41. Laboratoire
Je n'avais pas vécu une telle cacophonie depuis une éternité. Tous me posaient des questions en même temps. Je dus répéter à quatre reprises toute l'histoire à propos du jour où j'avais été griffée. Ils m'interrogèrent précisément sur mon état de santé durant les trois derniers jours. Je n'avais pas eu de mal de tête ni de poussée de fièvre et encore moins l'envie de manger un bout de cervelle bien fraîche pour mon goûter. Ce qui, pour moi, était franchement rassurant. Ils se mirent à parler à voix basse pendant un moment.
— Pouvons-nous faire quelques prélèvements ? demanda alors l'un d'eux.
Je donnai mon consentement et m'installai sur un tabouret. Ils me posèrent d'abord tout un tas de questions sur ma vie, mes antécédents de santé, l'historique médical de ma famille en remontant sur quatre générations. Comme si, je connaissais tout ça ! L'un d'entre eux prenait des notes sur tout ce que je disais. A leur question sur mon exposition aux produits chimiques, je dus réfléchir un moment.
— Eh bien... il a bien eu... hésitai-je.
— Oui ? m'interrogea le chercheur qui prenait des notes.
— Durant cette descente... dans un labo de drogue, un de leurs chimistes m'avait lancé quelque chose à la figure avant de s'enfuir.
— Je me souviens, intervint Pete, le sachet avait éclaté et tu avais respiré de la poudre. Mais on pensait tous que c'était de la drogue.
— Franchement, c'est la seule fois où j'ai été en contact avec un produit inconnu. Et les types de la scientifique m'ont dit que c'était une nouvelle composition. J'ai supposé qu'elle n'était pas vraiment au point car je n'ai pas eu aucun de symptômes dus à la consommation de drogue, continuai-je.
— Intéressant. Dommage que nous ne pouvions pas analyser cette poudre.
Un autre me préleva ensuite du sang. Je dus également donner quelques cheveux et des échantillons de salive. Ils me demandèrent de leur fournir de la sueur. Je haussai un sourcil, me demandant comment ils allaient récolter de la sueur de zombie mais ne posai pas de questions. Je mis dans un coin de la pièce et commençai à faire des pompes sous leurs yeux ébahis.
Pete ricana et paria que je n'en ferais pas cinquante. Je souris, soulagée qu'il n'ait pas changé d'attitude à mon égard après sa première frayeur. Je m'arrêtai après la soixantième pompe et me laissai faire quand ils prirent un échantillon de sueur. Pete fit une petite courbette moqueuse pour reconnaître sa défaite et Shirahoshi rit de bon cœur en le voyant faire.
— Qu'allez-vous faire avec tout ça ? m'enquis-je.
— Eh bien, dans un premier temps, nous allons comparer vos échantillons supposés immunisés avec les échantillons d'une personne saine et ceux d'un contaminé. Nous avons fait divers prélèvements sur nous-mêmes et sur des soldats. Notre analyse a mis en lumière les différences entre les tissus sains et contaminés. En vous étudiant, nous espérons pouvoir comprendre pourquoi vous n'avez pas été infectée et à terme, pouvoir synthétiser un vaccin, déclara le chercheur.
Je demandai ensuite s'ils connaissaient la raison du réveil des cadavres. Les scientifiques exposèrent que le rayonnement anormal lors de l'éruption solaire avait réorganisé et réactivé les cellules mortes. Une contamination vers un être humain normal perturbait ses propres cellules qui luttaient un moment avant de se réorganiser en mode zombie. De ce fait, les personnes non contaminées qui mourraient n'étaient plus exposées aux rayons survenus il y a trois mois et restaient au stade de cadavres immobiles. Je hochai la tête et leur racontai que nous avions découvert un cadavre d'homme pendu il y avait quelques semaines qui confirmait cette théorie. Les morts d'aujourd'hui ne venaient pas grossir les rangs des hordes de zombies. C'était déjà une petite consolation.
— Vous voulez autre chose ?
— Pour l'instant ça sera suffisant. Nous vous rappellerons si besoin. Sortez maintenant, nous avons du travail, demanda la femme en nous poussant vers la sortie.
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