30. Accalmie

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Je saisis mon arme et la braquai sur lui. Le silencieux était toujours en place, s'il criait encore, je n'hésiterais pas longtemps avant de lui tirer dessus.

— Tu la fermes. Si tu cries encore, je te ferai taire. De manière permanente, dis-je à voix basse.

Je le scrutai froidement, lui indiquant que je ne plaisantais pas. Il se tenait toujours le genou et me rendit un regard plein de haine.

— Max, que fait la horde ? demandai-je sans quitter Jared des yeux.

— Le plus gros était déjà passé. Certains regardent par ici. Si on reste immobiles et silencieux, je pense qu'ils continueront à suivre les autres, observa celui-ci, jetant des regards anxieux à l'extérieur.

— Tu fais quoi Jared ? Tu la fermes et survis avec nous ? Tu veux tenter ta chance tout seul ? Ou tu préfères crever tout de suite ?

Mes questions semblèrent l'ébranler un peu. Jusque là, il ne m'avait peut-être pas crue capable de le faire. Ou alors, il se résignait à ravaler sa fierté parce qu'il ne voulait pas mourir. Nous n'avions tous les trois pas bougé d'un pouce depuis qu'il avait crié. A l'intérieur, si proches les uns des autres, cela paraissait fort mais il semblait que les vitres étaient tout de même bien isolées alors seule la fin de la horde avait perçu un bruit. Et ils ne s'étaient pas rués sur les fenêtres alors on pouvait encore s'en sortir sans encombres. Pour ça, il ne fallait pas que l'autre tâche fasse encore des siennes.

Mon arme et mon regard étaient toujours braqués sur lui. Il ne m'avait pas répondu. Déjà que je ne l'aimais pas beaucoup, s'il choisissait de revenir avec nous, je ne devrais pas le lâcher. J'allais le surveiller continuellement et il ne le supporterait pas bien longtemps. Et ce genre de scène se reproduirait. Peut-être valait-il mieux qu'il parte de son plein gré finalement.

— Range ça. Je viens, dit-il tout doucement.

Il leva les mains en signe de reddition et inclina la tête pour montrer sa bonne foi. Je hochai la tête lentement et remis mon pistolet dans son étui sur ma hanche. Nous restâmes ainsi un long moment jusqu'à ce que Max nous fasse signe que les derniers zombies de la horde n'étaient plus en vue depuis la fenêtre. Jared se releva enfin et nous regarda tour à tour. Il marmonna quelque chose que je ne compris pas et fis signe à Max de l'aider à transporter le dernier matelas qui trônait, abandonné à quelques pas. Ils s'en chargèrent pendant que je fouillais la maison, autant prendre des choses utiles s'il y en avait. Malheureusement je fis chou blanc cette fois-ci. Rien ne se démarquait dans la cuisine et j'avais déjà embarqué des couvertures.

Une fois prêts, nous repartîmes vers les Cavernes. J'avais mal estimé le temps que nous avions passé à attendre que la horde passe : le soleil avait bien avancé sa course et commençait à disparaître sous l'horizon. Il commençait à être tard. Les filles allaient s'inquiéter. Surtout si elles avaient aperçu la horde de loin.

Une fois arrivés notre petit groupe devant l'entrée du parking, Jared sortit sans un mot du véhicule pour bouger les voitures qui bouchait l'accès. Max m'envoya un regard inquiet avant de le rejoindre. Lui aussi avait compris que nous n'avions fait que repousser l'inévitable. Un jour, il faudrait qu'on se décide sur le sort de Jared dans notre groupe.

On batailla pour faire passer les matelas par la porte mais la pièce était suffisamment large pour qu'ils tiennent tous à l'intérieur. Nous avions même le luxe d'avoir un paravent dans l'un des coins de la pièce pour pouvoir nous changer à l'abri des regards. Je distribuai à chacun les couvertures collectées. Jared prit la sienne avant de dire qu'il allait prendre l'air. Je ne cherchai pas à le retenir et parlai aux filles de son attitude dans la maison.

— Tu crois qu'il pourrait nous faire du mal ? demanda Shirahoshi.

— Vu son état plus tôt, c'est possible.

— Max, t'en penses quoi ? Tu as passé plus de temps avec lui... l'interrogea G.

— Il s'emporte facilement. Et recevoir des ordres d'une femme...

— Gardons-le à l'œil pour l'instant. Je ne veux pas qu'il reste seul ici, même si les armes à feu sont sous clé. S'il vous menace ou vous fait du mal, dites-le moi immédiatement.

Tous hochèrent la tête. Nous avions un refuge, de l'eau, de la nourriture. Des armes pour pallier à des attaques de zombies. Ma sœur et Shirahoshi comptaient beaucoup pour moi. J'appréciais bien Max aussi. Je ne laisserais personne nous prendre ce que nous avions. Même si ça signifiait éliminer Jared.

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