43. Home sweet home
Les jours ont lentement défilé après cet événement pour devenir des semaines. Tous se déroulaient plus ou moins de la même manière après notre retour d'Atlanta. Nous avions rapidement contacté Pete par radio pour l'informer que nous avions bien regagné notre camp de base. Gretha et Max avaient été enthousiastes lorsque nous avions raconté notre rencontre avec les autres survivants. Puis le temps avait passé et il avait fallu continuer à vivre. L'homme de notre groupe était plombier et il s'était attaqué à l'ambitieux projet de fabriquer un système d'irrigation pour nos futures cultures. Nous faisions régulièrement des expéditions en ville afin de trouver le matériel dont il avait besoin : tuyaux, pompes, joints, outillages...
Petit à petit, les rues de Sweetwater devinrent plus sûres. Gretha organisait nos sorties grâce à une carte de la ville et nous nettoyions chaque secteur de notre mieux. La ville comptait auparavant environ cinq mille âmes alors certaines zones étaient parfois assez dangereuses. Les grenades et autres munitions que j'avais accumulé furent très utiles pour se débarrasser des zombies entassés dans des endroits confinés. Lorsque nous le pouvions, nous installions des pièges : des barrières de fil de fer, des pieux aiguisés en pointe, des barrages de voitures pour rediriger les revenants ailleurs. Sécuriser la ville par à-coup fut long, très long. Mais nous avions de moins en moins peur qu'une horde arrive à nos portes en pleine nuit. Au bout d'un moment, nous avons même supprimé les tours de garde la nuit et nous profitions alors tous d'une bonne nuit de sommeil.
Au bout d'un moment et après de longues discussions avec le groupe, nous avions décidé de parler de la machine avec les survivants d'Atlanta. Nous avions d'abord parlé par radio avec Pete, qui avait relayé l'information aux personnes compétentes. J'avais fermement négocié pour que la machine reste sous notre garde puisque nous l'avions trouvée. Néanmoins, nous acceptions de laisser d'autres s'en servir. Un petit groupe était arrivé avec un véhicule rempli de sable. Pete et un autre soldat étaient là pour assurer leur sécurité en dehors d'Atlanta. G discuta longuement du fonctionnement de la machine et du catalyseur avec un ingénieur et un chimiste. Ils firent même quelques copies des plans pour essayer de fabriquer leur propre machine. En échange, nous reçûmes quelques munitions et des vivres. Le quatuor s'émerveilla à la vue de la terre sortant de la machine et repartirent ensuite avec leur précieux chargement.
C'est ainsi que notre vie s'adoucit doucement. Nous avions des rendez-vous hebdomadaires avec les gens d'Atlanta pour qu'ils viennent effectuer la transformation de leur sable en terre. Ils apportaient à chaque fois quelques ressources en échange. Les scientifiques travaillaient toujours aussi activement sur mes prélèvements. Ne pas avoir de nouvelles d'eux me rendait perplexe mais comme on dit : « pas de nouvelles, bonnes nouvelles ».
A chaque sortie, je faisais un détour par la bibliothèque municipale ou le lycée pour rapporter des affaires pour Shirahoshi. Malgré tout ceci, elle était toujours en âge d'aller en cours et nous avions estimé qu'elle se devait de continuer à étudier certaines choses.
Max lui aussi était en apprentissage lorsqu'il ne travaillait pas sur son système d'irrigation. Il avait depuis longtemps prouvé sa loyauté envers nous et l'ombre de Jared ne pesait plus sur nos épaules. J'avais alors commencé à lui apprendre à se servir d'une arme à feu. Je l'entraînai deux fois par semaine à viser des cibles en carton, immobiles dans l'immensité du désert, juste à l'extérieur de notre camp. Il progressait lentement mais sûrement.
J'avais aussi proposé à Gretha de suivre le même entraînement mais elle refusait toujours de toucher une arme à feu. Elle disait qu'elle n'en avait pas besoin, qu'elle était la cérébrale de notre petit groupe. Je n'avais pas insisté, je savais comment elle détestait les pistolets, même dans le contexte actuel. Je m'étais juré qu'il ne lui arriverait plus rien, c'était à moi de la protéger de toute manière.
Quand les graines commencèrent à pointer leur nez sous forme de minuscules tiges et feuilles, nous fîmes la fête pendant une journée entière. C'est alors qu'un appel radio vint rompre nos danses de joie.
— Sylvia ? Tu me reçois ? Les blouses blanches veulent te parler.
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