L'idée de revoir de l'eau en si grande quantité n'avait semblé qu'être un rêve fou pendant de nombreuses semaines. Maintenant que nous y étions confrontés, un choc nous empêchant de réfléchir nous paralysa longtemps. Nous étions assis tous les cinq face à l'eau depuis un long moment. Ma formation militaire reprit finalement le dessus. Je me remis sur mes pieds et incitai mes compagnons à faire de même. Ils s'exécutèrent, toujours un peu sonnés.

— Il faut qu'on se protège, dis-je.

Ils me regardèrent sans rien dire. Un signe de tête de ma sœur m'invita alors à continuer.

— Bon. Craighead Caverns sera notre camp de base. Les filles, mettez nos affaires dans la boutique de souvenirs, on s'installera là. Les mecs, déplacez le plus de voitures possible pour gêner les entrées du parking. Ça empêchera les indésirables de rentrer en attendant qu'on améliore nos défenses. Je vais patrouiller le long des barrières, pour vérifier leur état.

— On pourrait sortir ceux-là et les brûler aussi, ajouta Jared.

Je hochai la tête. Par chance, il y avait deux brouettes dans l'espèce d'atelier sur lesquelles on empila les corps pour les transporter à l'extérieur. On les déchargea rapidement, quelqu'un craqua une allumette, le feu prit lentement aux vêtements des zombies et chacun se mit au travail.

Je posai la main sur mon arme et partis faire le tour du périmètre. Le complexe n'était pas si grand mais il était bien protégé par des grilles et n'avait que deux entrées au nord et au sud. Je mis moins d'une heure pour en faire le tour en marchant d'un bon pas. Tout était en ordre, les barrières étaient en très bon état, certaines portions semblaient même avoir été changées plutôt récemment. Je revins à ma voiture pendant que Gretha et Shirahoshi continuaient de décharger nos affaires. Je me chargeai de prendre le carton contenant mes armes et les munitions.

— Il y a un meuble fermant à clé là dedans ?

— Ouais, sous la caisse du magasin de souvenirs.

Je la remerciai et allai ranger tout ça avant de mettre la clé dans ma poche. Je jetai un coup d'œil dans la boutique. Les filles avaient déplacé les souvenirs dans la réserve afin de libérer de l'espace. Les tables sur lesquelles les objets étaient posés se trouvaient empilées dans un coin de la pièce. Nos couvertures et nos vêtements étaient posés là aussi. J'entendis les hommes revenir avant qu'ils ne passent la porte. Ils observèrent l'intérieur avant de hocher la tête. Mais tout ceci restait assez spartiate, surtout si on allait s'installer ici de manière permanente.

— Un petit tour dans les maisons du quartier ? demandai-je.

— Pour ? s'interrogea Max.

— On pourrait récupérer des matelas afin d'être mieux installés. dit Shirahoshi.

— Avec quelques couvertures, les nuits sont fraîches. renchérit G.

— Jared, Max, avec moi. Allons-y tout de suite.

Les deux hommes ressortirent en ma compagnie. Ils me conduisirent sur le parking près de mon 4x4 ; ce serait le véhicule le plus pratique pour pouvoir transporter des matelas. L'après-midi était déjà avancé mais nous n'en aurions pas pour très longtemps si tout se passait bien. Je me mis au volant pendant qu'ils déplaçaient la voiture qui bouchait l'entrée nord au complexe. Je démarrai pour sortir et attendis le temps qu'ils remettent le véhicule en place. Ils montèrent une fois que ce fut le cas. Je conduisis vers la ville, elle n'était qu'à quelques centaines de mètres, je me garai devant la maison la plus proche.

C'était une maison mitoyenne avec les autres de la rue, les petits jardins devant les maisons ressemblaient à des bacs à sable de cour de récréation d'une école maternelle. Je sortis de la voiture et par réflexe, effleurai la crosse de mon pistolet. Ce geste n'échappa pas à Jared qui lorgna sur mon arme de manière insistante. Je le regardai d'un air dur, je ne lui faisais toujours pas assez confiance pour lui prêter une arme à feu. J'aurais eu moins de scrupules avec Max, il était plus facile de se lier avec ce dernier. Mais il n'avait pas la carrure pour porter un pistolet. Mon regard inquisiteur sembla arrêter Jared dans son élan pour cette fois mais je doutais que cela suffise pour la prochaine fois. Nous nous dépêchâmes d'entrer dans la maison.