Chapitre 4 - Je viens avec toi
Tôt le matin, je préparai mes affaires sans faire de bruit. J’avais décidé de partir sans en avertir Léonie. Je ne voulais pas l’impliquer dans ma quête. Elle avait l'air d'être bien ici, tranquille. Je fermai la porte en essayant d’être le plus discret possible et repris mon chemin vers l'est du continent.
De mémoire, je savais qu'il existait un port. Mon père aimait nous raconter d’où venaient les gens qui s’arrêtaient à la forge. Je pensais que là-bas, je pourrais trouver des informations sur ce lieu dont je ne connaissais même pas le nom ni la fonction. Je commençais à penser que c’était peut-être une sorte d’école.
Après quelques heures de marche, je décidai de m'arrêter pour me reposer dans une belle prairie verdoyante. Le soleil commençait à se coucher et je pus, tant bien que mal, allumer un feu avec la vieille méthode des bâtons de bois que l'on frotte jusqu'à la flamme.
C'était mon père qui me l'avait apprise. Je me rappelle que je dus m'y prendre plus d'une dizaine de fois avant de réussir. Quel bon souvenir !
Soudain, grâce à mon ouïe fine de loup, j'entendis des pas s’approcher de moi. Mon instinct me força à me méfier. Je me levai, dégainant mon épée en la pointant devant moi avec les deux mains. Mais à peine avais-je eu le temps de me retourner que je reçus un coup de poing dans l’estomac. Je m'écroulai au sol, me tordant de douleur et lâchai mon épée. Il n'y avait pas qu’une seule personne, mais trois.
— Donne nous tout ce que tu as et tout de suite ! Espèce de monstre. Fit la personne qui m'avait attaqué.
— Je n'ai rien à vous donner. Laissez-moi tranquille, ripostais-je.
Cette même personne ramassa mon épée et s’approcha de moi.
— C'est une bien belle épée que tu as là. C'est un objet beaucoup trop dangereux pour un enfant. Je vais la garder. Et je vais prendre ça aussi.
Le bandit attrapa mon pendentif et l’arracha de mon cou.
— Non ! Rendez-le-moi ! Il est précieux pour moi.
— Alors viens le cherche si tu en es capable ! Hahaha !
La colère monta en moi. Cette épée et ce pendentif m'avaient été offerts en signe d’amour et pour pouvoir atteindre mon but.
Lentement, sans éveiller les soupçons des bandits, je débouchai ma gourde remplit d'eau et plaçai la paume de ma main sur le goulot. J'attendis le bon moment pour agir. Le moment où le bandit contempla et joua avec mon épée. Lorsqu’il se tourna vers ses collègues pour leur montrer, d'un seul coup, je me levai, fit sortir l'eau de la gourde.
Je formai au-dessus de ma main une sorte de sphère d'eau que je plaquai sur le bandit, le touchant aux côtes. Le forcené ne s'attendait surement pas à ce que j'attaque à main nue. Il fût propulsé à une dizaine de mètres. Ces compères se précipitèrent vers lui pour l'aider.
— Comment as-tu pu faire ça à notre chef ? Monstre !
Ils dégainèrent leurs armes à leur tour et s'approchèrent de moi. Je voulus me défendre et tenter la même attaque. Mais je n'avais plus d'eau dans ma gourde. Et l’épée était trop loin pour que je puisse l’attraper sans me faire prendre. Je ne pouvais plus leur faire face. C'était bien ma veine.
Tout d'un coup, les flammes du feu de camp grandirent violemment. Les deux hommes se tournèrent et une explosion de feu éclata, propulsant les deux malheureux. Je fus également projeté par le souffle de l’explosion mais ne fus pas touché par le feu. Les bandits se relevèrent, coururent chercher leur chef et partirent dans l'obscurité de la végétation, en criant vengeance.
— Tu nous le paieras très cher sale loup !
Je n’avais pas trop compris ce qu’il s’était passé jusqu’à ce que j’entende une voix.
— Et bien bravo ! Il ne faut vraiment pas te laisser seul ! Tu as le chic pour t'attirer des ennuis, Aeglos !
Je regardais dans la direction de la voix. C'était Léonie. Elle n'avait pas l'air contente. Elle me tendit la main pour m'aider à me relever.
— Je suis désolé. Je ne pensais pas que...
— Je m'en fiche de tes excuses ! Tu ne penses pas que les gens peuvent s'inquiéter de ce qu'il pourrait t'arriver tout seul ? Tu crois que personne ne s’intéresse à toi car tu es différent ? Va falloir que je t’apprenne les bonnes manières.
Je me relevai en m’aidant de sa main et me frottai le corps pour enlever la poussière sur mes vêtements. Je ramassai ensuite mon pendentif et mon épée, puis me tournai vers Léonie. J’étais très gêné. Je ne savais pas quoi répondre.
— Heu… Encore une fois merci à toi Léonie. Sans toi, j'étais cuit. Tu peux retourner chez toi maintenant. Je ne pense pas qu’ils reviendront.
Je commençais à reprendre ma route mais un mur de feu se dressa devant moi. Surpris, je tombai en arrière.
— Et tu crois que je suis venue te retrouver simplement pour te sauver la mise ? Alors là tu rêves petit loup ! dit Léonie tout entouré du feu provenant du camp.
Elle faisait vraiment peur. De ses yeux jaillissait du feu. On ne distinguait plus ses pupilles. Ses cheveux se dressaient en l’air et ses poings serrés. Elle s’approcha de quelques pas et faisait mine de remonter ses manches qu'elle n'avait pas. Puis, le feu disparut, et Léonie reprit d'une voix plus calme.
— Je vais venir avec toi. De toute façon, je n'ai nulle part où aller. Tiens, voilà une carte de la région que mes parents gardaient dans un tiroir. Ça pourrait nous servir.
Comment aurais-je pu dire non ? Si c’était pour finir en grillade, non merci. J'acquiesçai donc légèrement de la tête, pris la carte et l'examinai. Comme je le pensais, le port se trouvait bien en direction de l'est. Un grand lac se trouvait sur notre chemin : le lac de Farhon. Nous n’étions pas très loin.
— Nous allons marcher jusqu'à ce lac et le contourner par le sud. Apparemment il existerait un petit hameau, on pourra s'y arrêter pour refaire le plein de provision pour pouvoir continuer notre route.
Sans plus tarder, Léonie et moi nous étions mis en route vers le lac.
— Tout à l'heure contre ces bandits, tu as été épatante ! On dirait que tu as une plus grande puissance que moi. Est-ce que tu te serais entraîné ?
— Moi, entraînée ? C'est à dire que ... J'ai... Je crois que ça a toujours été comme ça depuis que j'ai découvert mon pouvoir en fait. Me dit-elle avec un sourire légèrement forcé.
La nuit commença à tomber, nous nous arrêtâmes quelques minutes pour profiter d'un joli coucher de soleil. Le ciel s'emblait s'embraser avec les différentes teintes rouge-orangé.
— C'est magnifique. N'est-ce pas Aeglos ?
— Oui, tu as raison. On dirait toi en colère.
— Répète un peu pour voir !!! Rétorqua Léonie en me cognant la tête à coup de poing. Allez ! Reprenons la route, le hameau ne devrait plus être loin.
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