42. Petit poucet
Je me demandai si cette chercheuse savait que je n'étais pas à leur disposition dans l'enceinte du bâtiment. Probablement pas. Je haussai les épaules et nous commençâmes à repartir vers les ascenseurs. Nos regards s'attardèrent sur le zombie attaché au mur par des chaînes dans un laboratoire un peu plus loin.
— C'est pas vraiment malin de leur part d'en garder un aussi près...
— Je crois que l'un d'eux est fasciné par les zombies. J'ai entendu dire qu'il lui parlait de temps en temps. Sans résultat évidemment. Mais bon, celui-là est inoffensif, dit Pete.
Je ne compris pas tout de suite ce qu'il avait voulu dire alors je détaillai le prisonnier immobile. Je n'avais pas remarqué à mon premier passage : tous ses doigts avaient été coupés et toutes ses dents arrachées. Les contaminations par griffure et morsure étaient ainsi écartées. Je vis aussi qu'une partie de sa tête était à nu et j'aperçus un bout de cerveau noirâtre. Apparemment ils en avaient réussi à en extraire un peu sans éliminer le zombie. Par réflexe, je touchai mon crâne et reculai précipitamment vers l'ascenseur. Et s'ils voulaient un bout du mien ?
Pete et Shirahoshi me suivirent sans dire un mot, je ne leur demandai pas leur avis sur la question et appuyai nerveusement sur le bouton. Pete nous raccompagna à l'entrée et me remit un vieux poste de radio de la police.
— Tiens, ce bijou fonctionne encore. C'est le meilleur moyen de communication qui reste. On est sur le canal 2. On te préviendra si les blouses blanches ont encore besoin de toi. Car j'imagine que vous ne resterez pas tranquillement ici ?
Je confirmai et essayai de caser la radio dans mon sac qui devint bien plein. Pete nous demanda où nous vivions, si nous avions assez de provisions. Shirahoshi lui raconta notre venue depuis la base militaire Kerwood et nos raids dans Sweetwater pour assouvir nos besoins. Elle passa l'existence de Jared sous silence et ce n'était pas moi qui allait la contredire. Mais elle confirma que nous avions bien d'autres compagnons qui attendaient notre retour. Je remerciai Pete et lui souhaitait bonne chance pour la suite. Le reste de son unité n'était pas revenue de patrouille et il devait assurer la sécurité du bâtiment alors il nous souhaita un bon retour jusqu'à notre voiture. Après avoir repris nos armes auprès du poste d'accueil, nous sortîmes de l'immeuble de recherches sur les maladies dangereuses.
N'ayant pas de point de repère jusqu'à l'endroit exact où elle était garée, j'essayai de retrouver les ruelles que nous avions emprunté. Les corps des zombies tués seraient nos miettes de pain vers notre point de départ.
Après seulement quelques minutes, Shirahoshi attira mon attention et se plaqua derrière un angle de mur. Je l'imitai avant d'observer ce qui se trouvait là. Trois zombies qui avançaient en nous tournant le dos en l'occurrence. Je chuchotai à la jeune fille que je prenais les deux à gauche et je m'élançai silencieusement. Elle se hâta sur mes talons, son sabre produisant un léger tintement lorsqu'elle le tira. Je pris rapidement mon couteau et l'enfonçai dans le cerveau du zombie le plus à gauche. Je le retirai prestement et envoyai un coup de pied dans le genou du revenant du milieu qui tendait ses bras vers moi. Un autre corps tomba et je me penchai pour en finir celui que j'avais mis à terre. Ma compagne m'adressa un sourire et leva son pouce en l'air pour signifier qu'elle allait bien.
Nous continuâmes notre route, répétant parfois notre petit numéro pour se débarrasser de quelques indésirables. Fort heureusement nous ne vîmes aucune horde, elles étaient sans doute sur les routes plus larges de la ville et non ces ruelles étroites.
Quelques minutes plus tard, je vis que j'avais malheureusement raison. Un bon paquet de zombies se tenaient entre la voiture et nous, sur la large route qui entrait dans la ville. Et nous allions être obligées de passer à découvert pour pouvoir rejoindre la voiture.
Je pris un couvercle de poubelle que je lançai comme un frisbee à l'opposé de notre position. Il atterrit avec fracas et attira la horde vers les bâtiments en face de nous. Je rasai les murs de notre côté, la main posée sur la crosse de mon arme. J'avais l'impression que mon cœur battant à tout rompre faisait un bruit assourdissant et faire revenir les zombies par ici. Mais ce ne fut pas le cas. Je n'avais pas besoin de m'inquiéter pour Shirahoshi, la jeune fille se glissai silencieusement dans mes pas. Nous retînmes notre souffle en ouvrant nos portières et poussâmes un énorme soupir de soulagement quand nous fûmes à l'intérieur du véhicule.
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