23. Départ

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L'armurerie n'était pas complètement remplie et au vu des râteliers vides, la base avait fourni des armes à environ cent cinquante soldats. Il restait quelques fusils automatiques, des pistolets, deux fusils de sniper mais je n'en avais jamais manié auparavant. En ajoutant ces munitions à celle que j'avais récupérées au commissariat de Seattle, il y en avait plus qu'assez. Je rassemblais ce que j'estimais nécessaire.

Après une heure, je rejoignis les filles à la cuisine. Un ballot de vêtements était posé à l'extrémité d'un des plans de travail. Il nous fallut un long moment pour inventorier la nourriture. En se rationnant, on pouvait survivre des mois. On était encore au début de la matinée, en se dépêchant on pouvait partir avant midi et faire un bon bout de route. Nous rangeâmes la nourriture dans des cartons et on commença à les charger sur la banquette arrière de la voiture utilisée pour venir jusqu'ici.

Je rangeai les nouvelles armes et munitions dans la caisse de mon coffre. Je désignai le camion que nous allions prendre pour la machine dans le hangar. Mettre l'engin sur la plateforme allait être difficile. Je pris les cordes et les lançai par dessus les poutrelles métalliques une à une. J'essayai de faire de nœuds solides et les attachai savament à la machine. G fit marche arrière avec le camion et le plaça au plus près de nous. Elle sortit et nous rejoignit.

— Si on attache les cordes à une autre voiture, ce sera plus facile.

Il s'avéra qu'elle avait raison. Comme souvent. G se mit au volant du camion et moi de la voiture. Au signal de Shirahoshi j'avançai pour soulever la machine, grâce aux cordes, elle fut capable de guider l'engin sur la plateforme du camion. Une fois hissée, nous essayâmes d'attacher la machine pour qu'elle ne tombe pas durant le transport.

— C'était plutôt facile. se réjouit Gretha.

Nous décidâmes de mettre les cartons venant de l'infirmerie dans la cabine du camion.

— On refait un tour de la base pour voir ce qu'on aurait pu oublier ? demanda Shirahoshi.

— Nourriture, eau, médocs, cartes routières, armes, énuméra G.

— On a tout, répondis-je.

— Alors on fait quoi ?

—On n'a plus... commença G.

— ... qu'à partir, finis-je.

Ma sœur sourit ; cela l'amusait toujours autant quand nous finissions les phrases de l'autre. Elle disait que c'était la preuve que les jumeaux étaient vraiment connectés l'un à l'autre. Qu'ils n'étaient pas complets en l'absence de l'autre. Je devais avouer que je ne m'étais pas sentie aussi bien depuis qu'elle était partie de Seattle pour ses études. Même si j'adorais mon travail, je n'avais pas ressenti ce sentiment d'aboutissement depuis longtemps.

Nous décidâmes que je partirais devant avec la voiture et les filles me suivraient dans le camion. Avant qu'elle ne monte, j'attrapai le bras de Gretha et lui mis un pistolet dans la main. Elle me regarda avec stupeur.

— Je sais ce que tu vas dire, commençai-je.

— Tu sais que je déteste ces trucs là. J'ai déjà un couteau.

— Prends-le. S'il te plaît. Je serais rassurée. Tu n'auras pas à t'en servir.

— J'espère bien !

Elle glissa l'arme dans sa ceinture avec un soupir et me fit une grimace avant de rejoindre Shirahoshi à bord du camion. Elle démarra pour se diriger doucement vers la sortie de la base. Je leur ouvris le portail, après quelques mètres, le camion s'arrêta et Shirahoshi en sortit.

— Je vais refermer derrière toi Shagya-san, cet endroit pourrait servir à d'autres.

— Tant que les barrières tiennent, c'est vrai que c'est un endroit sûr, acquiesçai-je.

Je me tournai et montai dans ma voiture garée non loin de l'entrée. Je passai devant Shirahoshi au ralenti et m'arrêtai devant le camion. Je la regardai refermer le portail et remonter aux côtés de Gretha dans mon rétroviseur. Elles me firent un signe positif et je leur répondis en agitant mon bras par la fenêtre. Je coinçai la carte routière de la région sur mon tableau de bord et identifiai la direction à prendre. Il était environ dix heures du matin et nous nous mîmes en route pour notre voyage.

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