Chapitre II : Menace inconnue

5 minutes de lecture

Cyril tapa du poing sur la vitre d’un des incubateurs. Son visage perdait toute contenance au fur et à mesure que son esprit analysait les potentiels cause d’un tel désastre.

— Sûrement une panne du système Rebirth. Peut-être que leurs données biologiques sont toujours dans la mémoire de l’ordinateur ?

— Négatif, capitaine. Les serveurs Rebirth sont vierges.

— Putain de merde, Orea ! hurla Cyril. Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?

— Je n’ai pas de réponse à cette question. Je suis désolé.

— Dans ce cas, ferme-la !

— Souhaitez-vous que je me mette en veille prolongée ?

— Ouais ! Fais donc ça !

Alors qu’un lourd silence s’installait dans le vaisseau, Cyril souleva une trappe dans le sol pour en sortir un petit poste de commande muni d’un clavier numérique. Il tapa une série de chiffre qui affichèrent un code sur le petit moniteur. « Là aussi, les dernières données remontent à presque treize ans… putain... Orea à raison... » constata-t-il en lâchant l’appareil qui tomba dans son compartiment. Défait par l’incompréhension, Cyril se releva et se dirigea vers le poste de pilotage.

— Capitaine du Conquérant Stellaire Cyril Rochas au rapport. Maison Mère me recevez-vous ? appela-t-il dans le système de communication du vaisseau. Je répète, Maison Mère, me recevez-vous ?

Cyril était conscient qu’avec la distance qui les séparait, une réponse pouvait mettre plusieurs heures avant de lui parvenir. Le système de radiocommunications n’émit qu’un grésillement d’interférences plus ou moins ondulant.

Frustré par cette attente, il jeta le combiné avant de s’affaler dans le fauteuil du poste de pilotage. Il soupira à mesure qu’il se prenait le visage entre les mains. « Mais qu’est-ce qu’il se passe, bon sang. » pensa-t-il.

Soudain, un bip brisa le ronronnement monotone ambiant. Cyril leva les yeux et s’aperçut que la diode qui indiquait une communication entrante clignotait sur son moniteur. Il se releva d’un bond et appuya fébrilement sur l’interrupteur.

— Vous m’avez fait peur, lâcha-t-il avec soulagement.

— Ceci est un message d’urgence. Veuillez rejoindre l’abri le plus proche et y demeurer tant que la menace n’aura pas était identifiée. Je répète : ceci est un message d’urgence. Veuillez rejoindre l’abri le plus proche et y demeurer tant que la menace n’aura pas était identifiée.

Cyril resta interdit plusieurs minutes à écouter en boucle l’annonce préenregistré, sans en comprendre la réelle signification. Il tapota sur le clavier de son ordinateur qui indiqua sur le moniteur que le message était émis depuis la terre. D’un geste machinal, il leva le bras et pressa sur l’interrupteur qui coupa la communication.

— Orea ? Vérifie la présence de station spatiales dans les parages, ordonna-t-il.

— À vos ordres, capitaine.

Le silence s’abattit à nouveau sur le vaisseau. Durant plusieurs minutes, Cyril resta immobile, le regard perdu dans le vague.

— La station la plus proche est Antarnov V87. Elle se situe à près de deux millions de kilomètres de notre position.

— Lance l’autopilote en direction d’Antarnov V87 immédiatement et préviens-les de notre arrivée. Je dois absolument me reposer.

Une secousse indiqua à Cyril la bonne mise en route du vaisseau. Il soupira en se frottant le visage avant de se redresser, le regard vide, et de se diriger en direction du quartier des officiers. Arrivé devant la porte de sa cabine, celle-ci s’ouvrit en se scindant en quatre morceaux qui disparurent dans les murs.

La pièce s’éclaira d’une lumière blanche chaude qui diminua en intensité au fur et à mesure que Cyril y pénétrait. Le mobilier, composé d’un lit d’une place, d’un bureau devant lequel trônait une chaise à roulettes et d’une petite étagère, était simple et épuré. Façonné dans un alliage d’aluminium et de titane extrêmement léger et résistant, il permettait un gain de poids considérable pour le vaisseau. Après la découverte de gisements de titane conséquent sur Uranus, le métal était devenu très bon marché et fut utilisé à outrance dans tous les domaines industriels.

Au centre de la chambre, une fenêtre circulaire d’un mètre de circonférences était obstrué par un volet. Cyril pressa un bouton sur le mur, dévoilant une vue époustouflante sur le petit système solaire duquel ils s’éloignaient. Il passa plusieurs minutes à l’observer, absorbé par la froide beauté de la scène.

Machinalement, il se dirigea vers son lit et s’y allongea tout habillé. Sur le mur, au-dessus de sa tête, étaient accrochées plusieurs photos ainsi qu’un dessin d’enfant. Il en détacha une et se tourna sur le côté en la contemplant. On pouvait y voir une femme métisse aux cheveux bouclés tenant dans ses bras un jeune garçon rouquin. Au dos de l’image était inscrit « Mes amours 12 septembre 2273 ». Cyril resta un long moment hypnotisé par la photo avant de s’enfoncer dans un sommeil agité.

— Cyril ? Eh oh, réveille-toi.

La voix familière de la jeune femme l’éveilla en sursaut.

— Calmos, c’est moi, Lucie.

Cyril écarquilla les yeux et se jeta dans ses bras.

— Bon sang, j’ai fait un cauchemar de fou, dit-il en reprenant son souffle.

— Y a vraiment un truc qui cloche chez toi, je l’ai toujours dit, lança-t-elle avec un sourire narquois.

— Et les autres ?

— Chacun est à son poste, dit-elle avec une expression de surprise. On est sur le point d’arriver à destination, c’est pour ça que je t’ai réveillé.

Cyril poussa un soupir de soulagement tandis que Lucie se relevait. Elle gagna la porte avant de s’appuyer contre le montant en attendant qu’il enfile ses bottes pour la rejoindre.

— C’était quoi comme cauchemar ? le questionna-t-elle en marchant tous deux en direction de la salle de pilotage.

— Franchement, je préfère ne plus jamais y penser, si tu veux bien.

— OK, pas de problèmes, répondit-elle en lui donnant une tape dans le dos.

Soudain, elle se figea sur place, comme hypnotisée.

— Qu’est-ce que tu fous ? demanda Cyril en se plaçant devant elle.

Elle lui saisit brusquement les épaules et ouvrit grand ses yeux qui se révulsèrent. Cyril tenta de se libérer, mais impossible de la faire lâcher prise malgré leurs cinquante kilos d’écart. Un hurlement macabre sortit de la bouche de Lucie à mesure que son visage se décomposait en milliers de lambeaux. Cyril poussa un cri d’effroi et arracha le bras de la jeune femme en voulant se dégager. Il tomba à la renverse avant de repousser le membre décharné de son torse. De violents spasmes agitèrent Lucie avant qu’elle ne s’écroule en un tas informe de muscles et d’os.

Effaré, Cyril resta plusieurs secondes immobile, incapable de libérer un son, le regard rivé sur les restes de sa coéquipière. Lorsqu’il voulut se relever, la masse glissa subitement sur sa jambe, le retenant avec une force inouïe. Cyril hurla et se débattit tant qu’il put, mais la chose progressa rapidement en direction de son visage et finit par l’engloutir totalement.

Annotations

Vous aimez lire Raphaël HARY ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0