9. Ravitaillement

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Le paysage défilait le long de la route. Toujours le même. Tout ce sable à perte de vue. Ça en devenait lassant. On n'était plus qu'à quelques heures de notre destination. Shirahoshi avait gardé le sabre près d'elle. J'espérais qu'elle n'hésiterait pas avant de s'en servir. Une simple seconde pouvait faire la différence entre la vie et la mort. Le sable avait commencé à recouvrir une partie de la route alors je roulais sur la voie de gauche. Ce n'était pas comme si on allait rencontrer quelqu'un venant dans l'autre sens. Un panneau indiquait le kilométrage avant la prochaine ville. Elle était aussi proche de ça ?

Comme pour répondre à mon interrogation, on commençait à apercevoir des bâtiments à l'horizon. Et il n'y avait aucune route qui permettait de contourner la ville. Obligées de passer par là, je dis à Shirahoshi de rester sur ses gardes. C'était un endroit où il ne valait mieux pas se laisser surprendre. Les villes avaient vite été englouties après leur arrivée. Tant d'humains, entassés les uns sur les autres, ne comprenant rien de ce qu'il se passait et incapables de se défendre... C'était l'occasion rêvée pour eux. Chair fraîche à volonté. Tout était alors devenu étrangement silencieux en ville : plus de klaxons intempestifs dûs aux embouteillages, plus de bruits de travaux, plus de rires d'enfants à la sortie de l'école du coin. On n'entendait plus que le vent qui s'engouffrait entre les rues et le râle des hordes qui erraient sans but. À présent, un nouveau bruit s'ajoutait. Celui du moteur de ma voiture et de mes pneus sur le bitume de la route.

— Est ce qu'on récupère des trucs ? demanda doucement Shirahoshi.
— Quel est l'état de nos stocks ?

Elle se pencha à l'arrière et je l'entendis farfouiller dans les divers cartons.
— Il nous reste 3 bidons d'essence, 26 bouteilles d'eau, 2 cartons de nourriture et les munitions.
— Le niveau de nourriture commence à baisser. Essayons de trouver un magasin en bordure de la ville.

Aller plus au cœur de la ville se révelait risqué. Le risque de tomber sur une horde augmenterait alors considérablement. Je nous trouvai une petite supérette le long de la route qui ceinturait la ville. Une voiture verte était abandonnée sur le parking. La jeune fille fit mine de descendre.

— Tu fais quoi là ?
— Je... viens t'aider. dit-elle.

J'hésitai à la laisser faire. L'escapade pouvait s'avérer dangereuse. Je jetai un coup d'œil au sabre qu'elle tenait fermement dans sa main droite. Il fallait bien une première fois à tout.
— Aucun bruit. Tu me suis. Tu remplis ton sac. On sort.

Elle hocha la tête. Je lui lançai un sac à dos et sortis. Ainsi équipées et toutes deux armées, nous entrâmes dans la supérette. J'entraînais la jeune fille au rayon des conserves. Mon arme à la main, je lui fit signe de remplir son sac. Elle s'exécuta sans faire le moindre bruit. Sur mon ordre silencieux, elle remplit également mon sac pendant que je surveillais les environs. Alors que je sentais le poids s'accumuler dans mon dos, tous mes sens étaient à l'affût. Nous étions dans l'allée centrale pour repartir quand un bruit rompit le silence. Un bruit d'objet qui tombe, il résonna fort et clair dans le magasin. Je posai mon sac sur le sol pour être plus libre de mes mouvements. Un autre bruit vint de derrière nous. J'étais tournée vers la source du premier bruit, j'entendais déjà quelques pas traînants dans la pénombre.

Presque instinctivement, nous nous plaçâmes dos à dos pour pouvoir observer des deux côtés. Je sentais qu'elle avait aussi posé son sac à terre. Un léger tintement me fit savoir qu'elle sortait le sabre de son fourreau. De sa main libre, elle pressa mon avant bras deux fois. Seulement deux ? Elle a eu le bon côté, pensais-je. Parce que pas moins d'une quinzaine de zombies émergeaient lentement du bout de l'allée en face de moi. Leurs grognements augmentaient au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient. Je tirai sur le plus proche. Le son de la balle fut étouffé par mon silencieux. Elle traversa la tête du revenant pour finir dans celle qui se trouvait derrière lui. Un coup de chance. La jeune fille avait quitté mon dos en m'entendant tirer. Ses pas ne faisaient quasiment aucun bruit sur le sol. Quelques secondes après, deux corps tombèrent. Je continuai à tirer mais mon chargeur ne possédait que douze balles. Tirer ainsi ne m'avait pris qu'une minute à peine. A présent, il fallait que je recharge. D'un geste expert, j'enlevai le chargeur vide. Je le laissais tomber sur le sol et je saisis l'autre qui était coincé dans ma ceinture. Je fis coulisser le frein pour enclencher la première balle dans la chambre. Mais, simultanément à mes derniers tirs et mon rechargement, la jeune fille m'avait dépassée et abattit son sabre dans la tête des trois zombies qui restaient. Cette vision me laissa sans voix.

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