29. Échauffourée

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Je me chargeai de sécuriser rapidement le rez-de-chaussée, en parcourant chaque pièce, arme au poing. Max et Jared m'attendaient au salon. Ça puait la mort. Un homme était pendu à une poutre au milieu de la pièce. L'air sec l'avait assez bien conservé, impossible de savoir depuis combien de temps il pouvait être là. Une note non loin disait adieu à ce monde de fous.

— Pauvre gars, murmura Max.

Il voulait le détacher pour qu'il ne soit plus exposé ainsi mais j'étais déjà partie sécuriser l'étage. Toujours aussi vide d'ailleurs. La ville n'était pas très petite mais nous n'avions croisé aucun zombie depuis un long moment, c'était étrange d'ailleurs. Il y avait trois chambres à l'étage, avec des matelas doubles. C'était largement suffisant pour nous. La maison était sécurisée, je soufflai aux hommes de les emporter. Ils rangèrent leurs couteaux et emportèrent le premier matelas. L'objet était lourd, je me dépêchai de fouiller les placards pour récupérer des couvertures que je coinçais sous mon bras. Mon arme toujours à la main, j'étais sur les talons des hommes dans l'escalier. Ils hissèrent le matelas dans la remorque de mon 4x4 et je jetai le ballot de couvertures sur le siège arrière. Nous répétâmes cette opération deux fois, nous allions sortir le dernier matelas quand je jetai un coup d'œil dehors.

— Restez là, dis-je. Une horde.

Je désignai d'un coup de menton la fenêtre où de nombreuses silhouettes passaient. Ils étaient bien trop nombreux pour moi seule. Le mieux était de les laisser avancer sans s'impliquer. Sauf qu'ils se dirigeaient vers le parking des Cavernes.

— Si vous avez bien placé les voitures, ils ne passeront pas.

— Comment ça, «si » ? s'enflamma Jared.

— Ce n'est pas une attaque contre toi... commença Max.

— Oh toi, la ferme ! Quand elle en aura marre de nous ou qu'on deviendra inutile pour ses plans, elle nous jettera ! N'est-ce pas ma jolie ? s'énerva Jared.

Il ne manquait plus que ça. Jared nous faisait une petite crise comme un adolescent tourmenté par ses hormones. J'étais persuadée que ça allait arriver à un moment ou un autre depuis la minute où je l'avais rencontré. Mais il avait choisi l-e meilleur moment pour faire son cinéma : pile quand une horde passait à proximité. Il nous mettait tous les trois en danger alors que nous aurions dû faire un simple aller-retour dans cette fichue baraque.

J'étais en train d'ouvrir la bouche pour lui dire de se calmer qu'il commençait à avancer vers moi. Son visage se déformait par la colère à chacun de ses pas. S'il se mettait à crier, nous aurions probablement de la compagnie. Et les fenêtres du salon ne résisteraient pas longtemps à l'assaut d'une horde voulant son quatre heures.

— Toujours à me prendre de haut, à donner des ordres... grommela-t-il.

Max essaya de s'interposer pour retenir Jared avant qu'il ne fasse une bêtise mais ce dernier le repoussa sans ménagement. Max tituba et posa sa main sur le mur pour se rattraper. Il me regarda d'un air apeuré. Je campais sur mes positions depuis le début de son laïus, ne cédant pas un pouce de terrain, il aurait pris ça pour une défaite de ma part de toute manière. Dès qu'il serait à portée, il tenterait de me frapper, je m'y étais préparée. S'il croyait que j'étais une femme sans défense, il se trompait lourdement. Mon cœur battait à un rythme régulier, je n'avais absolument pas peur de lui, j'en avais vu d'autres dans ma carrière. Son regard dériva sur mon arme pour la deuxième fois en moins de vingt minutes aujourd'hui.

— Donne-moi ça ! cria-t-il en voulant saisir mon pistolet.

Je fis un rapide bond en arrière. Cela le déstabilisa car il s'attendait à pouvoir se raccrocher à moi pour m'enserrer la taille. Il encaissa le choc en pesant de tout son poids sur sa jambe gauche, le dos légèrement voûté en avant. En une fraction de seconde, je fus derrière lui et lui décrochai un rapide coup de pied dans la pliure du genou qui le supportait. Il tomba lourdement sur le sol. L'impact n'était pas assez fort pour lui déboîter la rotule mais il souffrait quand même. Il roula par terre en se tenant le genou et me lança un regard noir contenant une tempête d'éclairs.

— Sale garce ! hurla t-il à pleins poumons.

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