Nous étions toutes les trois dans le hangar le lendemain de ma petite balade. Il y avait un certain nombre de caisses en bois à l'intérieur. Nous décidâmes de les fouiller au cas où elles eussent fait parties du même convoi qui avait acheminé la machine jusqu'à la base Kerwood. La machine trônait au fond du hangar juste en dessous du trou dans le plafond causé par l'explosion. Cela apportait une sacrée dose de lumière dans ce vaste endroit sans fenêtres. Nous n'avions pas besoin d'allumer les éclairages, il valait mieux économiser l'énergie des générateurs de secours.

Gretha avait déjà trouvé des comptes rendus de recherches associés à cette invention. Elle était plongée dedans depuis un bon moment et prenait des notes dans un carnet venant du bâtiment administratif. J'avais trouvé un pied-de-biche dans une sorte de remise attenante au hangar et je m'en étais servie pour ouvrir les caisses. Certaines contenaient des casques, des gilets pare-balles ou d'autres matériels destinés aux soldats. Mais il y en avait une différente ; barrée d'un bordereau « Fragile » avec un numéro inscrit en dessous.

— Gretha, TS-28/2, ça te dit quelque chose ? demandai-je.

— C'est le numéro de série noté sur la machine et ces rapports, répondit-elle en levant le nez un instant.

— J'ai l'impression qu'on tient quelque chose, sourit Shirahoshi.

J'ouvris la caisse précautionneusement et me penchai pour regarder à l'intérieur. Un vaste sourire s'étala sur mon visage. Shirahoshi n'était pas très habituée à cette vue et vint me rejoindre pour admirer le contenu de cette fameuse caisse. Elle aussi se réjouit du contenu en applaudissant légèrement. Cela arracha à peine Gretha de ces recherches.

— Quoi ? Pourquoi tant d'enthousiasme ?

— Oh, juste quelques pièces détachées dans cette caisse, dis-je simplement.

— Quoi ?!

— Là tu te répètes G.

Elle se leva pour venir voir les pièces alors que j'en sortais une avec précaution de la boîte. C'était une sorte de moteur. Du moins c'est ce que je croyais. Ça ne ressemblait pas vraiment à un moteur mais je trouvais que cela s'en rapprochait. Au fond de la caisse, il y avait trois bouteilles placées dans de la mousse pour les protéger durant le transport. Je posai la pièce que j'avais dans les mains sur une autre caisse encore fermée.

— Et c'est quoi ça ? fit Shirahoshi en désignant les bouteilles.

— Les documents parlent d'une sorte de catalyseur pour transformer le sable en terre. C'est forcément ça. Même si je n'ai pas encore compris comment ça marche...

Je m'avançai vers la machine pour jeter un coup d'œil sur les dégâts. Chose étonnante, l'emplacement destiné au catalyseur n'était pas endommagé par l'explosion. Tant mieux pour nous puisque Gretha ne savait pas précisément comment le reproduire pour l'instant. Un tuyau avait cédé et une partie du moteur ou ce qui servait d'alimentation était brisé. La cheminée était partie avec le plafond mais c'était uniquement pour que les vapeurs ne s'échappent pas au niveau des voies respiratoires des utilisateurs. On pourrait sûrement bricoler quelque chose pour la remplacer. Il y avait également un espèce d'entonnoir dans lequel il fallait introduire le sable dans la machine et un autre servait de sortie à la terre une fois la transformation effectuée.

— Le seul dommage important semble avoir été fait à ça, dis-je en désignant la pièce. On vient justement de trouver une pièce de rechange. Mais...

— Ça marchera. affirma ma sœur. On va la remplacer et ça marchera comme sur des roulettes.

— Tu es très confiante Gretha-san...

— Il en faut bien une qui soit positive sur la paire.

Elles rirent un bon coup à mon sujet. Elles avaient sans doute raison mais vu l'état du monde, il était normal que je m'inquiète pour la suite. Je me saisis d'une clé à molette et commençai à démonter les boulons autour de la pièce. Je jetai un coup d'œil à Gretha, elle était toujours plongée dans ses notes. Elle s'était trouvé un nouveau challenge et n'allait pas lâcher l'affaire. Après tout, elle était étudiante en dernière année à Harvard. En biochimie. Ce qui tournait plutôt à notre avantage dans notre situation actuelle...