d'habitude, car, tout les ressentiments qui étaient dissimulés quand il était avec sa copine s'étaient libérés à cette instant.

Le garçon était fatigué et découragé tant physiquement que mentalement. C'est alors que quand, couvert de bleu, le visage gonflé, le garçon était prêt à abandonner, des garçons de sa classe vinrent s'interposer en plein combat et l'un hurla : « Toi là, arrête ça ! »

Les yeux du garçon s'illuminèrent. Ces garçons faisaient partis de ceux que le garçon avait abordé, qui se sont bien entendu. Il comprit à cette instant ce que voulait dire la fille quand elle lui disait qu'il avait besoin d'amis.

Il arrive, que parfois, deux personnes seulement étaient impuissants face à certaines situations. Le garçon est à nouveau motivé, et donna un grand coup à son opposant, qui tomba à la renverse. Ses camarades le rejoignirent, l'opposant du garçon, d'un regard agressif, était prêt à se battre contre 5 s'il le fallait. Les 4 garçons donnèrent alors un coup… au garçon.

« Dis donc ! On ne nous a pas invité pour le lynchage du crasseux ! Laisse nous participer un peu ! »

Les 4 garçons n'étaient pas là en renforts pour le pauvre jeune homme en difficulté, bien au contraire, ils étaient là pour le tabasser. Le lycéen à terre se releva, furieux, et rendit la coup au garçon, qui cette fois le metta à terre, ce qui marqua le début du lynchage.

Les élèves se regroupaient autour, en train de filmer et de rire sur le jeune homme à terre. Le malheureux s'est fait à nouveau trahir par ce monde. Il se recroquevilla, les bras autour de la tête, des réflexes naturels qu'il a développé quand il se faisait battre sur le chemin de l'école.

Mais, dans le désespoir total, quand il commence à penser qu'il n'a finalement aucun allié, quand il repense à comment il en est arrivé là, il se remémora alors de la jeune fille aux cheveux roux. Cette fille qui, par le simple fait d'exister, a donné du sens à ses efforts, et qui est son unique alliée.

Si c'était pour elle, le reste importait peu. Dans un dernier effort désespéré, il mordit la cheville d'un de ses agresseurs pour avoir le temps de se relever, et ensuite donner un coup de poing, dont la principale force provient, non pas de ses muscles, mais de l'élan qu'il a pris.

Il ne pouvait plus se reposer sur ses muscles, tout son corps lui faisait mal. Il avait la tête qui tourne, le sang qui coulait de son nez, il avait du mal à respirer, il avait du mal à se tenir debout, il n'avait plus de force, mais il persévérait.

Il se faisait rouer de coups. On le tenait par les deux bras, l'empêchant de se défendre, et le sang giclait dans les airs. Le jeune homme était au porte de la mort. Sa vue se brouillait, il perdait peu à peu ses cinqs sens, mais même ainsi, il réussi d'un coup de tête brusque en arrière, cogner son agresseur qui le tenait, et se jetta sur le suivant.

Il n'avait plus de force, alors il utilisait ses griffes, il utilisait ses dents, le sang giclait dans les airs, mais cette fois, ce sang ne lui appartenait pas.

Puis quand l'un était prêt à donner un coup capable de tuer sur la coup le jeune homme dans son état actuel, une voix claire et perçant résonna dans les couloirs :

« STOP ! STOP ! ARRÊTEZ ! »

C'était la petite amie du jeune homme, qui, inquiète par son absence, venue le chercher. C'était vraiment un coup de chance qu'elle puisse arriver avant que l'état de son petit ami empire, ou peut-être est-ce de la malchance qu'elle soit arrivé alors que son copain est en sang ?

Elle arrêta le combat, sépara les garçons, s'en tira avec quelques excuses avant de raccompagner son copain sur la dos, à l'infirmerie. Le corps du garçon était en piteux état, il fallu l'emmener à l'hôpital dans la ville d'à côté pour le soigner.

« Le médecin a dit que tu ne pourras plus bouger pendant 3 mois » dit la fille, tête baissée, à côté du lit du garçon.

« Pourquoi tu t'es battu ? »

Le garçon répondit alors : « Parce qu'il t'a insulté »

La fille releva la tête, et, les yeux remplis de larmes cria sur la garçon :

« Dans ce cas imagines toi moi, me battre jusqu'au bord de la mort parce que des filles t'ont insulté ! Tu comprends ce que je ressens ? »

Le coeur du garçon se serra en voyant la fille en larme. Il voulait la réconforter, mais il n'avait ni les mots, ni le courage. S'il disait quelque chose qui ne fallait pas, et qu'il empirait les choses ?

Il avait donc décidé de s'excuser, mais, il resta silencieux un temps pour réfléchir aux paroles de la fille avant de parler. Si justement " désolé " était justement le mot qu'il ne devait pas prononcé ? Il devait à présent penser à la place d'autrui, afin de ne pas faire les choses de travers.

Avant, personne ne lui parlait ou se souciait de lui, mais surtout, il n'y avait personne qu'il ne voulait ne pas blesser. Maintenant, il est confronté à une situation qu'il n'a jamais vécu, et qu'il n'avait même pas soupçonner l'existence.

« Merci de te faire du soucis pour moi, j'agirai avec plus de maturité à l'avenir »

Il se souvena d'un conseil que jadis, " quelqu'un " lui avait enseigné : Toujours dire " merci " quand on veut dire " désolé ".

Il ne se souvenait plus de cette personne, ni de son visage, ni de son nom, mais il savait que cette personne avait existé. Même si aujourd'hui, il ne pense pas qu'il la retrouverait, il se souvenait toujours de ses conseils.

La fille essuya ses larmes, salua le garçon et partit. Elle laissa sur le lit une boîte de casse-croûte pour le garçon, avec ses biscuit préférés, fait maison par la jeune demoiselle. Et depuis, la fille venait lui voir une fois par semaine, en lui apportant les cours qu'il devait rattraper, de la nourriture, des fleurs…

Pourtant, les deux jeunes étaient moins bavards que d'habitude, chacun se comprenait mutuellement, c'est probablement la raison pour laquelle ils se parlaient moins. Mais il était clair qu'en réalité, un certain malaise s'est installé entre les deux.

Puis soudain, un jour, soudainement, la fille a arrêté de venir pour une raison inconnue du garçon. Le jeune homme, d'abord troublé et inquiet, fini par s'habituer à sa vie solitaire. Ou plutôt, il reprena sa vie solitaire, où personne n'existait réellement pour lui, où tout lui semblait vide de sens, où il n'avait aucun allié, mais probablement un tas d'ennemis.

Néanmoins, le garçon est beaucoup plus serein, car il savait que, si la facture de son hospitalisation est toujours payée, c'est que forcément, la fille continuait de prendre soin de lui, étant donné que ses parents ne lui payeront jamais la facture, même hospitalisé, même s'il venait à mourir.

Ainsi, passa tranquillement, dans un quotidien silencieux de 2 mois.

Trois mois passèrent depuis l'incident, il fut exclus du lycée pendant deux semaine, mais il revint finalement à l'école. Sur le chemin, comme toujours, au point où cela ne paraît même plus étonnant pour le garçon, même si ça l'était, ses trois agresseurs l'attendaient toujours au même endroit, pour le tabasser et le racketter.

Une fois de plus, il finit sale et crasseux, mais il restait confiant et poursuivit son chemin. Arrivé au lycée, il retrouva sa copine, qui n'a pas l'air d'avoir changé en quoi que ce soit. Mais avant de lui demander la raison de pourquoi elle a subitement arrêté de venir le voir, il alla au toilette pour se changer. Même s'il ratait le cours ou qu'il arrive en retard tout le monde s'en fichait.

Il se changea donc, avec des vêtements propres qu'il avait apporté, se nettoya le visage des crasses et de la boue, et resorta des toilettes, propre et bien coiffé, comme il devait l'être de base. Les élèves qui ne l'avait plus revue depuis un temps, ne le reconnut même pas, et lui demandaient s'il n'était pas nouveau.

Finalement, durant la cantine, il vint aborder sa petite amie, lui offrant un panier repas préparé par ses grands soins, et qui, comprimé dans deux boîtes remplis de papier et mouchoir pour limiter les secousses, était magnifiquement préparé.

« Salut, ça faisait longtemps, voilà un petit remerciement pour tout ce que tu as fait pour moi. Et d'ailleurs, tiens »

Le garçon fouilla dans sa veste, et sortit une grosse sommes d'argent, salaire de deux semaines de labeurs, qu'il tendit à la fille.

« Est-ce que tu m'en veux encore ? »

- Non. Et aussi, désolé de ne pas être venue te voir les deux mois suivants, disons que… j'ai mes raisons.

La fille accepta la somme et la rangea dans son sac, la tête baissée comme l'autre fois. Le garçon, ayant peur qu'elle soit à nouveau en train de sangloter, lui prena la main et lui dit d'une voix douce et rassurante : « Est-ce que ça va ? »

La fille redressa la tête, et contre tout attente, affichait un sourire solennel : « Ha ! Je t'ai eu ! Disons que c'est un peu pour me venger pour m'avoir fait si peur ! »

Le garçon souffla, rassuré. Il afficha aussi sur son maigre visage, un sourire bienveillant : « Tant mieux alors, tant que tu vas bien »

Les deux jeunes reprenèrent leurs bavardages habituels, et le malaise semblait avoir disparu.

La sonnerie qui marquait le début des cours de l'après-midi retentit. Le garçon entendit des bruits et des voix provenant des toilettes. Curieux, il alla voir, et aperçu deux élèves, un garçon et une fille. C'était le garçon avec qui il s'était battu l'autrefois, et sa copine, en train de commettre un acte tabou, surtout pour des personnes déjà en couple.

Devant l'effroyable scène, le garçon essayait de se persuader qu'il s'était trompé de personne. Mais malheureusement non, c'était bien elle. C'était la seule qui possèdait cette caractéristique si particulière, avoir le reflet des iris doré sous la lumière.

Les deux jeunes gens semblent aussi avoir aperçu le garçon, mais s'en fichait complètement, comme si le garçon n'existait pas. Après cela, le garçon demanda des expliquations à la fille, qui semble maintenant affolée répondit : « Non, ce n'est pas ce que tu crois ! C'est… c'est… Ce n'est pas à cause de ça que je ne suis pas venue pendant les 2 mois… c'est »

Mais plus la fille parlait, moins elle arrivait à cacher son rire. Le garçon, perplexe, compris vite la vérité cachée derrière tout cela, mais semble ne pas y croire. Il demanda : « En réalité tu te prostitue pour me payer mon hospitalistation hein ? C'est ça n'est-ce pas ? »

- Oui c'est ça… c'est… BOUHAHAHAHAH !

La fille ne pouvait plus se retenir de rire. Devant le garçon inquiet, la fille explosa de rire avant de reprendre son calme, mais toujours un peu essoufflée à force de rire :

- Bon… ok, j'ai…

- C'est pas ce que je crois hein ?

- Bah en fait si. En réalité tu as toujours été très intelligent, mais tu ne voulais jamais voir la réalité en face. Donc, laisse moi te montrer cette atroce réalité que tu ne voulais pas accepter :

Tout d'abord, oui c'est vrai, je t'ai trompé, mais avec plusieurs personnes. Oui pour ce que tu as dit, à savoir, " je me prostitue pour te payer les frais ", mais c'est un business que je pratique depuis bien longtemps. Et aussi, je joue " la petite amie toute mignonne, toute douce et gentille ", ce n'est qu'une énorme blague pour se foutre de ta gueule !

Et si tu veux savoir pourquoi je n'étais pas présente durant les 2 derniers mois, c'était simplement parce que c'était soûlant et chiant, c'est tout !

Après, concernant cette farce, y'avait que la classe, le prof principale et le proviseur qui le savait, les autres n'en savaient rien. Tout le monde se foutait de ta gueule quand t'as le dos tourné !

Mais dire que tu t'es battu comme un chien parce que l'autre m'a insulté… pffou… hahahahahah ! Ah, faut que je me calme un peu, attends…

La fille inspira fortement et expira tout l'air aspiré. Une fois calme, elle reprit son récit, que le garçon écoutait attentivement, mais tristement :

C'ÉTAIT TROP DRÔLE !!! Ah ! Si je ne vous avez pas arrêté, l'un de vous serait sûrement mort ! On s'est bien amusé avec les vidéos filmés ! Mais bon, même si t'était pitoyable, il faut dire que tes agissements me vont droit au cœur, j'étais vraiment touchée par ton acte héroïque !

- Mais oui, bien sûr.

À ce moment là, n'importe qui savait que ce n'était que pure sarcasme et les paroles étaient ironiques.

- Mais bon, après, je ne m'en plains pas. Parce que t'avoir à ses côtés, c'est comme avoir un pass gratuit, tu m'achètes tout ce que je voulais ! Faut dire que t'es bien pratique !

Mais maintenant que tu as découvert, j'imagine que " c'est fini " entre nous. Et au passage, peu importe combien tu me payeras, je ne te laisserai pas coucher avec moi. Si les autres apprennent qu' un crasseux comme toi s'est fait plaisir avec moi, je perdrai tout mon business. Sinon merci pour les frics, je pense que je vais me payer de nouvelles chaussures avec !

Le garçon, désemparé, cherchait toujours au fond de lui une excuse, pour tromper cette réalité. Mais on y peut plus rien faire, c'est la fin, c'est la réalité. C'est arrivé brutalement, et cela paraît irréaliste, mais c'est la vérité.

« Ah… c'est bon, j'en ai marre, j'arrête d'espérer »

Quelques jours plus tard, la fille déménagea, et quitta l'école. Du moins, de ce qu'il en est officiellement.

À suivre…

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