8. Se préparer
La nuit avançait, il fallait que je nous trouve un endroit sûr où dormir sans risquer de se faire surprendre par une nouvelle horde. Shirahoshi commençait à somnoler sur son siège et je n'allais pas tarder à l'imiter. Cela faisait quelques minutes que nous suivions une petite route bordée par plusieurs maisons assez espacées, on ne pouvait deviner à quel point leurs jardins avaient été grands que grâce aux barrières qui les séparaient. Je choisis de m'arrêter à la dernière maison de la route. Sentant que la voiture ralentissait, la jeune fille se réveilla totalement. Je me garai dans l'allée devant la maison. Je dis à Shirahoshi de rester dans la voiture, le temps que j'inspecte les lieux. À nouveau, elle me passa les lunettes à vision nocturne.
- Shagya-san, sois prudente, me dit-elle.
Je hochai la tête, mis les lunettes et me dirigeai vers la porte. Je fouillai rapidement les différentes pièces du rez-de-chaussée : elles étaient toutes vides. La résidence avait un étage, je montai alors les escaliers, j'arrivai sur un petit couloir avec quatre portes. Toutes fermées. Je pestai intérieurement : il pouvait y avoir de la compagnie à l'intérieur. Je toquai à la première porte et y collai mon oreille. Aucun son ne provenait de la pièce. Je réitérai l'opération sur tous les battants. J'ouvris les prudemment les unes après les autres, mes yeux balayant rapidement les pièces, arme au poing. Une salle de bain, des chambres, un dressing. Toutes aussi vides. Je soupirai et revins en bas. Comme d'habitude, je verrouillai tous les accès à l'extérieur sauf un et j'allai chercher Shirahoshi.
Je fus réveillée le lendemain par la lumière du soleil qui perçait à travers la vitre de la fenêtre de la chambre dans laquelle je dormais. Je piquai des habits dans le dressing, les miens puant l'essence et descendis. La jeune fille était déjà debout et lisait un livre. Je l'observai un moment ; la manière dont elle penchait sa tête en lisant me fit sourire. Il fallait que je fasse quelque chose pour la préparer à s'en sortir dans ce nouveau monde et ça n'allait pas forcément lui plaire...
- Ohayo Shirahoshi. lançai-je.
- Bonjour ! me répondit-elle en tournant vers moi.
- Viens avec moi, lui dis-je après que nous ayons mangé un morceau.
Elle me suivit gentiment jusqu'à ma voiture dont j'ouvris le coffre. Là se trouvait le bric à brac que j'avais ramassé au fil des semaines. Un carton de bouteilles d'eau et de nourriture dans le coin. Des bidons d'essence dans l'autre. Au milieu se trouvait une caisse remplie des armes et munitions que j'avais «empruntées» à la caserne avant de partir.
Je la regardai et elle sembla comprendre ce que je voulais d'elle. Elle commença à secouer la tête puis son regard tomba sur quelque chose de coincé à plat entre les deux caisses. Elle tira dessus et fit émerger du coffre un fourreau. C'était le sabre que j'avais récupéré je ne sais où. J'ignorai comment m'en servir mais je m'étais dit que, du moment qu'il était tranchant, ça ne devrait pas être compliqué. Et surtout qu'avec ça, je ne ferais pas de bruit qui les attireraient.
- Tu sais t'en servir ?
- J'ai … fait de l'escrime pendant quelques temps.
- Je te préfère avec ça alors... Tu ne risqueras pas de te tirer dans le pied au moins, dis-je, opinant du chef. Ça ira ?
- C'est... Enfin... Tout ça... Mais tu avais raison l'autre fois, il faut faire ce qu'il faut pour survivre.
Nous continuâmes à discuter quelques temps, moi assise sur le rebord du coffre et elle debout devant moi pendant qu'elle me montrait ses compétences en escrime avec un fleuret imaginaire. Elle avait dit vrai et je trouvai ses mouvements dignes d'un niveau de compétition. Elle semblait très agile et elle était aussi très rapide. Elle sortit le sabre de son fourreau, un rayon de soleil vint faire chatoyer la lame. Je lui dis de faire attention, j'avais entretenu son tranchant pour que je puisse m'en servir à tout moment.
Plus tard dans la matinée, nous nous remîmes en route. J'avais reçu un message comme quoi ma sœur était dans une sorte de zone militaire abandonnée avec des rations de survie en quantité et avait dit qu'elle m'attendrait là, ayant trop peur pour continuer seule. Je devais la rejoindre au plus vite.
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