13. Salle commune
Le petit couloir menait à une pièce de taille moyenne où trois portes étaient fermées, un escalier permettait également de monter à l'étage du bâtiment. La première portait l'inscription « Cuisine, personnel autorisé uniquement ». La deuxième donnait sur la cantine, aucune information ne permettait de connaître ce qui se trouvait derrière la troisième.
Je fis un signe de tête à la jeune fille qui se plaça sur le côté de la porte. Je sortis mon pistolet de son étui et me mis devant ladite porte. Je fis un signe de tête à Shirahoshi qui l'ouvrit. Je pointai alors mon arme vers l'intérieur d'un placard à balai minuscule... Il était à peine assez grand pour contenir tous les produits d'entretien nécessaires au nettoyage de la cuisine et du réfectoire. Je gardai mon arme en main et Shirahoshi réprima un sourire.
Je lui indiquai silencieusement que nous allions vérifier l'intérieur de la cuisine ensuite. Elle se posta à nouveau à côté de la porte. Tous ces gestes silencieux et cette manière d'ouvrir les portes de façon à se protéger de ce qui pourrait en émerger me rappelait terriblement mon ancienne vie, mon travail dans les forces d'intervention. Je m'étais brièvement demandé ce qui était arrivé aux hommes de mon unité après le début de toute cette folie. J'avais rapidement chassé cette pensée de mon esprit pour me concentrer sur elle. Mais aujourd'hui, j'éprouvais un petit pincement au cœur. Je fis signe à Shirahoshi qui ouvrit la porte.
La pièce était plus grande cette fois-ci. J'y pénétrai prudemment, mon arme au poing. On pouvait voir l'ensemble de la pièce depuis l'entrée. Elle était vide. Toutefois, elle semblait avoir été utilisée récemment. Des ustensiles étaient abandonnés sur les îlots de préparation. Il y avait une assiette sale dans l'évier. On entendait le ronflement familier du réfrigérateur en marche. Je haussai un sourcil : la base devait posséder son propre générateur afin d'avoir de l'électricité. Je jetai un coup d'œil dans les placards, ils débordaient de conserves et de nourriture. De quoi tenir pendant encore des semaines. Shirahoshi ouvrit le réfrigérateur, il y avait encore quelques produits à l'intérieur ainsi qu'une assiette à moitié mangée. Quelqu'un habitait réellement dans la base, nous y voyions tous les signes à l'intérieur de cette cuisine. Cela ajouté au message peint dehors, le soulagement prit place dans mon esprit. Je me dirigeai vers une porte battante comme on pouvait en voir dans les saloons des vieux films de western.
La salle à manger était étroite mais s'étendait tout en longueur. Elle était bien éclairée par des baies vitrées sur un côté. Autrefois on devait pouvoir admirer une végétation quelconque par ces fenêtres, maintenant, on n'y voyait que le sable du désert perpétuel que formait le monde extérieur. Des chaises en bois étaient rangées proprement sous les tables grises. Il devait y en avoir assez pour pouvoir accueillir une cinquantaine de militaires à la fois. Mais aujourd'hui, il n'y avait personne dans le réfectoire.
— Mais où peut-elle bien être ? grommelais-je.
— Vu la cuisine, elle est forcément dans l'enceinte de la base.
— On va...
— Et ton téléphone satellite ? Pourquoi tu l'utilises pas ? me coupa Shirahoshi.
— Le satellite doit finalement être mort. Il y avait des problèmes de transmission puis il a perdu le signal hier.
— Ah... mince alors.
— On va devoir fouiller toute la base. On commence par les chambres à l'étage.
La jeune fille hocha la tête. Nous traversâmes la salle pour atteindre la porte qui donnait sur le sas d'entrée et nous grimpâmes les escaliers. Selon le plan d'évacuation incendie accroché sur le palier, il y avait trois étages avec vingt chambres à chacun d'eux. Il y avait plus de chances qu'elle ait choisi de dormir au premier alors nous nous y arrêtâmes directement. C'était logique, pourquoi choisir d'aller au troisième pour se reposer alors que le bâtiment complet était inoccupé ? Nous allâmes à un bout du palier et nous nous tournâmes le dos pour nous placer chacune devant une chambre.
— Toque d'abord et écoute. On sait pas sur quoi on pourrait tomber.
— Ok.
Nous nous avançâmes toutes les deux simultanément pour toquer sur le bois et nous approchâmes afin de nous permettre de coller nos oreilles contre les portes.
Annotations